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Union interparlementaire  
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POUR UN DEVELOPPEMENT RESILIENT FACE AUX RISQUES : PRENDRE EN COMPTE L'EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE ET LES CONTRAINTES NATURELLES

Résolution adoptée à l’unanimité par la 130ème Assemblée
(Genève, 20 mars 2014)


La 130ème Assemblée de l'Union interparlementaire,

exprimant sa vive préoccupation face à l'incidence et au risque de catastrophes qui s’accroissent dans le monde entier, menaçant aussi bien la vie que les moyens de subsistance des populations, entravant le développement socioéconomique et nuisant à l'environnement,

notant que les modes de développement, notamment une urbanisation insuffisamment planifiée et encadrée, l'augmentation de la population dans les zones à haut risque, la pauvreté endémique, la faiblesse de la gouvernance et des institutions, et la dégradation de l'environnement sont d'importants facteurs de risque de catastrophe,

relevant que les catastrophes, tout particulièrement celles qui sont provoquées par les changements climatiques et aggravées par l’accroissement de la population et sa répartition sur le territoire, et d’autres facteurs comme la mauvaise utilisation et la mauvaise gestion des ressources, ont été dénoncées par la communauté internationale, notamment dans le Document final de la Conférence de Rio+20, qui les qualifie d'obstacles majeurs au développement durable,

réaffirmant le Cadre d'action de Hyogo pour 2005-2015 : Pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes, et soulignant la nécessité d'en accélérer la mise en œuvre aux niveaux international, régional, national et surtout local,

consciente de l'urgence d’intégrer et de relier davantage les politiques et programmes axés sur la réduction des risques et le relèvement après les catastrophes, les changements climatiques, le développement économique et social à long terme, l'urbanisme, les dynamiques démographiques et la protection de l'environnement, de façon à pouvoir traiter les risques de catastrophe à la racine,

également consciente du fait que l’accroissement de la population mondiale, qui ne devrait pas fléchir avant plusieurs décennies, et sa répartition sur le territoire, notamment la densification de l’habitat et l'urbanisation croissante, accentuent le risque de catastrophe et que, dans les régions exposées aux famines et à la malnutrition à cause de la sécheresse, le facteur démographique a un effet direct sur la sécurité et l'autonomie alimentaires,

soulignant que les dynamiques démographiques contribuent pour une large part aux changements climatiques et aux risques de catastrophe, en ce qu’elles soumettent les ressources naturelles à des contraintes supplémentaires, aggravent la vulnérabilité des communautés face aux aléas naturels et accentuent les effets de l’activité humaine sur les écosystèmes, surtout en raison des besoins accrus en nourriture, en eau potable, en bois d’œuvre et en bois de chauffe qui en découlent,

affirmant que toutes les femmes ont le droit de planifier leur vie et, notamment, de décider si et quand elles souhaitent avoir des enfants, et soulignant que les grossesses non désirées sont le facteur de croissance de la population le plus susceptible d’être modifié par des mesures d’orientation,

convaincue que les gouvernements sont des acteurs essentiels s’agissant de la résilience face aux risques et les dynamiques démographiques dans le contexte du développement durable, domaine qui relève de leur responsabilité politique, tandis que les parlementaires ont un rôle fondamental à jouer pour mobiliser la volonté politique requise et obtenir des résultats grâce à l'action législative, au contrôle des politiques et à l'affectation des ressources,

constatant que les femmes et les enfants sont particulièrement exposés à des souffrances physiques et psychiques lors des catastrophes et pendant la période de reconstruction et de relèvement,

prenant acte que les femmes doivent être associées à la gestion des catastrophes, de la prévention jusqu’au redressement,

soulignant qu’il faut prendre des mesures en faveur de l'éducation à tous les niveaux, et qu’il importe de mobiliser les acteurs locaux afin de sensibiliser la population à la nécessité de la résilience face aux risques et aux questions démographiques connexes, et de rallier le public aux mesures qui s'imposent pour accroître la résilience,

