| TCHAD 
	
	  | CAS N° CHD/01 - NGARLEJI YORONGAR |  
Résolution adoptée à l'unanimité par le Conseil directeur à sa 191ème session (Québec, 24 octobre 2012)
 
Le Conseil directeur de l'Union interparlementaire,
saisi du  cas deM. Ngarleji Yorongar,  membre de l’Assemblée nationale du Tchad, qui est examiné par le Comité des  droits de l’homme des parlementaires depuis sa 121ème  session (avril 2008) conformément à la  Procédure d’examen et de traitement, par l’Union interparlementaire, de  communications relatives à des violations des droits de l’homme dont sont  victimes des parlementaires,
 
considérant les informations fournies par  le Président de l’Assemblée nationale lors de son audition par le Comité au  cours de sa 137ème session (mars-avril 2012), ainsi qu’à la  communication, datée du 9 octobre 2012, du Ministre de la justice transmise par  le Président de l’Assemblée nationale,  
rappelant les éléments  ci-après versés au dossier :  
considérant queles  mauvais traitements qui ont été infligés à M. Yorongar lors de son arrestation  en février 2008 auraient fragilisé sa santé qui s’est dégradée depuis cette  date; que M. Yorongar ne disposerait pas des moyens financiers suffisants  pour prendre en charge le traitement médical nécessaire; que, compte tenu de sa  situation médicale et financière, il éprouve des difficultés à assumer  pleinement son mandat parlementaire; qu’il allègue que l’Assemblée nationale,  d’une part, et l’Etat tchadien, d’autre part, lui sont redevables du paiement  et du remboursement de différentes sommes d’argent qui lui permettraient de  couvrir ses frais médicaux; notant  que M. Yorongar indique qu’il n’a pas pu obtenir jusqu’à présent la  totalité de ces sommes, ni obtenir de clarification sur ce point de la  part de l’Assemblée nationale, bien qu’il lui ait transmis les preuves de ses  revendications à plusieurs reprises,MM.  Ngarleji Yorongar et Lol Mahamat Choua, tous deux parlementaires et dirigeants  de partis politiques d’opposition, ainsi qu’un ancien parlementaire, M. Ibni  Oumar Mahamat Saleh, ont été enlevés au cours de l’attaque de la capitale  tchadienne par les rebelles entre le 28 janvier et le 8 février 2008; 
 la  Commission nationale d’enquête mise en place par les autorités tchadiennes sur  ces événements a établi dans son rapport, publié début septembre 2008, que  M. Yorongar "a[vait] été  arrêté à son domicile le dimanche 3 février 2008, vers 17 h.45, par huit à  dix éléments des Forces de défense et de sécurité portant un armement évoquant  pour certains la garde présidentielle, dirigés par un homme de grande  taille (1,80 m), élancé et costaud et circulant dans un pick-up Toyota de  couleur armée, neuf et sans plaque d'immatriculation" et que "l’armée tchadienne s’[était] rendue responsable [...] de l’utilisation  disproportionnée et indiscriminée de la force [...] en violation du droit  international humanitaire, dans des sites non militaires et parmi les  populations civiles"; 
 la  Commission a conclu que "des enlèvements et des arrestations, ainsi que  des actes d’intimidation à l’encontre des opposants politiques [avaient] eu  lieu après le retrait des rebelles de N’Djamena, [ce qui] met clairement en  cause la responsabilité des Forces de défense et de sécurité" et  précisé dans son rapport final que, dans la  mesure où "à partir du dimanche 3 février 2008, la sécurité publique  était principalement assurée par les éléments de la garde présidentielle, on  peut également en inférer la responsabilité de l’État tchadien"; 
 la  Commission a recommandé au gouvernement "de poursuivre les investigations  policières et judiciaires en vue de déterminer le lieu de détention et la  réapparition de M. Yorongar au Cameroun [...], d’indemniser les victimes ou  leurs familles de manière équitable et non symbolique [...]" et de créer  un comité spécialisé de suivi chargé de veiller à la mise en œuvre effective de  ses recommandations;
 un  comité "de suivi du rapport de la Commission d’enquête sur les événements  survenus en République du Tchad du 28 janvier au 8 février 2008 et leurs  conséquences" a été créé fin septembre 2008 pour mettre en œuvre les  recommandations de la Commission d’enquête; en janvier 2011, les autorités  tchadiennes ont associé deux experts internationaux de l’Union européenne et de  l’Organisation internationale de la Francophonie au travail du comité de suivi,  jusqu’alors exclusivement composé des différents ministres compétents; le  comité devait rendre son rapport en juin 2011; 
