| BANGLADESH 
	
	  | CASE N° BGL/14 - SHAH AMS KIBRIA |  
Résolution adoptée à l'unanimité par le Conseil directeur à sa 189ème session (Berne, 19 octobre 2011)
 
Le Conseil directeur de l'Union interparlementaire,
se référant au cas de M. Shah  Ams Kibria, membre du Parlement  du Bangladesh assassiné en janvier 2005 dans un attentat à la grenade,  exposé dans le rapport du Comité des droits de l’homme des parlementaires  (CL/189/11b)‑R.1), et à la résolution qu’il a adoptée à sa 188ème session  (avril 2011), 
 
rappelant ce qui suit : il a été  établi lors de l'enquête initiale que les enquêteurs avaient d’abord tenté de  détourner la justice de son cours, mais l’enquête, rouverte en mars 2007, a mis en cause des  militants islamistes du Horkatul Jihad al Islami (HuJi), dont leur chef,  le mufti Hannan Munshi; selon le rapport du Ministère de l’intérieur de  mars 2010, plusieurs personnes ont été arrêtées, dont les deux individus  (Mizanur Rahman Mithu et Md Badrul Alam Mizan) qui ont fait exploser les  grenades; de plus, l’ancien Ministre de l’intérieur, M. Lutfozzaman Babar,  est accusé d’avoir recueilli et protégé les lanceurs de grenades; notant que celui-ci ne reconnaît pas  avoir ordonné l’attentat,
 
notant qu’une communication, remise par les membres de la délégation bangladaise à la  125ème Assemblée de l’UIP, fait apparaître les éléments  suivants concernant le crime : un complément d’enquête a permis d’établir  qu’une organisation militante islamique basée au Cachemire dirigée par Abdul  Mazid Butt a aidé le mufti Abdul Hannan et Moulana Tajuddin, chef du Harkatul  Jihad al Islami, section bangladaise, à transporter des grenades Arges du  Pakistan au Bangladesh dans le but de commettre des assassinats dans  différentes parties du pays; l’enquête a révélé que les accusés Badrul Alam  Mizan, Mizanur Rahman Mithu, Badrul et Mohammed Ali étaient présents lorsque  les grenades ont été lancées en direction de Sha Ams Kibria,
 
considérant que, le 20 juin 2011, le Département  des enquêtes criminelles (CID) a  déposé un acte d’accusation supplémentaire contre 24 personnes, parmi  lesquelles figurent les dix qui ont été accusées dès le début, et demandé que  ce soit le tribunal qui détermine leur statut; notant que, selon les  informations communiquées par la délégation bangladaise, l’enquête du CID n’a pas recueilli des preuves  suffisantes pour poursuivre les dix personnes initialement accusées; que,  cependant, pour des raisons de procédure, leurs noms figurent dans l’acte  d’accusation que le tribunal pourra prendre en considération pendant le procès;  selon la délégation bangladaise, le procès est en cours devant le tribunal des  référés de Sylhet, 
 
considérant  en outre que Mme Kibria a fait objection à l’acte d’accusation supplémentaire qu’elle juge incomplet et a en  conséquence déposé une motion de défiance qui sera examinée en justice le 25  octobre 2011; que selon la famille de M. Kibria, les preuves proviennent  largement d’interrogatoires effectués en prison et, comme il est probable que  les accusés déclareront qu’elles ont été obtenues sous la contrainte, elles ne  tiendront pas devant le tribunal; considérant que, selon la source, le CID n’a rencontré la famille de M. Kibria qu’en 2009  et 2010; que, lors de la deuxième rencontre, il l’a informée qu’il y avait des  progrès mais que de nombreuses questions demeuraient sans réponse, que les  propositions faites par la famille de M. Kibria pour faire progresser  l’enquête ont été négligées, y compris lorsqu’elle a suggéré que les enquêteurs  interrogent certains responsables locaux et  d’autres personnes qui étaient avec M. Kibria le jour de son assassinat ou  qui pourraient donner des renseignements utiles, et que l’on fasse appel à une  assistance internationale pour épauler les enquêteurs; rappelle à ce sujetque peu après l’assassinat, des agents  du FBI (Bureau fédéral d’enquêtes des Etats-Unis) se sont rendus au Bangladesh  et auraient examiné certaines des pièces à  conviction trouvées sur les lieux du crime et procédé à des tests par détecteur  de mensonges; que, cependant, leur rapport et leurs conclusions n’ont jamais  été communiqués à la famille de M. Kibria, 
 