  1. demande à tous les parlementaires de s'informer sur les questions liées à l'évolution des risques et des catastrophes, afin d'améliorer le contrôle qu'ils exercent pour réduire l'incidence et les risques de catastrophe, améliorer la résilience et protéger les populations et les fruits du développement des catastrophes et des effets des changements climatiques, tout en veillant à ce que cette question reçoive l’attention qu’elle mérite au plan national et que les mesures qui s'imposent soient prises;
  2. demande également à tous les parlementaires de commencer immédiatement à réviser la législation existante en matière de réduction des risques, en partant de la réalité des collectivités, de leur environnement, de leur habitat et de la population, qui sont les principales ressources sur lesquelles fonder l’action à mener et de déterminer s’il convient d’obliger les intervenants principaux, notamment les responsables politiques et le secteur privé, à assumer leurs responsabilités quant aux  conséquences de politiques de développement ou d'investissement entraînant une forte augmentation des risques;
  3. invite l'Organisation des Nations Unies à poser le principe d’une indemnisation des victimes de catastrophes naturelles et d’une réparation des dommages causés par les Etats qui mettent en œuvre des stratégies de développement contraires aux prescriptions de la Conférence de Rio sur le développement durable de 1992;
  4. appelle tous les gouvernements à entreprendre dans les plus brefs délais un réexamen des politiques et réglementations nationales afin de garantir un développement socioéconomique qui tienne compte des risques de catastrophe à long terme, pour la population et l'économie, car un nouvel élan s'impose pour garantir la cohérence des politiques et pratiques relatives au développement et leur harmonisation avec les politiques de réduction des risques, de protection de l'environnement et d'adaptation aux changements climatiques;
  5. appelle également tous les gouvernements à améliorer leurs mécanismes de réduction des risques et à veiller à ce que les politiques et stratégies de développement renforcent la résilience de la population et de l’économie du pays, en dressant des cartes des zones à risques, par type de risque, en mettant en place des systèmes d’alerte rapide et en assurant la sûreté des bâtiments, ainsi qu’en améliorant les cadres institutionnels et législatifs, politiques et redditionnels et en accroissant les ressources budgétaires en faveur d’un développement résilient face aux catastrophes en veillant, comme il convient, aux besoins des femmes et en prêtant une attention particulière à ceux des personnes handicapées;
  6. prie instamment les parlements et les gouvernements de mettre fin à toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes pour ce qui touche à la propriété des terres et du bétail, et de faciliter l’accès des femmes au crédit, de façon à renforcer leur résilience;
  7. appelle les gouvernements et les parlements à intégrer les perspectives de genre et d’âge dans la conception et la mise en œuvre de toutes les phases de la gestion des risques;
  8. encourage les gouvernements et les parlements à évaluer les risques et à favoriser la résilience aux catastrophes en investissant dans des infrastructures parasismiques et dans des systèmes de protection sociale inclusifs, en particulier pour les communautés vulnérables ou exposées aux risques;
  9. appelle les gouvernements et les parlements à renforcer la sécurité alimentaire et à promouvoir un développement agricole durable, en mettant l’accent sur les stratégies qui donnent la priorité aux besoins des communautés rurales et à leurs conditions de vie, car ce sont des facteurs clés de la résilience de ces communautés;
  10. exhorte les gouvernements et les parlements à investir dans des systèmes d’alerte rapide et à les intégrer dans leurs stratégies de réduction des risques, les outils politiques et décisionnels en la matière, et les systèmes de gestion de l’urgence;
  11. engage le système des Nations Unies et autres organisations internationales et intergouvernementales à promouvoir la résilience face aux risques et aux chocs, en tant qu’aspect fondamental du développement, à veiller à ce que les évaluations de la résilience et des risques s’intègrent dans les efforts internationaux d’élimination de la pauvreté et de développement durable, et à donner l'exemple d'une gouvernance de qualité en matière de réduction des risques de catastrophe en respectant les principes et en faisant preuve de transparence et de responsabilité eu égard aux décisions relatives aux programmes et aux investissements à l’échelon des pays;
  12. engage également le système des Nations Unies à apporter un soutien spécial aux pays en développement pour qu’ils puissent donner suite aux conclusions contenues dans différents rapports et pour faciliter le financement des travaux d’aménagement dans lesdits pays;
  13. demande instamment aux gouvernements d’intégrer la croissance démographique, la planification familiale et les dynamiques démographiques dans les mesures de développement durable, qui devraient aussi promouvoir la résilience face aux catastrophes et aux changements climatiques;
  14. demande aux parlements d'œuvrer, aux échelons national, régional et international, à l'inclusion d'un indicateur sur la santé génésique dans les objectifs de développement pour l'après-2015 touchant à la santé, à l'équité et à l'émancipation des femmes, de défendre une approche de la santé génésique fondée sur les droits et de prendre les mesures législatives et budgétaires qui s'imposent pour offrir un accès universel à des services de planification familiale volontaire;
