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LA NATURE PANDEMIQUE DU SYNDROME D'IMMUNODEFICIENCE ACQUISE (SIDA) : LA MENACE QU'ELLE REPRESENTE POUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE MONDIALE ET LA STABILITE POLITIQUE ET SOCIALE, EN PARTICULIER DANS LE TIERS-MONDE; LA PROMOTION DE POLITIQUES DESTINEES A TRADUIRE LE SAVOIR SCIENTIFIQUE EN ACTION GOUVERNEMENTALE ET EN UNE VOLONTE D'ADOPTER DES MESURES D'ORDRE SOCIAL ET POLITIQUE POUR LIMITER LES EFFETS DE LA MALADIE

Résolution adoptée sans vote par la 87e Conférence interparlementaire
(Yaoundé, 11 avril 1992)


La 87e Conférence interparlementaire,

reconnaissant que, pour lutter contre le syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA) et l'éradiquer, il est nécessaire à la fois d'identifier la source du virus de l'immunodéficience humaine (HIV) et de définir les moyens propres à prévenir sa propagation et à trouver une thérapeutique,

profondément préoccupée qu'il n'y ait actuellement aucun remède contre le SIDA, que l'épidémie ait déjà atteint l'ampleur d'une pandémie et menace sérieusement l'existence même de la race humaine,

consciente que le SIDA compromet déjà la croissance économique mondiale ainsi que la stabilité politique et sociale et que cette tendance ira en s'accélérant,

reconnaissant que l'établissement d'un équilibre entre les droits et les responsabilités d'une vaste frange de la population est une tâche législative gigantesque mais nécessaire incombant aux Parlements,

convaincue que les Gouvernements et la société dans son ensemble doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour contenir la propagation du SIDA et atténuer les effets de la pandémie tout en protégeant les droits de l'homme et les libertés civiles,

reconnaissant que la coopération régionale et la collaboration avec les services de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sont essentielles dans la lutte contre le SIDA, qui ne connaît pas de frontières nationales,

considérant que les organisations intermédiaires (organisations non gouvernementales, organisations bénévoles privées, institutions bénévoles), les sociétés traditionnelles et les institutions religieuses peuvent entrer en contact avec la population et avoir une réelle influence sur elle,

consciente du fait que, pour permettre aux pays de faire face aux coûts croissants de la prévention du SIDA et du traitement de ses victimes, les Gouvernements sont appelés à revoir les priorités en matière de dépenses publiques et les pays développés à aider les pays moins avancés,

1. invite les parlementaires à reconnaître l'ampleur de la pandémie et à intervenir de toute urgence auprès de leurs Gouvernements respectifs, ainsi que de la communauté et des autorités religieuses, en vue de l'adoption d'une stratégie globale de lutte contre la propagation du virus de l'immunodéficience humaine responsable du SIDA, comprenant :

a) l'introduction dans les programmes scolaires et universitaires d'une éducation sanitaire destinée à prévenir le SIDA et l'organisation de campagnes efficaces d'éducation publique et d'information qui mettent l'accent sur la nécessité de mesures préventives en l'absence de thérapeutique et tiennent compte de l'origine socio-culturelle et religieuse de tous les citoyens et résidents de chaque pays;

b) le dépistage chez les donneurs de sang et d'autres tissus humains ainsi que chez les donneurs d'organes à greffer;

c) la notification des cas d'infection aux autorités sanitaires (y compris l'OMS) et l'établissement d'un système de surveillance épidémiologique;

d) l'adoption de politiques concertées pour assurer un système de stérilisation efficace dans tous les services sanitaires publics;

e) la levée des obstacles à l'expérimentation et à la commercialisation de traitements et les dispositions nécessaires pour garantir un traitement approprié aux sujets infectés;

f) des services de conseils à l'intention des groupes à risque et des sujets déjà infectés ainsi qu'à l'intention des personnes infectées sur la responsabilité qui leur incombe d'éviter de contaminer d'autres personnes et sur les moyens qu'ils ont de réduire les risques de transmission;

g) l'adoption d'une approche visant à réduire les risques d'infection lors des rapports sexuels, lors de l'injection de drogue par voie intraveineuse et en cas de prostitution, et la possibilité, en particulier pour tous les sujets infectés par HIV, de se procurer des préservatifs et des seringues à usage unique;

h) la responsabilité de dissuader les citoyens d'adopter hors de leur pays des pratiques comportant un risque élevé;

2. félicite les Gouvernements qui ont déjà consenti d'importants efforts à la recherche d'un vaccin efficace contre le fléau du virus d'immunodéficience humaine, et appelle tous les Gouvernements à intensifier encore leurs efforts en matière de prévention du SIDA;

3. engage en outre tous les Parlements et tous les Gouvernements à reconnaître que le SIDA frappe essentiellement les hommes et les femmes dans la force de l'âge, alors qu'ils sont les principaux soutiens de famille et, mettant l'accent sur le fait que les cas les plus tragiques pourraient être ceux des enfants de plus en plus nombreux rendus orphelins par la maladie dans les pays en développement, prie instamment les Gouvernements d'engager des ressources adéquates pour l'éducation et la protection sociale de ces enfants;

4. engage les Parlements et les Gouvernements à indemniser les hémophiles infectés par HIV ainsi que les bénéficiaires de transfusion sanguine, leurs épouses et enfants infectés par HIV;

5. demande instamment aux Gouvernements d'assurer la protection des droits de l'homme et des libertés civiles des sujets infectés ou susceptibles de l'être.


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