En-tête du e-Bulletin de l'UIP No.26, le 6 avril 2011   

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LEÇONS POUR LA DEMOCRATIE ?

La Libye s'est embrasée. A l'heure où paraît notre e-Bulletin, une colonne hétéroclite mais déterminée d'insurgés se fraye un chemin à travers le désert à bord d'une flottille de pickups Toyota. Des chasseurs Rafale et Tornado pilonnent des colonnes de blindés. Et à la radio suisse, des experts débattent sur le point de savoir si faire usage de matériel militaire est ou non synonyme de faire la guerre.

Il n'est pas toujours aisé de comprendre ce que cela signifie pour la démocratie.

Tahrir Square
Il y a deux mois, la situation paraissait plus claire. Durant les premiers mois de l'année, plusieurs pays arabes ont été le théâtre de soulèvements populaires durables. Lorsque Tahrir Square est devenu synonyme de ferveur populaire, le Président de l'UIP, Theo-Ben Gurirab, a déclaré haut et fort : « Les manifestations en Tunisie, en Egypte, au Yémen et dans d'autres pays du monde arabe et au-delà nous disent que les citoyens ne sont pas heureux. Ils veulent davantage de transparence, de liberté et de justice sociale. Ils demandent de l'honnêteté, des emplois et veulent profiter du développement. Ils veulent davantage d'opportunités et de services, moins de marginalisation et de corruption. En d'autres termes : davantage de démocratie, pas moins ».

Que nous réserve l'avenir ? Comment les institutions qui gouvernent ces pays vont-elles garantir davantage démocratie, et non pas moins ? Les Constitutions nationales vont-elles pouvoir refléter ces réalités nouvelles et comment ? Comment d'autres régions du monde ont elles réagi face à cette sorte de raz-de-marée quand il a balayé leurs côtes ?   

Pour l'UIP, ce sont là de grands dossiers qui appellent des réponses dûment réfléchies. Mais pour le travail au quotidien de l'Organisation, les choses suivent leur cours habituel : dispenser des prestations consultatives et techniques à la demande des parlements. La Tunisie, pays où l'incendie s'est embrasé, a sollicité l'assistance de l'UIP et, le mois dernier, je me suis rendu à Tunis pour des entretiens préliminaires.

J'y ai rencontré le nouveau ministre des Affaires étrangères, Mohamed Mouldi Kefi, et je me suis entretenu avec lui des nouveaux enjeux depuis que le Parlement a transféré ses pouvoirs législatifs au Président par intérim, habilité à gouverner par décret. J'ai eu aussi une entrevue avec M. Yadh Ben Achour, qui préside la Commission de réforme et est chargé de conduire la transition vers la démocratie.

Il m'est apparu que l'UIP pourrait apporter un soutien au processus électoral en Tunisie pour ce qui touche à l'égalité entre hommes et femmes, notamment des conseils sur les quotas et autres mesures spéciales que le pays peut prendre pour progresser vers la parité dans la nouvelle assemblée. Je me suis engagé à envoyer une mission à Tunis qui rencontrerait les membres de la Sous-Commission des élections ainsi que d'autres parties prenantes. Depuis, cette mission s'est rendue à Tunis et ses conclusions sont expliquées par ailleurs dans l'eBulletin.

J'ai en outre indiqué que le moment était venu de lancer les travaux préparatoires pour l'Assemblée constituante que le peuple tunisien élira fin juillet. Cette assemblée devra non seulement rédiger une nouvelle Constitution pour la Tunisie mais aussi nommer un nouveau gouvernement, légiférer et tenir ce gouvernement comptable de son action. J'ai proposé l'appui de l'UIP pour identifier les besoins de cette assemblée et commencer à en mettre en place les capacités afin qu'elle soit prête à accueillir les nouveaux représentants du peuple et à les servir efficacement.

Les grands thèmes d'actualité seront traités par l'UIP à sa prochaine Assemblée à Panama. Présidents de parlement et parlementaires y réfléchiront à ces moments historiques où le pouvoir a été arraché des mains de quelques-uns et redistribué au plus grand nombre. De tels évènements se sont produits - pour ne citer que quelques exemples - en Allemagne en 1989, aux Philippines en 1986, et au Chili à la fin de cette même décennie. Le Président du Bundestag, l'ancien Président du Sénat des Philippines et le Vice-Président du Sénat chilien échangeront des vues lors d'un débat sur la manière de mieux défendre et renforcer la démocratie durant les périodes de grands bouleversements. Le point de vue d'un pays arabe y sera exprimé par la sénatrice algérienne Zohra Drif Bitat, Vice-Présidente de l'UIP.

Quelles leçons peut-on en tirer pour la démocratie et quel rôle pour l'UIP ? J'espère que l'Assemblée à Panama apportera un commencement de réponses à ces questions, réponses qui guideront l'action future de l'UIP..

Anders B. Johnsson   
Secrétaire général de l'UIP    

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