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L'EDUCATION ET LA CULTURE EN TANT QUE FACTEURS INDISPENSABLES A UNE PARTICIPATION ACCRUE DES HOMMES ET DES FEMMES A LA VIE POLITIQUE, AINSI QU'AU DEVELOPPEMENT DES PEUPLES

Résolution adoptée par consensus par la 105ème Conférence interparlementaire
(La Havane, 6 avril 2001)


La 105ème Conférence interparlementaire,

consciente que plus de cinquante ans se sont écoulés depuis que le droit de toute personne de bénéficier de l'éducation et de prendre part à la vie culturelle de la communauté a été énoncé dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, dans laquelle il est aussi affirmé que l'enseignement élémentaire doit être obligatoire et que l'enseignement technique et professionnel doit être généralisé,

appelant l'attention sur le droit au développement, établi dans la Déclaration sur le droit au développement et réaffirmé lors de la Conférence mondiale sur les droits de l'homme qui s'est tenue à Vienne du 14 au 25 juin 1993,

se référant au rapport "Notre diversité créatrice" établi par la Commission mondiale de la culture et du développement, au rapport "L'éducation : un trésor est caché dedans" établi pour l'UNESCO par la Commission internationale sur l'éducation pour le XXIème siècle, au Cadre d'action adopté à Dakar par le Forum mondial sur l'éducation, intitulé "L'éducation pour tous : tenir nos engagements collectifs", ainsi qu'aux conclusions de la Conférence intergouvernementale de Stockholm sur les politiques culturelles pour le développement,

sachant que l'éducation, la culture, la démocratie et le développement sont étroitement liés de diverses manières, et soulignant que l'éducation et la culture sont les fondements à la fois de la participation démocratique et du progrès économique et social,

réaffirmant son attachement à la promotion et à la consolidation de la démocratie, et sachant que la démocratie, le développement et le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales sont interdépendants et se renforcent mutuellement, et que la démocratie repose sur la volonté librement exprimée des peuples de décider de leur propre système politique, économique, social et culturel et sur leur pleine participation à tous les aspects de la vie,

notant que les problèmes environnementaux affectent les pays tant développés qu'en développement et mettent en péril la survie de l'humanité,

sachant que l'éducation peut devenir le moteur du progrès dans tous les domaines du développement politique, économique, social, culturel et écologique, et sachant aussique l'immobilisme des systèmes éducatifs et la dévalorisation des traditions constituent un danger pour la démocratie,

soulignant que les plus grands obstacles auxquels les femmes se heurtent, et qu'il est difficile de surmonter par la voie législative, sont la tradition et le mode d'éducation qui imposent une distinction entre l'homme et la femme, privent cette dernière d'éducation, la condamnant ainsi à l'analphabétisme, et la tiennent dans l'ignorance de ses droits politiques, ainsi que les obstacles d'ordre économique qui lui dénient son droit à l'éducation,

consciente que la participation à la vie culturelle et la participation démocratique passent par l'éducation et que celle-ci est essentielle au processus d'acceptation et de développement des valeurs démocratiques auquel chacun doit être associé,

sachant que seul l'ancrage dans une culture permet aux individus et aux sociétés d'acquérir une conscience critique, de façonner le présent et l'avenir et de relever les défis qu'ils posent en toute connaissance de cause, et que la protection et la préservation du patrimoine culturel sont donc des tâches politiques d'importance, consciente que les cultures sont en constante évolution et convaincue que les tendances nouvelles, et en particulier la mondialisation, tout en établissant des liens toujours plus étroits entre les cultures et en en enrichissant l'interaction, peuvent remettre en question la diversité créatrice et le pluralisme des cultures, ce qui rend le respect mutuel d'autant plus impératif,

consciente que les politiques en matière d'éducation et de culture doivent tenir compte des droits de l'homme universels tout en préservant la diversité culturelle, et qu'elles doivent donc promouvoir et respecter les valeurs régionales, nationales et universelles,

consciente également qu'un développement économique et social durable exige une large participation démocratique et, partant, la prise en considération des caractéristiques des diverses cultures,

consciente en outre que la société civile prend une importance croissante, notamment dans le domaine culturel, et que l'un des objectifs essentiels de la politique culturelle est de donner aux énergies créatrices l'espace nécessaire à leur épanouissement,

