La Conférence, à laquelle 27 parlements africains ont pris part, s'est ouverte sur un vibrant appel lancé par Mme Graça Machel pour "modifier le mode de fonctionnement actuel de la politique". Mme Machel a relevé que l'Afrique est le seul continent du monde où les indicateurs sont en régression et a souligné que les Africains d'aujourd'hui vivent dans une pauvreté totalement inacceptable. Elle en a appelé aux parlementaires pour qu'ils se défassent du distinguo entre "nous" (les élus) et "eux" (le peuple). Les parlements d'aujourd'hui, a-t-elle déclaré, sont majoritairement composés d'hommes citadins d'âge mûr, les communautés rurales pauvres et les jeunes n'y étant pas représentés. L'argent, ou plutôt le manque d'argent, est un élément du problème. En outre, l'égalité des sexes reste lettre morte pour la majeure partie des individus et n'est même souvent pas reconnue comme un droit par la société.
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Le débat qui s'en est suivi concernant le statut de la démocratie en Afrique a été animé, intéressant et souvent très franc. Les délégués se sont dits particulièrement inquiets de la multiplication des accords de partage du pouvoir, et un échange de vues vif a eu lieu concernant la situation au Zimbabwe et ce que les parlementaires africains peuvent faire pour exercer une pression en faveur d'une plus grande stabilité et de davantage de démocratie dans ce pays en proie à des troubles. La teneur générale des débats a été reflétée dans la Déclaration de Gaborone, adoptée à l'unanimité à la fin de la Conférence.
Dans cette déclaration, les participants déplorent la réémergence sur le continent de régimes autocratiques et se sont engagés à œuvrer en faveur de la ratification et de l'entrée en vigueur de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Ils soulignent la nécessité que les partis au gouvernement et les partis d'opposition soient placés dans des conditions leur permettant d'apporter une contribution significative au débat politique et s'engagent à mettre en place des règles et une procédure garantissant aux parlementaires qu'ils puissent exprimer librement leur avis et celui de leurs électeurs, sans craindre d'être harcelés ni sanctionnés.
Cette déclaration, qui met l'accent sur le rôle charnière des parlements dans la démocratie, en appelle à ces institutions pour qu'elles répondent réellement aux besoins des populations et les représentent : "La loyauté envers le peuple et la Constitution, et non à des individualités, aidera les parlements à améliorer leur image et à s'assurer la confiance du public. La loyauté envers le peuple dicte aussi que nous, parlementaires, nous efforcions de rester toujours en contact avec la population pour pouvoir mieux en défendre les intérêts et œuvrer à son bien-être par une gouvernance socio-économique plus responsable."
Dans une allocution prononcée le 15 septembre, Journée internationale de la démocratie, M. Theo-Ben Gurirab, Président de l'UIP, a souligné que les populations du monde entier ont une puissante aspiration à davantage de démocratie, tout en étant souvent déçues par le mode de fonctionnement de la démocratie dans la pratique. Il a exprimé à cet égard de graves inquiétudes concernant "le fossé qui sépare l'aspiration du public à une gouvernance démocratique et à un débat public vigoureux, et l'opinion largement répandue que la vie politique est un champ clos qui fait peu de place aux opinions divergentes et à l'évaluation sincère de tous les grands choix possibles". Il a ensuite formulé une série de recommandations auxquelles l'UIP et les parlements qui en sont membres s'efforceront de donner un tour concret dans les mois et les années à venir.
Cette conférence a été organisée en collaboration par l'UIP et le Parlement du Botswana du 14 au 16 septembre 2009, dans le cadre des événements marquant la deuxième Journée internationale de la démocratie. Un tour d'horizon de la situation de la démocratie dans une région géographique différente devrait avoir lieu en 2010.