Les parlementaires se réunissent aujourd'hui à Addis-Abeba pour répondre à la nécessité urgente de progrès accélérés dans la protection des droits des adolescentes et mettre fin à la discrimination de genre afin que les objectifs de développement puissent être réalisés.
Les parlementaires participant à la 120ème Assemblée de l'Union interparlementaire (UIP) débattront du rôle qu'ils peuvent jouer pour défendre les droits des adolescentes à la vie, aux soins de santé, à l'éducation, à la protection et à la participation.
« S’attaquer aux discriminations et promouvoir le bien-être et l'autonomisation des adolescentes est non seulement une question de droits de l'homme et d’égalité de genre, c’est également un facteur central pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement, a observé Theo-Ben Gurirab, Président de l'Assemblée de l’IPU et Président de l'Assemblée nationale de la République de Namibie. La discrimination fondée sur le genre imprègne toutes nos sociétés, sans exception, et nous devons y remédier d'urgence. Parmi les plus touchées, bien que souvent oubliées et invisibles, figurent les adolescentes. Nous devons rendre visible leur douloureuse situation. »
La discrimination et les inégalités de genre – souvent transmises de génération en génération par les traditions culturelles et les normes économiques, sociales et politiques – ont de nombreux effets nocifs pour les adolescentes. Dans beaucoup de régions du monde les filles continuent de représenter le plus fort pourcentage des enfants non scolarisés, le plus gros pourcentage des victimes de sévices physiques, sexuels et émotionnels, et de l'exploitation économique. Ce sont elles qui risquent le plus de faire l’objet de la traite, de disparaître, et de mourir dans l’anonymat.
Les programmes qui promeuvent la scolarisation, l’acquisition de compétences de vie, les acquis sociaux, l'absence de violence, les comportements sanitaires positifs, et un meilleur accès à l'éducation sexuelle, sanitaire et génésique au bénéfice des adolescentes produiront un effet d’onde sur la réalisation des différents objectifs de développement. Les programmes de ce type aideront à réduire la mortalité maternelle et la mortalité infantile connexe (OMD 4 et 5), à réduire l'infection par le VIH (OMD 6), à promouvoir l'égalité de genre (OMD 3), et à contribuer à la réduction de la pauvreté (OMD 1).
M. Nicholas Alipui, Directeur des programmes de l'UNICEF, juge qu’ « une fille en sécurité, en bonne santé, instruite et économiquement autonome peut relever les défis de la pauvreté et mettre le progrès en marche ».
« Une fille instruite et autonome saura mieux prendre soin d'elle-même et contribuer à la vie de sa communauté et du pays, à la fois économiquement en tant qu'individu et en tant que mère potentielle, a-t-il expliqué. Si toutes les chances sont mises de son côté, l’adolescente se mariera plus tard, aura moins d'enfants, et réinvestira près de 90 pour cent de son revenu dans sa famille. Investir dans les adolescentes bénéficiera non seulement aux filles elles-mêmes, mais aussi à la société dans son ensemble. »
Mais malgré l'impact profond que les adolescentes instruites et autonomisées peuvent exercer pour rompre le cycle de la pauvreté, moins de la moitié d’un cent, pour chaque dollar d’aide internationale au développement, leur est consacré.
Lors d’un débat conjoint organisé par l'UIP et l'UNICEF, présidé par la première dame d'Ethiopie, Mme Azeb Mesfin, elle-même parlementaire et Présidente de la Commission des affaires sociales, les parlementaires se sont concentrées sur les trois principales actions permettant d’améliorer la vie des adolescentes. Il s’agit de ce qui suit :
- Investir dans l’éducation des adolescentes. Trop souvent les adolescentes sont exclues de l'école par la pauvreté, la nécessité de travailler, le mariage et la grossesse. Les adolescentes qui ne fréquentent pas une école sont difficiles à toucher pour les services d'information ou de santé, et sont plus vulnérables à la violence et à la coercition.
- Promouvoir l’élimination de la violence contre les filles dans tous les milieux – à la maison, à l'école, et dans la communauté immédiate. Les parlementaires peuvent s’attacher à rendre l’école et les communautés propices aux enfants. Ils peuvent veiller à ce que les organes d'application de la loi, les prestataires de services de santé et les chefs de files dans les communautés se rendent compte de leur responsabilité de protéger toutes les filles contre toutes les formes de violence, et de venir en aide à celles qui sont victimes de violences. Si la violence guette tout au long de la vie, le risque de violence sexuelle s’accroît en particulier à l'adolescence. Le mariage d'enfants et la grossesse précoce, les mutilations génitales et l’excision, la traite des filles pour les livrer au commerce sexuel, l’enlèvement pour faire des esclaves sexuelles aux mains des forces militaires – tels sont quelques uns des défis auxquels devraient pouvoir échapper les adolescentes.
- Établissement de partenariats avec le secteur privé et le gouvernement pour s'assurer que les filles ont leurs chances de réussir la transition de l'école à l'emploi. Il est essentiel de renforcer les compétences des adolescentes et de multiplier les possibilités qu'elles participent plus équitablement aux décisions, celles de tous les jours et aussi celles d’une vie, et de les aider à acquérir des capacités d’initiative, à s’insérer dans des réseaux et à gagner leur indépendance économique.
La clef pour promouvoir le bien-être des adolescentes est d’atteindre jusqu’aux filles les plus marginalisées – celles qui sont socialement exclues, vivent sans protection, et dont les familles sont parmi les plus défavorisées et les plus négligées.
« Nous devons aller à la rencontre de tous les enfants qui restent invisibles, ajoute Alipui. Aller au devant des adolescentes les plus marginalisées ne peut pas toujours se faire en continuant de faire la même chose ; il faut innover et investir davantage pour apporter à toutes les adolescentes la protection et les services qu'elles méritent. »