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PRESERVATION DES STOCKS MONDIAUX DE POISSON AFIN
DE GARDER UNE SOURCE IMPORTANTE DE PROTEINES ET D'ASSURER LA PERENNITE
ET LA STABILITE ECONOMIQUE DE L'INDUSTRIE DE LA PECHE SUR TOUTE
LA PLANETE
Résolution adoptée sans vote par la 95e Conférence
interparlementaire
(Istanbul, 19 avril 1996)
La 95e Conférence interparlementaire,
consciente des problèmes que rencontre l'humanité
du fait d'une population mondiale en augmentation constante,
consciente également de la nécessité
d'un approvisionnement suffisant pour nourrir l'humanité
aujourd'hui et demain dans un monde où des centaines de
millions de personnes souffrent de faim et de malnutrition,
sachant que les ressources biologiques marines sont pour
l'humanité une source indispensable et renouvelable de
protéines de haute qualité et peuvent donc se révéler
vitales pour la sécurité alimentaire mondiale des
générations présentes et futures,
sachant aussi que les ressources biologiques marines revêtent
une importance particulière comme source de protéines
animales pour beaucoup de pays peu développés,
vivement préoccupée de constater que, dans
les années 1990, l'offre de poisson destinée à
la consommation humaine directe stagne principalement à
cause de la surpêche et de la dégradation des eaux
douces, marines et côtières et de leur environnement,
notant que la demande de poisson directement destiné
à la consommation humaine risque fort de continuer à
augmenter plus rapidement que l'offre si des mesures énergiques
ne sont pas prises pour mettre un terme à la surpêche
et à la dégradation des eaux douces, marines et
côtières et de leur environnement,
notant en outre que le problème de la conservation
et de la gestion des stocks de poisson est essentiellement causé
par la surpêche mais aussi par plusieurs autres facteurs,
notamment la pression démographique à laquelle s'ajoutent
les subventions accordées à l'industrie de la pêche
entraînant le maintien d'une capacité de pêche
excessive, des pratiques de pêche néfastes ou prédatrices,
y compris l'utilisation d'engins de pêche non sélectifs,
et l'absence d'une gestion appropriée des pêcheries,
convaincue que les avantages économiques d'une gestion
responsable des pêcheries pourraient être considérables,
préoccupée de constater que la pollution
des mers, due en particulier aux activités menées
à terre, a des effets désastreux sur les ressources
biologiques marines et leur habitat et, réduisant la production
de poisson marin, menace l'existence même des populations
côtières, largement tributaires de l'exploitation
durable des ressources biologiques marines,
notant en particulier la contamination des eaux douces
et marines par des polluants organiques persistants qui compromettent
la productivité et la durabilité des ressources
biologiques marines,
constatant avec une vive inquiétude que la diversité
biologique des eaux douces, marines et côtières est
gravement menacée par des facteurs tels que des altérations
physiques, la destruction et la dégradation des habitats,
la pollution et la surexploitation des ressources biologiques,
préoccupée de constater que la diminution
des ressources biologiques dans certains océans du monde
entraîne une multiplication des différends entre
les nations,
connaissant l'importance de la pêche dans les eaux
intérieures, en particulier pour les pays sans littoral
où le poisson d'eau douce est souvent important pour la
sécurité alimentaire,
considérant que certains Etats sont extrêmement
tributaires économiquement des ressources biologiques marines,
se félicitant de la tenue à Rome, du 13 au
17 novembre 1996, du Sommet mondial de l'alimentation qui réunira
des dirigeants mondiaux au plus haut niveau pour qu'ils s'engagent
de nouveau à éradiquer la faim et la malnutrition
et à assurer à tous la sécurité alimentaire,
rappelant les dispositions pertinentes de la Convention
des Nations Unies sur le droit de la mer (1982), la Déclaration
de Cancún sur une pêche responsable (1992), la Déclaration
de Rio et le programme Action 21 de la Conférence des Nations
Unies sur l'environnement et le développement (1992), l'Accord
de la FAO visant à promouvoir le respect par les navires
pêchant en haute mer des mesures internationales de conservation
et d'aménagement (1993), l'Accord des Nations Unies aux
