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Communiqué de presse de l'Union interparlementaire
Genève - New York, le 6 mars 2000
N° 92


POLITIQUE : LES FEMMES TEMOIGNENT

Des femmes en politique : pour quoi faire ? Cela apporte-t-il quelque chose de neuf à la politique et un plus pour la société?

Ces questions, l'Union interparlementaire (UIP) les a posées à 187 femmes politiques de 65 pays, toutes tendances idéologiques et horizons confondus. Leurs réponses ainsi que le récit du parcours politique de quelques femmes de chacune des grandes régions et cultures du monde figurent en bonne place de l'étude intitulée " Politique : Les femmes témoignent ", que l'UIP présente aujourd'hui au siège des Nations Unies à New York où la Commission de la condition de la femme des Nations Unies siège pour évaluer le suivi de la Conférence de Beijing et s'apprête à marquer la Journée internationale de la femme.

Basée sur des interviews écrites approfondies dans lesquelles des femmes politiques du monde entier livrent l'intimité de leur expérience personnelle, partisane, parlementaire ou gouvernementale, et leur vision de société, l'étude de l'UIP prouve que la conscience que la démocratie se construit à deux gagne du terrain partout dans le monde. L'étude rappelle que selon un dicton comorien, " on ne peut applaudir d'une seule main ". En complétant les témoignages par une présentation de l'état mondial de la situation en ce qui concerne les femmes dans les parlements et les gouvernements, aujourd'hui et historiquement, l'ouvrage dresse un véritable " état des lieux " quant à l'impact qualitatif que les femmes ont sur les processus et les pratiques politiques et électorales, ainsi que sur le bien-être de la société dans son ensemble. Elle montre qu'en politique une lente révolution plus ou moins affirmée selon les cultures est en train de se produire.

Mme Najma Heptulla, Présidente du Conseil de l'Union interparlementaire et Vice-Présidente du Rajya Sabha (Conseil des Etats de l'Inde) estime que " les femmes participent aujourd'hui plus activement au processus de prise de décision, et cela à tous les niveaux ". En outre, " les gouvernements manifestent une volonté politique accrue d'éliminer toute discrimination systématique fondée sur le sexe. Le mouvement féministe a pris de l'ampleur à l'échelle mondiale et, fait encourageant, les hommes ont fini par admettre les femmes comme partenaires égaux dans la marche de la civilisation vers le progrès ".

Qualifiant de " priorité internationale " la participation des femmes à la prise de décision, Mme Angela E.V. King, Sous-Secrétaire générale à l'ONU et Conseillère spéciale sur la parité entre les sexes et la promotion de la femme, a déclaré que la session extraordinaire de juin de l'Assemblée générale appelée à dresser le bilan du Programme d'action de Beijing mettra l'accent sur la nécessité d'une action soutenue pour assurer la promotion de la femme dans tous les domaines. Selon elle, " l'exigence d'une participation, sur un pied d'égalité, des femmes à la conduite des affaires et aux postes de prise de décision n'est pas une simple affaire de justice, mais une condition sine qua non de la prise en compte des questions touchant à la femme. Toute inégalité des femmes dans ce domaine traduit un " déficit démocratique " et nous devons veiller à assurer leur participation à égalité avec les hommes. Nous ne pouvons plus exclure des sphères du pouvoir celles qui représentent les intérêts et préoccupations de plus de la moitié de la population mondiale. "

Pour sa part, le Secrétaire général de l'UIP, M. Anders B. Johnsson n'hésite pas à affirmer que, partout où elles sont assez nombreuses pour représenter un début de force politique, " les femmes commencent à susciter un changement dans l'environnement et le processus de décision politique et d'infléchir les résultats de la politique ". Il rend néanmoins attentif au fait que " le monde politique, dont on sait qu'il est conflictuel en soi, reste globalement peu ouvert aux femmes : pour chaque pouce de terrain, elles doivent se battre et souvent faire l'amère expérience des rapport de pouvoir, sans renoncer à être pleinement femmes et risquer de tomber dans un mimétisme mâle dévalorisant. Il leur faut aussi " jongler " en permanence pour exercer la politique sans sacrifier leur vie de famille et ne pas mériter à la sévère critique de faire passer leurs enfants après les ambitions politiques ".

