Les soins de santé essentiels sont hors de portée de la plupart des femmes et des enfants dans les pays à fort taux de mortalité, malgré des progrès certains dans la lutte contre les maladies tueuses d'enfants. Les experts mondiaux de la santé et les parlementaires se réunissent pour traiter d'une action accélérée visant à réduire la mortalité maternelle et infantile
Experts sanitaires de haut niveau, politiques et parlementaires se réunissent aujourd'hui au Cap pour parler de la nécessité urgente d'accélérer les progrès dans la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile et réaliser les objectifs internationalement convenus.
Selon le rapport 2008 intitulé Conduire le changement pour le bien des mères, des nouveau-nés et des enfants qui paraît aujourd'hui, seul un petit nombre des 68 pays en développement où se produisent 97 pour cent des décès maternels et infantiles enregistrés dans le monde réalisent des progrès suffisants pour assurer les soins de santé indispensables pour sauver la vie des femmes, des nouveau-nés et des enfants. Les parlementaires qui participent à la 118ème Assemblée de l'Union interparlementaire (UIP) au Cap s'associeront aux experts mondiaux de la santé et aux personnalités politiques pour débattre du rôle qu'ils pourraient jouer afin d'accélérer les mesures permettant d'atteindre les objectifs du millénaire (OMD) 4 et 5 relatifs à la réduction de la mortalité maternelle et infantile.
Aux dires du Secrétaire général de l'UIP, M. Anders B. Johnsson, « il est nécessaire, d'urgence, de mobiliser les parlementaires si nous voulons atteindre les objectifs 4 et 5. La réunion du Cap représente une occasion sans précédent pour que les parlementaires des 68 pays prioritaires s'assoient autour d'une table avec les experts sanitaires et les décideurs politiques pour dresser le bilan de la situation des femmes, des nouveau-nés et des enfants dans leur pays. Ce sera aussi l'occasion de procéder à un échange d'expériences avec d'autres pays concernant les activités qui ont connu le succès et de générer la volonté politique voulue pour inverser la tendance. Les législateurs peuvent prendre l'initiative du changement pour assurer la survie des femmes, des nouveau-nés et des enfants. Quel meilleur héritage les politiques pourraient-ils laisser derrière eux ? »
Plus de 10 millions de femmes et d'enfants continuent de mourir chaque année de causes pour l'essentiel évitables et guérissables. La majorité des décès maternels et infantiles sont concentrés en Afrique et en Asie du Sud, tandis que l'Afrique sub saharienne vient en tête pour la mortalité en général. En Afrique sub saharienne naît un enfant sur cinq, et pourtant la région rend compte de la moitié des décès prématurés d'enfants, ainsi que de la moitié des décès maternels en couches. Au Niger par exemple, les femmes encourent un risque sur la vie entière de mourir pendant leur grossesse ou en couches qui atteint un sur sept.
Le rapport Conduire le changement pour le bien des mères, des nouveau-nés et des enfants se fonde sur les données existantes pour mesurer la couverture des interventions déterminantes et des solutions éprouvées pour réduire la mortalité maternelle et infantile. Le rapport 2008 met l'accent sur les progrès rapides que bon nombre des 68 pays sont en train de réaliser pour assurer la couverture vaccinale, les compléments en vitamine A et la distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticide pour lutter contre les maladies tueuses que sont la rougeole et la malaria.
Néanmoins, le traitement préventif de maladies potentiellement mortelles et les autres services de santé d'intérêt vital ne touchent toujours pas la majorité des femmes et des enfants. Ces services nécessiteraient des systèmes de santé solides capables d'assurer des soins 24 heures sur 24 dans les communautés, les dispensaires, et le renvoi à des spécialistes lorsque des interventions plus poussées sont nécessaires. L'accès à ces services est particulièrement critique à la naissance et au cours des deux premières semaines de vie, qui sont à haut risque pour la mère et l'enfant.
Conduire le changement pour le bien des mères, des nouveau-nés et des enfants distingue une série d'occasions perdues de sauver des vies :
- Planification familiale : les besoins non satisfaits en contraceptifs sont élevés. Un tiers seulement des femmes dans les 68 pays prioritaires font usage d'une méthode moderne de contraception - moyen éprouvé d'accroître les chances de survie maternelle et infantile ;
- Soins professionnels à la naissance : la moitié seulement des femmes et des nouveau-nés bénéficient des soins d'une sage-femme professionnelle à la naissance, et moins encore bénéficient de soins dans les jours et les semaines critiques qui suivent l'accouchement ;
- Soins cliniques pour les enfants malades : un tiers seulement des enfants atteints de pneumonie - la maladie qui tue le plus d'enfants - reçoivent un traitement ;
- Nutrition : la sous-alimentation est la cause profonde de 3,5 millions de décès d'enfants chaque année et de non moins de 20 pour cent des décès maternels.
Pour préparer la voie à un « continuum de soins » opérationnel, les gouvernements et leurs partenaires doivent aplanir les obstacles que sont les systèmes de santé insuffisants, le manque de financement et les inégalités dans l'accès aux soins. Le rapport établit que les familles pauvres sont doublement défavorisées, sur le plan des soins à la naissance et du suivi médical des nouveau-nés et des enfants. Au nombre des autres obstacles figurent les conflits armés et la forte prévalence du VIH, ces deux facteurs ayant anéanti les progrès accomplis dans la survie des enfants dans au moins 12 pays africains.
Le financement global des gouvernements donateurs en faveur de la santé maternelle, néonatale et infantile s'est accru ces dernières années, l'aide publique au développement dirigée vers ce secteur étant passée de 2,1 milliards de dollars à près de 3,5 milliards entre 2003 et 2006, soit un accroissement de 64 pour cent. Cet investissement s'est traduit par des gains significatifs au plan de la santé, notamment en relevant les niveaux de couverture vaccinale et de prévention de la malaria. Néanmoins les systèmes de santé maternelle, néonatale et infantile demeurent tristement démunis au regard des besoins des pays prioritaires. Les financements apportés par les donateurs au secteur de la santé maternelle, néonatale et infantile, au total, ne représentent qu'à peine 3 pour cent de l'aide totale. La majeure partie de cette aide est fournie dans le cadre de projets spécifiques, et seuls 5 pour cent sont dirigés vers la dotation budgétaire globale des pays bénéficiaires.
Les conclusions du Compte à rebours seront examinées dans le cadre d'une conférence de trois jours en Afrique du Sud, du 17 au 19 avril. Ces conclusions font aussi l'objet d'un numéro spécial du journal médical The Lancet.
Note à l'intention des rédacteurs en chef : Compte à rebours 2015 : survie de la mère, du nouveau-né et de l'enfant, est le fruit d'une collaboration entre organes des Nations Unies, organisations non-gouvernementales, universités, et autres institutions ou personnalités pour mesurer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs 4 et 5 du millénaire, à savoir la réduction de la mortalité infantile et maternelle, respectivement.
Partenaires au Compte à rebours 2015 : Aga Khan University, Australian Agency for International Development (AusAID), the Basic Support for Institutionalizing Child Survival (BASICS) Project, USAID, the Bellagio Study Group on Child Survival, The UK Department for International Development (DFID), Family Care International, International Paediatric Association, Johns Hopkins University, London School of Hygiene and Tropical Medicine, the Norwegian Agency for Development Cooperation (Norad), Save the Children, the Bill & Melinda Gates Foundation, The Lancet, the Partnership for Maternal, Newborn & Child Health, Banque mondiale, University College London Centre for International Health and Development, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Universidade Federal de Pelotas, University of Aberdeen, USAID et Organisation mondiale de la santé.