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Communiqué de presse de l'Union interparlementaire
Amman, le 30 avril 2000
N° 3


LES FEMMES PARLEMENTAIRES REUNIES A AMMAN DENONCENT LES "CRIMES D'HONNEUR"

Plus de 140 femmes parlementaires de 90 pays ont participé à la Troisième Réunion des femmes parlementaires à Amman, Jordanie, dans le cadre de la 103e Conférence interparlementaire qui se tiendra jusqu'au 6 mai au Grand Hyatt/Centre Zara Expo. Les femmes représenteront 22 pour cent des parlementaires de 127 pays qui sont attendus à la Conférence.

La Réunion des femmes parlementaires qui, après 20 ans d'existence, fait désormais partie intégrante des conférences de l'Union interparlementaire, a examiné deux questions cruciales : la contribution des femmes au dialogue entre les civilisations et les cultures, et la contribution parlementaire à la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies qui se tiendra sur le thème : " Les femmes en l'an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIème siècle " (New York, 5-9 juin 2000).

Mme Leila Sharaf, Sénatrice et ancienne Ministre de l'information, qui a présidé la Réunion des femmes parlementaires, a déclaré dans son discours d'ouverture que " la Réunion des femmes parlementaires était le résultat de la lutte menée par les femmes dans le monde, sous les auspices de l'Union interparlementaire, pour devenir des partenaires du processus de développement et du processus décisionnel dans leur pays ".

Elle a également souligné combien il importait " d'appuyer les décisions qui ont été adoptées par la Réunion des femmes parlementaires de la Troisième Conférence de l'Union sur la sécurité et la coopération en Méditerranée (Marseille, 30 mars - 3 avril 2000), au sujet de la situation sociale, économique, politique et humanitaire des femmes en temps de guerre et de troubles, temps qui sont particulièrement éprouvants pour elles ". Mme Sharaf a en outre évoqué les principaux points du Programme d'action de Beijing en 1995 concernant la nécessité de considérer la violence sexuelle et le viol en temps de guerre comme des crimes de guerre, relevant donc de la juridiction de la Cour pénale internationale.

Enfin, Mme Sharaf s'est réjouie du débat à venir sur le "  dialogue entre les civilisations et les cultures, étant donné que la Jordanie se trouve dans une région où les trois religions ont été révélées. Récemment, la Jordanie a donné un exemple idéal de communication avec le reste du monde en vue de parvenir à une paix, une stabilité et une coopération justes et globales dans la région ainsi qu'au sein de la communauté internationale. "

Mme Yakin Ertürk, Directrice de la Division des Nations Unies pour la promotion de la femme, a déclaré ce qui suit au cours d'un débat animé avec les participantes : " Nous abordons une autre étape historique de l'action menée dans le monde en faveur de l'égalité entre les sexes, à savoir la prochaine session extraordinaire de l'Assemblée générale qui se tiendra du 5 au 9 juin 2000 sur le thème " Les femmes en l'an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIème siècle ". La Conférence de Beijing a aidé à faire de l'objectif de l'égalité entre les sexes l'une des préoccupations de tous les acteurs de la scène nationale et internationale. " Beijing +5 " doit permettre de concrétiser les promesses. Cet objectif exige toutefois une meilleure compréhension de la dynamique des relations entre les sexes, une volonté politique et une détermination accrues et des initiatives résolues et novatrices de la part de tous les intéressés. L'analyse d'ensemble de la mise en œuvre du Programme d'action a montré qu'en dépit des grands progrès accomplis sur la voie de l'égalité entre les femmes et les hommes, aucune avancée majeure ne s'était produite concernant le partage égal de la prise de décisions au sein des structures politiques et dans d'autres institutions cruciales aux niveaux national et international. Dans la majorité des pays du monde, les femmes demeurent peu nombreuses dans les structures décisionnelles. Ainsi, selon la récente publication de l'Union interparlementaire intitulée " La participation des femmes à la vie politique ", le pourcentage de femmes parlementaires dans le monde entier n'a progressé que légèrement, passant de 11,3 pour cent en 1995 à 12,9 pour cent en 1999. … De plus, selon les chiffres dont dispose la Division pour la promotion de la femme, les femmes n'occupaient que 7,4 pour cent des postes ministériels en 1998 ".

Mme Ertürk a ajouté que " les problèmes actuels liés à la pauvreté, au changement des tendances démographiques, par exemple l'augmentation de la migration des femmes et le vieillissement des populations, à l'instabilité et aux difficultés économiques, aux conflits armés, à la dégradation de l'environnement, aux catastrophes naturelles et aux épidémies, faisaient souvent oublier les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs stratégiques des 12 domaines de préoccupation énoncés dans le Programme d'action. La perception de l'identité et du rôle respectifs des hommes et des femmes continue de faire obstacle à la réalisation de l'égalité entre les sexes partout dans le monde. Des approches novatrices s'imposent pour modifier cette perception et pour encourager les hommes à participer activement à l'évolution des mentalités patriarcales et des structures institutionnelles.