La politique et les stéréotypes sexuels continuent de faire mauvais ménage : les femmes politiques interrogées affirment que si l'égalité entre les sexes est généralement consacrée par la législation, les barrières et les difficultés qu'elles rencontrent en politique sont manifestement la preuve que les principes de la parité et de l'égalité dans une démocratie continuent d'être trop souvent mis en échec par des règles et des pratiques bien établies, qui ont été élaborées en leur absence. Toutefois, tiennent-elles à souligner, ces difficultés ne sont pas le seul fait des hommes; " il arrive que des femmes, aveuglées par des intérêts et des ambitions égoïstes, ou dépassées par le caractère conflictuel de la politique, agissent contre les intérêts des autres femmes ".

La politique restant ce lieu de rivalités, les témoignages ont pu être recueillis et reproduits sous la réserve expresse que les intéressées n'aient pas à subir des difficultés du fait de leur liberté de parole. C'est la raison pour laquelle les auteurs de l'étude ont dû opter pour signaler seulement la région d'origine et non l'identité individuelle des femmes interviewées. Les données ont été analysées par Mme Marilyn Waring, professeur associée de politique sociale à l'université Massey (Nouvelle-Zélande), qui fut la plus jeune femme parlementaire de Nouvelle-Zélande, Mme Gaye Greenwood, experte néo-zélandaise des questions relatives aux femmes, et Mlle Christine Pintat, Sous-Secrétaire générale de l'UIP.

Les auteurs auraient souhaité que la " charge de la preuve " ne repose pas seulement sur les femmes mais que les hommes soient aussi soumis aux mêmes questions ; toutefois, l'Union interparlementaire avait constaté que c'est des femmes que l'on continue le plus souvent d'exiger qu'elles justifient la nécessité et l'efficacité de leur participation politique et, en tout état de cause, elle a prévu un débat sur l'étude auquel participeront également hommes et femmes.

Si, en dix chapitres, l'étude cherche essentiellement à montrer comment les femmes changent le cours des choses en politique, en y apportant un autre style, un autre regard, elle a, selon ses auteurs, une autre caractéristique intéressante : " au passage, elle ouvre un fenêtre rarement ouverte - et en tout cas jamais ouverte jusqu'ici sur une telle échelle - sur le vécu quotidien des femmes occupant une charge politique, leurs visions de la société et de l'impact des rapports entre hommes et femmes sur la gestion politique, leurs espoirs, les contraintes morales et matérielles auxquelles elles sont confrontées et la manière dont elles concilient leur engagement politique, les exigences de leur vie privée et leur vie affective. " Des extraits de l'étude se trouvent en annexe de ce communiqué de presse.

L'UIP a pu réaliser cette importante étude grâce au soutien financer de l'Agence suédoise de coopération internationale au développement.

Fondée en 1889, l'UIP a son siège à Genève. Elle compte 139 parlements nationaux affiliés et 5 assemblées parlementaires régionales associées. Elle promeut le partenariat entre hommes et femmes en tant que l'un des fondements de la démocratie et adopté en 1994 un Plan d'action pour remédier aux déséquilibres actuels dans la participation des hommes et des femmes à la vie politique. L'UIP dispose d'un Bureau de liaison avec l'ONU à New York.


Une conférence de presse aura lieu au siège des Nations Unies à New York dans le cadre du lancement de l'étude le 6 mars à 11 heures 15. Les personnalités suivantes seront présentes pour répondre aux questions des journalistes :

Mme Sheila Finestone, Sénatrice canadienne, Présidente du Comité de coordination de la Réunion des femmes parlementaires et membre du Comité exécutif de l'Union interparlementaire; Mme Angela King, Sous-Secrétaire générale des Nations Unies, Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme; M. Anders B. Johnsson, Secrétaire général de l'Union interparlementaire, tél. (001 212) 557 58 80.

