| IRAQ 
| CAS N° IQ/59 - MOHAMMED AL-DAINY |  
Résolution adoptée à l'unanimité par le Conseil directeurà sa 184ème session (Addis-Abeba, 10 avril 2009)
 
Le Conseil directeur de l'Union interparlementaire,
saisi ducas de M. Mohammed Al-Dainy, membre du Conseil  des représentants de l'Iraq, qui a fait l'objet d'une étude et d'un  rapport du Comité des droits de l'homme des parlementaires  conformément à la "Procédure d'examen et de traitement, par l'Union interparlementaire, de communications  relatives à des violations des droits de l'homme dont sont victimes des  parlementaires",
 
prenant  note du rapport du Comité des droits de l'homme des parlementaires  (CL/184/12.b)-R.1), qui contient un exposé détaillé du cas,
 
prenant  note de l'audition que le Comité a eue avec un membre de la délégation  iraquienne à la 120ème Assemblée,
 
considérant les informations ci-après :
 
considérant que la Constitution  iraquienne de 2005 contient de nombreuses dispositions garantissant les droits  fondamentaux suivants : l'article 15 garantit le droit à la vie, à la  sécurité et à la liberté; l'article 17.2 garantit l'inviolabilité du domicile  et interdit de pénétrer au domicile de quelqu'un, de le fouiller ou de le  mettre en danger, si ce n'est en application d'une décision judiciaire et dans  le respect de la loi; l'article 19.12, quant à lui, interdit toute détention  illégale ou mise en détention dans des lieux non prévus à cet effet,M. Al-Dainy, membre du Front de  dialogue national, a été élu en mars 2006 au Conseil des représentants; en tant  que membre du Parlement, il a axé son travail sur les droits de l'homme et  s'est plus particulièrement occupé des conditions de détention en Iraq et des  lieux de détention secrets, et a pu recueillir un grand nombre d'informations  qu'il a transmises aux médias et aux organisations internationales; en octobre  2008, il a été invité à se rendre à Genève pour rencontrer les organes  compétents des Nations Unies d'autres organisations internationales de  promotion des droits de l'homme et les informer de la situation des droits de  l'homme en Iraq; il aussi a tenté de créer une organisation de défense des  droits fondamentaux en coopération avec les mécanismes des Nations Unies; selon  les informations transmises par le délégué iraquien, M. Al-Dainy désapprouve  les politiques gouvernementales, coopère avec l'ancien régime et entretient des  liens avec Al-Qaida;
Le 22 février 2009, lors d'une  conférence de presse, le général Qassem Atta, porte-parole du commandement de la sécurité militaire pour Bagdad,  a accusé M. Al-Dainy d'avoir été l'instigateur de l'attentat-suicide à la  bombe, qui a été perpétré contre le parlement le 12 avril 2007; l'accusation  serait fondée sur des aveux, enregistrés sur vidéo, du neveu et garde du corps  de M. Al-Dainy, Riad Ibrahim Al-Dainy, et du chef de son dispositif de  sécurité, M. Alaa Khairalla Al-Maliki, qui ont tous deux été arrêtés par les  forces gouvernementales en janvier et février 2009; M. Al-Dainy a fermement  réfuté les accusations, affirmant que les "aveux" en question avaient  été obtenus sous la torture, qu'ils avaient été inventés de toutes pièces et  qu'ils sont liés à ses critiques du traitement des prisonniers et des détenus  en Iraq; selon les informations fournies par le délégué iraquien, M. Al-Dainy  n'est pas accusé d'avoir orchestré l'attentat-suicide à la bombe, mais d'autres  actes de terrorisme;
Le 23 février 2009, les médias ont  annoncé que le commandement de la sécurité militaire pour Bagdad avait demandé  aux autorités judiciaires de lever l'immunité parlementaire de M. Al-Dainy;  le porte-parole de l'armée, Qassim Moussavi, a indiqué que les autorités  attendaient que les tribunaux délivrent un mandat d'arrêt au nom de M.  Al-Dainy; selon le délégué iraquien, un accord verbal a été conclu avec M.  Al-Dainy prévoyant qu'il ne quitterait pas le pays tant qu'il ferait l'objet de  poursuites judiciaires;
Le 25 février 2009, M. Al-Dainy voyageait  par avion en direction d'Amman avec quatre autres parlementaires iraquiens  (Maysoon Al Damlouji, Ahmed Radi, Ali Al-Sajri, Assaad Al Issaoui); l'avion a  fait demi-tour 30 minutes après le décollage et un agent de sécurité a ordonné  à M. Al-Dainy de descendre de l'appareil; il a quitté l'avion, accompagné  de deux des parlementaires qui étaient à bord, dont M. Al-Sajri; quand M.  Al-Dainy et ses collègues ont demandé à voir le mandat d'arrêt de l'agent de  sécurité, celui-ci aurait répondu qu'il agissait sous les ordres que le Premier  Ministre Maliki avait donnés au Procureur fédéral; selon ces ordres, il était  interdit à M. Al-Dainy de se déplacer et un mandat d'arrêt devait lui être  décerné; toutefois, lorsque l'agent de sécurité n'a pas été en mesure de  présenter des documents attestant de ces ordres, M. Al-Dainy a pu récupérer son  passeport et a quitté l'aéroport avec ses deux collègues; selon le délégué  iraquien, il n'a pas été arrêté parce que son immunité n'avait pas encore été  levée;
Son immunité a été levée le même jour,  lors d'une séance extraordinaire au Parlement, le dernier jour avant les  vacances parlementaires; selon le délégué iraquien, la vaste majorité a voté en  faveur de la levée de cette immunité, même des parlementaires de son propre  groupe, bien qu'apparemment aucune documentation à ce propos n'ait été  disponible au parlement; il ignorait si l'immunité de M. Al-Dainy avait été  levée avant ou après son départ pour la Jordanie;
Selon la source, à environ 5 km de l'aéroport, à  l'approche d'un poste de contrôle gouvernemental, M. Al-Dainy, craignant  pour sa vie, est sorti de la voiture alors qu'elle était sur l'artère  principale, dans une zone qui, selon la source, est contrôlée par le  gouvernement iraquien; il aurait dit à M. Al-Sajri : "S'ils  m'attrapent, ils me tueront."; toutefois, selon le délégué iraquien,  M. Al-Dainy a passé un appel téléphonique, à la suite de quoi une voiture est  arrivée et l'a emmené; ces événements se sont déroulés dans une zone choisie  par M. Al-Dainy, à savoir la zone d'Abu Ghraib; le délégué a parlé d'une conférence  de presse à laquelle M. Al-Sajri avait participé peu après les faits et  lors de laquelle il avait évoqué ces événements; M. Al-Dainy n'a pas été  revu depuis et n'a eu aucun contact avec sa famille;
Etant donné le contexte et les  circonstances, la source estime que M. Al-Dainy a dû être appréhendé par les  forces de sécurité gouvernementales et elle pense que les chances qu'il soit en  liberté sont quasiment nulles; toutefois, selon le délégué iraquien, le  gouvernement n'est pas impliqué dans sa disparition et même les membres de son  groupe n'ont pas mis en cause les pouvoirs publics; selon lui, M. Al-Dainy,  dont la femme et les enfants vivent en Jordanie, s'est rendu dans ce pays à  l'aide d'un faux passeport;
Selon la source, exception faite du  neveu de M. Al-Dainy, au moins 13 membres du personnel et de la famille de M.  Al-Dainy ont été arrêtés, y compris son grand-père de 85 ans; les forces de  sécurité iraquiennes se seraient rendues au domicile de chacun des membres de  sa famille, auraient mis à sac leur logement et brûlé les voitures de tous les  parents et proches de M. Al-Dainy; son bureau aurait été fouillé et  saccagé, et ce, sans qu'un mandat n'ait été décerné; le délégué iraquien  n'avait pas connaissance de ces faits,
 
