Le Parlement burundais, comme le prévoit la Constitution de 2005, joue un rôle essentiel dans le renouveau politique du pays. Mais il reste beaucoup à faire pour transformer ce cadre politique sérieux en une institution répondant aux attentes du peuple.
Après l’indépendance de 1962, les groupes ethniques et les classes sociales du Burundi se sont trouvés profondément divisés, comme dans beaucoup de pays dans la phase post-coloniale. Il s’en est suivi près de quarante ans d’agitation et de bouleversements politiques marqués par des coups d’Etat violents, des crimes de guerre et un génocide. Ce n’est qu’en 2000, grâce aux Accords d’Arusha, que le pays a pu commencer à aplanir les différends nationaux, notamment entre les groupes ethniques Hutu et Tutsi, et à s’engager dans la voie d'une gouvernance démocratique.
Cet engagement a été consolidé en mars 2005 par la promulgation d’une nouvelle Constitution qui prévoit, entre autres choses, un parlement bicaméral dont la composition, l’élection et les obligations sont à la fois novatrices et solidement ancrées dans la meilleure tradition de renforcement des institutions.
Au titre de la nouvelle Constitution, les deux chambres du Parlement burundais doivent représenter tous les groupes ethniques (à égalité au Sénat, et proportionnellement à l’Assemblée nationale). Au moins 30 pour cent de leurs membres doivent être des femmes, et tous les partis politiques doivent y accéder équitablement. Le Sénat, au sein duquel chaque province est représentée à égalité, est seul responsable d’approuver les nominations gouvernementales aux postes les plus importants, et de veiller au respect de l’équilibre ethnique et de la parité dans toutes les institutions de l’Etat. Pour le reste, les deux chambres sont habilitées à adopter ou rejeter les lois et à poser des questions aux ministres, et jouissent de nombreuses autres prérogatives caractéristiques des démocraties parlementaires évoluées.
Sur le papier, le Parlement burundais semble bien équipé pour jouer son rôle constitutionnel, toutefois dans la pratique, nombre de moyens essentiels lui manquent pour être réellement efficace. Le Burundi est l’un des pays les moins développés, avec un revenu moyen par personne de moins d’un dollar par jour. C’est aussi un pays lourdement endetté où les intérêts de la dette ont tendance à dépasser le budget de la santé et de l’éducation. Dans ces conditions, l’assistance technique de la communauté internationale est indispensable à la prise en charge des besoins.
Une récente évaluation des besoins menée par l’UIP (en coopération avec IFES et des experts des parlements italien, français et camerounais) a conclu que le Parlement du Burundi reste une institution fragile. Un certain nombre d’interventions urgentes s’imposent pour former le personnel, notamment des rédacteurs de comptes rendus, des chercheurs, des bibliothécaires, des responsables du protocole, et des spécialistes des technologies de l’information. La grande majorité des parlementaires viennent d’être élus pour la première fois et doivent donc se familiariser très rapidement avec les rudiments du fonctionnement d’un parlement, notamment dans un contexte bicaméral (le bicaméralisme est une caractéristique relativement récente du paysage politique burundais). Les questions telles que la parité et les droits de l’homme, ainsi que certaines fonctions plus précises comme la rédaction de projets de loi, la communication avec les électeurs et une série d’autres aspects du mandat parlementaire devront aussi être traités. Il s’agit d’élaborer un plan stratégique à long terme pour développer le Parlement burundais, qui pourrait recevoir l’appui de la communauté internationale.
L’expérience montre que la confiance des électeurs envers leurs représentants élus est directement proportionnelle à la capacité de ces derniers à exercer leurs fonctions et à répondre à leurs attentes. C’est pourquoi l’UIP et ses partenaires sont déterminés à donner suite à leur récente évaluation des besoins par un programme d’assistance qui permettrait de renforcer considérablement l’institution parlementaire de ce pays.