Communiqué de presse de l'Union interparlementaire
La Havane, le 1 avril 2001
N° 3

S.E. Fidel Castro Ruz, Président du Conseil d'Etat et du Conseil des Ministres de la République de Cuba, a ouvert aujourd'hui la 105ème Conférence de l'Union interparlementaire. La cérémonie d'ouverture s'est tenue au Centre des Congrès de la Havane, en présence du Président de l'Assemblée nationale du pouvoir populaire de la République de Cuba, M. Ricardo Alarcón, du représentant du Secrétaire général de l'ONU, Sir Kieran Prendergast, et de la Présidente du Conseil de l'Union interparlementaire, Mme Najma Heptulla, qui est aussi Vice-Présidente de la Rajya Sabha (Chambre haute du Parlement indien).

Dans son allocution, le Président du Parlement hôte, M. Ricardo Alarcón, a déclaré : "... Lorsque nous nous étions réunis ici en 1981, ce qu'on appelle le néolibéralisme était la théorie qui inspirait les gouvernements de quelques puissances occidentales. Aujourd'hui, ce néolibéralisme constitue un dogme que l'on essaie d'implanter dans le monde entier. Les grands problèmes auxquels nous étions alors confrontés se sont exacerbés et d'autres encore plus graves ont surgi".

M. Alarcón a poursuivi : "... La mondialisation néo-libérale porte en fait profondément atteinte aux idéaux démocratiques. D'une part, elle renforce l'exploitation et la subordination des pays en développement qui doivent se plier aux diktats des mécanismes internationaux contrôlés par une seule superpuissance et, d'autre part, elle contribue à multiplier les exclus dans les pays développés et fait gonfler le nombre des immigrés privés de droits politiques".

Le Président de l'Assemblée nationale du pouvoir populaire a ajouté qu'il "convient de démocratiser les relations internationales, et notamment l'Organisation des Nations Unies et son Conseil de Sécurité, où il doit être mis fin au droit de veto et à la domination d'un seul gouvernement".

Le Secrétaire général de l'ONU, dont le message a été prononcé par Sir Kieran Prendergast, Secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires politiques, à l'intention des 688 représentants de 123 parlements réunis à la Havane, déclarait : "... votre Conférence vient au moment où nous cherchons à renforcer la dynamique de la mise en œuvre des engagements pris au Sommet du millénaire en septembre dernier et à l'occasion d'autres célébrations marquant ce millénaire, notamment à la Conférence des Présidents de parlements nationaux organisée par l'Union. Votre Déclaration a souligné à juste titre la nécessité d'entendre "la voix des peuples", et d'introduire "une dimension plus manifestement démocratique" dans la prise de décisions internationales. La "vision parlementaire" vient compléter celle de l'ONU. Nous ne devons ménager aucun effort pour atteindre les nombreux objectifs que nous nous sommes donnés, même si nous devons admettre qu'ils sont ambitieux, et les grandes espérances qui en sont nées". Le Secrétaire général a ajouté que "l'Assemblée générale m'a demandé d'explorer les moyens permettant de nouer 'une relation nouvelle et renforcée'" avec l'Union interparlementaire sur la base de ce que nous avons déjà accompli. Je formulerai des recommandations à l'attention de l'Assemblée en mai, qui je le souhaite conduiront à des relations beaucoup plus étroites entre nos deux organisations".

La Présidente du Conseil de l'Union interparlementaire, Mme Najma Heptulla, a ensuite pris la parole en remerciant tout particulièrement M. Fidel Castro : "Monsieur le Président, merci d'être parmi nous. Votre attachement à votre peuple a constitué l'histoire de votre vie. Vous représentez la volonté de tous de créer un monde plus juste. Votre oeuvre est une source d'inspiration pour tous ceux qui partagent ce même désir". Elle a poursuivi en observant que les défis que doit relever le monde à l'aube de ce nouveau millénaire reviennent à "renforcer la liberté partout, tout en défendant les principes intangibles du droit international".

