Qu’elle soit perçue comme un facteur de développement ou un élément de désintégration du tissu socio-économique des pays d’origine et de destination, la problématique de la migration est aujourd’hui une question d’actualité. Les récentes vagues de violence en Afrique du Sud et en Italie contre les immigrés sont la preuve de cette réalité. Loin de trouver une solution appropriée, et surtout concertée, à cette question d’envergure internationale, les différents Etats prennent des mesures nationales qui vont dans le sens d’une restriction des flux migratoires.
 |
Le continent africain est touché à plus d’un titre par cette question. A la fois lieux d’origine, de transit et de destination, les différents pays africains n’ont souvent pas de politique migratoire et ne peuvent que déplorer les mesures prises par les autres pays, européens notamment. Pourtant cette question a été souvent débattue lors de plusieurs rencontres au niveau ministériel dont la Conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement à Rabat en juillet 2006 et à Syrte (Libye) en novembre 2006. Cependant, peu de résultats concrets ont été enregistrés.
Devant cette situation, et préoccupée par l’ampleur grandissante de cette question, source de drames et de tragédies, l’Union parlementaire africaine (UPA) a organisé, du 22 au 24 mai 2008, en coopération avec l’Union interparlementaire (UIP), ainsi que l’Organisation internationale des migrations (OIM), l’Organisation internationale du travail (OIT), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, une Conférence sur le thème « l’Afrique et les migrations : défis, problèmes et solutions » au Parlement du Maroc, à Rabat. Cette Conférence a réuni une centaine de participants, parmi lesquels des parlementaires et fonctionnaires de parlements membres ainsi que des observateurs à l’UPA, des institutions régionales, continentales et internationales, et des membres du Sénat espagnol.
Dans leurs exposés, les experts ont plaidé en faveur d’une politique migratoire concertée aux niveaux régional et continental. A cet égard, ils ont mis l’accent sur le rôle prépondérant que doivent jouer les parlementaires à travers une législation adéquate et l’élaboration d’une stratégie parlementaire dans le cadre d’une prise en compte effective de la problématique des migrations. A la suite des travaux en ateliers qui ont traité des thèmes migrations et développement, aspects humanitaires des migrations, migrations et droits de l’homme et des initiatives régionales, les participants ont recommandé d’encourager les investissements dans les pays d’origine des migrations afin de créer un cadre générateur d’emplois.
En outre, ils ont appelé les pays de destination à compenser financièrement la fuite de cerveaux des pays d’origine. Ils ont instamment invité les pays qui ne l’ont pas encore fait, à ratifier la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille et à aligner leur législation nationale sur les différentes dispositions de cette Convention. Les migrations étant étroitement liées aux droits de l’homme, les participants ont invité les pays d’origine et d’accueil à prendre des mesures appropriées pour prévenir la traite des êtres humains et faire respecter les droits des migrants. Dans le cadre d’une action concertée, les participants ont préconisé l’instauration d’une coopération entre les différents pays africains, et l’établissement d’un dialogue avec les pays européens sur la base du respect mutuel et des intérêts des deux parties.