fins de l'application des dispositions de la Convention sur le
droit de la mer relatives à la conservation et à
la gestion des stocks chevauchants et des stocks de poissons grands
migrateurs (1995), le consensus de Rome sur les pêches mondiales
(1995), le Code de conduite de la FAO pour une pêche responsable
(1995), la Déclaration et le Plan d'action de Kyoto sur
la contribution durable des pêches à la sécurité
alimentaire (1995), la Déclaration de Washington et le
Programme mondial d'action destiné à protéger
l'environnement marin des activités menées à
terre (1995) et le Rapport de la seconde réunion de la
Conférence des parties à la Convention sur la diversité
biologique (1995) (conservation et usage durable de la diversité
biologique marine et côtière),
- prie instamment les Etats de signer et de ratifier
la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (1982),
l'Accord aux fins d'application de cette Convention (1995) et
les autres accords cités à l'alinéa 16 du
préambule, qui tous sont importants pour la gestion, la
conservation et l'exploitation des ressources biologiques marines;
- souligne en particulier l'importance de l'Accord aux
fins de l'application des dispositions de la Convention sur le
droit de la mer relatives à la conservation et à
la gestion des stocks chevauchants et des stocks de poissons grands
migrateurs (1995), qui est un instrument pratique et applicable
pour mettre fin à la surpêche en haute mer, ainsi
que du Code de conduite pour une pêche responsable (1995)
et de l'Accord visant à promouvoir le respect par les navires
pêchant en haute mer des mesures internationales de conservation
et d'aménagement (1993), tous deux adoptés par des
Conférences de la FAO;
- invite les Etats à encourager et à renforcer
la recherche scientifique, notamment les études sur l'efficacité
de la gestion multi-espèces et de l'approche fondée
sur le respect de l'écosystème, afin de donner une
base au développement durable des pêcheries et de
l'aquaculture et d'assurer la sécurité alimentaire;
- invite également les Etats à veiller
à l'exploitation durable et rationnelle de toutes les ressources
biologiques marines, y compris les mammifères marins, afin
d'optimiser le rendement à long terme des ressources en
protéines nécessaires à la satisfaction des
besoins de l'humanité;
- engage toutes les nations pratiquant la pêche
à se doter d'une législation et à appliquer
des mesures de nature à assurer une gestion responsable
des pêches, en particulier le zonage et l'établissement
de cartes des aires de pêche afin d'en préserver
la viabilité;
- engage en outre toutes les nations pratiquant la pêche
à intégrer le principe de précaution dans
leur politique de gestion durable des pêches, comme le recommande
la FAO;
- prie instamment les Etats de faire tout ce qui est
en leur pouvoir pour réduire au minimum la dégradation
des eaux intérieures et de l'environnement marin et côtier,
en particulier en protégeant les habitats et les zones
de frai, la préservation des eaux douces, des eaux saumâtres
et de l'environnement côtier et marin étant indispensable
à un développement durable de la pêche;
- demande à la communauté internationale
de prendre immédiatement des mesures pour enrayer la pollution
marine causée par les polluants organiques persistants,
notamment de les éliminer progressivement;
- engage les Etats à éliminer les émissions
ou rejets de substances radioactives et chimiques dans l'environnement
marin et côtier et à prévenir toutes nouvelles
émissions et tous nouveaux rejets;
- encourage les gouvernements à se conformer à
toutes les normes internationales pertinentes relatives au fonctionnement
des navires et à la mise en oeuvre effective de contrôles
par l'Etat du pavillon;
- demande aux Etats de prêter une attention particulière
aux graves problèmes que pose l'immersion de déchets
à partir de navires, de renforcer les contrôles en
mer et, plus particulièrement, de mettre en place les mécanismes
juridiques requis pour l'application de sanctions;
- invite les Etats à veiller à ce que la
capacité des flottes de pêche ne soit pas supérieure
à la capacité de production des pêcheries,
en garantissant ainsi l'exploitation durable, ainsi qu'à
restructurer leur flotte de pêche, si besoin est, pour atteindre
cet objectif;
