L'Union interparlementaire (UIP) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) ont conclu aujourd'hui les travaux d’un séminaire de trois jours sur la Déclaration universelle des droits de l'homme et ses aboutissements, et sur les défis à relever soixante ans après son adoption. Les parlementaires ont déclaré que le combat pour les droits de l'homme était avant tout leur affaire : "Créer une culture des droits de l'homme dans nos pays doit être au cœur de notre action car c’est le seul moyen pour que tous les citoyens, dans les pays développés comme dans les pays en développement, mènent une vie digne».
Ils ont exprimé le souhait d'en savoir plus sur les obligations contractées par leurs pays en vertu des traités internationaux sur les droits de l’homme et ont exhorté les gouvernements à soumettre les rapports de leur pays au Parlement afin que les législateurs puissent y apporter leur contribution avant que le texte final n’en soit soumis aux organes conventionnels.
M. Mohamed Ahmed Idris, parlementaire éthiopien et rapporteur du séminaire, se référant au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies récemment créé et à son mécanisme d'examen périodique universel par lequel la situation des droits de l'homme dans les 192 Etats Membres de l’ONU sont évalués, a déclaré que les parlementaires devaient tirer profit du dialogue avec les parties prenantes aux droits de l'homme mis en place par le Conseil des droits de l'homme, "et saisir cette occasion pour faire entendre leur voix". Les législateurs ont prié l'UIP et le Haut-Commissariat de les aider à s'impliquer davantage dans les travaux des organes conventionnels et du Conseil des droits de l'homme ainsi que dans l'examen périodique universel.
Les parlementaires ont noté que, malgré des progrès sur le plan normatif et institutionnel, il y avait encore beaucoup à faire pour assurer la mise en œuvre des normes relatives aux droits de l’homme, en particulier dans le domaine des droits économiques et sociaux. De même, la discrimination envers les femmes et le racisme demeuraient des fléaux. "Nous devons prendre des mesures beaucoup plus énergiques pour assurer l'égalité entre les sexes. Non seulement les femmes ont les mêmes droits que les hommes, mais l'égalité entre les sexes est absolument nécessaire au développement harmonieux de nos sociétés".
Les participants ont fait observer que la lutte contre le terrorisme avait pesé très lourdement sur le respect des droits de l'homme : «En plaçant la sécurité au-dessus de la liberté dans la lutte contre le terrorisme, nous avons souvent engendré une érosion des droits de l'homme fondamentaux, en particulier de l'interdiction absolue de la torture, et des droits de la défense». Ces méthodes contreterroristes sont condamnables moralement et contraires aux normes fondamentales des droits de l'homme. Elles sont en outre contre-productives dans la lutte contre le terrorisme parce qu’elles produisent des renseignements non fiables et qu’aident les terroristes à élargir leur base. "Il nous faut donc repenser le concept de sécurité et s'attaquer aux causes profondes du terrorisme, qui sont liées au dénuement social et économique, à la corruption et aux violations des droits de l’homme», ont déclaré les parlementaires.
Les participants ont salué les progrès accomplis dans la mise en place d'un système de justice pénale internationale. "Les dictateurs savent désormais qu'un jour ils risquent de payer pour les atrocités commises". Les parlements doivent veiller impérativement à ce que ces crimes soient poursuivis. Aussi doivent-ils faire en sorte que le Statut de la Cour pénale internationale soit ratifié, et voter une législation incorporant le principe de compétence universelle et autorisant les autorités nationales à enquêter et à poursuivre, et à coopérer avec la Cour. "Les mesures prises par le Parlement du Sénégal dans le cas de l'ancien dictateur Hissène Habré du Tchad montrent bien que cette action est la voie à suivre pour amener les auteurs présumés de violations flagrantes des droits de l’homme à répondre de leurs actes".