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LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS ET LES CULTURES

Résolution adoptée sans vote par la 103ème Conférence interparlementaire
(Amman, 5 mai 2000)


La 103ème Conférence interparlementaire,

réaffirmant les buts et les principes de la Charte des Nations Unies,

se félicitant de ce que l'Assemblée générale des Nations Unies ait proclamé l'an 2001 "Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations",

accueillant avec satisfaction la décision du Secrétaire général de l'ONU de désigner un représentant personnel pour l'Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations,

rappelant le rôle essentiel de l'UNESCO en matière de coopération internationale dans le domaine culturel et notant avec satisfaction que cette organisation apporte une contribution importante à la mise en œuvre des objectifs de l'Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations, notamment par ses projets interculturels,

rappelant qu'en vertu de ses Statuts, l'Union interparlementaire a entre autres missions celle d'œuvrer pour la paix et la coopération entre les peuples,

rappelant aussi que l'Union interparlementaire est le foyer du dialogue interparlementaire à l'échelle mondiale,

soulignant le rôle important que l'Union interparlementaire peut jouer dans le renforcement de l'interaction entre les sociétés et les peuples et la promotion du dialogue entre les différentes civilisations,

réaffirmant que tous les droits de l'homme sont universels, indivisibles et interdépendants,

consciente que chaque civilisation et chaque culture sont uniques et irremplaçables,

consciente aussi que toutes les cultures et civilisations font partie du patrimoine commun de l'humanité,

notant que les problèmes récurrents qui découlent des conflits, tels que les crises humanitaires, les violations des droits de l'homme et les flux de réfugiés, ainsi que des problèmes mondiaux, comme la pauvreté, le crime organisé international, le terrorisme et la dégradation de l'environnement, constituent un véritable danger pour tous les habitants de la planète, et convaincue que la tolérance et le respect des autres cultures sont des préalables indispensables à une paix durable,

soulignant que le fait de privilégier le dialogue entre les civilisations et les cultures ne doit pas être invoqué pour justifier des lois et pratiques discriminatoires au sein des cultures et des civilisations, en particulier en ce qui concerne les femmes, et ne doit pas être utilisé pour accorder moins d'importance aux questions relatives aux droits de l'homme,

soulignant en outre que le respect des différences et la tolérance vis-à-vis d'autrui, indépendamment du sexe, de la race, de la religion et des convictions politiques, ne sont pas moins importants que le respect et la tolérance vis-à-vis d'autres cultures et civilisations,

convaincue que le dialogue entre des cultures et civilisations différentes - au sein des Etats et entre eux - peut contribuer à mieux mettre en évidence leurs valeurs communes, notamment le caractère universel des droits de l'homme,

notant que, tout au long de l'histoire de l'humanité, l'interaction positive et mutuellement bénéfique entre les civilisations n'a jamais cessé de contribuer à la coexistence pacifique entre les nations et à l'enrichissement culturel des populations,

affirmant que, tout comme la biodiversité enrichit notre environnement naturel et constitue un facteur essentiel pour sa sauvegarde, la diversité culturelle est un trésor de l'humanité et une condition indispensable au développement humain,

soulignant le rôle important du dialogue à tous les niveaux de la société : particuliers, gouvernements, organisations non gouvernementales et organisations nationales et internationales,

convaincue que l'éducation peut conduire à une meilleure compréhension des autres cultures et civilisations,

notant que la tolérance et le respect de la diversité favorisent la pleine jouissance de tous les droits universels par tous,

rappelant qu'aux termes du paragraphe 1 de l'article 27 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, "toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent",

sachant que les échanges culturels et scientifiques internationaux contribuent à susciter le respect et la confiance mutuels entre des cultures et des civilisations différentes et la volonté de dialoguer entre elles,

consciente que le progrès technologique des médias, en particulier l'Internet, rapproche toujours plus les différentes cultures et civilisations mais que, tout en augmentant les possibilités de dialogue, il peut être aussi perçu comme une menace pour la diversité culturelle,

rappelant que la Conférence de Stockholm sur les politiques culturelles pour le développement a déclaré que " les biens et services culturels doivent être intégralement considérés et traités comme différents des autres formes de marchandises ",

notant que la mondialisation pourrait offrir de plus grandes possibilités s'il était dûment tenu compte de la diversité des cultures et des civilisations,

consciente que le changement social qui accompagne la mondialisation est porteur de possibilités comme de risques et que, de ce fait, certains l'appréhendent ou le craignent,

notant que, dans une société mondialisée, l'action conjointe de la communauté mondiale repose sur une compréhension qui transcende les différences ancrées dans les civilisations et les cultures,

soulignant que le dialogue entre les cultures et les civilisations devrait favoriser la compréhension de valeurs partagées et l'exercice des droits de l'homme universels,

  1. se déclare résolue à promouvoir le dialogue entre les civilisations et les cultures;

  2. invite les parlements à prendre des mesures efficaces pour préserver et promouvoir la diversité culturelle aux plans national et international et, plus particulièrement, pour encourager l'épanouissement de toutes les cultures présentes sur leur territoire, notamment par l'adoption et la mise en œuvre d'une législation propre à garantir la liberté d'expression et la création, le pluralisme des médias et la participation de toutes les femmes et de tous les hommes à la vie culturelle et politique, et par la protection des cultures minoritaires;

  3. demande aux parlements de travailler à l'instauration d'un dialogue interculturel ouvert et à vaste participation, en soulignant l'importance de la contribution des intellectuels, artistes et créateurs;

  4. engage les parlements à assurer la libre participation de tous à la vie culturelle et politique de la société;