  15. demande instamment aux gouvernements de prendre une part active aux consultations en cours sur le programme de développement pour l’après-2015 et le cadre d’action post-2015 pour la réduction des risques de catastrophe, de façon à disposer des informations, des connaissances et de l'appui technique requis pour élaborer un programme national de développement résilient face aux risques de catastrophe pour l'après-2015, le programme de développement et le cadre d’action pour l’après-2015 étant indissociables de la promotion d’un développement durable et résilient et d'une réduction de la pauvreté;
  16. demande aussi instamment aux gouvernements et au système des Nations Unies de veiller à ce que le programme de développement et le cadre de réduction des risques de catastrophe pour l'après-2015 se renforcent mutuellement;
  17. demande à tous les parlements d'accompagner leur gouvernement dans l’élaboration de politiques et de stratégies de développement faisant une place suffisante, du stade de la planification des programmes à celui de leur réalisation, à l'évaluation des risques, compte tenu notamment des facteurs démographiques, car il ne saurait y avoir de développement durable sans résilience face aux catastrophes;
  18. invite les gouvernements, lorsqu’ils élaborent des lois, des politiques ou des plans visant à réduire les risques de catastrophe, à tenir compte du rôle particulier que jouent les femmes, notamment celles qui exercent des fonctions dans l’administration locale et celles qui font partie d’organisations populaires, dans la réduction des risques, la planification, la réinstallation, le logement et le développement des infrastructures;
  19. rappelle que la réduction des risques de catastrophe et la protection des populations relèvent de la responsabilité de tous les représentants élus et encourage donc tous les parlements à se doter d'un forum national sur la réduction des risques de catastrophe et le développement résilient;
  20. demande que, outre les gouvernements et les parlements, la société civile, le secteur privé et les milieux scientifiques soient associés à la réduction des risques de catastrophe et à la promotion des mesures visant à résoudre les problèmes résultant des changements climatiques;
  21. appelle les parlements à contrôler les politiques et les initiatives de leur gouvernement en matière de réduction des risques de catastrophe, de changements climatiques et de développement durable, et de faire usage de tous les instruments disponibles, y compris législatifs, notamment des études d’impact environnemental des politiques publiques pour garantir que la réduction des risques de catastrophe et les mesures d'adaptation aux changements climatiques soient prises en compte dans la planification et l’élaboration du budget;
  22. demande que soient créées des commissions spécialisées dans les parlements où elles n'existent pas encore, pour qu’elles puissent se tenir au courant et analyser tous les problèmes liés au développement durable et puissent promouvoir des mesures et des stratégies vouées à les prévenir ou les atténuer;
  23. exhorte les pays donateurs et les agences internationales de développement à adopter une démarche responsable et à jouer un rôle de premier plan dans l'intégration de la réduction des risques de catastrophe et des mesures en faveur de la santé génésique, notamment de tenir compte du droit de chaque personne à la santé sexuelle et génésique dans la planification et l’exécution des programmes de développement, afin de s'assurer que les activités financées par l'aide au développement contribuent à un développement résilient;
  24. appelle tous les parlementaires à faire une priorité de la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites, ces pratiques nuisant considérablement à la mobilisation et à la bonne affectation des ressources au détriment des composantes environnementales des programmes de développement durable;
  25. prie instamment les pays donateurs et les pays bénéficiairesde s'attacher de plus en plus à améliorer la gestion et l'utilisation des ressources nationales, en particulier de l'eau et des ressources énergétiques, afin de prévenir et d'atténuer les principaux risques de catastrophe, de renforcer la résilience et de contribuer ainsi au développement durable;
  26. prie aussi instamment les parlements, lesgouvernements et les organisations internationales de faire en sorte que la coopération internationale serve davantage la gestion des risques et le développement résilient en accroissant l'assistance technique et le renforcement des capacités, selon que de besoin, dans les pays en développement;
  27. demande à tous les parlements de faire le nécessaire pour obtenir l'adhésion de leurs gouvernements respectifs et mobiliser la volonté politique requise pour obtenir des résultats concrets en matière de développement durable et limiter les modifications de l'environnement provoquées par l'homme qui favorisent et aggravent les catastrophes naturelles, tout particulièrement en raison des changements climatiques; demande en particulier que soit conclu, d'ici à 2015, un accord mondial ambitieux qui ait force de loi conformément à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et s’applique à toutes les Parties;
  28. invite tous les Parlements membres de l'UIP à prendre des mesures d’urgence pour donner suite, dans leurs régions et pays respectifs, aux recommandations formulées dans la présente résolution.


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