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Union interparlementaire  
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FAVORISER UNE RIPOSTE INTERNATIONALE IMMEDIATE ET ENERGIQUE FACE A L’EPIDEMIE D’EBOLA ET ADOPTER DES LOIS PERMETTANT DE REPONDRE ET DE SE PREPARER EFFICACEMENT AUX EPIDEMIES D’EBOLA ET D’AUTRES MALADIES INFECTIEUSES : LE ROLE DES PARLEMENTS

Résolution adoptée à l’unanimité par la 131ème Assemblée
(Genève, 15 octobre 2014)


La 131ème Assemblée de l'Union interparlementaire,

se déclarant préoccupée par l’épidémie sans précédent d’Ebola qui frappe l’Afrique de l’Ouest depuis quelques mois et alarmée par le nombre important de décès qu’elle a provoqué, en particulier par les décès multiples qui surviennent dans une même famille et dans les groupes les plus vulnérables, comme les professionnels de la santé et les femmes,

préoccupée également par le risque élevé de propagation de ce virus à l’échelon international,

consciente de ce que l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest pourrait, selon les alertes de l’Organisation des Nations Unies, devenir une catastrophe humanitaire aux conséquences incalculables,

rappelant que l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest a été déclarée urgence de santé publique de portée internationale par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et qualifiée de menace pour la paix et la sécurité internationales par le Conseil de sécurité des Nations Unies,

rappelant également que, le 19 août 2014, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, invoquant l’article 6 f), action humanitaire et gestion des catastrophes, du Protocole relatif à sa création a autorisé le déploiement immédiat de l’ASEOWA (Opération de soutien de l'Union africaine contre Ebola en Afrique de l’Ouest),

rappelant en outre que, le 18 septembre 2014, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution 69/1 approuvant la création de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre Ebola (MINUAUCE) en vue d’enrayer l’épidémie, de traiter les malades, d’assurer les services essentiels, de préserver la stabilité et d’empêcher de nouvelles épidémies,

sachant que les organisations non gouvernementales qui combattent le virus Ebola en première ligne, telles que Médecins sans frontières (MSF) et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, ont estimé que la réponse internationale était dangereusement insuffisante,

reconnaissant néanmoins que beaucoup de pays ont déjà accru l’aide financière et l’appui matériel destinés aux pays touchés de l’Afrique de l’Ouest et déployé du personnel sur le terrain pour aider à contenir l’épidémie,

prenant acte des mesures prises par les Etats touchés en réaction à l’épidémie d’Ebola, mais sachant que les moyens que les gouvernements concernés pourront mobiliser risquent d’être insuffisants, et que les déficiences mises en évidence par l’épidémie d’Ebola font apparaître un besoin urgent de soutien,

préoccupée par le fait que de nombreux pays continuent d’avoir des systèmes sanitaires faibles et insuffisamment financés, des lois et règlements sanitaires dépassés ou inadaptés et des moyens non conformes aux Règlements sanitaires internationaux, ce qui paralyse les efforts nationaux et internationaux visant à répondre aux épidémies de maladies infectieuses,

sachant que les pays concernés sont déjà touchés par des pénuries alimentaires et d’eau potable, ainsi que par un effondrement de l’économie résultant de l’interruption des échanges, des vols commerciaux et des activités agricoles,

se déclarant préoccupée par le fait que, faute d’investissements suffisants dans la recherche, il n’existe encore ni vaccin ni traitement spécifique efficace contre le virus Ebola,

considérant que, dans les pays les plus touchés, les acquis en matière de consolidation de la paix et de développement risquent d’être réduits à néant par l’épidémie d’Ebola et soulignant que cette épidémie compromet la stabilité de ces pays,

notant l’avis consultatif de l’OMS sur les conséquences négatives de la riposte à Ebola, à savoir l’isolement et la stigmatisation des pays et de la région affectés, ainsi que sur la nécessité pour les pays, en particulier les pays voisins, de garder leurs frontières ouvertes aux marchandises et aux personnes, de maintenir les liaisons aériennes, d'améliorer l’état de préparation aux niveaux national et régional, d’accroître les échanges d’informations et de renforcer les systèmes sanitaires,

soulignant que, pour juguler les épidémies de graves maladies infectieuses, il faut une action et une coopération aux niveaux national, régional et international et insistant à cet égard sur la nécessité vitale et immédiate d’une riposte internationale coordonnée face à l’épidémie d’Ebola,