Mme Najma Heptulla, Vice-Présidente du Conseil indien des Etats et Présidente du Conseil de l'Union interparlementaire, a relevé que " l'action menée par l'Union interparlementaire pour encourager l'égalité et le partenariat entre les sexes donnait une dimension parlementaire aux travaux de l'ONU et devait apparaître dans les rapports de cette dernière. Les parlements représentent un acteur clé si l'on veut honorer les engagements pris à Beijing. Les accords conclus par les gouvernements pourraient bien demeurer lettre morte si les parlements n'étaient pas informés de près, voire associés au processus décisionnel. Cette information est décisive pour qu'un suivi institutionnel constructif s'opère au niveau national. Les gouvernements doivent donc veiller à ce que des représentants élus de la société civile, des parlementaires - hommes et femmes - figurent dans les délégations nationales. "

Et Mme Heptulla, et Mme Ertürk ont exhorté tous les parlementaires présents à New York le 7 juin à prendre part activement à la consultation concernant le résultat attendu du processus Beijing +5 que l'Union interparlementaire et la Division de la promotion de la femme organisent entre les représentants des gouvernements participant à la session extraordinaire de l'Assemblée générale, les représentants des parlements et les représentants des organismes des Nations Unies. Cette consultation entre ces trois acteurs institutionnels sera la première du genre.

Mme Najma Heptulla a déclaré ce qui suit : " Célébrant l'avènement du nouveau siècle et du nouveau millénaire, beaucoup affirment que le XXIème siècle sera celui des femmes. C'est ce que nous pensons nous aussi mais, pour que cela se vérifie, il nous faudra ne ménager aucun effort pour honorer les engagements que nous avons pris de parvenir à la parité entre les hommes et les femmes et à la démocratie. La démocratie, nous en avons la conviction, permettra l'établissement de relations de partenariat entre différents groupes longtemps restés en marge de la société. Parmi ces groupes, les femmes sont les plus mal loties. Elles se sont vu refuser le droit d'occuper la place qui leur revenait légitimement et ce, dans tous les domaines - politique, social et économique. Seule la démocratie pourra rétablir l'équilibre.

En notre qualité de parlementaires, nous avons donc une obligation particulière, celle de donner une dimension universelle à la démocratie. La démocratie doit être participative, interactive et elle doit répondre aux aspirations de tous les groupes de la société.

… Cependant, cette acceptation de l'égalité entre les hommes et les femmes n'apparaît pas dans les chiffres, et c'est là le paradoxe de la démocratie moderne. Les institutions démocratiques n'ont pas su refléter le consensus social qui se dégage rapidement quant à la nécessité d'une égale participation des femmes.

… Les femmes représentent le secteur le plus vulnérable de la société. Non seulement elles sont victimes de traitements inhumains abominables, mais elles doivent aussi faire face au traumatisme émotionnel provoqué par les déplacements forcés. Les hommes étant la cible des violences inter-groupes, les femmes se retrouvent confrontées à un monde hostile, sans aucun soutien de famille. Ce sont elles qui sont le moins mobiles par suite de leurs obligations familiales et qui subissent la violence de plein fouet ", a déclaré Mme Heptulla en conclusion.

M. Rifai, Président du Sénat jordanien, a dit que l'un des obstacles à une plus ample participation des femmes se situait dans les lois électorales de ces pays. Souvent aussi, les femmes ont des moyens financiers trop limités pour se porter candidates. Bien qu'il incombe à la société tout entière de lever ces obstacles, les mouvements féministes ont, à cet égard, un rôle particulier à jouer : ils doivent unifier leurs rangs, ordonner leurs priorités et faire le nécessaire pour défendre leur cause devant l'opinion publique. En Jordanie, la participation des femmes à la vie publique a beaucoup progressé grâce à la Constitution et aux lois électorales. Les femmes ont le droit de vote et celui d'être élues, et elles sont membres des assemblées municipales comme de l'Assemblée nationale. Les autorités ont veillé à ce que les femmes soient nommées ministres et élevées à des postes de responsabilité, en particulier dans la magistrature. Un Comité national pour les femmes a été crée.

M. Majali, Président de la Chambre des Représentants de la Jordanie, s'est réjoui que la femme ait réalisé d'importantes conquêtes dans l'histoire, et notamment, que sa participation politique se développe aussi dans les pays en voie de développement. Certes, il y a encore des efforts à faire pour arriver à une égalité parfaite, et la question est très complexe. La tendance est cependant incontestable. La Jordanie se comporte en ce domaine comme un pays d'avant-garde. La femme a déjà pu accéder pleinement à des professions exigeantes, comme celles de médecin ou d'ingénieur. La Constitution jordanienne garantit l'égalité des citoyens, quel que soit leur sexe ou leur race. Les femmes jouent un rôle de plus en plus important à l'Assemblée parlementaire et au Sénat.

A l'issue d'un débat très approfondi sur le dialogue entre les civilisations et les cultures, Mme Badia Skali, parlementaire du Marco, a proposé la motion ci-après qui a été adoptée à l'unanimité :

Nous, femmes parlementaires, réunies dans le cadre de la 103ème Conférence de l'Union interparlementaire, exprimons notre solidarité et notre soutien aux femmes jordaniennes et aux parlementaires jordaniens dans leur action pour mettre fin à l'impunité dont jouissent les auteurs des " crimes d'honneur " dont sont victimes des femmes et des filles au nom de traditions qui constituent une violation très grave des droits humains.


Contact à Amman pour information et interviews (sur place ou par téléphone) Mme Luisa Ballin, Chargée de l'Information à l'UIP. Tél. : 463 7639, fax 462 8430, courrier électronique : lb@mail.ipu.org ou cd@mail.ipu.org

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