Des interviews peuvent également avoir lieu :

A New Delhi : Mme Najma Akbarali Heptulla, Vice-Présidente du Rajya Sabha (Chambre Haute de l'Inde), Présidente du Conseil de l'Union interparlementaire, tél. (91 11) 301 7371/301 6391

A Genève : Mme Christine Pintat, Sous-Secrétaire générale de l'Union interparlementaire, Responsable de la Réunion des femmes parlementaires et du Programme pour la promotion du partenariat entre hommes et femmes, tél. (41 22) 919 41 23/50

Contact pour tout renseignement ou demande d'interview : Mme Luisa Ballin, Chargée de l'Information. A Genève : tél. (41.22) 919.41.16 ou 919.41.27, fax : (41.22) 919.41.60, courrier électronique : lb@mail.ipu.org ou cd@mail.ipu.org. A New York : tél. : (1.212) 557.58.80, fax : (1.212) 557.39.54, courrier électronique : ny-office@mail.ipu.org

Dans le but de compléter notre collection de coupures de presse, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous faire parvenir tout article paru en relation avec ce communiqué de presse.


ANNEXE
Extraits de l'étude

La politique à la manière des femmes

Que veulent les femmes ? " Des solutions, pas le pouvoir ", affirment-elles de manière spontanément consensuelle.

" Les femmes ont, dans l'ensemble, une attitude moins antagoniste et sont plus enclines [que les hommes] au consensus ; elles cherchent moins à marquer des points en politique qu'à résoudre les problèmes. ", explique une Européenne occidentale. Les femmes ont " une façon de régler les problèmes davantage fondée sur le dialogue et le consensus " ; elles donnent " la priorité à la reconstruction de la collectivité, à la sécurité et à la création de perspectives pour les citoyens ", affirme de même une femme du Pacifique sud.

L'étude analyse les motivations des femmes pour entrer en politique, montrant qu'elles sont essentiellement de quatre ordres : une vision ou même un projet de société, l'influence du milieu familial, la situation politique qui affecte le pays ou la région (guerre, bouleversement politique et/ou économique), et le désir de transférer à l'échelon national l'expérience acquise au niveau local. Elle examine aussi les diverses voies que les femmes empruntent pour accéder à la politique et à un mandat électif (parti politique - pour 80% d'entre elles -, ONG, mouvement féministe, syndicalisme, formation professionnelle, références familiales) et fait le point sur la manière dont l'identité féminine influe dans un contexte électoral.

Les auteurs relèvent qu'avec les femmes le processus politique devient plus large et plus riche, qu'il est aussi plus honnête et transparent, et que l'action politique est plus sensible aux besoins de la population, notamment ceux des femmes et des secteurs les plus défavorisés de la société. Résultat : " les femmes redonnent au public confiance en la politique " ; " si le public fait confiance aux femmes, c'est souvent parce qu'il sait qu'elles travaillent dur et qu'elles cherchent à obtenir des résultats concrets. " relèvent deux africaines comme d'ailleurs 80% des femmes interviewées. " Je constate néanmoins que [le public] est moins tolérant à l'égard des échecs des femmes " ajoute l'une d'elles.

Sous la pression des femmes, une évolution de la culture politique

86% des femmes interviewées insistent sur le fait que leur participation au processus politique a changé la nature de la politique en suscitant des changements positifs dans la forme, le comportement politique et les attitudes traditionnelles, le fond, les méthodes et les résultats.