- engage les Etats à réduire, puis à
supprimer les subventions accordées au secteur de la pêche
entraînant le maintien d'une capacité de pêche
excessive et à promouvoir une industrie de la pêche
opérant sur des bases commerciales;
- encourage les Etats à s'engager à développer
encore une aquaculture écologiquement viable en eau douce,
en eau saumâtre et en mer, y compris le ranching, en gardant
à l'esprit le fait que l'aquaculture peut énormément
accroître et stabiliser l'offre mondiale de poisson destiné
à l'alimentation;
- prie instamment les Etats de prendre des mesures pour
réduire les prises accessoires, les rejets et les pertes
après capture, et prie instamment toutes les nations
pratiquant la pêche d'accroître l'approvisionnement
en poissons et produits de la pêche de meilleure qualité
pour la consommation humaine : i) en faisant un usage accru des
petites espèces pélagiques destinées à
la consommation humaine; ii) en réduisant les rejets en
mer; iii) en optimisant l'utilisation des prises accessoires par
la mise au point, l'amélioration et la diffusion de techniques
d'entreposage, de transformation et de distribution; iv) en concevant
et en encourageant des systèmes propres à garantir
la sécurité des aliments d'origine aquatique, notamment
en harmonisant les réglementations internationales pertinentes;
- engage les Etats à élaborer une législation,
assortie de mécanismes répressifs appropriés,
pour assurer l'utilisation d'engins et de pratiques de pêche
sélectifs et écologiquement sûrs, afin de
préserver la diversité biologique, de maintenir
l'intégrité des écosystèmes marins
et de réduire au minimum le risque d'effets durables ou
irréversibles des opérations de pêche;
- engage les Etats à prendre des mesures pour
encourager un commerce responsable des produits de la pêche,
conformément à l'article 11 du Code de conduite
de la FAO pour une pêche responsable, en particulier en
ce qui concerne les jeunes poissons et les poissons pris au moyen
de pratiques de pêche prédatrices, afin de contribuer
à la préservation et à la gestion optimale
des ressources;
- engage la communauté internationale à
apporter une assistance financière et technique aux pays
peu développés afin de les aider à faire
en sorte que leurs pêcheries apportent une contribution
durable à la sécurité alimentaire;
- demande aux Etats d'encourager le développement
de la pêche artisanale en établissant des zones de
pêche adéquates exclusivement réservées
à cet usage et en lui assurant des infrastructures, des
moyens techniques et des financements, et d'améliorer les
conditions d'existence des communautés côtières
de pêcheurs;
- prie instamment les Etats de régler leurs différends
en matière de pêche de manière pacifique,
conformément aux accords internationaux;
- demande aux Etats d'apporter assistance aux pays peu
développés pour faire respecter leurs zones économiques
exclusives par les flottes de pêche industrielles;
- invite la communauté internationale à
renforcer, notamment par la participation active des Etats, les
instances internationales et régionales traitant d'activités
relatives à la conservation et à l'usage durable
de la diversité biologique marine et côtière,
et appelle ces instances à examiner leurs programmes
en vue d'améliorer les mesures en vigueur et d'entreprendre
de nouvelles actions favorisant la conservation et l'usage durable
des ressources biologiques marines, en tenant compte des recommandations
d'action formulées par les Parties à la Convention
sur la diversité biologique, adoptées par la Conférence
des Parties lors de sa deuxième réunion;
- engage les Groupes membres à veiller à
ce que des parlementaires fassent partie des délégations
nationales au Sommet mondial de l'alimentation, et invite
les parlements et les parlementaires à se tenir informés
de ses préparatifs au plan national et international;
- souscrit à l'idée d'une réunion
des parlementaires présents à Rome pour le Sommet,
qui serait organisée par l'Union interparlementaire et
le Groupe interparlementaire italien;
- engage les parlementaires à redoubler d'efforts
en vue d'atteindre les objectifs qui viennent d'être énoncés
et décide de soumettre la présente résolution
au Sommet mondial de l'alimentation et aux organes internationaux
compétents.
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