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 No.3, Le Cap, le 13 avril 2008IPU Logo-bottom

UNE ENQUETE DE L'UIP REVELE L'INFLUENCE CROISSANTE DES FEMMES EN POLITIQUE

Près de 200 législatrices de 116 pays prennent part à la réunion des femmes parlementaires qui se tient aujourd'hui parallèlement à la 118ème Assemblée de l'Union interparlementaire (UIP) au Cap (Afrique du Sud). Une nouvelle enquête de l'UIP, dont les résultats ont été présentés à l'occasion de cette réunion, indique que les femmes font ressentir leur présence dans les parlements partout dans le monde et commencent à redéfinir les priorités et les ordres du jour dans le domaine politique. L'enquête révèle aussi que l'égalité des sexes et la pleine participation des femmes aux décisions sont des indicateurs déterminants de la démocratie.

Dans son allocution d'ouverture, la Présidente de l'Assemblée nationale de l'Afrique du Sud, Mme Baleka Mbete, a observé que « faire reculer la pauvreté est particulièrement important pour les femmes », et que « la pauvreté a le visage d'une femme ».

La Vice-Présidente en exercice du Comité exécutif de l'UIP, Mme Katri Komi, a déclaré qu'un plus grand nombre de femmes parlementaires étaient attendues à cette 118ème Assemblée que jamais auparavant. « Même si dans certains pays plus de 30 pour cent des parlementaires sont des femmes, les progrès sont lents. » Le prochain objectif est de parvenir à 40 pour cent de parlementaires femmes – horizon qu'il faudra des années pour atteindre.

La Ministre de l'intérieur de l'Afrique du Sud, Mme Nosiviwe Mapisa-Nqakula, a évoqué l'importance de la protection des droits des travailleurs migrants et de leurs familles, ainsi que des femmes et des migrations transfrontières. « Un autre problème lié aux migrations que doivent affronter les femmes est celui du développement de la traite. Bien que l'Afrique du Sud ne se soit pas encore doté d'une législation systématique pour parer à la traite, la loi sur les délits sexuels, qui est entrée en vigueur voici un an, pénalise la traite aux fins d'une exploitation sexuelle. La semaine dernière, le Président a signé la loi sur les enfants, qui prévoit, entre autres problématiques, la traite d'enfants. Cette loi pénalise aussi le travail des enfants sous toutes ses formes. La législation n'est qu'un mécanisme parmi d'autres pour lutter contre la traite. La formation d'officiers de police et de procureurs à ce qui est souvent un environnement complexe doit être associée à la sensibilisation du public ».

Au sujet de l'enquête, le Secrétaire général de l'UIP, Anders B. Johnsson, a relevé que « l'inclusion des femmes dans la prise des décisions politiques n'est pas simplement une question de droit des femmes à l'égalité, elle est aussi affaire de mise à profit des ressources et du potentiel des femmes pour déterminer les priorités politiques et du développement. En d'autres termes, l'enjeu n'est pas seulement une question de droits, mais de faire les choses bien ».

Effectuée entre 2006 et 2008, l'enquête a collationné les vues de quelque 300 parlementaires, hommes et femmes, de 110 pays sur l'égalité des sexes en politique. Elle fait ressortir que ce sont les femmes, et non pas les hommes, qui se sont attachés à imposer que des questions telles que la violence à l'égard des femmes, la traite des femmes et des enfants, l'égalité des salaires, l'aide à l'enfance et le congé parental soient inscrites à l'ordre du jour politique, et elle montre qu'une plus grande participation des femmes au parlement assurerait que leurs préoccupations, ainsi que beaucoup d'autres que les hommes pourraient négliger ou juger secondaires, soient dûment prises en compte.

Les femmes font sentir leur présence

Plus de 90 pour cent des parlementaires qui ont répondu estiment que les femmes apportent des points de vue, des perspectives et des talents nouveaux en politique. Au sein des parlements, les femmes cherchent à redéfinir les priorités législatives pour inclure leurs préoccupations et leurs perspectives. Les femmes de toutes les régions sont au premier rang dans le combat contre la violence liée au genre, qui est endémique dans beaucoup de sociétés, et s'attachent concrètement à faire en sorte que des projets de textes sur des questions telles le congé parental et l'aide à l'enfance, les pensions et l'égalité de genre soient effectivement inscrits à l'ordre du jour législatif.

