A l’occasion de la Journée internationale 2010 de lutte contre le sida, le Président de l’Union interparlementaire (UIP), M. Theo-Ben Gurirab, par ailleurs Président de l’Assemblée nationale namibienne, a fait la déclaration suivante :
“Depuis plus de 20 ans, la Journée internationale de lutte contre le sida sert à nous rappeler que le VIH/sida est toujours présent. Il reste beaucoup à faire pour enrayer la progression du virus. Sur mon propre continent, et plus particulièrement en Afrique sub-saharienne, les déséquilibres politiques, les préjugés sexistes, les violences faites aux femmes et la marginalisation rendent les femmes et les jeunes filles particulièrement vulnérables à l’infection au VIH et limitent leur accès à l’information et aux services liés au VIH. C’est une source de profonde préoccupation pour les pays africains, qui comptent plus de deux millions d’enfants vivant avec le virus et plus de 15 millions d’orphelins du sida.
Pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement concernant le VIH/sida et enrayer l’épidémie à l’horizon 2015, il faudra avoir un accès beaucoup large aux services concernant le VIH que ce n’est le cas aujourd’hui. Cela veut aussi dire prendre des mesures pour garantir le respect des droits de l’homme pour tous, y compris les personnes vivant avec le VIH. Le leadership politique des parlements est donc d’une importance cruciale.
Autre problème qui me préoccupe : la persistance de lois qui criminalisent le comportement des personnes les plus affectées par le VIH. Les sanctions prévues par la loi les dissuadent de se prêter à des tests de dépistage et menacent de rendre vaines des années de travail de prévention.
Certains pays ont par ailleurs des lois incriminant la transmission du VIH. Rien ne permet d’affirmer qu’en incriminant la transmission du VIH, on garantira la justice ou que l’on empêchera la transmission du virus. Au lieu d’imposer des sanctions fondées sur la morale, les parlements devraient avoir pour objectif de légiférer sur la base de faits avérés. En clair, cela suppose des textes concernant l’éducation par rapport au VIH, la prise en compte des besoins de santé dans le domaine de la sexualité et de la reproduction, des tests de dépistage volontaires, des conseils pour la protection des groupes vulnérables, la distribution de préservatifs, des thérapies de substitution aux opiacés et des programmes d’échanges d’aiguilles et de seringues pour les personnes qui s’injectent de la drogue.
En cette Journée internationale de lutte contre le sida, j’appelle les parlements à réviser leurs lois et à en faire usage pour soutenir la lutte contre la propagation du VIH. Un engagement fort des parlementaires au niveau des grandes orientations politiques et au niveau des circonscriptions est plus nécessaire que jamais. L’UIP entend jouer un rôle majeur dans une réponse législative plus vigoureuse au VIH/sida »