Union interparlementaire | ||
Communiqué de presse | ||
No.130, Genève, 1 mars 2002 |
"La parité entre hommes et femmes est au cœur même de la gogouvernance démocratique", affirme la Présidente du Conseil de l’Union interparlementaire (UIP), Mme Najma Heptulla. Pourtant, avec un maigre pourcentage de 14,3% d’élues dans les parlements à travers le monde, la parité et le partenariat entre hommes et femmes en politique, qualifiés par l’UIP de facteurs clé pour la démocratie, sont loin d’être atteints.
D’évidence, le contre-coup brutal subi par les femmes après l’effondrement du système communiste, dans les années 1990, n’a pas encore été surmonté : en 1988, la moyenne des femmes dans les parlements était de 14,8%, mais elles ne représentaient plus que 11,3% des parlementaires en 1995. Toutefois, les résultats des élections tenues dans 38 pays en 2001, compilés par l’UIP et comparés avec ceux des cinq dernières années, et certaines évolutions politiques et légales, permettent d’entretenir un certain optimisme, notamment s’agissant de l’Europe de l’Est et des pays arabes.
En Europe de l’Est, le bond en avant constaté dans trois pays (+15,4 points de pourcentage1 en Bulgarie, +7.2 points en Pologne; +5 points en République de Moldova) est un signe encourageant de changement et pourrait même être une indication que les femmes et l’électorat sont en train de surmonter le traumatisme post 1989. Ces chiffres contrastent avec une certaine stagnation constatée dans les pays nordiques même si, avec un pourcentage de 38,8% de femmes parlementaires, ces pays figurent toujours en tête de liste sur le plan mondial. Lors des dernières élections, le Danemark et la Norvège, qui figurent parmi les parlements dans lesquels la proportion d’hommes et de femmes est la plus équilibrée (38% de femmes parlementaires au Danemark, 36,4% en Norvège), n’ont enregistré que de faibles progrès, voire aucun progrès, privant les femmes de l’espoir d’atteindre les 40% tant espérés : Danemark : +0,6 points de pourcentage; Norvège : aucun changement. Dans les démocraties occidentales traditionnelles, la tendance est inégale. Alors qu’un léger recul est constaté au Royaume-Uni (-0,5 points de pourcentage) et en Italie (-1,7 points), une avancée très encourageante est visible au Liechtenstein (+8 points) et aussi en France où, suite à l’introduction de la Loi sur la parité et à son application pour les sièges sénatoriaux élus à la proportionnelle, le pourcentage de femmes à la chambre haute est passé de 5,9% à 10,9% (+ 5 points de pourcentage).
Dans les pays arabes, la politique est toujours fermement contrôlée par les hommes, les femmes ne représentant en moyenne que 4,6% des parlementaires. Pourtant, des signes encourageants laissent espérer un changement positif. S’ils ne sont pas toujours le résultat de l’émergence d’une conscience publique sur l’importance de la parité entre hommes et femmes, ils sont au moins le fruit d’une volonté politique déclarée. Ainsi, lors d’un référendum qui a eu lieu en 2001 à Bahrain, les électeurs ont soutenu les réformes proposées qui, entre autres mesures, prévoient que les femmes pourront voter et être candidates lors des élections parlementaires, (les prochaines étant prévues pour octobre 2002). Au Qatar, les autorités montrent un intérêt à promouvoir la participation des femmes en politique et elles organiseront prochainement un séminaire à ce sujet. Les autorités de Djibouti entendent assurer que les femmes, qui jouissent du droit de voter et d’être candidates depuis 1946 mais n’ont jamais été élues au Parlement, pourront finalement entrer à la Chambre à l’issue des prochaines élections. Au Maroc, la future loi électorale établit à 10% le quota des femmes à la Chambre des représentants. De même, l’Union socialiste des forces populaires (USFP), le parti majoritaire au Maroc, a déjà introduit un quota en faveur des femmes dans ses structures. Un autre pays musulman, le Niger, a pris des dispositions similaires mais plus audacieuses encore : une nouvelle loi, qui sera appliquée dès les élections de 2002, impose aux partis politiques d’inscrire des hommes et des femmes sur leurs listes électorales de sorte qu’un minimum de 10% des candidats de chaque sexe soient élus. En visant les hommes autant que les femmes et en introduisant un « plancher» au lieu d’un "plafond" de représentation de l’un et l’autre sexes, cette loi va dans le sens des recommandations de l’UIP. Ces évolutions positives contrastent avec la situation au Bangladesh, pays où les femmes ont connu le plus fort recul en 2001 : alors qu’elles constituaient le 9% des membres du Parlement, les femmes ne représentent plus aujourd’hui qu’un modeste 2% des parlementaires. L’expiration de la validité de la loi des quotas (loi dont le renouvellement sera étudié par le Parlement lors de sa prochaine session), qui réserverait 30 sièges aux femmes parlementaires, est à n’en pas douter l’une des raisons de ce recul important. Il est vrai que réserver des sièges est parfois la seule façon pour un gouvernement de manifester une volonté politique de changement mais une telle mesure s’avère généralement insuffisante. Par delà ses indéniables effets contingents, elle est en effet le plus souvent insuffisante pour susciter l’ingrédient complémentaire à la « volonté d’en haut » qui est indispensable pour parvenir à un véritable changement, à savoir l’émergence d’une conscience de genre au sein des partis politiques et de l’électorat.
Ailleurs dans le monde, la participation des femmes oscille entre 13% et 15%. En 2001, les pays en développement ont enregistré une augmentation substantielle s’agissant de la proportion des femmes dans les Parlements nationaux : +11 points de pourcentage au Nicaragua, autour de +7 points au Sénégal, aux Philippines et en Ouganda. St Vincent et les Grenadines arrive en tête de liste avec l’élection de cinq femmes sur vingt-deux parlementaires, marquant ainsi un gain de 18 points comparé à la législature précédente.
En général, les hommes continuent de diriger les travaux des Assemblées. Seuls 24 des 244 présidents d’une assemblée parlementaire (chambres basses et Sénats compris) sont des femmes, la plupart se trouvant d’ailleurs dans des pays en développement. Fait notable : en Afrique du Sud, à Antigua et Barbuda, au Bélize, en Espagne et en Jamaïque, ce sont les deux chambres du Parlement qui sont présidées par une femme. Les données en points de pourcentage correspondent à la différence entre le pourcentage des femmes dans le Parlement concerné, suite aux élections 2001, et celui de la précédente législature.
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