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Communiqué de presse de l'Union interparlementaire
New Delhi, le 18 février 1997
N° 3


LA CONFERENCE DE NEW DELHI SUR LES FEMMES EN POLITIQUE S'ACHEVE SUR UN ENGAGEMENT

La Conférence de l'Union interparlementaire sur le thème "Vers un partenariat entre hommes et femmes en politique" a clos ses travaux à New Delhi le 18 février 1997 en présence du Premier Ministre de l'Inde, Shri H.D. Deve Gowda, qui l'a qualifiée de "session historique" allant "ouvrir une nouvelle page" dans l'histoire de la démocratie.

Le Premier Ministre avait pris la parole juste avant la clôture de la Conférence par son Président, Shri P.A. Sangma, Président du Lok Sabha, qui, dans sa synthèse des travaux, a déclaré qu'il s'agissait là de "l'une des plus importantes conférences internationales tenues à la veille du troisième millénaire". Cette synthèse était assortie de recommandations sur les moyens de réaliser la parité et de promouvoir le partenariat entre hommes et femmes en politique, notamment par des quotas pour les candidates de partis politiques, des fonds spéciaux pour le financement de leurs campagnes et la formation des femmes politiques aux relations avec les médias.

Mme Najma Heptulla, Vice-Présidente de la Chambre haute du Parlement indien et de la Conférence, a déclaré lors d'une ultime conférence de presse que cette session, qui avait réuni en nombre presque égal des parlementaires des deux sexes (119 femmes et 121 hommes de 78 pays) représentant une multitude de partis politiques, était "un exemple pour le monde". Cette observation a amené le Président de la Conférence à exprimer l'espoir que "tous nos parlements et rencontres internationales, à l'instar de celle-ci, seront de plus en plus à l'image de nos sociétés et deviendront finalement paritaires". La Conférence a été organisée à l'invitation du Parlement indien.

Pour le Secrétaire général de l'Union interparlementaire, M. Pierre Cornillon, la Conférence a non seulement "exprimé son attachement à la cause" des femmes en politique, mais a également prouvé que les "efforts inlassables" déployés par l'Union en la matière avaient "payé". L'Organisation, qui réunit les parlements du monde, oeuvre depuis une vingtaine d'années pour favoriser l'accès de la femme au parlement, convaincue que la démocratie ne prendra tout son sens dans la pratique que lorsque les orientations politiques et les législations seront définies conjointement par les hommes et les femmes, dans l'intérêt des deux moitiés de la population. Les résultats de la Conférence de New Delhi seront soumis aux organes directeurs de l'Union à la prochaine session qu'ils tiendront en avril à Séoul lors de la Conférence statutaire, où tous les parlements membres seront appelés à faire siennes les recommandations et à les mettre en oeuvre à l'échelle nationale.

L'étude publiée à l'occasion de la Conférence montre qu'en moyenne 11,7 pour cent seulement des sièges de parlementaires dans le monde sont occupés par des femmes, que seuls 7,1 pour cent des assemblées parlementaires sont présidées par une femme et que 11 pour cent des chefs de partis politiques et moins d'un tiers de l'effectif de leur bureau sont des femmes.

M. Sangma a dit que dans le prolongement de la Conférence il faudrait prévoir un sommet des chefs de gouvernement sur le partenariat entre hommes et femmes en politique.

Dans sa Déclaration résumant les résultats de la Conférence, le Président a relevé qu'il fallait "un changement profond des mentalités des hommes comme des femmes" pour combler "l'écart béant" entre le droit - presque toutes les Constitutions du monde consacrent l'égalité entre hommes et femmes dans tous les domaines - et la réalité. "L'enjeu de fond est la démocratie elle-même".

"Il va sans dire que les droits politiques des femmes doivent être considérés dans le cadre de l'intégralité des droits de la personne et ne sauraient en être isolés", a-t-il ajouté.

