IPU logoLe Journal de l'Union interparlementaire
MENSUEL PUBLIÉ SUR LE WEB 20 août 1999, Numéro 3
  L'événement du mois

Célébration du 50e anniversaire des Conventions de Genève

I N T E R V I E W
Cornelio Sommaruga
Président du CICR
Par Luisa Ballin

Cornelio Sommaruga Le 12 août 1949 à Genève, 58 pays signaient quatre Conventions dans l'espoir de limiter les horreurs de la guerre et renforcer la protection due aux civils, tant durant les conflits internationaux que dans les conflits internes. Cinquante ans plus tard, le Président du Comité international de la Croix-Rouge, le Suisse Cornelio Sommaruga (67 ans), explique le rôle déterminant des parlementaires dans la mise en oeuvre de ces instruments du droit humanitaire international (ratifiés par 188 Etats), ainsi que l'importance du Guide à l'usage des Parlementaires qui sera publié conjointement par l'UIP et le CICR lors de la 102ème Conférence interparlementaire à Berlin.

Q: En tant que Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), vous avez souhaité travailler avec les parlementaires. Quel rôle peuvent-ils jouer en ce qui concerne le droit international humanitaire?

C.S.: Pour le CICR, les Parlements sont importants. D'une part, ce sont eux qui procèdent à l'adoption et à la ratification des textes internationaux et, d'autre part, qui légifèrent sur le plan national pour l'application de ces textes. Nous avons absolument besoin de leur coopération. De plus, dans les pays démocratiques, l'autorité politique passe par les parlements. Il faut donc que les parlementaires sachent en quoi consiste le droit international humanitaire et ce que représentent les Conventions de Genève pour qu'ils puissent donner des impulsions à leurs gouvernements.

Q: On célèbre le 12 août le 50ème anniversaire des Conventions de Genève. Celles-ci sont-elles plus respectées qu'auparavant ou moins respectées?

C.S.: Il est difficile de répondre à cette question. Nous avons des éléments très positifs dont les médias parlent peu. Comme, par exemple, le fait d'être conscients que, même en guerre, il y a des limites. Et ces limites sont stipulées dans le droit international humanitaire, dans les Conventions de Genève. Mais nous savons aussi que les Conventions de Genève sont violées tous les jours. Faut-il s'en étonner? Il nous faut être réalistes, nous vivons dans des sociétés où les lois nationales sont violées, raison pour laquelle les tribunaux pénaux continuent à travailler et les prisons continuent d'être pleines dans presque tous les pays. Nous savons aussi que plusieurs autres conventions internationales ne sont pas respectées. Les Conventions de Genève ne font donc pas exception, mais si ces violations sont plus visibles c'est parce qu'elles mettent en danger la vie et la dignité humaines. C'est contre cela qu'il faut lutter et c'est là que réside également l'importance des parlements car si les parlementaires nationaux ont conscience de la nécessité de respecter les Conventions de Genève, ils passeront le message à qui de droit: aux forces de police ou aux forces armées.

Q: Certes, mais la nature des guerres a changé...

C.S.: On dit en effet aujourd'hui que les guerres sont surtout des conflits internes. Je dirais que l'éducation et la formation, non seulement des forces spécialisées mais aussi de la population, doivent contribuer à l'acceptation du fait que, même dans des conflits internes, il y a des règles minimales à respecter. Il existe trois catégories de personnes qui sont protégées par les Conventions de Genève et qui doivent donc être respectées. Tout d'abord les civils qui, dans une guerre, ne peuvent pas devenir la cible des belligérants. Cela implique une série de dispositions protégeant les enfants et les femmes et qui touchent les méthodes de combat. Les belligérants ne sont par exemple pas autorisés à utiliser des armes qui ont des effets non discriminatoires. Deuxième catégorie de personnes à protéger: les prisonniers de guerre qui ne se battent plus puisqu'ils ont déposé les armes. Les Conventions de Genève ne disent pas qu'il faut les renvoyer à la maison, mais indiquent qu'il faut les garder et les traiter humainement. L'une des dispositions importantes de ces Conventions de Genève est l'accès des délégués du CICR aux prisonniers, pour vérifier leurs conditions de détention, non pas pour alerter la presse mais pour conseiller les autorités sur la façon de traiter des prisonniers. Troisième catégorie: les blessés de guerre et les malades. La Croix-Rouge est du reste née à cause des militaires blessés lors de la bataille de Solferino, dans le nord de l'Italie, où en 1851 les Français se battaient contre les Autrichiens. L'homme d'affaires genevois Henri Dunant, qui cherchait Napoléon III, a été si bouleversé à la vue du désastre de cette bataille, ayant fait 40'000 victimes en 24 heures, qu'il a réagi pour soigner ces blessés. A noter que ce furent les femmes lombardes qui traitèrent les blessés, en toute impartialité. Impartialité qui est le véritable message des Conventions de Genève.