sachant que les technologies modernes de l'information et de la communication peuvent faciliter et améliorer l'accès à l'éducation et la participation au processus démocratique,

craignant néanmoins que l'écart entre ceux qui ont accès à l'éducation et la culture et les autres ne continue de se creuser, l'éducation étant un moyen indispensable pour accéder à la société de l'information,

consciente des défis énormes que pose la mondialisation et des possibilités qu'elle offre à l'humanité, notamment grâce à l'essor prodigieux des technologies de l'information et de la communication qui facilitent une plus large diffusion des valeurs humaines universelles, néanmoins préoccupée par l'élargissement du "fossé des connaissances", c'est-à-dire par la capacité inégale de pays ou de groupes à l'intérieur d'un même pays de profiter des avantages des innovations technologiques et des nouveaux moyens de communication, et par le fait que l'inégalité d'accès aux moyens nouveaux et traditionnels d'expression culturelle risque de compromettre sérieusement la participation d'une personne ou d'une collectivité à la société du savoir, voire d'entraîner son exclusion,

affirmant que les droits de la femme font partie intégrante des droits sociaux, économiques, politiques et culturels de la personne inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, et qu'il ne saurait donc y être porté atteinte en aucun cas,

soulignant que la question des engagements internationaux en faveur de la promotion de la femme et la mise en place des politiques et programmes nationaux correspondants sont de la compétence exclusive des Etats, qui doivent tenir compte de la situation sociale, économique et politique, des valeurs culturelles et sociales et des traditions nationales,

constatant avec une profonde préoccupation qu'en 2000, selon le Forum mondial sur l'éducation, plus de 100 millions d'enfants et de jeunes, en particulier de filles, n'avaient pas accès à l'enseignement primaire et que 880 millions d'adultes étaient analphabètes,

  1. affirme que l'éducation est une condition première pour promouvoir le développement durable, garantir un environnement salubre, assurer la paix et la démocratie et atteindre les objectifs de la lutte contre la pauvreté, du ralentissement de la croissance démographique et de l'égalité entre les sexes, et que la culture est un élément essentiel du processus de développement;

  2. demande instamment que les femmes bénéficient de l'éducation et des programmes d'alphabétisation et de formation professionnelle et suggère à cette fin que :

    a) les filles soient scolarisées au même titre que les garçons;

    b) les gouvernements, les ONG et autres instances concernées organisent des campagnes de sensibilisation pour encourager les familles à envoyer les filles à l'école;

    c) la scolarisation des filles soit subventionnée et les fournitures scolaires gratuites pour éliminer les difficultés d'ordre matériel;

    d) le cycle de l'enseignement obligatoire soit de même durée pour les garçons et pour les filles;

    e) la lutte contre l'analphabétisme des adultes soit encouragée par la mise en place et l'application de programmes intensifs visant à promouvoir la participation des femmes à la vie politique;

    f) la participation politique des femmes et la sensibilisation au rôle politique qu'elles jouent soient encouragées par l'intégration de matières qui traitent franchement de ces questions dans les programmes scolaires des différents cycles;

    g) L'enseignement scolaire soit débarrassé de tout contenu impliquant une forme quelconque de discrimination entre hommes et femmes;

  3. souligne l'importance des valeurs et du contexte culturels pour la promotion de la femme dans la société et une vision plus équilibrée des compétences des hommes et des femmes dans la vie publique et privée, ainsi que la nécessité de ne pas ébranler la stabilité culturelle de chaque société ni lui imposer des valeurs étrangères à sa culture. Pour ce faire, il serait utile de :

    a) développer les notions d'égalité et de partenariat afin de susciter entre l'homme et la femme une synergie propre à leur permettre de faire face également aux problèmes de la société;

    b) faire respecter les tâches ménagères que la femme accomplit traditionnellement et reconnaître qu'elles doivent être partagées entre les deux sexes de manière à ce qu'ils puissent les concilier avec leurs activités sociales, professionnelles et politiques;

    c) montrer des exemples et des modèles d'égalité et de complémentarité entre l'homme et la femme, grâce à l'éducation au sein de la famille aussi bien qu'à l'école;

    d) tirer parti judicieusement des médias afin de donner une image positive du rôle dynamique de la femme dans la famille et dans la société; développer les aptitudes et les compétences de la femme en associant les médias à des programmes conçus pour faire connaître les valeurs et les symboles mis en lumière dans les stratégies nationales et internationales de promotion de la femme;

