“Qu’est-ce que les citoyens attendent de leur parlement ?”, tel est le thème choisi par l’UIP pour la Journée internationale de la démocratie de cette année. Les évènements récents montrent bien à quel point ce choix, qui invite au dialogue, est pertinent. D’aucuns diront que les attentes des citoyens sont le plus souvent irréalistes et qu’elles ne peuvent qu’être déçues. Je pense pour ma part qu’il est bon que les citoyens aient de fortes attentes car ce sont ces attentes qui impulsent le changement. La pression du public oblige les responsables politiques à rechercher sans cesse des moyens d’améliorer notre gouvernance démocratique. L’autre hypothèse - à savoir que les citoyens doutent que leur voix puisse être entendue, ou qu’ils finissent par considérer que parlements et politique n’ont plus d’importance - est sans nul doute la plus grande menace qui puisse peser sur la démocratie.
Les citoyens attendent beaucoup, en particulier des parlementaires qui les représentent. Ils attendent de leurs représentants qu’ils expriment et défendent leurs intérêts. Ils les jugent sur leur capacité à leur assurer stabilité sociale, développement économique, santé, éducation, emploi et infrastructures de base. Aujourd’hui, il leur arrive même d’attendre des parlementaires qu’ils règlent pour eux leurs problèmes personnels, qu’ils paient leurs frais de santé, etc.
Le travail auprès des citoyens est le quotidien de tous les parlementaires. Néanmoins, il faut dire clairement que la fonction principale des parlementaires consiste à représenter les citoyens en légiférant dans l’intérêt commun et en demandant des comptes aux gouvernants. Les parlementaires ne sont pas des prestataires de services. Il ne faut pas voir en eux des substituts à l’Exécutif ou aux autorités locales. L’une des missions les plus difficiles de tout parlementaire est de trouver un juste milieu entre le souci de répondre aux attentes locales des citoyens et l’obligation d’agir dans l’intérêt national.
Les parlements se trouvent face à une opportunité exceptionnelle de renforcer leurs relations avec les citoyens et d’établir de nouveaux mécanismes de communication. Avec la démultiplication des moyens d’accès à l’information engendrée par l’arrivée de l’internet, les citoyens sont de mieux en mieux informés et de plus en plus exigeants. La société évolue et parlements et parlementaires doivent évoluer avec elle, ce qui veut dire qu’il faut trouver de nouveaux moyens de faire connaître le travail du Parlement et de recueillir l’avis des citoyens pour en tenir compte dans ce travail. En tant qu’institution centrale de la démocratie, le Parlement doit incarner les valeurs démocratiques que sont le dialogue, la tolérance en politique et le sens du compromis.
Saisissons l’occasion qui nous est donnée de célébrer la démocratie ! Cette année, l’UIP célèbre cet évènement en Inde, plus grande démocratie du monde, et elle en profite pour mettre en avant deux composantes essentielles de la démocratie : l’égalité des sexes et la représentation politique. En d’autres points du globe, des parlements mettent à profit la Journée du 15 septembre pour ouvrir leurs portes aux hommes, femmes et enfants, et pour les inviter à débattre de la signification de la démocratie, des principes qui la sous-tendent et de sa mise en pratique. J’espère que le mouvement qui a gagné la Tunisie, l’Egypte et tout le monde arabe rappellera aux gouvernants du monde entier que les citoyens aspirent profondément et constamment à être associés aux décisions qui les concernent, autrement dit à plus de démocratie. A nous parlementaires et représentants des citoyens de ne pas les décevoir ».