Q: Le CICR et l'Union interparlementaire ont préparé un guide destiné aux parlementaires qui sera lancé lors de la 102ème Conférence statutaire prévue à Berlin du 10 au 16 octobre prochain. Quel est l'objectif d'un tel ouvrage?

C.S.: Ce guide est essentiel car il aidera les parlementaires du monde entier à mieux comprendre le contenu des Conventions de Genève. Son importance va bien au-delà des parlements, puisque ces textes, bien écrits et rédigés dans un langage simple, contribueront à faciliter la diffusion du droit humanitaire, tâche prioritaire pour le CICR. Je suis d'ailleurs très heureux que le CICR et l'Union interparlementaire se soient associés pour atteindre cet objectif. Cette diffusion est tout d'abord la responsabilité des Etats, puisque ce sont eux qui doivent faire appliquer les Conventions de Genève.

Q: Vous demandez donc aux parlementaires d'être les messagers du droit international humanitaire...

C.S. Exactement. Et être des messagers responsables. Car en cette période de mondialisation, nous avons l'impression qu'il manque une mondialisation des responsabilités, qui sont aujourd'hui diminuées. Le pouvoir de l'Etat se perd en faveur d'autres milieux et notamment du milieu économique. Les parlementaires peuvent donc rappeler l'importance de l'Etat, capable de mettre des gardes-fous pour que les gens puissent vivre en harmonie. Il y a des limites à la guerre et des limites à respecter au sein de la société.

Q: En tant qu'hôte d'honneur de la 102ème Conférence interparlementaire de Berlin, quel message souhaitez-vous adresser aux délégués, compte tenu de votre longue expérience à la tête du Comité international de la Croix-Rouge?

C.S.:Je n'ai pas encore écrit mon discours, mais il ira dans le sens de ce que je viens d'énoncer: respect des Conventions de Genève, responsabilité individuelle des parlementaires et dépolitisation du droit humanitaire. Je me réjouis beaucoup d'être l'un des hôtes d'honneur de cette assemblée interparlementaire.

Q: Vous allez quitter le CICR à la fin de l'année, après douze ans de présidence, quels sont vos projets?

C.S.: J'arrive, il est vrai, à la fin de mon troisième mandat. Je me suis beaucoup investi dans cette institution et je sais que cela va beaucoup me manquer. J'ai de nombreuses demandes mais je n'ai pas encore décidé ce que je ferai ensuite...

Q: Vous lancer en politique peut-être?

C.S.: Vous me connaissez suffisamment pour comprendre que même si quelqu'un me disait que j'ai des qualités de politicien, je ne le ferais pas!

  Brèves

  Présidents de Parlements à la réunion préparatoire de Rabat

L'Union interparlementaire organise les 8 et 9 septembre prochains à Rabat la IIème réunion du Comité préparatoire de la Conférence des Présidents de Parlements nationaux (qui aura lieu à New York du 30 août au 1er septembre 2000, à l'occasion de l'Assemblée générale du Millénaire), à l'invitation du Président de la Chambre des Représentants du Maroc, M. Abdelwahed Radi. Les participants à la réunion de Rabat seront reçus par le Premier Ministre du Maroc, M. Abderrahmane Youssoufi.

Livraison de matériel à l'Assemblée Nationale du Burundi

Le Secrétaire Général de l'Union interparlementaire, M. Anders B. Johnsson, s'est rendu à Bujumbura du 19 au 21 juillet. L'un des temps forts de sa visite aura été la remise de matériel acquis dans le cadre du projet d'assistance à l'Assemblée nationale du Burundi. L'objectif de ce projet, mis sur pied conjointement avec l'Union européenne, est de permettre à l'Assemblée nationale de jouer pleinement son rôle d'acteur principal dans le processus de paix en cours au Burundi, de légiférer et de contrôler l'action gouvernementale.

Les Parlementaires du groupe "Asie-Pacifique" réunis à Ulan Bator

Les parlementaires du Groupe "Asie-Pacifique" ont tenu, pour la première fois, leur réunion dans la capitale de la Mongolie, Ulan Bator, sous l'égide de l'Union interparlementaire. Du 26 au 31 juillet, 70 représentants de quinze parlements nationaux se sont penchés sur la coopération régionale suite à la crise financière.

