| METTRE EN PLACE UN CADRE LEGISLATIF PROPRE A PREVENIR LA VIOLENCE ELECTORALE, A AMELIORER LE SUIVI DES ELECTIONS ET A ASSURER UNE TRANSITION POLITIQUE SANS HEURT 
Résolution adoptée par consensus* par la 124ème Assemblée(Panama, 20 avril 2011)
 
La  124ème Assemblée de l'Union interparlementaire, 
 
rappelant la Déclaration  universelle des droits de l'homme de 1948, le Pacte international relatif aux  droits civils et politiques de 1976 et la Charte africaine des droits de l'homme et des  peuples de 1981 qui, entre autres, disposent que tout citoyen, sans distinction  de sexe, de religion ou de race, a le droit de prendre part à la conduite des  affaires publiques directement ou par l'intermédiaire de représentants  librement choisis et que la volonté du peuple doit s'exprimer au moyen  d’élections libres et régulières, fondées sur le suffrage universel et égal et  le vote secret, dans le plein exercice de la souveraineté du peuple, de manière  à constituer la base d’une autorité de gouvernement légitime et crédible,
 
sachant que les élections libres et régulières, condition préalable  de toute passation pacifique du pouvoir, sont la pierre angulaire de la  pratique  démocratique,
 
consciente  qu’une passation du pouvoir sans heurt suppose le respect de l’état de droit,  la transparence des institutions politiques et électorales, une société civile  forte et des médias libres et impartiaux,
 
considérant que tous les pays n’en sont pas au même stade dans  l’enracinement de la démocratie, mais que tous doivent s’employer à se doter de  lois assurant des conditions optimales pour la tenue d'élections libres et  régulières,
 
soulignant qu'un  cadre électoral efficace doit remplir une série de conditions  fondamentales : tenue périodique d'élections libres et régulières, scrutin  secret, compétition électorale, inclusivité, accès équitable et équilibré aux  médias et aux moyens publics pour tous les partis politiques, droit de vote  généralisé, processus fiable d’inscription des électeurs et instance  indépendante et impartiale chargée d’organiser des élections libres et  régulières,
 
exprimant la  profonde préoccupation que lui inspire la montée de la violence électorale  observée dans plusieurs pays ces dernières années, qui est due à des raisons  diverses : disparités socio-économiques, inégalités entre hommes et  femmes, divergences idéologiques, faiblesse des institutions de gouvernance,  absence ou insuffisance des mécanismes de partage du pouvoir, systèmes  électoraux engendrant des inégalités ou une marginalisation réelles ou perçues,  abus perpétrés par les forces militaires et/ou les forces de sécurité, cadres  juridiques et réglementaires inadaptés, manque de transparence, éducation  civique et électorale insuffisante, faiblesse des mécanismes de transition,  absence de lois électorales rigoureuses, manque de confiance dans les instances  chargées des élections, absence de dispositifs de nature à permettre aux  citoyens remplissant les conditions requises d’exercer leur droit de vote, de  mécanismes équitables, transparents, rapides, efficaces et accessibles de  règlement des litiges, corruption généralisée, prolifération des armes à feu,  clivages identitaires d’ordre communautaire, ethnique ou religieux et ingérence  internationale dans les processus électoraux internes,
 
notant qu’il importe que les instances électorales soient crédibles et efficaces,  qu’elles jouissent de la confiance des acteurs électoraux et du public et dont  le fonctionnement repose sur les principes d'indépendance, d'impartialité,  d'intégrité, de transparence, de probité financière, de reddition de comptes,  de professionnalisme, d'égalité d'accès, de pérennité et de rationalité  économique,
 
soulignant l’importance cruciale du rôle joué par les observateurs électoraux nationaux et  internationaux, qui favorisent la participation électorale, rendent compte de  manière indépendante des élections et y instillent transparence et confiance,  compte dûment tenu des principes d’intégrité et de souveraineté nationales  ainsi que de la législation nationale applicable,
 
soulignant  en outre l’importance de veiller à ce que les instances chargées des  élections et les missions d’observation électorale comptent des femmes et aient  des objectifs clairs d’égalité des sexes,
 
notant avec  préoccupation que les électrices et les candidates subissent de façon  disproportionnée la violence électorale, qu’elles en sont souvent la cible et  qu’elles pourraient être dissuadées de participer au processus politique par un  climat d'intimidation,
 
insistant sur  la nécessité de donner une définition à la violence électorale à caractère  sexiste, d’effectuer des travaux de recherche et de mettre au point des  indicateurs pour mesurer l’étendue du problème et en surveiller l’évolution,
 
soulignant que  la violence électorale à caractère sexiste se produit avant, pendant et après  les élections et comprend les actes de violence physique et verbale, et qu’il  arrive bien souvent que les médias présentent les candidates d’une manière  irrespectueuse et désobligeante,
 
notant que la tenue d'élections dans des  situations d'instabilité et de précarité politique, en particulier dans les  situations d’après-conflit et d’après-crise, a rarement débouché sur des  résultats crédibles et légitimes,
 