Parmi les principaux effets de l'entrée des femmes sur la scène politique, les femmes interviewées signalent avec insistance la profonde mais bien trop lente évolution de la culture politique, qui se marque notamment dans le discours et les attitudes. " Le langage sexiste a virtuellement disparu. Il y a toutefois eu quelques incidents au Parlement où des députées ont été traitées de " conne ", " garce " ou " bébé ". On s'est moqué d'une femme parlementaire qui avait soulevé le problème de la violence contre les femmes. Il y a encore une tendance à mépriser leur contribution quand les femmes évoquent des questions présentant un intérêt particulier pour les femmes ", commente une femme de l'Amérique du Nord. " Les hommes font attention ; ils ont désormais une certaine tenue, leur comportement a changé, il y a plus de modération, moins de passion et plus d'objectivité " dit aussi une femme de l'Afrique de l'Ouest. Une femme d'Asie centrale dit de même que " la présence de femmes au Parlement entraîne une certaine retenue dans le comportement des hommes ; ils s'expriment avec davantage de correction et de politesse ".

" J'observe que la participation des femmes conduit à un discours moins ritualisé, plis proche des gens ; les femmes humanisent le monde politique ; elles démasquent aussi les côtés prétentieux et plastronneurs " commente une encore européenne occidentale, " mais très peu savent utiliser un langage fondé sur l'égalité " relève une centraméricaine.

S'agissant des pratiques masculines, les femmes interviewées dénoncent les accord occultes, les règlements de compte, l'assassinat des opposants, le mensonge, et les autres pratiques négatives qui entachent trop souvent la vie politique et tendent à justifier la désaffection du public pour les politiques.

Des femmes en politique : quels bénéfices pour la société ?

81,7 % des femmes interviewées affirment que leur perception de la politique et de la société diffère de celle des hommes et 92,6% d'entre elles sont d'avis qu'une participation accrue des femmes à la politique suscite des changements. De fait, la longue marche des femmes vers la parité et vers la scène politique semble en effet avoir eu pour conséquence des changements importants pour la société. L'étude montre que ces changements sont autant de l'ordre de la perception que d'ordre concret.

S'agissant de la perception, une femme d'Afrique de l'Ouest résume la principale évolution en ces termes : " Nous pouvons dire que l'un des effets qualitatifs de l'action politique des femmes est une prise de conscience, par les homes, du rôle de la femme. Les femmes deviennent aujourd'hui actrices et parfois même actrices principales ". Beaucoup relèvent par ailleurs l'extraordinaire rôle de modèle positif pour les autres femmes que jouent les femmes politiques.

Par ailleurs, l'étude recense, notamment en son chapitre 3, quelques exemples de l'action politique individuelle et collective des femmes dans divers pays et divers domaines.

Elle montre que les réalisations tangibles, qui se sont traduites par un mieux pour la société en général, et pour les femmes et les secteurs les plus défavorisés en particulier, touchent avant tout la sécurité sociale, l'égalité entre les sexes, la lutte contre la violence et les abus envers les femmes et les enfants, l'emploi, les services ou l'environnement et, dans certains contextes, la lutte contre la prolifération des armes ou le règlement des conflits.

Les exemples cités concernent l'Afrique du Sud, pays pionnier à bien des égards " où les femmes ont été les fers de lance du changement, et où elles ont fermement influencé la politique, veillé à ce que les questions sexospécifiques occupent la scène nationale, et mis au point des stratégies et des cadres pour intégrer les différences hommes-femmes dans les principales décisions de politiques ". Ils concernent aussi l'Allemagne, l'Australie, le Canada, El Salvador, l'Ethiopie, la Fédération de Russie, la Grèce, l'Irlande, Israël, la Jordanie, la Nouvelle Zélande ou le Pérou et bien d'autres pays.

94% des femmes interviewées estiment toutefois que l'ampleur du changement est largement fonction du nombre de femmes qui participent au processus de décision politique. Et pour 75% d'entre elles, ce facteur nombre exerce une plus grande influence encore que le facteur temps, même si tous deux jouent un rôle important.

