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PREVENTION DES CONFLITS, MAINTIEN ET CONSOLIDATION
DE LA PAIX : ROLE ET MOYENS DES NATIONS UNIES ET DES ORGANISATIONS
REGIONALES
Résolution adoptée par 1122 voix contre 19
et 66 abstentions
par la 91e Conférence interparlementaire
(Paris, 26 mars 1994)
La 91e Conférence interparlementaire,
profondément préoccupée de constater
que les grands espoirs de paix et de stabilité qu'a suscités
la fin de la guerre froide n'ont toujours pas été
exaucés, et que les différends et les conflits internes
et internationaux persistent et s'aggravent dans de nombreuses
régions du monde,
consciente que les risques de conflits augmentent dans
le monde entier, qu'ils sont dus de plus en plus à des
facteurs non militaires tels que la détérioration
de la situation économique, sociale, humanitaire et écologique
et qu'apparaissent de nouveaux conflits d'ordre ethnique, nationaliste,
territorial ou religieux,
confirmant que la communauté internationale doit
rejeter la menace ou l'emploi de la force comme moyen de régler
les différends et les problèmes entre Etats et qu'elle
doit mettre tout en oeuvre, notamment dans le cadre de l'Organisation
des Nations Unies et des organisations régionales concernées,
pour régler tous les différends entre Etats par
des moyens pacifiques,
affirmant qu'il est du devoir des parlements d'appuyer
les efforts que déploient l'Organisation des Nations Unies
et les organisations régionales pour renforcer l'amitié
et la coopération, faire respecter les droits de l'homme
et les droits civils et politiques et promouvoir la démocratie
et la paix,
reconnaissant que les buts premiers de l'Organisation des
Nations Unies sont de servir de cadre au maintien de la paix et
de la sécurité internationales, à la coexistence
pacifique et à des relations de bon voisinage, de promouvoir
l'égalité entre les individus et entre les Etats,
d'encourager la justice et le respect du droit international et
de favoriser le progrès social et de meilleures conditions
de vie dans une liberté plus grande, et soulignant
qu'il importe que tous les Etats poursuivent résolument
ces objectifs,
notant que l'"Agenda pour la paix", établi
par le Secrétaire général de l'Organisation
des Nations Unies réoriente la stratégie et l'action
future des Nations Unies,
reconnaissant le rôle central que joue l'Organisation
des Nations Unies dans la diplomatie préventive, le rétablissement
et le maintien de la paix,
reconnaissant que la prévention des conflits, la
gestion des crises et le maintien de la paix tiendront à
l'avenir une place de plus en plus grande dans l'action de l'Organisation
des Nations Unies et des organisations régionales, et que
tous les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme,
y compris la Convention relative aux droits de l'enfant devraient
être universellement respectés et ratifiés,
soulignant l'importance de la diplomatie préventive
afin d'étouffer tout foyer potentiel de conflit ou d'en
prévenir, le cas échéant, l'escalade et l'extension,
reconnaissant que la promotion des droits de l'homme et
des droits des minorités fait aujourd'hui partie intégrante
des activités de maintien de la paix des Nations Unies,
et estimant qu'en cas de violation flagrante des droits
de l'homme, le Conseil de sécurité peut décider
que l'action humanitaire de l'ONU l'emporte sur le droit de non-ingérence
qui demeure la règle générale,
soulignant que, pour pouvoir remplir leur mission, l'ONU
et les organisations régionales doivent jouir d'une confiance
qu'elles ne peuvent gagner qu'en appliquant les mêmes critères
à tous les conflits et différends, sans distinction
aucune, afin de veiller à l'intérêt de tous
les peuples,
estimant que les missions de maintien de la paix ne peuvent
plus se limiter à l'aspect militaire et à l'observation
des cessez-le-feu et que, de ce fait, les opérations de
paix des Nations Unies doivent recouvrir un large éventail
d'activités, telles que l'établissement des faits,
la médiation, la conciliation, le respect des trèves,
la recherche de solutions politiques équitables et durables,
et les mesures de consolidation de la paix,
soulignant que le Conseil de sécurité est
de plus en plus appelé à régler les conflits
et les différends internationaux, à gérer
les crises, à renforcer l'assistance humanitaire, à
faire respecter les droits de l'homme et à maintenir la
paix et la sécurité internationales, conformément
aux Chapitres VI et VII de la Charte des Nations Unies,
reconnaissant que les organisations régionales jouent
un rôle crucial dans la prévention des conflits,
la consolidation et le maintien de la paix,
constatant que les opérations de maintien de la
paix constituent une lourde charge financière et que plusieurs
Etats membres de l'Organisation des Nations Unies n'acquittent
pas leur contribution à ce titre ou ne l'acquittent qu'en
partie, et souvent fort tard,
se référant à la résolution
sur la contribution des parlements à l'accroissement du
rôle de l'Organisation des Nations Unies, adoptée
par la 88e Conférence interparlementaire en septembre
1992,
- souligne qu'il importe de restructurer l'Organisation
des Nations Unies pour lui permettre de relever les nouveaux défis
de l'après-guerre froide et de répondre aux exigences
