Quelque 600 parlementaires d'environ 120 pays - dont 28 présidents de parlement - qui assistaient ce jour à la 120ème Assemblée de l'Union interparlementaire (UIP), à Addis-Abeba (Ethiopie), ont appelé à une action rapide et concrète pour faire avenir un monde exempt d'armes nucléaires.
L'Assemblée a adopté quatre résolutions. Dans la première, qui a trait au rôle des parlements pour promouvoir la non-prolifération et le désarmement nucléaires, et assurer l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), elle se dit préoccupée par la menace que l'existence de quelque 26 000 armes nucléaires dans le monde représente pour la paix et la sécurité internationale. Elle appelle les Etats dotés d'armes nucléaires à procéder à des réductions plus importantes, plus rapides et irréversibles de tous leurs stocks d'armes nucléaires et autres et exhorte tous les Etats à redoubler d'efforts pour en prévenir la prolifération.
Cette résolution souligne en outre qu'il est capital que les Etats signent et ratifient le Traité, au plus vite et sans condition, afin qu'il puisse entrer en vigueur dans les plus brefs délais. Elle recommande aux Etats capables de se doter de missiles balistiques qui n'ont pas encore adhéré au Code de conduite de La Haye d'y souscrire rapidement et encourage les parlements à suivre de près la mise en œuvre au plan national de tous les traités et résolutions de l'ONU sur le contrôle des armements, la non-prolifération et le désarmement et à sensibiliser leurs électeurs aux questions nucléaires.
Enfin, elle exhorte les Etats membres de l'AIEA ou parties à un accord de garanties à apporter à l'AIEA un appui ferme et constant de sorte qu'elle puisse s'acquitter de ses obligations en matière de garanties et, en conséquence, à lui fournir toutes les informations qu'elle demande.
L'idée d'un accord post-Kyoto sur les changements climatiques recueille une adhésion massive
L'Assemblée a également adopté une résolution sur les changements climatiques, les modèles de développement durable et les énergies renouvelables, dans laquelle elle exhorte les gouvernements à tout faire pour parvenir à l'établissement d'un accord post-Kyoto sur les changements climatiques, à Copenhague, à la fin de l'année. Elle y évoque une série de mesures que les responsables politiques peuvent prendre pour limiter à 2°C l'augmentation moyenne des températures depuis la période préindustrielle. Bien qu'elle souscrive à l'objectif du G8 d'une réduction d'au moins 50 % des gaz à effet de serre d'ici 2050, dans cette résolution, l'Assemblée encourage également les principaux émetteurs de gaz à effet de serre à établir leurs propres plans de réduction - probablement plus ambitieux.
Pour ce faire, il est essentiel de renforcer véritablement la part des énergies renouvelables dans le panier énergétique global, en particulier dans les pays industrialisés. L'énergie éolienne, la biomasse et les biogaz, les panneaux photovoltaïques et l'énergie solaire, l'hydroélectricité et l'énergie géothermique sont considérés comme des sources d'énergie renouvelables de choix.
La résolution appelle à investir davantage dans la recherche-développement de ces technologies, ainsi qu'à promouvoir leur transfert aux pays en développement. L'Assemblée de l'UIP estime que de grandes usines et des “technologies appropriées” à petite échelle, y compris les usines de transformation des déchets en énergie, devraient être mises à la disposition des pays en développement. Pour faciliter le passage aux énergies renouvelables, il faut que les pays se dotent de mécanismes permettant d'évaluer le coût véritable des combustibles fossiles pour l'environnement.
