Quelque 600 parlementaires de 118 pays, dont 170 femmes, participant à la 114ème Assemblée de l'Union interparlementaire à Nairobi ont aujourd'hui adopté quatre résolutions. Dans l'une d'elles ils ont lancé un appel d'urgence pour que des quantités accrues d'aide alimentaire d'urgence soient rendues disponibles pour les nations d'Afrique frappées par la sécheresse.
Dans une résolution intitulée La nécessité d'une aide alimentaire d'urgence pour combattre la famine et la pauvreté induites par la sécheresse en Afrique, d'une accélération de l'aide à apporter au continent par les nations les plus industrialisées et d'efforts particuliers pour tendre la main à des populations pauvres et désespérées, ils ont exhorté " les gouvernements concernés de prendre toutes les mesures appropriées pour faciliter l'accès aux zones touchées, y acheminer rapidement les secours alimentaires et y assurer la sécurité ".
Les législateurs réunis à Nairobi ont aussi engagé toutes les parties à faire en sorte que les programmes de secours alimentaires ne soient pas détournés à des fins politiques et que les vivres soient distribués à ceux qui en ont besoin, sans interférences politiques.
Les représentants élus des peuples ont recommandé que les parlements, dans les pays touchés, suivent la livraison des secours alimentaires et les ont invités à rendre compte de leurs observations à l'UIP. Ils ont appelé les gouvernements des pays concernés à ne ménager aucun effort pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, " notamment ceux qui ont trait à la réduction de la pauvreté, et pour ce faire, à poursuivre des stratégies de développement durable ". Ces stratégies " doivent viser à promouvoir la bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme, l'élimination de la corruption, et une production alimentaire durable, à mettre en place des infrastructures et à assurer l'accès aux différentes populations et avant tout, leur sécurité ".
Lutte contre le trafic des armes légères et de petit calibre (ALPC)
Les parlementaires ont aussi adopté une résolution intitulée Le rôle des parlements dans le renforcement de la lutte contre le trafic des armes légères et de petit calibre, ainsi que de leurs munitions, dans laquelle ils prient instamment les parlements de s'engager activement dans la lutte contre la prolifération et l'usage impropre des ALPC comme élément-clé des stratégies nationales de prévention des conflits, de construction de la paix, de développement durable, de protection des droits de l'homme et de santé et de sécurité publiques.
Ils ont instamment prié les parlements de promouvoir et d'assurer l'adoption au niveau national des législations et des réglementations nécessaires pour contrôler efficacement les ALPC, et de lutter activement contre leur prolifération et leur usage impropre, mais aussi de promouvoir l'élaboration d'un traité sur le commerce international des armes pour réglementer rigoureusement les transferts d'armes sur la base des obligations des Etats en vertu du droit international et des normes internationalement acceptées en matière de droits de l'homme.
Les parlements devraient aussi promouvoir des initiatives internationales et régionales d'élaboration de normes communes pour contrôler strictement les activités de quiconque négocie des transferts d'armes, ou les facilite, entre pays tiers; et de prévoir des sanctions légales rigoureuses à quiconque fournit des ALPC aux enfants, ou recrute et utilise des enfants dans les conflits ou opérations armées. Les législateurs ont aussi demandé aux parlements " de prévoir des sanctions légales au niveau national pour quiconque commet des crimes ou des atrocités contre des groupes sociaux vulnérables comme les personnes âgées, les femmes et les enfants, ainsi que des mesures pour prévenir ces crimes ou atrocités ".
Finances, commerce et développement durable
En ce qui concerne Le rôle des parlements dans la gestion de l'environnement et la lutte contre sa dégradation à l'échelle mondiale, les législateurs ont recommandé que les parlements " incluent dans les budgets des indicateurs précis des coûts financiers et non financiers liés à la dégradation de l'environnement ", et " promeuvent l'élaboration d'outils et de méthodes nouveaux et d'usage plus général pour mesurer le PIB et les autres indicateurs économiques normalisés ".
