Plus de 160 législatrices venues de 120 pays ont participé à la Réunion des femmes parlementaires à Manille dans le cadre de la 112ème Assemblée interparlementaire et ont célébré le 20ème anniversaire de la Réunion des femmes parlementaires, que la sénatrice philippine Pia Cayetano, élue Présidente de la Réunion à Manille, a qualifiée de " symbole de la lutte des femmes ".
" Dans beaucoup de pays les femmes continuent d'être privées de leurs droits et sont victimes de diverses formes d'oppression, a ajouté la sénatrice Cayetano, en faisant valoir que seuls 14 pays satisfaisaient à l'objectif de l'UIP, à savoir que les femmes comptent pour 30% au moins parmi les parlementaires. Néanmoins on constate des progrès notables. Il y a 20 ans, les femmes parlementaires se rencontraient à la marge des conférences interparlementaires. Maintenant, elles ont leur propre Réunion. Un grand nombre de femmes parlementaires sont présentes cette année. À la chambre basse du Parlement philippin, 15% des parlementaires sont des femmes, et à la chambre haute la proportion est de 17%, tandis que 25% des ministres sont femmes. Sans compter que le Chef de l'Etat est aussi une femme. La Présidente Arroyo défend un programme d'égalité entre les sexes. Les voix des femmes se feront entendre à la Réunion, et des solutions seront apportées à leurs problèmes ".
L'hôte de la 112ème Assemblée de l'UIP, M. Franklin M. Drilon, Président du Sénat, rappelle qu'en 1986 " les Philippines sont devenues un modèle de pouvoir populaire. Depuis, c'est aux Philippines que le pouvoir exercé par les femmes est le plus visible. En 1986, une femme a renversé un dictateur et restauré les institutions démocratiques du pays. La Présidente Corazon Conjuangco Aquino a sorti la nation du cloaque politique et social où elle se trouvait ".
Aujourd'hui c'est une autre femme, la Présidente Gloria Macapagal-Arroyo qui pilote le pays en des temps économiquement difficiles et turbulents. " Il n'est donc pas de lieu mieux choisi pour commémorer le 20ème anniversaire du groupe des femmes parlementaires que les Philippines ", a insisté le Président du Sénat en souhaitant aux femmes parlementaires la bienvenue à Manille.
Le Président de l'UIP, le sénateur Sergio Páez, s'est aussi adressé à la Réunion des femmes parlementaires. " Je dois vous dire que je prends un plaisir tout particulier à vous rencontrer ". Il a rappelé les 20 années d'existence du groupe, " qui a pris naissance au cours d'une conférence au coeur de l'Afrique, lors de la 73ème Conférence interparlementaire à Lomé (Togo), en 1985, et qui a gagné, avec le temps, en légitimité et en puissance. Les objectifs de travail que nous nous sommes donnés, pour le moyen et le long terme, se sont concrétisés au niveau politique mondial ". M. Páez a conclu en constatant " qu'après deux décennies de travaux assidus, on constate aujourd'hui une amélioration tant quantitative que qualitative de la participation des femmes à la politique, notamment en ce qui concerne leur apport dans la sphère législative ".
La Présidente du Comité de coordination des femmes parlementaires, la sénatrice canadienne Joan Fraser, a déclaré " qu'il importe de réserver des espaces dans lesquels les femmes peuvent se parler les unes aux autres des enjeux communs, et partager des stratégies pour relever les défis. Aussi longtemps que les femmes seront sous-représentées dans les fonctions de pouvoir, il leur sera nécessaire de se retrouver entre elles pour s'encourager mutuellement et travailler ensemble ".
" La Réunion des femmes parlementaires peut être immensément fière de ce qu'elle a accompli au cours des 20 années passées, a observé le Secrétaire général de l'UIP, M. Anders B. Johnsson. La qualité et la portée du débat se sont considérablement accrues à mesure que le temps passait. La Réunion a donné à l'UIP un sceau absolument original : elle est devenue le point de référence mondial pour ce qui est des statistiques sur la participation des femmes à la vie politique ".
Le Secrétaire général de l'UIP a poursuivi en rappelant que " la Réunion a aussi donné une dynamique nouvelle à l'UIP pour s'occuper des questions de protection de l'enfance et élaborer sa panoplie de guides et manuels. Elle a aussi poussé les parlementaires hommes à systématiser les questions de genre dans les déclarations et les résolutions de l'UIP. La Réunion est à l'origine de l'analyse des budgets des parlements dans la perspective du genre - de même que le budget de l'UIP. Mais malgré ces beaux résulats, au rythme actuel des progrès il faudra encore 40 ans aux parlements nationaux pour parvenir à la parité hommes-femmes - preuve qu'il reste encore beaucoup à faire ".
Passant de la célébration à l'action, les femmes parlementaires ont ensuite tenu deux débats à la fois constructifs et concrets sur les femmes et le VIH/SIDA et sur les violences domestiques. Le thème des violences domestiques a été présenté par Mme Maria Antonia Martínez García, sénatrice espagnole, qui a présenté la loi adoptée récemment relative aux violences domestiques, pièce remarquable et très progressiste de la législation européenne, qui pourrait servir de modèle dans bien d'autres pays.