  4. souligne la nécessité d'élaborer des politiques culturelles et éducatives qui contribuent dans une large mesure à un développement politique, social, environnemental et économique durable, notamment en améliorant l'accès à l'éducation et à la culture;

  5. souligne aussi qu'il importe de considérer les politiques en matière d'éducation et de culture comme des éléments clés d'une politique de développement indépendante et durable et de veiller à ce que ces politiques soient convenablement mises en œuvre en coordination avec l'action menée dans d'autres domaines; prie instamment les nations tant développées qu'en développement de renforcer l'éducation en matière d'environnement dans leurs programmes scolaires et dans les médias; souligne l'importance du rôle que les médias jouent dans le traitement des questions se rapportant aux femmes et dans la formation du système culturel et de valeurs dominant; et souligne également la nécessité d'instiller dans la société une vision équilibrée du rôle des femmes et d'assurer aux deux sexes une même éducation culturelle et politique;

  6. insiste sur la nécessité de promouvoir la connaissance et la compréhension de la diversité culturelle et linguistique grâce aux politiques éducatives et culturelles et d'encourager cette diversité dans le respect de la paix, des droits de l'homme et de la démocratie;

  7. appelle à l'adoption de politiques culturelles propres à garantir à chaque personne l'exercice de son droit de prendre part librement à la vie culturelle, tel qu'il est énoncé à l'article 27 de la Déclaration universelle des droits de l'homme;

  8. souligne la nécessité de faire de l'éducation l'une des grandes priorités dans les budgets nationaux et d'encourager activement un apprentissage conduisant à la maîtrise et à l'utilisation créatrice des sciences et des nouvelles technologies de l'information par les jeunes générations ainsi que la formation d'enseignants spécialisés dans les sciences et les nouvelles technologies;

  9. souligne également avec force que le développement de l'éducation exige une augmentation importante de l'aide internationale à l'éducation dans les pays en développement, demande instamment que tout soit fait pour soutenir les efforts accomplis par ces derniers afin de promouvoir les valeurs démocratiques grâce à l'éducation, et recommande en particulier que des mesures soient prises pour encourager la coopération entre les pays en développement de telle façon qu'ils bénéficient des connaissances d'autres cultures et d'autres expériences de développement;

  10. affirme qu'il importe d'assurer l'indépendance financière et sociale de la femme qui, lorsqu'elle est économiquement indépendante, est plus disposée à participer à la vie politique; à cette fin, il convient de :

    • faire le nécessaire pour encourager l'accès des femmes à la formation professionnelle et au marché du travail à égalité avec les hommes;

    • veiller à ce que les femmes obtiennent facilement des prêts bancaires et des crédits, et les aider à créer de petites entreprises;

  11. demande l'intensification des initiatives politiques visant à préserver le patrimoine culturel matériel et immatériel, et recommande que chaque culture qui respecte les autres ait droit à une reconnaissance égale de son identité;

  12. prie instamment tous les parlementaires de se familiariser avec les conventions relatives aux droits de la femme et les résolutions issues des conférences sur les femmes, de les faire connaître par l'intermédiaire de toutes les instances locales, nationales et régionales et d'en tenir compte dans les législations et les stratégies nationales visant à améliorer la condition de la femme;

  13. demande aux parlements, aux gouvernements et aux ONG d'intensifier leurs efforts pour assurer la participation des femmes à la vie politique et économique, de bien appeler l'attention des sociétés en développement sur ce problème et de les sensibiliser à la nécessité d'éliminer les préjugés contre les femmes;

  14. exhorte les parlements, les gouvernements, les organisations internationales et les ONG à prendre la mesure de l'impact social, politique et économique de l'épidémie de VIH/SIDA sur les hommes, les femmes et les enfants, et à mettre en œuvre ou à accélérer la mise en œuvre des programmes d'éducation visant à enrayer l'épidémie et à la gérer afin de permettre aux hommes et aux femmes de rester séronégatifs;

