Malgré une augmentation de femmes dans les parlements, avec une moyenne mondiale de 19.1% taux jamais atteint auparavant, l’objectif d’avoir un équilibre entre hommes et femmes en politique est encore lointain dans de nombreux pays, selon l’étude de l’Union interparlementaire (UIP) sur les élections qui ont eu lieu en 2010. L’analyse, présentée à la veille de la Journée internationale de la femme, indique les données suivantes :
- 19,1% des parlementaires à travers le monde sont des femmes. C’est une avancée modeste mais significative : la proportion était de 13,1% en 200 et de 6,3% en 2005.
- En 2010, dix chambres parlementaires ont atteint le seuil de 30% de femmes au parlement fixé par l’ONU. Elles sont désormais 43 chambres dans le monde à compter au moins 30% de femmes. Trois chambres renouvelées ont franchi la barre des 40%, ce qui porte à 11 le nombre de chambres avec 40% de femmes.
- Cinq des chambres renouvelées en 2010 ne comptent aucune femme.
- La couverture médiatique donnée aux femmes a continué à être plus faible que celle donnée aux hommes.
Dans les différentes régions
- Malgré quelques progrès, en partie dus aux quotas, la moyenne pour les Etats arabes reste basse.
- Les pays du Nord de l’Europe ont conservé une proportion relativement élevée de femmes dans les chambres basses : 39,3% en Belgique, 40,7% au Pays-Bas et 45,0% en Suède.
- Les Etats insulaires du Pacifique n’ont pas progressé, aucune femme n’ayant été élue aux Iles Salomon, à Nauru, au Tonga ou à Tuvalu.
- En 2010, 67 chambres ont été renouvelées dans 48 pays. La moitié de ces renouvellements ont porté davantage de femmes au parlement.
Etas arabes: Bien que figurant en bas du tableau des femmes au parlement, les Etats arabes continuent de progresser : 4,3% en 1995, 9,5% en 2009 et 11,7% en 2010. La grande variation s’explique en fonction des quotas. Au Bahreïn seule une femme a été élue, sans opposition. Alors que 22,5% de femmes ont été désignées à la chambre haute du Bahreïn. En Jordanie, avec un système de quotas renforcés, il y a maintenant 13 femmes parlementaires dont la première Bédouine jordanienne. Au Soudan, pour la première fois, une femme s’est présentée à l’élection présidentielle malgré une fatwa interdisant aux femmes de se présenter aux élections. En Iraq, le nombre de femmes parlementaires à la chambre basse a augmenté, bien que la plupart des partis politiques n’ont pas rempli leur obligation d’inscrire au moins un quota de 25% de femmes sur leurs listes. Le Qatar a été le seul pays arabe à n’avoir désigné aucune femme au Parlement en 2010.
Sur le continent américain, où 15 chambres devaient être renouvelées, la moyenne a légèrement progressé. Trois femmes de plus ont été élues chef d’Etat. Le Costa Rica a maintenu son niveau élevé de femmes au Parlement avec 38,6%. Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis ont vu un nombre record de femmes se présenter à chacune des deux chambres du Congrès, ce qui n’a cependant pas donné lieu à une grande progression.
Les pays nordiques se sont maintenus en haut des résultats par région, avec une moyenne de 41,6% de femmes. Le Parlement suédois est le seul à avoir été renouvelé dans cette région en 2010 et bien qu’ayant conservé un taux remarquable de femmes de 45%, il a accusé une baisse de 2,3 points de pourcentage.
La moyenne européenne demeure stable, à 20%. La plupart des 14 chambres renouvelées ont vu peu de changements, sauf en République tchèque, qui a vu augmenter de 6,5 et 3,7 points de pourcentage la proportion de femmes dans ses chambres basse et haute, respectivement. Toutefois, aucune femme n’a été nommée ministre à Prague. La Slovaquie voisine a élu sa première femme Premier ministre. La moyenne aux Pays-Bas a augmenté de 40,7%. En Bosnie-Herzégovine, seulement 16,7% des parlementaires sont des femmes, malgré une loi électorale qui stipule qu’un candidat sur trois doit être une femme. Cela représente toutefois une amélioration par rapport au scrutin de 2006. A Londres, la chambre des communes a comptabilisé un gain de 2,2 points de pourcentage (pour parvenir à 22% de femmes). Le Kirghizistan conserve l’un des taux de femmes parlementaires les plus importants dans la région et a élu sa première Présidente de la République en 2010. Avec une augmentation de 4,5 points de pourcentage, ce qui porte la représentation des femmes à 22%, l’Ouzbékistan est en bonne voie pour atteindre l’objectif de 30% à la chambre basse.
L’Afrique sub-saharienne n’a pas vu de grands changements. L’Ethiopie, Madagascar et la Tanzanie ont enregistré des améliorations. Le Burundi a consolidé sa représentation de femmes à la chambre basse avec une augmentation de 2,5 points de pourcentage pour atteindre 32,1%, et une augmentation significative à la chambre haute (46,3%), en grande partie grâce au système des quotas. La représentation des femmes à Sao Tomé-et-Principe a augmenté de 7,3% en 2006 à 18,2% en 2010 sans système de quotas.
Les quotas demeurent le moyen le plus efficace pour faire progresser le nombre de femmes dans la vie politique. Dans nombre de pays n’ayant pas de quotas prévus par la loi pour le Parlement national, les partis appliquent volontairement des quotas. Il peut aussi y avoir des quotas locaux même lorsqu’il n’y en a pas au parlement national. C’est le cas en Namibie et aux Philippines, ce qui donne lieu à la présence d’un plus grand nombre de femmes à des fonctions de responsabilité à différents niveaux de la hiérarchie politique.
Les résultats des élections de 2010 en Egypte amènent à s’interroger. Les quotas ont permis une progression de 10,9 points de pourcentage du nombre de femmes au Parlement, par contre, aucune femme n’a été élue dans le cadre du processus hors du système des quotas. Auparavant, neuf femmes avaient été élues au Parlement dans le cadre du système électoral normal. Compte tenu du fait que le système des quotas en Egypte est une mesure temporaire destinée à donner la première impulsion à une nouvelle ère de participation des femmes en politique, il serait intéressant de voir les résultats des élections qui suivront la dissolution du Parlement qui a eu lieu récemment et de mesurer alors si le système des sièges réservés est la meilleure option.
L’un des éléments significatifs à avoir pesé sur l’élection des femmes en 2010 a été l’absence de couverture médiatique et les apparitions publiques des candidates. Une analyse de la presse quotidienne durant la période électorale en Tanzanie montre que les hommes politiques l’emportaient sur les femmes notamment sur les sujets concernant les élections. Au Soudan, les rapports démontraient que les femmes bénéficiaient d’une couverture médiatique moins importante. En Bosnie-Herzégovine, des candidates se sont plaintes que les opinions des femmes étaient moins médiatisées. L’élection de la première femme Premier ministre en Australie, Julia Gillard, a suscité un déchaînement médiatique, où il était question de la couleur de ses cheveux et du choix de sa garde-robe. Le calendrier « osé » des députées tchèques publié par le Parti des affaires publiques n’a probablement pas fait beaucoup évoluer les mentalités. Aux Etats-Unis, un certain nombre de groupes de pression féminins ont décidé d’agir contre les repartages sexistes et ont fondé une organisation pour prendre des mesures contre une couverture sexiste de l’information