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DEVELOPPEMENT HUMAIN : CROISSANCE ECONOMIQUE ET DEMOCRATIE
LE ROLE DES PARLEMENTS DANS L'INTERACTION NECESSAIRE ENTRE LES
LIBERTES, LA PARTICIPATION DES CITOYENS, LA CROISSANCE ECONOMIQUE
ET LES INVESTISSEMENTS SOCIAUX
Résolution adoptée sans vote par la 86e Conférence
interparlementaire
(Santiago, 12 octobre 1991)
La 86e Conférence interparlementaire,
gardant à l'esprit les objectifs énoncés
dans la Charte des Nations Unies et dans la Déclaration
universelle des droits de l'homme, qui sont notamment de développer
et d'encourager le respect des droits de l'homme et des libertés
fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe ou
de religion,
consciente que l'objectif fondamental du développement
humain est d'élargir la gamme des choix offerts à
la population, en particulier l'accès aux revenus et aux
possibilités d'emploi, à l'éducation, à
la santé et à un environnement propre et ne présentant
pas de danger, afin de rendre le développement plus démocratique
et plus participatif,
reconnaissant que chaque personne devrait avoir la possibilité
de prendre pleinement part aux décisions collectives et
de jouir des libertés humaines, économiques et politiques,
consciente que l'accès à l'information est
un élément clef du développement démocratique,
reconnaissant l'importance d'un environnement sain et sûr
pour permettre une croissance et un développement durables
des générations futures et, en conséquence,
ne pas compromettre leur capacité d'option,
convaincue que la promotion et la protection de tous les
droits de l'homme, y compris des droits économiques, sociaux
et culturels et les droits civils et politiques, doivent aller
de pair avec les efforts de développement et être
axées sur l'épanouissement de l'être humain,
considéré à la fois comme individu et comme
membre de la société,
reconnaissant que les politiques en matière d'éducation,
de santé et d'environnement sont d'une importance déterminante
pour un développement humain satisfaisant et que l'éducation
des citoyens est une importante responsabilité des Parlements,
insistant sur le fait que l'ampleur de l'analphabétisme
entrave gravement, en particulier dans les pays en développement,
le développement économique, social et politique
ainsi que le progrès culturel et intellectuel,
reconnaissant que la population féminine, en particulier,
est victime du sous-développement et de l'aggravation de
la pauvreté dans le monde,
reconnaissant en outre qu'une rémunération
adéquate et l'affectation appropriée de fonds publics
aux besoins humains prioritaires* sont des
éléments indispensables au développement
humain,
préoccupée par le fait que, même si
certains pays ont adopté des mesures importantes pour réduire
les armements nucléaires, les dépenses militaires
continuent d'absorber une part importante du budget national de
nombreux pays,
reconnaissant que la réduction des dépenses
militaires permettrait d'allouer au développement et à
la planification économique les ressources ainsi libérées,
consciente que l'aggravation des effets économiques
et sociaux de l'explosion démographique dans les pays en
développement, la détérioration des termes
de l'échange internationaux pour les fournisseurs de ressources
naturelles et l'énorme fardeau de la dette qui pèse
sur la majorité des pays en développement ne feront
que creuser davantage le fossé entre pays développés
et pays en développement,
réaffirmant que, dans un monde de plus en plus interdépendant,
le développement économique durable des pays en
développement est largement tributaire de conditions économiques
internationales favorables et qu'il est en relation avec l'économie
des pays développés,
consciente que certains pays donateurs et bénéficiaires
hésitent à engager des dépenses sociales
qui sont d'un faible rendement immédiat et entraînent
des dépenses renouvelables,
reconnaissant l'utilité d'une entente mondiale en
faveur du développement humain, qui mette l'accent sur
l'importance centrale de l'être humain et analyse les conséquences
de chaque problème sur les personnes,
réaffirmant que le développement humain,
la croissance économique et la démocratie sont inextricablement
liés et que le meilleur moyen de réaliser le développement
humain est de promouvoir une croissance économique plus
équilibrée et un développement plus participatif,
rappelant que, si la démocratie est un principe
universel, il appartient à chaque pays d'établir
ses propres structures afin d'appliquer ce principe conformément
à ses valeurs culturelles, ses traditions et ses aspirations,
- demande à tous les pays de prendre un ferme engagement
politique en faveur du développement humain et d'adopter
les mesures appropriées pour réaffecter une partie
des dépenses actuelles au développement humain;
- recommande la mise en oeuvre d'un vaste programme d'action
afin de développer et d'accroître les capacités
et les possibilités d'investissement, de diversifier la
base économique et d'éliminer les obstacles à
l'égalité des chances;
- exige que des objectifs et des programmes spécialement
destinés à réduire le taux de d'analphabétisme
des adultes, et en particulier celui des femmes, soient établis
de manière à diminuer sensiblement l'écart
qui existe entre les hommes et les femmes à cet égard;
- demande que les statistiques du PNB englobent le travail
ménager non rémunéré afin que les
diverses tâches assumées au profit du groupe familial
soient enfin reconnues par la société;
- souhaite vivement que la situation économique
et sociale de la femme soit améliorée car il s'agit