considérant enfin qu’il existe des  similitudes frappantes entre l’attentat à la grenade qui a tué M. Kibria  et celui qui, cinq mois auparavant, avait visé Mme Hasina et d’autres : en  effet, les deux attentats ont pris pour cibles des personnalités clés de  l’opposition, le même type de grenades a été utilisé dans les deux cas, les  résultats de l’enquête laissent supposer une entente délictueuse entre des  membres du parti alors au pouvoir et des extrémistes islamistes et plusieurs  personnes sont accusées dans les deux affaires, 
 
note  avec consternation qu'après plusieurs prolongations de l'enquête, les  autorités bangladaises chargées de l’enquête ont déposé un acte d’accusation  supplémentaire qui, une fois de plus, laisse dans l’ombre l’identité des  commanditaires présumés de l’assassinat; 
estime que les nombreuses similitudes  qui existent entre l’attentat à la grenade qui a tué M. Kibria et celui  qui visait Mme Hasina et les progrès notables accomplis récemment dans le  dernier dossier concernant l’identification des instigateurs devraient  permettre aux autorités de faire des progrès similaires dans l'enquête sur le  meurtre de M. Kibria; relève à  ce sujet qu’il ressort du dossier de l’attentat à la vie de Mme Hasina que les  membres du parti alors au pouvoir dont le nom figure dans le précédent acte  d’accusation auraient agi à la demande des plus hauts représentants du parti et  avec la complicité des autorités chargées de l’ordre public au Bangladesh; 
est convaincu que, vu les nombreusesquestions  qui restent sans réponse dans l’affaire Kibria et l’obligation de l’Etat du  Bangladesh de procéder à une enquête approfondie et de la mener à bon terme, il  serait dans l'intérêt de la justice que la motion de défiance soit acceptée et  qu'il soit ordonné aux autorités de mener une enquête exhaustive, afin de ne  pas laisser échapper l’occasion qui s’offre de faire toute la lumière sur ce  crime et d’en identifier les commanditaires; 
demeure convaincu à cet égard qu’une  assistance internationale pourrait relancer l’enquête en encourageant la  recherche de nouvelles preuves et une nouvelle analyse des pièces à conviction  recueillies; souhaite recevoir les observations des autorités sur ce  point; 
constate avec préoccupation que les  enquêteurs n'auraient fait que le minimum pour informer la famille de  M. Kibria sur l’état d’avancement de l’enquête et ne l’ont pas avisée à  l’avance de l’acte d’accusation qui a été déposé le 20 juin 2011; engage les autorités à tenir la famille  régulièrement informée et, dans un souci de transparence et de responsabilité,  à lui communiquer les documents auxquels elles ont pu accéder au cours de  l’enquête tels que le rapport d'enquête des agents du FBI en 2005; 
attend des détails sur les mesures  prises au parlement par la   Commission de l'intérieur, pour veiller à ce que l'enquête  fasse toute la lumière sur le meurtre de M. Kibria et à ce que sa famille  soit régulièrement informée;
prie le Secrétaire général de  porter cette résolution à la connaissance des autorités compétentes et des  sources;
prie le Comité de poursuivre l’examen de ce cas et de lui faire  rapport à sa prochaine session, qui se tiendra pendant la 126ème  Assemblée de l’UIP (mars-avril 2012).
 
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