Au début de juillet 2009, la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a publié un rapport sur la situation des femmes en Afghanistan intitulé Silence Is Violence: End the Abuse of Women in Afghanistan (« Le silence est une forme de violence : Il faut mettre fin aux sévices contre les femmes en Afghanistan »). Le rapport décrit et dénonce la violence omniprésente contre les femmes en Afghanistan qui, hélas, continue de sévir presque sans relâche depuis la chute du régime des talibans et a étouffé les espoirs d'une vie meilleure pour les femmes du pays. Le rapport est axé sur les violences sexuelles et sur les violences qui entravent la participation des femmes à la vie publique.
L'Afghanistan est partie à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et s'est de ce fait engagé à œuvrer pour assurer l'égalité des femmes. En vertu de sa Constitution, 25 pour cent des membres du Parlement doivent être des femmes, ce qui signifie qu'au moins 64 des 249 membres de la Chambre des représentants (Wolesi Jirga) devraient être des femmes. Toutefois, la présence de femmes au Parlement n'a pas débouché sur une amélioration tangible de leur situation dans le pays. De fait, le rapport de la MANUA fait apparaître que les femmes politiques, y compris les femmes parlementaires qui défendent les droits des femmes et s'efforcent de promouvoir l'égalité, courent personnellement de grands risques, de même que parfois leur famille.
Le cas d'une femme parlementaire, Mme Malalai Joya, actuellement examiné par le Comité des droits de l'homme des parlementaires de l'UIP, en est un exemple flagrant. Mme Joya était le plus jeune membre du Parlement afghan lorsqu'elle a été élue en 2005. Elle a acquis une réputation internationale, non seulement en tant que défenseur infatigable des droits des femmes, mais aussi en tant que critique impitoyable des chefs de guerre. Sa vie est en danger depuis qu'elle a publiquement exigé au Parlement que les chefs de guerre soient traînés en justice.
Son cas a été soumis au Comité de l'UIP après que le Parlement a décidé par un vote, le 21 mai 2007, de la suspendre pour le reste de son mandat, citant une interview télévisée dans laquelle elle critiquait les chefs de guerre et comparait le Parlement à une écurie ou un zoo. Le Comité considère que sa suspension, qui revient en fait à une révocation de son mandat, est une réponse totalement disproportionnée et, de fait, illégale. C'est pourquoi il a instamment demandé qu'elle soit réintégrée sans retard. Le Comité a également noté qu'aucun des parlementaires qui l'avaient traitée de prostituée n'a été sanctionné.
Lors d'une réunion en octobre 2008, le Vice-Président de la Wolesi Jirga a convenu avec le Comité que la décision de suspendre Mme Joya était contraire aux normes parlementaires et n'aurait pas dû être prise. Tous les efforts seraient faits, a-t-il indiqué, pour la réintégrer. A ce jour, toutefois, il ne s'est rien passé. Le Comité a même récemment été informé qu'il était impossible au Parlement de contacter Mme Joya car elle était tout le temps hors du pays. Il apparaît en fait que Mme Joya passe beaucoup de temps en Afghanistan et le Comité est également conscient des efforts qu'elle déploie pour qu'on lui rende justice, y compris auprès de la Cour suprême qui, à ce jour, n'a pas même examiné sa requête. Le Comité note avec consternation que l'on continue de dénier à Madame Joya le droit fondamental qu'elle a d'exercer son mandat parlementaire et que, de ce fait, son électorat, notamment les femmes qui ont voté pour elle, est privé de représentation au Parlement.
Le mandat de la législature actuelle s'achève en septembre de l'année prochaine et, avec lui, celui de Mme Joya. Il est de ce fait d'autant plus important que le Parlement la réintègre immédiatement. Non seulement on mettra ainsi fin à l'injustice qu'elle a subie, mais on enverra aussi un signal fort à toutes les femmes en leur montrant que le Parlement est un lieu où elles sont traitées à égalité avec les hommes, où elles peuvent dire ce qu'elles pensent et lutter pour leurs droits.