Au sujet de la mondialisation, Mme Heptulla a observé que : "... certains d'entre nous craignent les changements qui découlent du régime actuel du commerce mondial. En notre qualité de parlementaires, nous sommes souvent plus en phase que nos gouvernements avec l'angoisse et le dénuement dans lesquels vivent ceux que l'économie a marginalisés. ... A l'échelon mondial, l'Union interparlementaire n'a de cesse de faire en sorte que le bien-être des personnes les plus vulnérables, en même temps que les intérêts économiques et les libertés de toutes les sociétés, soient défendus. ... Nous nous proposons par ailleurs de convoquer à Genève en juin prochain une conférence conjointe avec l'Organisation mondiale du commerce sur le thème : "Pour un système commercial multilatéral libre, juste et équitable : la dimension parlementaire". J'espère que des parlementaires de tous les pays viendront prendre part à cette importante réunion."

La Présidente du Conseil de l'Union interparlementaire a souhaité la bienvenue au représentant du Secrétaire général de l'ONU, Sir Kieran Prendergast, Secrétaire général ajoint. "Sir Kieran, vous êtes parmi nous au moment où nous arrivons à un carrefour important dans les relations entre l'Organisation mondiale des Etats-nations, j'ai nommé l'ONU, et l'Organisation mondiale des parlements, à savoir l'Union. Assurément, à l'issue de l'heureuse conclusion de la toute première réunion des Présidents des Parlements nationaux dans la salle de l'Assemblée générale des Nations Unies, que j'ai eu l'honneur de présider, la plus grande des réunions des chefs d'Etat et de gouvernement, la semaine suivante, a fait mention de cette nouvelle relation dans son historique Déclaration du millénaire. Les chefs d'Etat et de gouvernement se sont engagés à renforcer l'Organisation des Nations Unies en collaborant plus étroitement avec les parlements nationaux par le truchement de notre Union interparlementaire. ... Nous sommes confiants que vos débats, à l'ONU, traduiront le caractère original de l'Union interparlementaire, organisation inter-Etats, et que l'Union bénéficiera d'un statut permettant la réalisation des ambitions que nous nous sommes données en commun."

Mme Heptulla a conclu ainsi : "... le siècle qui s'ouvre veut que la voix des peuples soit entendue dans des instances mondiales et internationales de plus en plus nombreuses. L'Union interparlementaire a un rôle historique à jouer et nous sommes prêts à donner le meilleur de nous-mêmes. Au cours des mois qui viennent, je suivrai avec intérêt les processus par lesquels l'Union nouera des liens de coopération avec l'OMC et avec les institutions de Bretton Woods."

Dans son allocution d'ouverture de la 105ème Conférence interparlementaire, le Président du Conseil d'Etat et du Conseil des Ministres de la République de Cuba, Fidel Castro Ruz, a rappelé que "près de 20 ans ont passé depuis que la 68ème Conférence interparlementaire s'est tenue dans cette même salle. Beaucoup de choses sont arrivées entre-temps et pourtant rien n'a changé, ou plutôt si, la situation s'est aggravée dans des domaines cruciaux pour l'humanité."

Regrettant l'absence de représentants du Congrès des Etats-Unis, le Président Castro a ajouté : "vingt ans sont passés mais bien que nos chers voisins du nord nous aient tristement manqué, nous avons survécu à la nostalgie que leur absence a laissé chez nous."

Le Président Castro a exprimé sa "profonde gratitude pour l'honneur que l'Union interparlementaire a fait a son pays en le choisissant pour y tenir sa 105ème Conférence, qui coïncide avec l'entrée dans un siècle et dans un millénaire nouveaux. Par notre collaboration et notre hospitalité, nous ferons tout ce qui est possible, et même l'impossible, pour nous rendre dignes de votre confiance."

Créée en 1889 et basée à Genève, l'UIP, l'organisation mondiale des parlements, compte 141 parlements affiliés et cinq assemblées parlementaires régionales comme membres associés. Elle dispose d'un Bureau de liaison avec l'ONU à New York.