J'ai été membre du Comité des droits de l'homme des parlementaires de l'UIP pendant presque cinq ans et, hélas, mon mandat vient à échéance en mai de cette année. J'écris "hélas" parce que je suis fermement convaincue que le travail du Comité pour la défense des droits des parlementaires vulnérables dans le monde entier est au cœur même de ce qu'est l'UIP.
 Mme Ann Clwyd |
Outre qu'elle s'efforce de promouvoir de meilleures relations de travail entre collègues parlementaires, l'UIP a pour mission de soutenir l'institution parlementaire et de protéger les droits de nos collègues parlementaires. Et elle le fait très concrètement grâce au travail du Comité.
Je crois utile, si l'on veut que les législateurs soient plus nombreux à défendre et promouvoir les droits de l'homme d'autres parlementaires, d'expliquer brièvement comment le Comité fonctionne. Ses membres, qui représentent toutes les grandes régions du monde, se réunissent pendant quatre jours au moins quatre fois par an pour passer en revue les cas soumis au Comité. Celui-ci est assisté dans son travail par un personnel peu nombreux mais très motivé.
Après qu'une plainte soumise au Comité est déclarée recevable, elle est traitée d'abord dans le cadre d'une procédure confidentielle. Le Comité demande aux représentants parlementaires du pays en question de venir devant lui pour examiner le dossier. Le Comité examine aussi les éléments soumis par d'autres sources accréditées. De plus, il peut entreprendre des missions officielles sur place pour rendre visite aux parlementaires en cause et s'entretenir avec les autorités nationales, et recueillir d'autres éléments.
Cette procédure confidentielle permet de faire du bon travail en coulisses. Les représentations que le Comité fait auprès des délégations gouvernementales ont conduit, ou du moins ont contribué, à la libération de parlementaires emprisonnés, au rétablissement de mandats parlementaires et à l'ouverture d'enquêtes approfondies sur les disparitions et les morts suspectes de parlementaires.
Mais, en raison même du caractère confidentiel de l'action du Comité, "à huis clos", la plupart de ses succès sont demeurés ignorés, voire méconnus. Ce n'est qu'en l'absence de tout progrès ou lorsqu'un cas est particulièrement grave que le Comité décide de le rendre public.
Ceci étant, de nombreux cas sont désormais publics et les membres de l'UIP pourraient aider le Comité en sensibilisant les parlementaires de leurs pays et de leurs régions afin qu'ils fassent pression sur leurs propres gouvernements, sur les organisations régionales et sur les gouvernements en cause.
La solidarité est un outil très puissant. Ainsi, les parlementaires emprisonnés sont souvent raffermis dans leurs convictions et réconfortés de savoir que des collègues parlementaires du monde entier agissent pour les faire libérer.
Je me rappelle être allée rendre visite à Leyla Zana, ancienne parlementaire turque d'origine kurde, dans sa prison près d'Ankara. Le Comité a suivi son cas et celui de ses collègues parlementaires pendant des années, jusqu'à sa libération. Elle était particulièrement émue quand je lui ai donné une carte en gallois pour son anniversaire, qu'elle fêtait ce jour-là. Les gardiens de la prison étaient soupçonneux et ont demandé à voir la carte. Je leur ai expliqué qu'en Grande-Bretagne, il était parfaitement normal pour des Gallois de communiquer dans leur langue et que cette carte avait été achetée tout simplement au Pays de Galles. Ils l'ont rendue à contrecœur à Mme Zana : d'une manière ou d'une autre, je pense que la portée symbolique de cette carte ne leur avait pas échappée !
La libération de l'ancien Vice-Premier Ministre malaisien, Anwar Ibrahim, et le rétablissement politique de Megawati Sukarnoputri, à l'époque parlementaire indonésienne persécutée par le régime de Suharto, devenue par la suite présidente de l'Indonésie sont deux autres succès de premier plan auxquels le Comité a contribué. Tous deux ont remercié personnellement le Comité de son action en leur faveur.
Le Comité s'étant fait davantage connaître au fil des années, sa charge de travail a augmenté considérablement. L'UIP devrait réfléchir à la manière dont on pourrait doter le Comité de moyens plus importants afin de le renforcer dans un avenir proche.
Le travail que j'ai fait comme membre et, plus récemment, comme présidente du Comité durant les cinq dernières années a été immensément gratifiant. Travailler avec le secrétariat dévoué du Comité ainsi qu'avec ses membres m'a plu énormément. Et servir mes collègues parlementaires a été un privilège insigne. Quand je me retirerai en mai, ce ne sera pas "loin des yeux, loin du cœur". Je continuerai à suivre le travail du Comité et je mobiliserai l'aide de mes collègues parlementaires britanniques pour faire mieux connaître les cas publics examinés par le Comité.