Les femmes politiques et les médias

" Les médias peuvent faire ou briser la carrière d'une femme politique ", énonce l'une des femmes interrogées, et cela notamment lorsque les médias ne rompent pas avec les stéréotypes sexuels et lorsqu'au lieu de centrer leur attention sur l'action politique des femmes ils s'intéressent avant tout à leur identité de femme, à leur apparence physique ou à leur vie privée. Les femmes reprochent aussi aux médias une " tendance à se concentrer sur les questions féminines plutôt que sur le problème présenté. Les médias dépeignent souvent les femmes comme s'intéressant aux questions féminines ou sociales et ne rendent pas toujours compte de leurs opinions lorsqu'il s'agit d'autres questions, par exemple l'économie, les transports et le budget ", affirme, notamment, une femme du Pacifique. Or si la quasi totalité des femmes interviewées se sentent investies d'une responsabilité particulière envers les femmes, elles s'estiment surtout investies d'une responsabilité envers tous, hommes et femmes.

Certaines femmes interviewées d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, notamment, admettent toutefois que le fait d'être femme joue plutôt à leur avantage qu'à leur désavantage : " mon statut de femme politique aiguise la curiosité de la presse. Je suis assaillie tous les jours de demandes d'entrevues et d'articles de tous types " affirme même une Africaine de l'Ouest. Et si la rareté des femmes politiques peut jouer favorablement, à l'autre extrême, le fait qu'elles fassent désormais partie du " paysage politique " ordinaire permet qu'une nordique puisse affirmer : " J'ai des relations avec les médias non pas en tant que femme politique mais en tant que responsable politique ; c'est très bien ! "

Le regard que les femmes portent sur les pratiques politiques en cours

En 1997, l'Union interparlementaire a adopté une Déclaration universelle sur le démocratie qui énonce qu'" il ne saurait y avoir de démocratie sans un véritable partenariat entre hommes et femmes dans la conduite des affaires publiques où hommes et femmes agissent dans l'égalité et la complémentarité, s'enrichissant mutuellement de leurs différences ". Or, lorsqu'elles analysent l'état des choses dans leur environnement politique et culturel, les femmes interviewées mettent clairement en évidence qu'il y a encore loin de la théorie à la pratique.

Les femmes ne nient pas que le goût du pouvoir et les rivalités interpersonnelles ou inter-idéologiques puissent être le fait des femmes autant que celui des hommes : " De nombreuses femmes se hissent à des postes de responsabilité en se comportant comme les hommes et sans se préoccuper des besoins des femmes ; dans ce cas, l'accès au pouvoir n'a rien à voir avec l'objectif de la réalisation d'une démocratie véritable ", admet une centraméricaine.

Elles dénoncent toutefois les multiples embûches dont les hommes sèment leur parcours, notamment lorsqu'il s'agit d'accéder aux postes de responsabilité ou d'établir les listes électorales. " La résistance des hommes reste très forte ", " Le problème, ce sont les règles non écrites ; les règles sont définies dans les statuts des partis politiques mais les pratiques ne favorisent pas les femmes ", disent des Européennes occidentales. " Il n'y a pas d'injustice formelle, mais les hommes s'unissent pour faire élire leurs amis aux postes de responsabilité du parti, en particulier lorsqu'il y a une rémunération supplémentaire à la clé ", observe aussi une femme de l'Afrique australe. " Il y a toujours des traditions dans les vieux partis politiques. C'est une franc-maçonnerie ", renchérit une femme d'Amérique du Sud. Et " le nombre de femmes diminue à mesure que le niveau de responsabilités augmente " ajoute une Asiatique. " Les femmes participent aussi activement que les hommes, mais elles ne parviennent pas à progresser, elles sont toujours cantonnées à des positions subalternes dans les organisations politiques et sur les listes électorales ", renchérit une Africaine de l'Ouest. °"Bien que les règles et les pratiques n'interdisent pas aux femmes d'être candidates aux postes de responsabilité, les femmes ne sont pas élues et ne sont pas soutenues pour ces postes. Dans mon pays, il n'y a jamais eu de femme chef de parti", souligne de même une femme d'Amérique du Sud.

