En-tête du e-Bulletin de l'UIP No.2, le 27 avril 2006   

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INTERVIEW DU PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE GENERALE
DES NATIONS UNIES, M. JAN ELIASSON

Question. Monsieur le Président, vous avez consacré beaucoup d'efforts durant ces six derniers mois à la mise en application des décisions du document de résultat du Sommet mondial. Quelles sont les réalisations qui, à vos yeux, sont les plus importantes et pourquoi ?

M. Jan Eliasson
M. Jan Eliasson
M. Jan Eliasson. L'Assemblée générale travaille dur depuis septembre dernier pour donner suite aux décisions du Sommet mondial de 2005 et pour les mettre en oeuvre. Nous pouvons signaler beaucoup de réalisations importantes sur les six premiers mois de la soixantième session. En décembre dernier, l'Assemblée générale a décidé de créer le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF), qui permettra une réponse plus structurée et plus rapide en cas d'urgences humanitaires. Plus de 250 millions de dollars E.-U. de contributions ont déjà été annoncés pour ce fonds, lancé le 9 mars. Autre décision importante prise en décembre dernier : la création de la Commission de consolidation de la paix. Avec ce mécanisme, l'ONU sera mieux armée pour aider les pays sortant d'un conflit à conduire leur transition vers la paix.

Le 15 mars 2006, l'Assemblée générale a créé un nouveau mécanisme de droits de l'homme, le Conseil des droits de l'homme. Il s'agit là d'une décision historique. Cette création traduit un nouveau départ pour la promotion et la protection des droits de l'homme dans le monde entier. Les pays candidats doivent présenter leur propre bilan en matière de droits de l'homme et faire face au risque d'expulsion s'ils violent leurs engagements alors qu'ils sont membres du Conseil. Plus de 50 pays ont déjà annoncé leur candidature à ce jour. L'Assemblée générale tiendra des élections pour les 47 sièges au Conseil le 9 mai. Le véritable travail commencera le 19 juin de cette année, quand le nouveau Conseil se réunira à Genève pour la première fois.

Q. Vous dites souvent qu'il est primordial pour l'ONU de faire entrer la réalité de notre monde dans ses salles de réunion. Comment croyez-vous que cela puisse se faire ?

J.E. Nous devons garder présent à l'esprit que les Nations Unies ont été créées pour servir les peuples - les deux premiers mots de la Charte des Nations Unies sont "Nous, peuples …". Nous tous qui travaillons pour les Nations Unies devons ainsi nous rappeler que notre tâche est de traiter les problèmes réels sur le terrain et d'apporter un plus aux peuples du monde entier.

Il y a plusieurs manières d'introduire la réalité des faits dans les salles de réunion des Nations Unies. On pourrait avoir des débats plus interactifs sur les grands dossiers mondiaux avec des participants qui apporteraient leur expertise dans chaque domaine examiné. On pourrait aussi renforcer nos relations avec les partenaires extérieurs appropriés - les parlements et la société civile, y compris les organisations non gouvernementales. En tant que parlementaires, vous pouvez relayer les messages de vos électeurs. De même, vous pouvez jouer un rôle important en sensibilisant le public à l'action des Nations Unies.

Q. Comment décririez-vous les grands défis que l'ONU devra relever dans les mois à venir et quelles sont vos priorités pour le reste de votre mandat de président de l'Assemblée générale ?

J.E. Les Nations Unies vont devoir relever bien des défis. Tout d'abord rétablir et renforcer la confiance dans le système multilatéral lui-même. Dans le monde d'aujourd'hui, on n'a jamais eu autant besoin d'un système multilatéral pour apporter des solutions mondiales aux problèmes mondiaux que sont la pauvreté, les maladies transmissibles, les atteintes à l'environnement, les actes de terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et le crime organisé. Les enjeux sont considérables - l'alternative au multilatéralisme, c’est l'unilatéralisme, ou bien des groupements de pays qui se font face. Il faut donc faire des Nations Unies un acteur plus fort et plus efficace sur la scène mondiale.

S'agissant de l'Assemblée générale, il y a beaucoup de processus de réforme en cours. Ils portent sur le suivi en matière de développement du Sommet mondial de 2005 et la réforme du Conseil économique et social, la réforme de la gestion de l'ONU et l'examen de son mandat, la lutte contre le terrorisme, le cadre institutionnel du travail de l'ONU en matière d'environnement, la revitalisation de l'Assemblée générale et la réforme du Conseil de sécurité. Nous ne mènerons pas à terme toutes ces initiatives de réforme pendant ma présidence mais nous aurons au moins enclenché un processus et, dans certains cas, nous escomptons des résultats rapides.

Q. Au Sommet onusien de 2005, les chefs d'Etat et de gouvernement ont appelé à une coopération renforcée entre l'ONU et l'UIP dans la mise en oeuvre de la Déclaration du Millénaire et dans la réforme de l'ONU. Comment, selon vous, cet engagement politique peut-il trouver corps dans la pratique ?

J.E. Je crois qu'il est nécessaire de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les parlements nationaux et régionaux, y compris par l'UIP, au sein des structures existantes. Les Nations Unies ont tout à gagner d'un rôle plus actif des parlementaires dans la mise en oeuvre des décisions des Nations Unies en général. Nous devons trouver de meilleures manières d’amplifier l'échange d'informations entre les Nations Unies et les instances parlementaires, comme l'UIP.

Les parlementaires peuvent contribuer au programme de réforme de l'ONU de bien des façons différentes. Outre l’exercice de vos responsabilités législatives, vous pouvez faire comprendre à vos électeurs en quoi les Nations Unies apportent un plus à leur vie quotidienne et pourquoi le multilatéralisme est important.

Vous pouvez aussi apporter une contribution au niveau opérationnel. L’un des domaines importants où les parlementaires peuvent jouer un rôle significatif est celui de la consolidation de la paix. Les pays sortant d’un conflit ont besoin d’une assistance pour mettre en place des moyens et des institutions dans bien des domaines, y compris la gouvernance démocratique. Votre expérience sera précieuse dans l'effort international de reconstruction des sociétés déchirées par la guerre.

Q. Actuellement, l'UIP prépare sa 114ème Assemblée, qui doit se tenir début mai à Nairobi, au Kenya. Son ordre du jour fourni est axé sur les dossiers mondiaux qui figurent aussi au premier plan des préoccupations des Nations Unies. A la veille de cette importante réunion parlementaire internationale, quel message aimeriez-vous lancer à ses participants ?

J.E. Je crois savoir que la 114ème Assemblée de l'UIP réunira plus de 1 000 parlementaires. Le thème d’ensemble de l'Assemblée - Promouvoir la démocratie et concourir au renforcement des institutions démocratiques - est d'une grande actualité eu égard à la création récente de la Commission de la consolidation de la paix et du Conseil des droits de l'homme. A la veille de cette réunion majeure, je voudrais dire que les parlementaires à travers le monde ont un rôle important à jouer en suscitant une adhésion populaire plus massive au système multilatéral axé sur les Nations Unies. Sans un appui populaire à ses activités, l’ONU souffrira d'un déficit démocratique et d'un manque de légitimité.

Je souhaite à votre réunion de Nairobi un franc succès et je me réjouis à la perspective de rencontrer des représentants de l'UIP durant le reste de mon mandat.

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