LE COMMERCE INTERNATIONAL CONFRONTE A DE NOUVELLES DIFFICULTES
Le système commercial multilatéral existant, incarné par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), peut-il résister aux secousses tectoniques qui affectent la géographie commerciale mondiale ou aux remous du protectionnisme engendré par la crise ? Quelle est la nature de ces défis ? Les parlementaires doivent-ils s'inquiéter de la prolifération d'accords commerciaux régionaux et bilatéraux ? Face à l'allongement, en apparence interminable, du Cycle de négociations de Doha, est-il possible de trouver d'autres solutions que les "cycles" en tant que tels ?
Ces questions ont été au centre du débat interactif animé qui a eu lieu le 16 septembre au Centre William Rappard, Siège de l'OMC à Genève, à l'occasion d'une réunion-débat parlementaire organisée par l'UIP et le Parlement européen dans le contexte du Forum public 2010 de l'OMC, rendez-vous annuel prisé par les diplomates, les chercheurs universitaires, la société civile, les entreprises et les parlementaires intéressés par le travail multilatéral de cette organisation intergouvernementale clé.
Les participants ont estimé que les législateurs sont confrontés à des choix difficiles lorsqu'ils doivent prendre des décisions politiques visant à éviter l'effondrement économique et la récession sociale. Nombreux sont les parlements qui se méfient des plafonds juridiquement contraignants imposés de l'extérieur, par exemple par l'OMC, aux subventions versées à l'agriculture et aux tarifs douaniers. Dans une atmosphère d'hostilité croissante à l'égard de la mondialisation, ce type de comportement alimente les doutes du public concernant la crédibilité des institutions multilatérales.
D'autres participants ont estimé qu'un système commercial multilatéral régulé, stable et prévisible avait de nouveau prouvé son utilité pendant la crise financière récente. Les mécanismes dissuasifs intégrés dans le système de l'OMC ont résisté et permis d'éviter une poussée significative de mesures de restriction des échanges. Pour reprendre les termes du Directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, "le protectionnisme est le seul chien qui n'ait pas aboyé pendant la crise". Une fois écartée la menace d'un protectionnisme débridé, le commerce mondial devrait reprendre sa croissance à un rythme de plus de 8 % en 2010.
Au terme de la réunion-débat parlementaire, M. Lamy a rencontré dans un cadre distinct les membres du Comité de pilotage de la Conférence parlementaire sur l'OMC. La prochaine session de cette conférence est prévue début 2011 et le Directeur général a qualifié la tenue de cette session dans les locaux de l'OMC de "perspective raisonnable". Si ce projet voyait le jour, les parlementaires chargés du dossier du commerce international dans leurs parlements respectifs auraient l'occasion de se retrouver, pour la toute première fois, au cœur même de l'OMC. Il s'agirait d'un autre pas en avant important dans le projet d'instiller une dimension parlementaire à l'OMC.
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