soulignant que,  dans les processus de consolidation de la paix, seule la volonté politique  nationale, exprimée lors d’élections libres et régulières, peut donner toute  leur légitimité aux institutions nationales et en assurer la pérennité,
 
saluant la Déclaration de l'UIP  sur les critères pour des élections libres et régulières et la Déclaration  universelle sur la démocratie, qui soulignent la nécessité d'assurer la  transparence des processus électoraux et donc de promouvoir la bonne  gouvernance et l’état de droit,
 
prenant acte de la Déclaration  de principe de 2005 pour l'observation internationale d’élections et du Code de  conduite des observateurs électoraux internationaux adoptés par un grand nombre  d'organisations dont l'Organisation des Nations Unies (ONU), l'Institut  international pour la démocratie et l'assistance électorale (International  IDEA) et l’UIP,
 
soulignant le rôle et la responsabilité qu’ont parlements et parlementaires dans la mise  en place d'un cadre législatif solide et complet visant à prévenir la violence  électorale et à assurer une passation du pouvoir sans heurt après les  élections,
 
 
invite les parlements à engager, si besoin est, des réformes constitutionnelles et  législatives reposant sur des obligations et engagements internationaux et  tenant compte des réalités locales, en vue d’instituer un cadre juridique  solide pour des élections libres et régulières prévoyant l’adoption de systèmes  électoraux qui produisent des résultats représentatifs et inclusifs et assurent  une passation du pouvoir sans heurt;
 engage les parlements à conduire ces réformes électorales à l’issue d’un débat général  inclusif et ouvert visant à assurer la participation la plus large possible de  toutes  les parties prenantes du  processus électoral - autorités, partis politiques, médias et organisations de  la société civile;
 encourage les instances nationales chargées des élections à privilégier la durabilité et  l’efficience et à utiliser davantage les technologies de pointe, en particulier  les technologies de l’information et de la communication, pour rendre le processus  électoral plus "convivial " et plus efficace  et le prémunir contre les abus, en contribuant parallèlement à la transparence  et à la confiance des citoyens;
 encourage  en outre les instances chargées des élections et les observateurs  électoraux à se montrer particulièrement attentifs à la participation des  femmes au processus électoral, en tant qu’électrices et en tant que candidates,  et invite les instances électorales à  établir, pour leurs membres, des lignes directrices sur la pratique à suivre aux  fins de l’égalité des sexes, ainsi que les instruments correspondants;
 exhorte les parlements à adopter des textes conférant de solides prérogatives de  régulation, d’investigation et de poursuite à des instances électorales  indépendantes et impartiales pour qu’elles protègent l’intégrité et la  transparence du processus électoral, par la prévention de la fraude électorale,  des actes d'intimidation et autres irrégularités, et les dénoncent aux organes  compétents;
 encourage les parlements, les instances chargées des élections, les observateurs  électoraux, les groupes de la société civile et les organisations  internationales, dans le respect de la souveraineté de chaque pays, à  travailler ensemble entre les élections à la préparation des élections futures,  à analyser les résultats et le déroulement des élections précédentes, à  identifier d’éventuelles carences dans le dispositif électoral et la  législation électorale, et à prendre des mesures pour y remédier, à former les  scrutateurs, actualiser et améliorer les registres électoraux, et à former les  électeurs;
 appelle les parlements à légiférer  pour que partis politiques et candidats conduisent leurs campagnes dans le  respect des normes prescrites et que le processus électoral se déroule de  manière impartiale et professionnelle de façon à promouvoir l’égalité des  chances et à prévenir les violences électorales et politiques, notamment en  imposant des sanctions rigoureuses aux auteurs de ces violences;
 appelle en outre les parlements à  envisager d'élaborer un cadre législatif sur le financement des partis  politiques et des campagnes électorales ainsi que sur les modalités des  campagnes électorales, pour que prévalent la sécurité, l'ordre et la  transparence, et que la participation des citoyens au scrutin soit la plus  forte possible;
 exhorte tous les gouvernements à  redoubler d'efforts pour garantir la participation active et massive des  citoyens aux élections grâce à un processus inclusif d'inscription sur les  listes électorales adapté aux femmes et aux hommes, aux personnes handicapées,  aux minorités nationales, aux peuples autochtones, aux ressortissants nationaux  résidant à l’étranger, aux personnes déplacées, aux sans abri et à tous les  groupes vulnérables;
 invite les parlements à réfléchir  aux pratiques et modalités propres à assurer la participation de leurs citoyens  vivant à l'étranger au processus politique national;
 exhorte les parlements et les  gouvernements à mettre en place une législation et des mécanismes indépendants,  justes, transparents, diligents et accessibles de règlement des contentieux  électoraux qui jouissent de la confiance des acteurs électoraux et du public;
 invite les parlements à organiser  des journées d’étude, de sensibilisation et de débat sur les droits politiques  et la  non-violence politique , en particulier en période électorale;
 invite en outre les parlements à  élaborer une législation qui permette, si besoin est,  de réguler et d’accompagner la mise en œuvre  des résultats électoraux et une passation du pouvoir  sans heurt;