 le  Procureur général a été saisi des conclusions de la Commission d’enquête, a  ouvert des dossiers et, en raison du délai de 12 mois prévu pour l’instruction,  les premiers procès devaient débuter courant 2010; cependant, aucune  inculpation n’a encore été prononcée dans aucune des procédures judiciaires  ouvertes relativement aux centaines de disparitions forcées ayant eu lieu  durant les attaques de février 2008, et en particulier dans le cas de M.  Yorongar;
 le 7  mai 2011, M. Yorongar a été victime d’une tentative d’assassinat lors d’un  meeting de soutien aux candidats de son parti en vue d’élections législatives  partielles à Kélo, au sud de N’Djaména,   
tenant compte du faitque, lors de son audition par le Comité au  cours de sa 137ème session (mars-avril 2012), le Président de  l’Assemblée nationale a indiqué qu’au niveau du parlement, toutes les  réclamations financières de M. Yorongar auraient été réglées et qu’il comptait  rencontrer M. Yorongar pour clarifier la situation avec lui; qu’en date du 18  octobre 2012, l’Assemblée nationale a indiqué qu’elle comptait adresser une  correspondance officielle à M. Yorongar afin d’organiser une telle  rencontre et de lui permettre de produire les preuves de ses revendications  afin qu’il soit possible de l’aider à entrer dans ses droits, 
prenant  également en considération la  communication du Ministre de la justice du 9 octobre 2012 indiquant  ce qui suit : un pool judiciaire a été mis en place par le gouvernement afin  de faire la lumière sur tous les crimes et délits commis pendant la période des  événements examinée; ce pool a été saisi de plus de 1500 dossiers qui sont  en cours d’instruction, y compris le dossier de M. Yorongar; ce dernier a été  auditionné dans ce cadre; seule une trentaine de femmes victimes de viols ont  été indemnisées à titre humanitaire par le gouvernement à l’heure actuelle dans  l’attente des conclusions judiciaires concernant les auteurs des crimes; il  serait donc prématuré d’établir des conclusions sur les responsables à ce  stade; plus de quatre ans après ces événements, seule la complexité de  l’enquête liée au contexte dans lequel ces infractions ont été commises  explique la lenteur de l’instruction qui porte sur des milliers de cas; le Tchad  reste fermement engagé à laisser la justice enquêter en toute transparence et  indépendance, ainsi qu’à mettre à sa disposition tous les moyens nécessaires  pour lui permettre d’établir la vérité sur les crimes et délits commis au cours  des événements de 2008, 
remercie le Président de l’Assemblée nationale et le  Ministre de la justice pour les informations transmises;  
 constate  à nouveau avec préoccupation que, bien que plus de quatre ans se soient  écoulés,aucun progrès ne semble avoir été accompli s’agissant  de l’identification des auteurs des crimes commis contre M. Yorongar et du  déclenchement de poursuites judiciaires à leur encontre, malgré les pistes  significatives mises en évidence dans le rapport de la Commission d’enquête, en  particulier en ce qui concerne l’implication des forces de sécurité loyalistes  dans la commission des crimes et donc la responsabilité de l’Etat tchadien à  cet égard;
 engage par conséquent les autorités compétentes à faire tout leur  possible pour s’assurer que les enquêtes se poursuivent effectivement et  aboutissent à des résultats concrets, s’agissant en particulier du dossier  de M. Yorongar; espère vivement continuer  à recevoir régulièrement des informations sur le déroulement et les résultats  de ces enquêtes et souhaiterait recevoir  une copie du dernier rapport duComité  de suivi; 
 prie les autorités compétentes de prendre toutes les mesures utiles pour faire droit  aux  réclamations financières de M.  Yorongar, dès lors que celles-ci sont justifiées en droit; espère que la rencontre prévue entre le Président de l’Assemblée  nationale et M. Yorongar pourra avoir lieu dans les meilleurs délais et souhaite être tenu informé de son issue; 
 prie le Secrétaire général  de communiquer la présente résolution au Président de l’Assemblée nationale, au  Ministre de la justice et aux sources, ainsi qu’aux organisations  internationales et régionales, ainsi qu’aux parlements des Etats participant au  suivi des recommandations de la Commission d’enquête sur les événements de  février 2008; 
 prie le Comité de poursuivre l’examen de ce cas et de lui  faire rapport en temps utile.
 
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