Tandis que la plupart des femmes parlementaires se considèrent comme les plus actives sur les questions qui se rapportent aux femmes, à l'égalité de genre et aux questions sociales et communautaires, leurs homologues masculins se considèrent comme les plus actifs dans les domaines des affaires étrangères, des questions économiques et commerciales, et de la justice et questions constitutionnelles. En raison de facteurs tels que le petit nombre de femmes au parlement, qui limite leur disponibilité pour participer aux travaux des commissions, les femmes parlementaires estiment que c'est dans des domaines comme les finances, les affaires étrangères, la sécurité et la défense nationale que leur influence se fait le moins sentir. Elles restent concentrées au sein des commissions qui traitent des questions d'éducation, de santé et des affaires familiales et sociales. Si ces commissions sont certes importantes, et supervisent une bonne part de la dépense publique, les femmes sont en revanche souvent absentes dans le débat sur d'autres questions, comme les finances et les affaires étrangères. Cela signifie qu'elles ont une voix moindre au chapitre des priorités financières et de la définition des priorités nationales.

Les femmes ont tendance à se concentrer sur les mêmes thématiques au niveau exécutif. Elles détenaient 1 022 portefeuilles ministériels en janvier 2008, mais seulement 17 dans le domaine de l'économie et des finances.

Mais il ne faut pas se méprendre : « Bien que ce soient principalement les femmes qui mettent en avant les questions concernant les femmes, cela ne signifie pas que ce soient là leurs seules préoccupations ». Certaines parlementaires soulignent qu'elles apportent des contributions importantes à une large gamme de questions politiques, et qu'elles se sentent responsables de représenter les intérêts de la communauté élargie et non pas seulement ceux des femmes.

L'enquête porte à constater que les progrès en termes de systématisation du genre dans les parlements sont fragmentaires. En effet, plus que la moitié des répondants à l'enquête estiment que l'égalité de genre n'est que de temps à autres, voire rarement, prise en compte de manière systématique au parlement. Seul un tiers des répondants estiment que l'égalité de genre est systématiquement intégrée.

La moitié des femmes répondantes indiquent clairement qu'elles ne pensent pas que les hommes puissent représenter adéquatement les intérêts des femmes en politique, et que cela devrait incomber aux femmes. Cependant il faut faire plus encore pour forger un partenariat entre femmes et hommes pour élaborer des priorités communes et partagées en vue de l'égalité de genre.

Les obstacles à l'égalité de participation persistent

Les recherches confirment que bien que les femmes aient réalisé des percées importantes, l'égalité au parlement reste au bout du chemin, qui sera long. Les femmes parlementaires continuent de se heurter à des obstacles dans leur travail – le principal étant peut-être celui de faire changer des structures politiques établies, et encore dominées, par des hommes. Dans la plupart des parlements, constate le rapport, le courant principal est masculin.

Le nombre des femmes au parlement importe-t-il ? Les parlementaires estiment que le nombre importe ne serait-ce que parce que plus il y a de femmes au parlement, plus il est facile de traiter des questions concernant les femmes et d'infléchir la dynamique de genre à la chambre.

Non moins de 86 pour cent des répondants conviennent qu'un plus grand nombre de femmes au parlement renforcerait l'influence des femmes sur les politiques et les priorités politiques. Cependant les données les plus récentes recueillies par l'UIP indiquent que les femmes occupent moins de 18 pour cent des sièges parlementaires dans le monde, et qu'un tiers des parlements comptent moins de 10 pour cent de femmes. Les efforts pour améliorer la présence de femmes dans les parlements doivent être intensifiés.

Les femmes parlementaires mentionnent d'autres contraintes dans leur travail, y compris le fait que les politiques axées sur le genre qu'elles souhaitent poursuivre sont en désaccord avec les politiques de leurs partis politiques. Les partis politiques sont des tribunes importantes pour la définition des politiques et pour l'établissement des priorités politiques. Les recherches font apparaître que le soutien du parti majoritaire est le facteur le plus important pour introduire et faire voter la législation relative au genre, ce qui rend le changement essentiel à ce niveau.

Enfin, les parlementaires ont indiqué plusieurs changements structurels qui pourraient contribuer à promouvoir l'accès des femmes et leur pleine participation au parlement. Ceux-ci vont du renforcement des commissions parlementaires sur l'égalité de genre ou de groupes de débat de femmes parlementaires, jusqu'au changement des processus et des installations parlementaires pour les rendre plus conviviales pour la famille. Plus de la moitié des femmes répondantes et plus de 40 pour cent des hommes trouvent difficile de concilier vie de famille et obligations politiques.


Fondée en 1889 et basée à Genève, l'UIP, doyenne des organisations politiques internationales, compte 146 parlements nationaux affiliés et sept assemblées parlementaires régionales comme membres associés. L'organisation mondiale des parlements dispose d'un Bureau à New York en tant qu'Observateur permanent auprès de l'ONU.
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