 engage toutes les parties  concernées, dans les situations de sortie de crise ou de violentes tensions  communautaires, ethniques ou religieuses, à conclure un accord politique  inclusif pour permettre le déroulement sans heurt d’élections libres et  régulières dans le cadre d’institutions respectueuses des intérêts des  minorités;
 invite les parlements et les  gouvernements à assurer, compte tenu des nécessités locales et de la  législation, l'accès des observateurs électoraux nationaux et internationaux,  aux élections nationales, conformément aux obligations, engagements et  principes internationaux;
 exhorte les parlements à élaborer  des règlements instituant un accès égal aux médias - tant publics que privés -  pendant les campagnes électorales;
 préconise que les missions d’observation et  de suivi des élections conduites par des organisations nationales, régionales  et internationales soient déployées longtemps avant les élections et restent  sur place aussi longtemps que possible après l’annonce des résultats  électoraux;
 préconise en outre une coopération  accrue entre les missions de suivi des élections et d'observation des élections  des différentes organisations nationales, régionales et internationales, compte  tenu de la législation locale;
 invite l’ONU ainsi que les autres  organisations internationales et partenaires compétents à intégrer d’office  dans leurs stratégies de consolidation de la paix des mesures d’appui humain et  financier à la consolidation ou à la création d’une infrastructure  institutionnelle démocratique et en particulier d’un parlement issu dans le  cadre d’élections libres et régulières;
 exhorte les parlements des pays  ayant des antécédents de violence électorale à adopter une législation qui  restreigne l’usage des armes à feu et des munitions et garantisse que les  forces militaires et de sécurité, et leurs agents, restent neutres et ne  fassent pas l'objet de manipulations à des fins électorales;
 invite les parlements et les gouvernements  à adopter des lois  strictes  et rigoureuses interdisant toute tentative de déstabiliser le  processus électoral et prévoyant que tout auteur de violence soit traduit en  justice;
 appelle les organisations de la  société civile, les médias, les experts,  les universitaires, les instances de défense des droits de l'homme et les  organisations internationales à sensibiliser les citoyens à leurs droits et  devoirs constitutionnels en matière électorale, notamment à travers des  programmes approfondis d'éducation civique et électorale;
 exhorte les parlements et les  gouvernements à promouvoir auprès des citoyens, et en particulier des jeunes,  une culture de l’état de droit et le sens de la tolérance en politique à  l’égard des points de vue différents ou opposés;
 invite les parlements à adopter des  textes appropriés pour garantir les droits fondamentaux des citoyens dans le  processus politique, y compris le droit à un scrutin secret, le droit à une  information ouverte et à la liberté d'expression et le droit à manifester  pacifiquement;
 exhorte les parlements à modifier  les lois électorales de manière à instaurer les mécanismes requis pour des  élections libres et régulières, conformes aux obligations et principes  démocratiques internationaux;
 exhorte les parlements à veiller à  ce que, tant que la violence politique envers les femmes ne sera pas éliminée  et que les femmes ne seront pas émancipées économiquement et politiquement,  celles-ci bénéficient d’une représentation équivalent à au moins 30 pour  cent des sièges parlementaires;
 exhorte les parlements et les  gouvernements à veiller à ce que les règles électorales soient stables  et prévisibles en les codifiant ou leur donnant valeur de loi  et en inscrivant les principes fondamentaux de la démocratie électorale, du  droit de vote et des critères d’éligibilité dans les Constitutions nationales,  de manière à éviter qu’elles ne soient manipulées;
 exhorte en outre les gouvernements à  garantir un découpage électoral prévisible et transparent, qui ne puisse faire  l’objet de modifications à la veille des élections, afin de prévenir toute  manipulation des systèmes électoraux;
 demande à l’ONU ainsi qu’aux autres  organisations internationales et partenaires de développement compétents d’apporter  l'appui  voulu et  une assistance technique durable et efficiente aux instances  nationales chargées des élections afin de renforcer leurs capacités, notamment  en améliorant les conditions de travail de leurs agents, et de promouvoir les  réformes électorales requises ainsi que   la mise en place d’une meilleure éducation civique et électorale, en  particulier dans les démocraties émergentes;
 appelle à une plus grande coopération  entre l’ONU et l'UIP dans la prévention des violences électorales et la transition  politique sans heurt, ainsi que dans l’application, tout au long du cycle  électoral, des recommandations pertinentes des missions d'observation  électorale là où elles sont déployées. 
 
*Les délégations ci-après ont exprimé une réserve sur les mots suivants à l'alinéa 6 : "ingérence internationale dans les processus électoraux internes": Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Cambodge, Danemark, Espagne, Finlande, France, Ghana, Islande, Jordanie, Monaco, Norvège, Pays-Bas, Suède et Suisse.
 
Les délégations ci-après ont exprimé une réserve sur la fin de l'alinéa 8 : "compte dûment tenu des principes d'intégrité et de souveraineté nationales ainsi que de la législation nationale applicable" : Belgique, Canada et Suède. 
 
 
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