  15. préconise le renforcement de la coopération avec la société civile dans le domaine de l'éducation et des politiques culturelles;

  16. exprime sa conviction que tous les Etats devraient promouvoir, à chaque étape de l'éducation, un apprentissage civique actif qui permettrait à chacun de connaître son histoire et ses racines culturelles, et le fonctionnement et l'action des institutions politiques, tant locales que nationales et internationales, de s'initier aux procédures à suivre pour régler des questions fondamentales et participer à la vie culturelle de la communauté et aux affaires publiques dans la perspective de l'égalité des hommes et des femmes, et souligne que cette participation devrait dans toute la mesure possible conduire à des liens toujours plus étroits entre l'éducation et l'action destinée à régler les problèmes qui se posent aux échelons local, national et international;

  17. souligne l'importance d'utiliser les moyens modernes d'information et de communication pour faciliter l'accès à l'éducation et à la culture tout en respectant les droits à la liberté d'opinion et à la liberté de l'information énoncés à l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme;

  18. souligne aussi la nécessité d'encourager la participation de la société civile à l'action des médias afin d'appeler l'attention sur les questions traitées dans la présente résolution;

  19. insiste sur la nécessité de mettre en place l'infrastructure technique nécessaire pour les systèmes modernes d'information et de communication de manière à ce que ceux-ci puissent être utilisés par le plus grand nombre, et d'encourager la connaissance des nouveaux médias au moyen de programmes d'éducation et de formation, demande aux pays développés de faire de vastes efforts pour combler le fossé numérique en s'attachant à accorder aux pays en développement à la fois une assistance technique et un appui à l'éducation en matière de technologies de l'information, et engage les Etats à surveiller et interdire l'accès aux sites internet inacceptables, en particulier ceux qui véhiculent de la pornographie enfantine;

  20. invite les Etats et autres acteurs à s'employer à combler l'écart entre les sexes et à faire de l'éducation des femmes et des filles la priorité absolue dans le domaine de l'éducation, exhorte les Etats à adopter des politiques culturelles qui respectent l'égalité des sexes et reconnaissent pleinement l'égalité des droits et la liberté d'expression des femmes, de façon à leur permettre de participer pleinement à tous les aspects de la vie culturelle, économique, sociale et politique, et appelle à la participation des femmes à la formulation et à la mise en œuvre des politiques générales de développement dont elles sont à la fois les actrices et les bénéficiaires;

  21. souligne la nécessité d'honorer les engagements pris en matière d'éducation par le Forum mondial sur l'éducation dans son Cadre d'action adopté à Dakar "L'éducation pour tous : tenir nos engagements collectifs" et dans la "Déclaration mondiale sur l'éducation pour tous" aussi rapidement et efficacement que possible, notamment :

    • en veillant à ce que d'ici à 2015 tous les enfants, et en particulier les filles, les enfants en situation difficile et les enfants appartenant à des minorités ethniques, aient accès à un enseignement primaire gratuit, obligatoire et de qualité et le suivent jusqu'au bout;

    • en améliorant de 50 % le taux d'alphabétisation des adultes d'ici à 2015;

    • en éliminant les disparités entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire d'ici à 2005, et en parvenant à l'égalité entre les sexes dans l'éducation d'ici à 2015;

    • en appuyant l'UNESCO qui s'emploie à mobiliser et à coordonner un soutien en faveur des pays qui s'efforcent d'honorer les engagements pris en matière d'éducation pour tous aux niveaux national, régional et international;

  22. préconise une coopération régionale et internationale dans le domaine de l'éducation et des politiques culturelles afin de relever les défis liés à la mondialisation et au progrès technologique;

  23. invite les Membres de l'UIP à faire rapport sur la mise en œuvre et le suivi de la présente résolution au moyen du mécanisme de présentation de rapports mis en place au sein de l'Union interparlementaire.

Note : vous pouvez télécharger une version électronique du texte intégral de la brochure "Résultats de la 105ème Conférence et réunions connexes de l'Union interparlementaire" au format PDF (taille du fichier environ 478K). Cette version nécessite Adobe Acrobat Reader que vous pouvez télécharger gratuitement.Get Acrobat Reader

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