Pour les parlementaires, l'enlisement du Cycle de négociations commerciales multilatérales de Doha, placé sous les auspices de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), présente un risque politique grave et compromet les perspectives de développement de millions de personnes dans tous les pays, qu'ils soient riches ou pauvres. Forts de leur droit constitutionnel de contrôler l'action des gouvernements, les parlementaires doivent porter leur regard sur l'action des négociateurs à l'OMC et constater par eux-mêmes ce qui bloque le Cycle de Doha.
C'est le message que des parlementaires, membres du Comité de pilotage de la Conférence parlementaire sur l'OMC, ont adressé au monde depuis le Siège de l'UIP à Genève le 15 juin 2007. Cette conférence apporte, dans les faits, une dimension parlementaire à l'OMC. Elle a été lancée il y a cinq ans par l'UIP et le Parlement européen.
 |
Le Comité de pilotage a été réconforté par les mots du Directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, qui a expliqué que les contacts, les discussions et les négociations avaient repris durant les deux derniers mois et que, selon lui, un accord intérimaire ouvrant la voie à un aboutissement à terme du Cycle de Doha était encore possible. Trois éléments sont cruciaux pour la conclusion de cet accord intérimaire : le montant des réductions des subventions agricoles faussant le commerce, des tarifs agricoles et des tarifs industriels.
Pour le Directeur général, les positions de négociations se sont rapprochées récemment mais, bien que la "terre soit en vue", on ne pourra l'atteindre que par des compromis. Sur la question des subventions, un effort supplémentaire des Américains est nécessaire. Les Européens et les Japonais devraient pouvoir leur emboîter le pas sans difficulté majeure. Quant à l'ouverture des marchés agricoles, les Européens et les Japonais devront améliorer leur proposition, tandis que les pays émergents devront accepter l'idée que la protection à laquelle ils ont droit n'interdit pas une nouvelle ouverture. Sur les produits industriels, les pays émergents devront améliorer les offres qu'ils ont présentées. En résumé, même si de nouvelles concessions devront être faites de toutes parts, un effort politique complémentaire permettrait de lever les derniers obstacles.
A la fin d'une réunion de deux jours tenue à Genève, le Comité de pilotage a recommandé vivement à tous les membres de l'OMC et, en particulier aux Etats-Unis, à l'Union européenne et aux pays en développement membres du G20, de prendre les mesures nécessaires pour fixer durant les semaines à venir le montant des concessions possibles. Cet appel est d'autant plus opportun que les consultations du G4 tenues à Potsdam vers la fin juin ont, elles aussi, échoué. Tant les risques que les enjeux sont plus grands que jamais mais, pour les parlementaires, il est hors de question d'envisager la fin du multilatéralisme commercial.