considérant que l'Iraq est partie au Pacte international relatif aux droits civils et  politiques, qu'il a ratifié en 1971; le Pacte garantit le droit à la vie et à  la sécurité, et interdit les disparitions forcées et les arrestations et  détentions arbitraires,
 
remercie le délégué iraquien des  informations qu'il a fournies et de sa coopération;
est  alarmé par la disparition de  M. Al-Dainy, ce d'autant qu'on ne saurait écarter la thèse d'une disparition  forcée, qui est une grave violation des droits de l'homme;
rappelle que les autorités sont tenues  de protéger la vie et la liberté des citoyens, y compris des membres du  Parlement et ont donc le devoir de n'épargner aucun effort pour découvrir ce  qu'il est advenu de M. Al-Dainy; souhaiterait recevoir des informations  sur les mesures prises à cette fin, ainsi que sur les initiatives que le  Parlement a déjà prises ou compte prendre pour suivre l'enquête;
est  préoccupé par le fait que le  Parlement a levé l'immunité parlementaire sans en avoir la trace écrite et sans  véritable débat, et surtout sans donner à M. Al-Dainy le droit de se défendre; souhaiterait recevoir les commentaires des autorités parlementaires à ce sujet;
rappelle que, dès lors qu'il existe des  allégations sérieuses de torture, les autorités se doivent de diligenter une  enquête indépendante; souhaite être informé des suites données aux  allégations selon lesquelles le neveu et garde du corps de M. Al-Dainy aurait  été torturé;
souhaiterait  être informé de la nature des  accusations portées contre M. Al-Dainy et des preuves produites à l'appui de  celles-ci, et aimerait recevoir copie de l'acte d'accusation éventuel; souhaiterait  aussi obtenir des informations plus détaillées sur l'autorité compétente  pour donner l'ordre à l'avion dans lequel voyageait M. Al-Dainy l'ordre de  faire demi-tour 30 minutes après le décollage;
exprime  sa vive préoccupation d'apprendre que des membres de la famille de M. Al-Dainy auraient été  arrêtés et leur domicile saccagé; souhaite connaître toute mesure prise  par le Parlement pour enquêter sur ces allégations et pour faire en sorte que  tous les membres de sa famille victimes de détention arbitraire, notamment le  grand-père de M. Al-Dainy, âgé de 85 ans, soient libérés immédiatement et  que les personnes responsables du saccage de leur domicile soient sanctionnées;
prie le Secrétaire général de porter cette résolution à la  connaissance des autorités parlementaires et des autres responsables officiels,  les invitant à fournir les informations demandées;
charge le Comité de poursuivre  l'examen de ce cas et de lui faire rapport à sa prochaine session, qui se  tiendra à l'occasion de la 121ème Assemblée de l'UIP (octobre 2009).
 
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