L'Assemblée de l'UIP n'est que modérément favorable à l'énergie nucléaire et demande aux pays qui s'aventurent sur cette voie de prendre soigneusement en considération les éléments tels que le caractère fini de l'uranium, le risque de dommages graves tant pour l'humanité que pour l'environnement et le problème encore irrésolu de l'élimination des déchets. Elle exprime par ailleurs une adhésion prudente aux biocarburants, à condition que l'on trouve des méthodes de production plus efficaces qui ne réduisent pas la disponibilité des produits de base et autres denrées alimentaires. De même, elle ne donne pas de blanc seing à la capture et au stockage du carbone pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Par ailleurs, l'Assemblée estime que l'efficience énergétique est cruciale pour réduire les émissions de CO2 et qu'il faudra investir plus largement pour améliorer les rejets automobiles, moderniser les bâtiments, mettre au point des appareils plus économes en énergie et développer les transports publics. La résolution de l'Assemblée de l'UIP renferme un certain nombre d'autres recommandations, elle appelle à l'utilisation de techniques agricoles plus écologiques, notamment l'agriculture biologique, à la fois pour réduire les émissions et lutter contre la perte de biodiversité. Il y est aussi question de la déforestation, qui est responsable de près de 25 pour cent des émissions à l'échelle planétaire.
La liberté d'expression et le droit à l'information
L'Assemblée a adopté une troisième résolution, sur la liberté d'expression et le droit à l'information. Elle y encourage les parlements qui ne l'ont pas encore fait à adopter dès que possible une législation sur la liberté d'information, à adopter des lois qui assurent le respect du pluralisme intellectuel et à prendre les mesures législatives nécessaires pour que la diffusion et la transmission de matériel pornographique mettant en scène des enfants, par quelque support que ce soit, soient érigées en infractions pénales.
Elle dénonce les restrictions, les violences et les assassinats dont les parlementaires font l'objet. Elle engage les parlements à prendre des mesures législatives pour protéger les journalistes et autres faiseurs d'opinion dans l'exercice de leur droit à la liberté d'expression.
Bien qu'étant consciente qu'il peut être nécessaire de restreindre la liberté d'expression et l'accès à l'information, en cas de guerre ou d'autre menace grave pour la sécurité publique, l'Assemblée souligne dans cette résolution que l'ampleur et la durée de ces restrictions doivent être strictement limitées. Elle s'y déclare préoccupée par la concentration capitalistique des médias, qui se traduit par l'affaiblissement du droit d'exprimer des points de vue originaux ou qui ne relèvent pas de la pensée majoritaire et de la possibilité de lutter contre les sanctions arbitraires prises par l'Etat à l'égard des médias, des agences de presse et de leur personnel.
Enfin, elle appelle les parlements à faire en sorte que l'éducation soit rendue obligatoire et gratuite jusqu'à la fin du secondaire (soit jusque vers 16 ans), dans les mêmes conditions pour les filles et pour les garçons, et que l'alphabétisation des adultes et leur maîtrise des nouvelles technologies de l'information et de la communication se généralisent.
La crise économique et financière
Dans une quatrième et dernière résolution sur le rôle des parlements dans l'atténuation des effets sociaux et politiques de la crise économique et financière internationale sur les groupes les plus vulnérables de la communauté mondiale, en particulier en Afrique, l'Assemblée appelle tous les parlements à agir d'urgence face à la crise financière mondiale lors de la Conférence parlementaire de l'UIP sur la crise économique mondiale qui doit avoir lieu les 7 et 8 mai 2009. Elle réaffirme son soutien sans réserve à la tenue, en juin 2009, sous l'égide de l'Assemblée générale des Nations Unies, d'une conférence de haut niveau sur la crise économique et financière internationale et ses effets sur le développement.
Elle en appelle à tous les parlements et gouvernements pour qu'ils fassent une priorité de l'élimination de la pauvreté et de l'injustice sociale ainsi que de leurs causes profondes en Afrique et dans les autres pays en développement et qu'ils étudient les moyens d'atténuer les effets sociaux, politiques et économiques de la crise financière mondiale, en particulier sur les pays en développement. Elle appelle en outre les parlements à assurer une gouvernance efficace des systèmes financiers, notamment au moyen de mesures de réglementation, pour éviter des crises financières à l'avenir et assurer la transparence.
Enfin, elle prie instamment les gouvernements des pays développés d'assumer dûment leurs responsabilités pour aider à combattre les effets néfastes de la crise financière mondiale sur les pays en développement.