là d'un élément essentiel pour le succès
de toute stratégie de développement humain, et que
toute politique de développement accorde la priorité
à l'éducation, aux soins de santé, à
la planification familiale, à une meilleure alimentation,
aux possibilités d'emploi et de promotion professionnelle
ainsi qu'à l'égalité de rémunération;
- engage l'Union à participer par tous les moyens
appropriés aux activités du "Fonds Spécial
pour la Santé en Afrique" dont la création
a été recommandée par la Conférence
interparlementaire sur la Santé en Afrique, organisée
conjointement par l'Union interparlementaire, l'Organisation mondiale
de la santé (OMS) et l'Union des Parlements africains (UPA),
en juin-juillet 1988 à Brazzaville;
- prie instamment tous les Gouvernements et tous les Parlements
d'entreprendre ou d'accélérer les réformes
fondamentales nécessaires dans les écoles et dans
le domaine de la formation professionnelle pour permettre à
chacun d'acquérir les compétences qu'exige une économie
moderne;
- demande à tous les Parlements du monde d'inciter
leurs Gouvernements respectifs à mettre en oeuvre des programmes
d'éducation amenant les citoyens à prendre conscience
de leurs droits démocratiques, de leurs responsabilités
et de la nécessité de participer au processus démocratique;
- préconise une intensification de la coopération
entre pays développés et pays en développement,
comme moyen d'affronter les problèmes de plus en plus pressants
que posent la détérioration de l'environnement mondial
et l'appauvrissement des pays en développement;
- demande aux pays d'accroître leur productivité
et leur compétitivité par des mesures appropriées,
afin de créer des débouchés à l'échelle
mondiale;
- demande aux Parlements d'examiner la répartition
entre les dépenses publiques et les dépenses privées
consacrées au développement humain et de veiller
à ce que des fonds soient consacrés aux questions
sociales et humanitaires;
- lance un appel aux Gouvernements et aux Parlements
des pays industrialisés pour qu'ils facilitent l'accès
des pays en développement à leurs marchés
et qu'ils ouvrent de nouvelles perspectives économiques,
en particulier grâce à un règlement global
et durable du problème de la dette extérieure des
pays en développement, tenant compte notamment de la nécessité
de réduire sensiblement les taux d'intérêt
de toutes les formes de dettes;
- préconise la mise au point d'outils précis
d'analyse des dépenses publiques consacrées au développement
humain et demande aux Parlements de charger une structure
appropriée du suivi des recommandations en matière
de développement humain;
- recommande aux Parlements d'appliquer les critères
définis par le Programme des Nations Unies pour le développement
à l'analyse des dépenses publiques consacrées
au développement humain;
- engage tous les Etats, Gouvernements, Parlements et
citoyens à prendre acte des liens qui unissent inséparablement
l'environnement et l'économie et à reconnaître
que seul un comportement responsable peut préserver notre
environnement et ses ressources naturelles;
- recommande que tous les Parlements et Gouvernements
soient instamment priés de manifester clairement leur volonté
de protéger l'environnement dans la prise de leurs décisions
économiques;
- demande aux pays donateurs de veiller à ce que
la part des fonds consacrés à l'aide publique au
développement corresponde bien à l'objectif minimum
de 0,7 pour cent du PNB fixé par la communauté internationale
et à ce qu'un pourcentage important de ces fonds soit consacré
aux secteurs prioritaires;
- demande une réévaluation de l'aide au
développement consacrée à l'assistance technique
afin que des fonds soient utilisés pour appuyer les institutions
locales et mobiliser les compétences nationales;
- recommande une refonte des systèmes économique
et politique, qui permette de promouvoir le développement
humain et de mettre en oeuvre des stratégies visant à
équilibrer les pressions politiques, et notamment à
faire prévaloir la liberté démocratique,
à favoriser les intérêts communs, à
composer avec les groupes puissants, à donner davantage
de pouvoir aux groupes les plus faibles et à canaliser
les pressions extérieures;
- demande aux Gouvernements de faciliter l'accès
à l'information, notamment grâce à la mise
sur pied d'un réseau d'information libre de toute influence
politique;
- demande aux Gouvernements d'engager un dialogue mondial
en faveur du développement humain, afin que, d'ici à
l'an 2000, tous aient accès à l'enseignement primaire,
aux soins de santé primaires, à la planification
familiale et à l'eau potable, que soient éliminés
les cas sévères de malnutrition, et que s'élargissent
les possibilités d'accès à des emplois productifs,
rémunérateurs et satisfaisants;
- demande aux pays qui consacrent d'importantes ressources
aux dépenses militaires de réaffecter ces ressources
à des programmes de développement humain;
- demande que, par un engagement mutuel en faveur du
développement humain, les pays donateurs réévaluent
leurs priorités en matière d'aide publique au développement
et les pays bénéficiaires réorientent leurs
dépenses de façon à augmenter la part destinée
au développement humain;
- prie instamment tous les pays de renouveler leur engagement
de mener à bon terme les négociations commerciales
multilatérales entreprises dans le cadre du GATT (Uruguay
Round) afin de parvenir à une solution équilibrée,
qui tienne compte des intérêts de toutes les parties,
en particulier des pays en développement.
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