Ils ont rendu hommage au rôle particulier des femmes dans la protection de l'environnement, et ont appelé à ce que celles-ci soient systématiquement associées aux processus décisionnels relatifs à celui-ci, dont elles sont traditionnellement exclues, et à ce que les femmes bénéficient d'un accès plus équitable à la propriété foncière. Considérant la société dans son ensemble, et dans l'esprit de la Décennie des Nations Unies pour l'éducation en vue du développement durable, la résolution souligne la nécessité que " les gouvernements et les parlements militent pour la sensibilisation et l'éducation environnementales de manière à éduquer le public en matière de lutte contre la dégradation de l'environnement ".
En matière d'énergie, de conservation et d'autres aspects de la gestion des ressources naturelles, la résolution adoptée aujourd'hui formule des réserves sur l'utilisation de l'énergie nucléaire dans le cadre de l'assortiment des solutions énergétiques, et appelle à ce que davantage de recherches soient faites sur les problèmes que posent le démantèlement des centrales nucléaires, l'entreposage des déchets et les fuites accidentelles de matières radioactives. En revanche, un soutien inconditionnel a été apporté à la mise en œuvre des solutions dites 3R (réutiliser, recycler, réduire) en combinaison avec " la mise au point de produits respectueux de l'environnement […] afin de promouvoir l'émergence d'une société fondée sur un cycle rationnel des matières ". Enfin, les législateurs ont appelé les parlements à faire tout leur possible pour que l'augmentation des températures moyennes de la planète soit limitée à 2° par rapport aux niveaux pré-industriels.
Lutte contre la violence à l'égard des femmes dans tous les domaines
Les parlementaires réunis à Nairobi ont aussi adopté une résolution intitulée Comment les parlements peuvent-ils et doivent-ils promouvoir une lutte efficace contre la violence à l'égard des femmes dans tous les domaines ? Ils ont appelé les gouvernements et les parlements à donner la priorité et à sensibiliser le public à la violence à l'égard des femmes, qui est à la fois une cause et une conséquence de la propagation du VIH/SIDA, et à intégrer ces considération dans la stratégie nationale pertinente; à mettre en œuvre la résolution 52/86 de l'Assemblée générale des Nations Unies sur les mesures en matière de prévention du crime et de justice pénale pour éliminer la violence contre les femmes; et en particulier, à punir tous les actes de violence contre les femmes perpétrés par des Etats ou des acteurs non étatiques dans les sphères publique et privée; à instituer des tribunaux spécialisés dans les affaires de violence à l'égard des femmes; enfin à créer une instance gouvernementale chargée de faciliter les poursuites dans tous les cas d'actes de violence.
Les gouvernements et les parlements devraient faire prendre conscience au public du problème que représente la violence à l'égard des femmes, et " adopter et faire appliquer des lois contre les auteurs de pratiques et d'actes de violence contre les femmes et les enfants prévoyant des mesures sévères et expresses pour combattre la récidive ". En outre, les parlements sont engagés à " examiner la législation pour repérer les pratiques et les traditions faisant obstacle à l'instauration de l'égalité entre les sexes et à éliminer l'inégalité dans tous les domaines, en particulier l'éducation, la santé et l'accès à la propriété foncière ". Des changements dans les attitudes sociales et culturelles face au rôle de chaque sexe doivent aussi être encouragés, et les types de comportement qui engendrent la violence doivent être éliminés, la coopération avec les médias à cette fin étant encouragée.
Il est demandé aux parlements de dénoncer et de combattre les formes extrêmes de violences sexistes contre les femmes qui découlent de la violation de leurs droits fondamentaux et d'un ensemble de comportements misogynes pouvant rester impunis, et qui peuvent aller jusqu'à l'homicide ou à d'autres types de mort violente.
Enfin, gouvernements et parlements sont engagés à ériger en crimes le viol, l'esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation forcée, ou toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable et à les réprimer en tant que tels. En ce qui concerne la traite des personnes, les parlementaires ont insisté sur la nécessité d'établir une coopération internationale et régionale entre les pays d'origine, de transit et de destination, par des instruments tels que des accords bilatéraux et des traités internationaux.