Visite du Secrétaire général en Chine

Le Secrétaire Général de l'Union interparlementaire, M. Anders B. Johnsson, s'est rendu en visite officielle en Chine où il a notamment rencontré des hauts responsables politiques et des fonctionnaires de l'Assemblée populaire nationale. Les discussions ont porté sur la préparation de la Conférence des Présidents de parlements qui se tiendra au Siège des Nations Unies à New York du 30 août au 1er septembre 2000, la coopération entre l'ONU et l'UIP et la participation de l'Assemblée populaire nationale aux activités de l'Union interparlementaire

LU DANS LA PRESSE

Des parlementaires africains réunis à Libreville à l'occasion d'un séminaire international organisé par l'Union interparlementaire (UIP) ont adopté un "projet de statut pour l'opposition en Afrique", sans manquer de condamner "énergiquement" les coups d'Etat militaires sur le continent.
Approuvé par les représentants d'une quarantaine de Parlements africains, ce projet vise à déterminer les "droits de l'opposition au Parlement". "Le respect de la liberté d'expression et d'information est essentiel pour les parlementaires, notamment ceux de l'opposition, afin de leur permettre de s'acquitter de leurs responsabilités parlementaires", indique le projet qui sera soumis au Conseil de l'Union interparlementaire à Berlin du 10 au 16 octobre.

Afrique Express - No 191 Juin 1999

Député sri lankais d'origine cinghalaise, Mahinda Samarasinghe, avec son Natel [téléphone portable] et son look décontracté, a l'allure d'un jeune entrepreneur dynamique. Pourtant, il est l'un des cinq membres du Comité des droits de l'homme de l'Union interparlementaire (UIP)...Mahinda Samarasinghe était à Genève pour la 86è session de ce Comité des droits de l'homme qui examine les violations dirigées contre les parlementaires des cinq continents. Les cas confidentiels et publics concernant 200 élus dans 33 pays ont été passés en revue. Interview (N.d.l.r. extrait).
"Q: N'est-il pas difficile, pour des parlementaires venant de pays et de tendances fort différentes, de s'entendre sur des cas complexes à caractère politique?
R: Non, car nos références sont les droits fondamentaux de la démocratie. Les principes auxquels nous nous attachons sont la liberté d'expression et de mouvement des élus, la sécurité dans l'exercice de nos fonctions...des principes que nous avons tous avantage à faire respecter. En outre, les cas sont examinés de façon approfondie. Sans jugement précipité.
Q: Que faites-vous avec des Etats qui arborent des parlements mais qui sont loin d'être démocratiques?
R: Notre rôle est moins de critiquer les formes d'un régime que de trouver des issues à des violations concrètes. Bien sûr, nous pouvons montrer notre préoccupation quant au non-respect par un gouvernement de telle ou telle norme internationale. Mais nous cherchons surtout à nouer un dialogue constructif autour de situations précises avec les gouvernements concernés. Dans un premier temps, les cas qui nous sont transmis et sur lesquels nous nous penchons sont examinés de façon confidentielle. Ils sont rendus public si aucune solution satisfaisante n'a pu être trouvée. C'est une manière de procéder qui a fait ses preuves"...
LE COURRIER (Suisse), 17 juillet 1999

Le député chilien Juan Pablo Letelier a déclaré à l'agence EFE que le déclassement, par les Etats-Unis, des documents qui contiennent des informations détaillées concernant les évènements qui ont marqué le Chili de 1973 à 1978, "a pu changer le contexte légal sur ce sujet dans la société chilienne".
Letelier, qui se trouve à Genève dans le cadre de la réunion du Comité des droits de l'homme de l'Union interparlementaire, a signalé que "bien que l'ouverture de ces documents soit seulement partielle, puisqu'elle n'inclut ni la période entre 1968 et 1973 ni le cas Letelier, il est important de compter avec ces données pour remettre l'histoire à sa place". Les documents qui comptent plus de 5.800 pages, "donneront une vision différente de notre réalité, annuleront certaines hypothèses, comme l'existence du plan "Z" et les 15'000 guérilleros qui voulaient détruire le pays", a dit Juan Pablo Letelier, fils du ministre des Affaires étrangères du gouvernement chilien pendant le mandat de Salvador Allende, Orlando Letelier assassiné à Washington.
Agence EFE (Espagne), 9 juillet 1999

 Vous trouverez sur ce site
Page d'accueil
L'Union en bref
Documents de l'Union

Domaines d'activités
Quoi de neuf ?
Recherche rapide

  Comment contacter l'Union

  Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter la Responsable de l'information à l'adresse suivante:

Responsable de l'information
Union Interparlementaire
B.P. 438, 1211 Genève 19, Suisse
Téléphone : (4122) 919 41 50
Fax: (4122) 733 31 41, 919 41 60
Télex : 414217 IPU CH
E-mail: lb@mail.ipu.org

  Bases de données

  Base de données PARLINE : information sur la structure et le fonctionnement des Parlements nationaux

Base de données PARLIT : références bibliographiques sur les ouvrages et articles traitant le droit et la pratique parlementaires

Left arrowListe chronologique des numéros parus du JournalRight arrow
Copyright © 1999 Union interparlementaire