qui découlent de l'élargissement de son rôle;
- engage la communauté internationale à
intensifier ses efforts pour renforcer l'Organisation des Nations
Unies afin d'en faire l'instrument efficace d'une politique globale
visant à assurer la paix mondiale en établissant
et en sauvegardant un nouvel ordre international fondé
sur la légalité, la démocratie et un développement
durable;
- engage également tous les Etats à soutenir
les mesures visant à renforcer le rôle et les moyens
de l'Organisation des Nations Unies et des organisations régionales
dans la prévention des conflits, le maintien et la consolidation
de la paix et à participer, par l'intermédiaire
des organisations et des accords régionaux, aux opérations
de maintien de la paix dans les régions qui relèvent
de la compétence et du mandat de ces organisations;
- en appelle aux Etats parties à des conflits
armés pour qu'ils les règlent par des moyens pacifiques;
- préconise que soit affiné un ensemble
d'instruments comprenant des mesures de prévention des
conflits et de préservation de la paix, souligne
l'importance cruciale que revêtent les mesures de confiance
et des activités d'établissement des faits et d'alerte
rapide dans le contexte de la diplomatie préventive et
considère qu'il devrait être possible de déployer
des forces des Nations Unies à titre préventif en
s'attaquant aux causes profondes des conflits et que la diplomatie
préventive devrait s'appuyer sur le déploiement
préventif, sans que le Conseil de sécurité
ait à obtenir un accord préalable des parties en
cause;
- rappelle que la diplomatie parlementaire contribue
utilement, dans le cadre des institutions parlementaires régionales
et internationales et, en particulier, de l'Union interparlementaire,
à l'instauration et au renforcement de la coopération
pacifique entre les Etats ainsi qu'au resserrement des liens d'amitié
et de confiance entre les peuples;
- réaffirme que la promotion des droits de l'homme,
des droits des minorités et la protection des droits de
l'enfant devraient faire partie intégrante des mesures
de consolidation de la paix, de la gestion des conflits et de
la consolidation de la paix après les conflits;
- considère que les forces de maintien de la paix
des Nations Unies doivent pouvoir participer à l'action
humanitaire, notamment à l'accompagnement des convois d'aide
humanitaire et au rapatriement des réfugiés et des
expatriés, et affirme que ces forces devraient s'attacher
à contribuer utilement à la reconstruction matérielle
de la région où elles sont postées, tout
en respectant le principe de neutralité qui demeure un
élément essentiel de chaque mission;
- souligne que chaque Etat participant doit assurer aux
forces de maintien de la paix des Nations Unies une formation
spéciale axée sur les caractéristiques particulières
des opérations à mener, les règles à
suivre, la région concernée, la culture et les coutumes
de la population;
- reconnaît que les organisations et les accords
régionaux peuvent, dans leur domaine de compétence,
et conformément à la Charte des Nations Unies, concourir
largement au maintien de la paix et de la sécurité
internationales, à la diplomatie préventive, à
la consolidation, au rétablissement et au maintien de la
paix ainsi qu'à sa consolidation après les conflits;
- rappelle avec satisfaction la contribution de l'Organisation
des Nations Unies et des organisations régionales à
la mobilisation de l'opinion publique et à l'orientation
des efforts tendant à maîtriser et régler
les conflits;
- demande à tous les membres de l'Organisation
des Nations Unies de verser leurs contributions intégralement
et ponctuellement et invite tous les pays ayant des arriérés
de contribution à acquitter leurs obligations financières
afin d'améliorer la situation financière précaire
de l'Organisation des Nations Unies;
- prie donc instamment les gouvernements de s'acquitter
notamment des obligations financières qui leur incombent
au titre des activités de maintien de la paix de l'ONU
et de fournir le personnel nécessaire aux opérations
en cours;
- engage tous les gouvernements et tous les parlements
à mettre en oeuvre la résolution de la 88e Conférence
interparlementaire, qui les invite à fournir non seulement
au Conseil de sécurité mais surtout au Secrétaire
général de l'Organisation des Nations Unies des
moyens nécessaires à une action préventive
permettant d'atténuer et de surmonter les tensions et les
conflits par la diplomatie préventive;
- prie instamment les parlements de soutenir les préparatifs
du 50e anniversaire de la création de l'Organisation des
Nations Unies, en veillant tout particulièrement à
ce qu'un comité national soit mis en place dans leur pays,
si cela n'a pas encore été fait, et à ce
que des parlementaires participent aux travaux de ce comité;
- se félicite que l'Union interparlementaire organise
une réunion au Siège des Nations Unies (New York,
31 août-2 septembre 1995) à l'occasion du 50e anniversaire,
et propose que tout soit mis en oeuvre pour faire de cette
réunion un événement majeur qui permette
à la communauté interparlementaire mondiale d'esquisser
les grandes orientations d'une coopération internationale
renforcée.
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