" Le parti n'est pas une structure ouverte aux femmes ; plus encore, les partis en général sont des structures plutôt hostiles à l'intégration des femmes " affirme une nordique et 50% des femmes interviewées. Pourtant, dit une Chef de file de l'Europe orientale, " si les postes de responsabilité étaient répartis plus équitablement entre les hommes et les femmes, la qualité du travail et le climat du travail politiques seraient améliorés. "

Beaucoup reconnaissent toutefois que bien des hommes sont sympathiques à l'idée d'une plus grande égalité et s'efforcent de favoriser l'équité.

Egalité et démocratie

Quelle que soit leur origine culturelle ou leur appartenance idéologique, pour 84% les femmes interviewées, il ne fait aucun doute que l'égalité est la voie obligée du partenariat entre hommes et femmes en politique.

Elles n'hésitent pas à affirmer, ainsi que le fait une européenne occidentale, qu'" une démocratie où les femmes sont exclues ou représentées très minoritairement n'est pas une vrai démocratie, (et que) la participation des femmes à la prise de décisions politiques est une question de justice et d'équité ". " L'égalité entre les sexes est le seul moyen démocratique, et le moyen de garantir que différents types d'expériences sont représentés à tous les niveaux ", déclare une nordique. " La vision des hommes et des femmes est différente et … la méthode que les uns et les autres emploient en politique l'est aussi ; je pense que les deux approches ont leur place en politique car elles ne sont pas contradictoires : elles s'enrichissent mutuellement ", renchérit une femme d'Amérique centrale. ° "La participation des femmes à la gestion des affaires publiques est essentielle au fonctionnement et au renforcement de la démocratie, et joue un rôle crucial dans la lutte contre l'oppression", fait observer une autre femme d'Amérique centrale.

77% des femmes interviewées estiment que ce sont les valeurs dominantes quant aux rôles respectifs de l'homme et de la femme qui contribuent à limiter la participation des femmes à la vie politique nationale.

Quelques indispensables aménagements pratiques

Nombreux et divers sont les aménagements signalés ou préconisés par les femmes pour que la vie politique soit plus ouverte aux femmes.

Leur premier souci est de concilier la vie politique et leurs engagements familiaux mais trop rares sont encore les partis politiques qui tiennent compte de ce " nouveau " facteur, jamais pris en compte tant que les hommes dominent complètement l'arène politique. A l'échelle du parlement, les services de crèche ou de garderie disponibles dans les locaux des assemblées des pays nordiques semblent un rêve lointain pour la grande majorité des parlements du monde. De même, une discipline quant aux horaires des réunions politiques et parlementaires qui permettrait aux politiques d'aménager plus judicieusement leur temps réservé à la sphère privée. Résultat : la quasi totalité des femmes interviewées évoquent le stress qui les tenaille et les dilemmes qui les déchirent entre leur aspiration à vivre une vie de femme et de mère et leur aspiration à réaliser une action politique utile et efficace.

Les femmes évoquent aussi les aménagements faits ou à faire dans les locaux de parlements conçus pour et par des hommes afin qu'elles puissent disposer des mêmes services et facilités que les hommes. Plusieurs relèvent qu'à cet égard l'élection d'une femme à la présidence de l'assemblée a été déterminante et que ces questions ne sont pas aussi triviales et secondaires qu'il y paraît : ainsi, l'aménagement de toilettes à proximité de la salle des séances, où se déroulent les votes, plutôt qu'à l'autre extrême du bâtiment, a souvent été obtenu de haute lutte.

Les mécanismes à mettre en place ; les quotas

48% de femmes interviewées indiquent que leur parti a adopté un quota ou une directive interne visant à garantir que le parti présente un pourcentage minimum de femmes aux élections nationales. Si les quotas sont loin de faire l'unanimité, beaucoup admettent qu'ils jouent un rôle important dans l'émancipation politique et même sociale des femmes. Elles soulignent toutefois que ces mesures, de caractère palliatif, ne devraient pas occulter le fait qu'elles sont aussi compétentes que leurs collègues masculins.

