Les 148 femmes parlementaires de 130 pays qui ont participé à la Septième Réunion des femmes parlementaires lors de la 107ème Conférence de l’Union interparlementaire, ouverte hier et qui se poursuivra jusqu’au 23 mars au Palais des Congrès de Marrakech, ont demandé la grâce de la nigériane Safiya Husseini.
Elles ont rappelé que l’Union interparlementaire s’est prononcée de manière réitérée contre la peine de mort et réaffirmé le principe de l’égalité de l’homme et de la femme consacré par les instruments internationaux des droits de l’homme et ceux relatifs à la femme. "Ce principe, ardemment défendu par l’Union interparlementaire, fonde le Programme d’action adopté en 1995 par la Quatrième Conférence mondiale de le femme, à Beijing. Il a été signé par la République du Nigeria. Nous protestons de la manière la plus énergique contre la condamnation à mort de Mme Safiya Husseini, pour adultère, et demandons instamment aux autorités de la République fédérale du Nigeria et de l’Etat de Sokoto d’accorder la grâce à Mme Safiya Husseini. Nous demandons au Parlement de la République du Nigeria de transmettre cette demande instante aux autorités en question".
La Réunion des femmes parlementaires a été présidée par Mme Badia Skali, membre de la Chambre des Représentants du Maroc. Dans l’intervention qu’elle a prononcée après sa nomination, Mme Skali a évoqué "la situation de la femme au Maroc et l’introduction d’un quota de 20 à 25% destiné aux femmes dans les structures de direction et à différents niveaux de responsabilités, ce qui nous a conduit à la préparation d’un projet de loi devant être discuté la semaine prochaine au parlement pour introduire le principe d’un quota de représentativité des femmes dans les élections législatives qui doivent se dérouler cette année". Elle a rappelé le rôle de la Commission royale qu’a instaurée sa Majesté le Roi en vue d’une refonte totale du texte du code de la famille. "Cette commission, qui travaille depuis un an, a des orientations très claires de Sa Majesté pour que les textes soient revus dans le respect des principes d’égalité contenus dans l’Islam, mais en tenant compte de tous les éléments énoncés dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme".
Elle a rappelé que "les nouvelles opportunités offertes par la globalisation ne seront pas exploitées si la femme – comme acteur principal sur la scène mondiale – ne joue pas un rôle clé dans l’économie, en politique, dans la société et la famille. Des lois sont nécessaires afin de permettre une distribution équitable des coûts et des bénéfices des transformations du système économique et social mondial."
La Présidente a.i. du Comité de coordination des femmes parlementaires, Mme Zury Rios-Montt (Guatemala), a rappelé que la Réunion des femmes parlementaire a pour but de "promouvoir et coordonner des discussions d’intérêt commun entre parlementaires et rechercher la démocratie avec un objectif : atteindre l’égalité entre hommes et femmes dans tous les domaines et particulièrement en politique".
Le Président de la Chambre des Représentants du Maroc, M. Abdelwahed Radi, s’adressant aux femmes parlementaires, a déclaré que dans le monde d’aujourd’hui, la femme devait être présente dans toutes les fonctions de direction et de gestion de la société et cela pour le bien de l’humanité. "Vous avez un rôle important à jouer à l’appui de la cause des femmes à travers le monde, que cela soit dans le domaine politique ou dans le domaine économique, social, culturel et juridique. Votre réunion est une véritable préparation de la 107ème Conférence interparlementaire, puisque vous allez examiner les thèmes les plus importants de la Conférence, à savoir le rôle de la femme dans les accords internationaux, la femme parlementaire, les conséquences de la pollution et le terrorisme. Vous allez aussi vous occuper du sort des enfants", a souligné M. Radi. Il a conclu son intervention en mettant l’accent sur "l’effort fait par S.M. le Roi Mohamed VI et par le Gouvernement pour promouvoir la situation de la femme, aussi bien sur le plan politique que sur le plan économique et social".
La Présidente du Conseil de l’Union interparlementaire, Mme Najma Heptulla, par ailleurs Vice-Présidente de la Chambre haute de l’Inde, a mis en exergue la question du terrorisme et le fait que, "comme pour toute autre tragédie, les femmes en sont les principales victimes. Elles ne perdent pas seulement leurs droits démocratiques et de citoyenne égale à l’homme, mais elles sont également sujettes aux dogmes imposés par des régimes rétrogrades". La Présidente du Conseil de l’UIP a également évoqué la mondialisation de l’économie qui "n’a pas été suffisamment analysée dans une perspective hommes-femmes. Le nouvel ordre économique a certains coûts sociaux et plus particulièrement pour les plus démunis. Dans les pays en développement, il y a eu des réductions budgétaires importantes dans le domaine social".
Mme Nezha Chekrouni, Ministre déléguée auprès du Ministre de l’emploi, de la formation professionnelle, du développement social et de la solidarité chargée de la condition de la femme, la protection de la famille et de l’enfance et l’intégration des handicapés du Maroc a quant à elle parlé de la lutte des femmes marocaines pour promouvoir leurs droits. «La question de la femme n’est pas seulement pour nous une question sociale, mais aussi une question qui se trouve au cœur de la démocratie. La lutte que mènent aujourd’hui les Marocains pour l’édification et le renforcement d’un Etat de droit ne peut pas se faire sans prendre en considération la question de la femme qui est fondamentalement une question politique, économique et sociale".
Mme Chekrouni a expliqué la stratégie mise en place pour lutter contre la violence à l’égard des femmes. "Cette stratégie vise le changement du Code du statut personnel qui est le fondement de l’égalité entre les deux sexes. La violence est une question qui touche fondamentalement la dignité de la femme, en plus de l’impact qu’elle peut avoir sur la famille et les enfants". Elle a exprimé l’espoir de "voir les hommes se joindre à nous, parce que nous croyons que l’égalité ne peut se réaliser que grâce à un partenariat entre les hommes et les femmes pour lutter contre les inégalités, l’exclusion et la marginalisation. Nous nous mobilisons ensemble pour sensibiliser et pour changer les lois, notamment les lois concernant le code pénal".
Les femmes parlementaires ont préparé des projets de résolution sur trois thèmes qui ont été référés à la 107ème Conférence interparlementaire :
- Promouvoir la participation des femmes et l'égalité des sexes dans les négociations multilatérales ;
- L'impact de la dégradation de l'environnement sur les femmes et les enfants ;
- Le rôle des femmes parlementaires dans la prévention du terrorisme national et international et dans la promotion de la paix.