La réconciliation est un processus inclusif devant permettre la reconstruction de la société à travers l’élaboration et la mise en œuvre communes des stratégies de consolidation de la paix. En tant qu’institution où se prennent d’importantes décisions affectant la vie de l’ensemble de cette société, le Parlement est l’un des principaux acteurs impliqués dans ce processus.
C’est pour y renforcer l’action parlementaire qu’une Conférence a été conjointement organisée à Kigali par l’Union interparlementaire et le Parlement du Rwanda du 13 au 14 juillet 2009. Cette conférence avait rassemblé des parlementaires et fonctionnaires de parlement du Burundi, du Kenya, de la République démocratique du Congo, de la République Unie de Tanzanie, du Rwanda, de l’Assemblée Législative de l’Afrique de l’Est (ALAE) et du représentant résident du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme au Togo.
Plusieurs exposés ont été faits sur les conditions requises pour une meilleure implication du parlement dans le processus de réconciliation nationale, notamment :
- la réforme au sein du parlement ;
- la promotion du genre et des droits de l’homme ;
- la collaboration avec tous les acteurs, notamment la société civile et la jeunesse ;
- la nécessité de promouvoir une stratégie de réconciliation complète et efficace ;
- le suivi régulier de l’action gouvernementale dans la mise en œuvre de cette stratégie.
Au terme des travaux, les participants ont élaboré des recommandations qui reflètent les préoccupations exprimées et les suggestions faites lors des débats.
Ainsi, au nombre de ces recommandations, les participants ont indiqué que le Parlement doit être le principal initiateur des mesures devant promouvoir la réconciliation. A ce titre, il doit porter un message de tolérance à l’endroit de la population. Compte tenu de ce rôle crucial qui est le sien, il est indispensable qu’il entreprenne des réformes devant aboutir à son autonomie financière, lui permettre de représenter effectivement et d’impliquer toutes les composantes et sensibilités de la société dans ses différentes actions. A cet égard, un accent particulier a été mis sur la nécessité de définir le rôle, les droits et les devoirs de l’opposition.
Considérant l’importance et le caractère sensible de la réconciliation, les participants ont vivement recommandé la pratique de la politique inclusive qui a l’avantage d’impliquer toutes les sensibilités dans le processus de réconciliation et de tenir compte de leurs aspirations et contributions dans l’élaboration des stratégies devant conduire à l’unité nationale. Dans le même ordre d’idée, ils ont plaidé en faveur d’une franche collaboration entre le Parlement et la société civile dont la contribution peut renforcer l’action du Parlement dans le processus de réconciliation.
Ce processus ne saurait se passer d’une justice transitionnelle efficace, ont reconnu les participants. Mais cette justice, tout en poursuivant les auteurs des crimes dont les preuves ont été dûment établies, devrait viser l’instauration de la paix, le respect et la promotion des droits de l’homme et la réconciliation nationale, ont soutenu les participants.
Ils ont relevé que la création d’un environnement socioéconomique favorable est indispensable à la mise en œuvre d’une stratégie de réconciliation nationale complète. Pour ce faire, les participants ont insisté sur la nécessité de promouvoir le droit au développement et de s’inspirer de l’arsenal juridique promouvant les droits économique et socioculturels dans le cadre de l’élaboration des stratégies de développement. En vertu de ses prérogatives constitutionnelles de vote de budget, le Parlement devrait veiller à ce que des ressources suffisantes sont allouées pour pourvoir aux besoins sociaux des populations, mais surtout des communautés défavorisées.