La diffusion des travaux parlementaires est-elle d'intérêt public ? Oui. Pourquoi ? Parce qu'il est nécessaire de créer un lien direct entre les citoyens et les médias, et pour ce faire, de combler le fossé entre les citoyens et le Parlement, l'instance qui les représente dans leur ensemble.
Le public doit être informé. Les parlements doivent donc aller au devant de la population. Dans toute démocratie, les institutions publiques doivent être transparentes et rendre des comptes aux citoyens. La diffusion publique des travaux parlementaires encourage ainsi la transparence. Telles sont quelques-unes des conclusions de la première conférence sur la diffusion des travaux parlementaires organisée, en octobre, par l'Union interparlementaire, l'Union européenne de radio-télévision (UER) et l'Association des Secrétaires généraux des Parlements (ASGP). Quelque 180 personnes venues de 78 pays y ont pris part.
L'intérêt du public et la couverture médiatique considérable des débats entre les trois aspirants à la désignation du candidat socialiste à la prochaine élection française, diffusés par les chaînes parlementaires françaises Public Sénat et La Chaîne Parlementaire, montrent que les dirigeants d'un pays doivent être plus proches du peuple. Il faut combler le fossé entre les citoyens et leurs représentants, à tous les niveaux politiques. Les participants à la conférence de Genève ont souligné l'importance de donner davantage d'information et de couverture médiatique aux activités du Parlement.
Les débats ont souligné que l'intérêt croissant pour les activités parlementaires et politiques en général ne doit pas être perçu comme une menace pour les médias existants, mais au contraire comme un élément qui contribue au développement de l'information, pour rendre la politique plus transparente. Car ce qui est diffusé en direct ne peut être effacé, a expliqué le Rapporteur de la Conférence, Erik Fichtelius, ancien Producteur exécutif et rédacteur en chef de SVT 24 Direct (Suède). (Voir ses conclusions).
Même si la politique est un domaine intéressant pour les diffuseurs, des questions et quelques problèmes restent sans réponse. Les activités parlementaires sont souvent considérées comme ennuyeuses. Comment les rendre plus intéressantes ? Qui doit décider de ce qui doit être diffusé ? La diffusion des travaux parlementaires doit-elle être contrôlée par le Parlement ou par un media indépendant ? Doit-elle être financée par des fonds publics ou par des entités privées ? Dans un paysage audiovisuel globalisé, comment les chaînes parlementaires et les diffuseurs publics peuvent-ils résister à la concurrence des chaînes de télévision privées ?
La conférence de Genève a donné quelques éléments de réponse. Les chaînes parlementaires ne doivent pas trop se préoccuper de l'audimat. Servir le public est un concept beaucoup plus important selon les responsables des diffuseurs présents à Genève. Les nouvelles importantes intéresseront toujours un large public. Diffuser des activités parlementaires doit être fait de façon indépendante, avec un souci de pluralisme et de liberté journalistique qui donne de la crédibilité. Le processus politique d'un pays et aussi ce qui se passe à l'extérieur de l'enceinte du Parlement peuvent également être diffusés. La qualité de diffusion est, bien entendu, capitale, ont souligné les participants (voir liste des participants).
Pour soutenir l'impact et le développement des chaînes parlementaires, l'UER propose la création d'un forum où les télévisions parlementaires pourraient échanger le contenu de leurs chaînes avec d'autres diffuseurs. Ce type d'accord existe déjà, comme par exemple dans le cas du partenariat signé récemment par Public Sénat (France) et C-SPAN (Etats-Unis).
La Conférence de Genève est le début d'un processus. L'UIP, l'UER et l'ASGP vont examiner prochainement les modalités d'un suivi concernant la diffusion des activités parlementaires.
Une vidéo/B-roll préparée par l'UIP sera diffusée demain, 21 novembre 2006, à 08.00 GMT, par l'EUR.