  5. demande aux parlements d'engager leurs gouvernements respectifs à oeuvrer au libre accès de tous à l'éducation et à l'égalité d'accès des filles et des garçons, notamment dans les domaines des technologies et des moyens de communication;

  6. demande aux Etats de veiller à ce que la formation et l'éducation contribuent à promouvoir le respect des autres cultures et civilisations et la confiance en elles, d'inclure le dialogue interculturel dans les programmes d'enseignement et de formation et de stimuler l'apprentissage de plusieurs langues;

  7. invite les parlements nationaux et les parlementaires à prendre une part active aux programmes de l'Organisation des Nations Unies et de l'UNESCO relatifs au dialogue entre les civilisations et les cultures et à encourager leurs gouvernements respectifs à apporter leur concours à ces programmes;

  8. invite les Etats à prendre des mesures pour encourager la diversité tout en assurant une communauté de valeurs et le respect des droits de l'homme fondamentaux, et à favoriser des politiques qui protègent les groupes minoritaires ainsi que des lois qui assurent le plein exercice des droits fondamentaux de ces groupes;

  9. exhorte tous les Etats qui ne l'ont pas encore fait à ratifier la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, ou à y adhérer, dans les meilleurs délais, et à s'acquitter sans réserves de toutes leurs obligations, ainsi qu'à ratifier le Protocole facultatif s'y rapportant, et leur demande d'éliminer les pratiques traditionnelles qui nuisent aux femmes et aux enfants, la violence, les sévices sexuels et l'exploitation;

  10. demande aux gouvernements de prendre conscience du fait que les droits humains des enfants sont souvent violés, ce qui en fait les victimes de violences physiques et d'abus sexuels, et de prendre des mesures concrètes pour lutter contre ces sévices, et propose la création, sous l'égide de l'Union interparlementaire, d'un réseau interparlementaire pour combattre les sévices à enfant;

  11. engage les gouvernements à demander à l'ONU et aux autres organisations internationales concernées de les aider à promouvoir et à protéger les droits de l'homme pour tous;

  12. engage les Etats à supprimer tout ce qui fait obstacle à l'accès direct aux nouveaux médias en vue de garantir à tous des possibilités égales d'information, tout en veillant à mettre en place des mécanismes propres à protéger les enfants;

  13. propose d'inclure davantage de projets culturels dans les programmes de coopération au développement, y compris des initiatives en vue de favoriser l'essor des industries culturelles dans les pays en développement, et souligne la nécessité de mieux prendre en compte l'identité culturelle des bénéficiaires lors de l'élaboration et de la mise en œuvre de ces programmes;

  14. invite les Etats à faciliter la négociation de nouveaux accords et instruments commerciaux internationaux qui favorisent, protègent et préservent la diversité culturelle et linguistique en permettant aux pays de soutenir leurs industries et biens culturels, et souligne que les biens et services culturels sont différents des autres formes de marchandises et doivent être traités comme tels;

  15. demande aux Etats de mettre le potentiel technologique des nouveaux médias au service de la compréhension entre les cultures et les civilisations;

  16. engage les parlements nationaux, les gouvernements, tous les membres de la société civile et les institutions nationales et internationales à prendre part activement au dialogue entre les cultures et les civilisations;

  17. soutient pleinement l'appel de l'Assemblée générale des Nations Unies en faveur de l'organisation de programmes culturels, éducatifs et sociaux appropriés dans le cadre de l'Année pour le dialogue entre les civilisations, et recommande aux instances concernées de ne pas se limiter à des activités de sensibilisation visant à promouvoir l'idée du dialogue entre les civilisations et de mettre à profit cette occasion pour lancer ou encourager des initiatives instaurant, aux niveaux local, national, régional ou mondial, un dialogue concret entre des cultures ou des civilisations qui pourra se poursuivre au-delà de l'an 2001;

  18. demande aux gouvernements de répondre favorablement aux offres d'assistance, y compris aux demandes que leur adressent, entre autres, les rapporteurs spéciaux et groupes de travail des Nations Unies, d'autres organisations ou des particuliers qui souhaitent se rendre dans leur pays, de manière qu'un dialogue constructif puisse s'instaurer;

  19. invite les parlements et les parlementaires :
    a) à assumer leur responsabilité dans la réalisation des objectifs d'une politique de dialogue entre les civilisations et les cultures, notamment en adoptant les mesures législatives et en allouant les ressources budgétaires requises;

    b) à instaurer un dialogue parlementaire entre les civilisations et les cultures, dans le cadre de l'Union interparlementaire et par des initiatives telles que la création de groupes d'amitié interparlementaires;

  20. souligne que les Etats doivent veiller à ce que leurs programmes d'étude, à tous les niveaux de l'éducation, surtout aux premiers stades, permettent à tous les étudiants et élèves de se familiariser avec les différentes cultures, religions et civilisations et d'apprendre à les respecter et favorisent une culture générale de paix et de tolérance, et souligne en outre la nécessité de s'attacher tout particulièrement à éliminer les stéréotypes et expressions sexistes, notamment dans les manuels scolaires;

  21. recommande au Secrétariat de l'Union interparlementaire et aux parlements nationaux de préparer, en coordination avec le Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies et celui de l'UNESCO et avec les autres organisations compétentes, la contribution de l'Union aux programmes qui seront menés en 2001 à l'occasion de l'Année pour le dialogue entre les civilisations.

Note : vous pouvez télécharger une version électronique du texte intégral de la brochure "Résultats de la 103ème Conférence et réunions connexes de l'Union interparlementaire" au format PDF (taille du fichier environ 430K). Cette version nécessite Adobe Acrobat Reader que vous pouvez télécharger gratuitement.Get Acrobat Reader

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