  1. déplore toutes les pertes en vies humaines dues à l'épidémie d’Ebola;
  2. exprime son soutien aux gouvernements et aux populations concernés d’Afrique de l’Ouest et de la République démocratique du Congo, qui ont été gravement touchés par l’épidémie d’Ebola;
  3. exige que tous les partis politiques des pays concernés travaillent de concert et en harmonie pour faciliter, sans plus tarder, l’accès en toute liberté et sécurité des organismes humanitaires et de leur personnel aux zones où la population a besoin d’eux;
  4. reconnaît que la direction et la maîtrise nationales de la riposte à Ebola dans les pays concernés demeurent le principe directeur de l’aide internationale, conformément au droit à l’autodétermination prévu dans la Charte des Nations Unies;
  5. salue l’engagement et la contribution de ceux qui interviennent en première ligne dans la lutte contre l’épidémie, notamment les secouristes humanitaires nationaux et internationaux;
  6. regrette vivement la lenteur et l’insuffisance de la riposte de la communauté internationale face à cette épidémie et le retard pris dans l'élaboration d'une stratégie efficace et coordonnée, tout en reconnaissant l’assistance cruciale déjà fournie par un certain nombre d’Etats et d’organisations internationales;
  7. exhorte les organes compétents des Nations Unies et surtout l’OMS, à laquelle revient le rôle de chef de file, à renforcer, par toutes les mesures d'urgence nécessaires, leur contribution aux efforts déployés sur les plans local, national, régional et international pour enrayer l’épidémie à virus Ebola;
  8. se réjouit de la création de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre Ebola, qui devra travailler en coordination étroite avec les organisations régionales, telles que l'Union africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest;
  9. en appelle aux pays touchés, aux pays qui leur apportent leur aide et aux organisations internationales présentes sur le terrain pour qu’ils collaborent étroitement et partagent des informations en vue d'améliorer la coordination et d'enrayer efficacement l’épidémie d’Ebola;
  10. appelle les Etats qui en ont les moyens et les donateurs internationaux à mobiliser sans tarder les ressources financières et les capacités essentielles nécessaires, y compris des moyens médicaux et logistiques pouvant être déployés sur place (personnel, fournitures, moyens de transport), en accordant une attention particulière à la protection des femmes et des enfants, et du personnel sanitaire en contact avec les personnes infectées;
  11. condamne vigoureusement la stigmatisation des pays touchés par Ebola et de leurs citoyens, laquelle risque d’aggraver encore la situation humanitaire et d’avoir des répercussions sur leur économie;
  12. exhorte les Etats, en particulier ceux de la région, et tous les acteurs compétents qui fournissent l'aide demandée pour faire face à l'épidémie d’Ebola, à redoubler d'efforts pour sensibiliser le public, appliquer les protocoles de sécurité et de santé et démentir les informations erronées véhiculées au sujet des modes de transmission et de l'ampleur de l'épidémie;
  13. invite les parlements à promouvoir des politiques efficaces pour combattre l’épidémie d’Ebola, aux niveaux national et international;
  14. invite également les parlements à adopter les lois nécessaires pour améliorer les systèmes de santé et l’état de préparation aux situations d’urgence de manière à accroître la capacité de faire face aux graves crises humanitaires et de santé publique qui peuvent résulter d’une épidémie de maladie infectieuse;
  15. appelle instamment l'industrie pharmaceutique, le secteur privé, les instituts de recherche, les organisations caritatives et les gouvernements à investir dans la recherche sur des traitements et des vaccins efficaces pour soigner et prévenir la maladie à virus Ebola, et à les rendre disponibles à un coût abordable aux populations touchées, en particulier aux plus pauvres parmi les victimes;
  16. recommande l’élaboration de plans visant à aider les pays touchés à surmonter rapidement les effets négatifs de la crise d’Ebola en se fondant sur les enseignements de la situation actuelle;
  17. recommande également à la communauté internationale la création d’une "Force de réaction sanitaire rapide" pour faire face à des crises sanitaires de cette nature, et l’engage à tirer les leçons de la gestion des épidémies/pandémies précédentes;
  18. engage les Etats et la communauté internationale à mener des campagnes mondiales de sensibilisation afin de prévenir de nouvelles épidémies d’Ebola;
  19. propose, en ce qui concerne la coopération internationale au développement, d’inscrire la santé publique – et la prévention des crises sanitaires – parmi les priorités des programmes de coopération.


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