Pour faire pénétrer l'idée d'égalité dans les structures politiques, beaucoup évoquent l'importance d'une éventuelle révision des statuts du parti et de sa plate-forme pour qu'ils s'inspirent du principe de l'égalité des sexes. Elles évoquent aussi l'importance de la mise en place d'une commission sur l'égalité des sexes au sein des partis politiques comme au sein du parlement et soulignent surtout qu'une présence des femmes dans toutes les commissions parlementaires est l'une des clés fondamentales du changement à l'avenir : " dans le parlement (de mon pays), narre typiquement une femme du Pacifique, le travail le plus important et le plus exigeant a lieu au sein des commissions : débats sur la législation proposée et possibilité de l'amender avant de transmettre un avis sur le sujet, contre-examen des ouvertures de crédit des ministères, enquêtes et présentation des éléments d'information dans le cadre des enquêtes spéciales. Les parlementaires n'ont pas à subir les intimidations du chef de file et de l'appareil du parti, des ministres et des personnes en poste et peuvent poser des questions délicates, même s'ils ont par la suite des obligations de vote ".

Les femmes interviewées : quelques chiffres et références

  • Parmi les femmes politiques interviewées, 32,6% étaient affiliées à un parti de gauche, 31% à un parti du centre, 16,6% à un parti de droite. La catégorie "autre" 15,5%, englobe les femmes qui ont été nommées sans affiliation politique, ainsi que les femmes membres d'un parti dont l'identité première est religieuse ou ethnique.
  • Parmi elles figurent des Ministres et hauts responsables telles que Ministre d'Etat, Secrétaire d'Etat, Sous-Secrétaire d'Etats ou Secrétaire parlementaire, ainsi que des Présidentes et Vice-Présidentes de parlement et des parlementaires élues ou, plus rarement, nommées à la Chambre haute ou à la Chambre basse de leur pays. La plupart sont entrées au Parlement au cours des dix dernières années et près de la moitié d'entre elles n'ont accompli qu'un mandat.
  • Les Européennes sont les plus nombreuses (39,6%). Les autres régions sont représentées comme suit : Afrique Subsaharienne 19,3%, Asie 14,4%, Amériques 12,3%, Europe, Pays nordiques 7%, Pacifique 4,3%, Etats arabes (3,2%)
  • Toutes les femmes interviewées ont eu accès à l'éducation : 7% ont un diplôme d'études secondaires, 6% ont suivi une formation supérieure, 73% ont une licence et 14% un diplôme d'études avancées. La majorité des femmes titulaires d'un diplôme universitaire ont été fonctionnaires avant d'entrer au Parlement (42%). L'enseignement est lui aussi fortement représenté (17%), la majorité des interviewées ont travaillé dans le secteur tertiaire : fonction publique 75, enseignement 32, autre (agricultrice ou ingénieurs) 26, droit 17, médias, affaires, administration 16, santé et action sociale 14.
  • La majorité des femmes interviewées sont nées entre 1941 et 1960. La plus âgées a 70 ans et la plus jeune 31 ans. A la naissance des six femmes les plus âgées, les femmes ne jouissaient du droit de vote que dans 42 pays.
  • La majorité des interviewées (114, 60%) sont mariées, il y a un nombre équivalent de célibataires (29) et de divorcées (23), tandis que les veuves (12) sont les moins nombreuses. Celles qui se sont classées dans la catégorie "autres" (8) sont peut-être fiancées ou séparées ou en union libre.
  • Parmi les femmes parlementaires, 73% (138) sont mères de famille et un peu plus de la moitié d'entre elles ont un ou deux enfants. Trois femmes interviewées ont, respectivement sept, dix et treize enfants. De plus, 34 femmes doivent s'occuper chez elles d'une personne âgée ou plus, et cinq sont responsables de personnes lourdement handicapées.


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