On trouvera ci-dessous les autres recommandations et conclusions majeures de la Conférence :

  • Un minimum de 30% de femmes au parlement : "une amélioration significative de la situation se produirait si le nombre de femmes au parlement atteignait" le seuil de 30% (ce qui est déjà fait dans les pays nordiques), mais "la parité au sein des gouvernements ne [pourra] pas être atteinte tant que les partis politiques ne présenteront pas un nombre suffisant de candidates en les plaçant en position d'éligibilité".
  • Une plus grande ouverture des partis aux femmes : "pour les femmes, il est...très difficile de trouver leur place au sein des structures partisanes qui se sont développées et fonctionnent selon des critères essentiellement masculins".
  • Quotas : les avis sur les quotas réservés aux femmes au parlement sont "divergents" mais un "consensus" s'est clairement dégagé en faveur des quotas pour obtenir un nombre minimum de candidates. "Il est clair pour chacun d'entre nous que le système des quotas est un mal nécessaire qui ne devrait s'appliquer que temporairement pour remédier au déséquilibre spectaculaire qui sépare les hommes des femmes et que ce mécanisme devrait être aboli une fois obtenu l'effet escompté".
  • Représentation proportionnelle ou majorité simple : "le système de représentation proportionnelle ou un système électoral mixte ouvre aux femmes des chances d'élection bien supérieures à celles qu'elles ont dans le cadre du système majoritaire".
  • Responsabilités familiales : "les partis ont...été invités à prendre des dispositions pour faciliter une égale participation des femmes et des hommes à leurs activités, en tenant compte des responsabilités familiales des uns et des autres".
  • Partage équitable du travail rémunéré et non rémunéré : étant donné la répartition inégale du travail rémunéré et non rémunéré entre hommes et femmes, cette question devrait être inscrite à l'ordre du jour politique dans tous les pays, et assortie de propositions visant à obtenir un partage équitable des tâches ménagères non rémunérées entre hommes et femmes de manière à laisser à ces dernières le temps de s'occuper de politique.
  • Education des femmes : l'éducation est "l'une des conditions pour l'intégration d'un nombre accru de femmes à la vie politique" et "doit viser autant les hommes que les femmes pour briser les structures mentales patriarcales, et elle doit commencer dès le plus jeune âge".
  • Formation politique et électorale : elle est "aussi indispensable aux hommes qu'aux femmes" mais celles-ci ont besoin d'une "pré-formation". Elle devrait viser : l'exercice de la citoyenneté, commencé dès l'âge scolaire de sorte que la participation à la vie politique ne se réduise pas au simple fait de déposer un bulletin dans l'urne; les moyens de présenter sa candidature à une élection et de mener à bien une campagne électorale, avec les appuis moraux, matériels et logistiques du parti politique et des réseaux informels de soutien et la confiance de l'électorat que cela suppose; et la formation aux procédures parlementaires. Les partis politiques devraient également mettre sur pied des programmes de formation à l'intention des candidates, les parlements former les parlementaires nouvellement élus pour les préparer à leurs fonctions et les programmes d'éducation combattre les stéréotypes touchant les rôles féminins et masculins.
  • Financement de la formation politique des femmes : il convient de déployer de vastes efforts pour réunir les fonds nécessaires à cette fin.
  • Financement des campagnes électorales des femmes : "les partis pourraient présenter systématiquement un tiers de candidatures féminines et leur allouer un tiers de leurs fonds électoraux"; les institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale, devraient créer des fonds spéciaux afin d'accorder des contributions ou des prêts sans intérêts aux candidatures féminines; le financement public des partis politiques devrait être lié au pourcentage de candidates ou assorti d'autres incitations et il conviendrait d'encourager et de développer les fondations ayant pour mission de financer les campagnes électorales de femmes.
  • Rôle des médias : "aujourd'hui, les médias jouent aussi un rôle important en politique". On mettra l'accent sur la nécessité de préparer les femmes aux relations avec les médias afin d'améliorer leur savoir-faire en la matière et de les aider à faire mieux passer leur message. Quant aux médias, ils devraient adopter "une nouvelle optique" afin que l'image des femmes politiques qu'ils véhiculent "ne soit pas limitée à leur seule identité féminine mais soit l'image de véritables acteurs de la vie politique". Parlements et partis politiques devraient organiser des sessions de relations publiques axées sur la question de l'image des femmes politiques dans les médias; quant aux journalistes, il leur faudrait veiller à ne pas interviewer exclusivement des hommes politiques; un prix annuel pourrait être décerné aux organes de presse ayant couvert en toute impartialité l'activité des hommes et des femmes politiques.
  • Réseaux de femmes politiques : "un mouvement particulièrement fort pourrait être créé si les femmes parlementaires conjuguaient leurs efforts pour que les politiques dans tous les domaines soient élaborées en prenant en compte la vision des femmes". De telles initiatives pourraient être facilitées par des commissions nationales pour les femmes. Les réseaux auraient notamment pour tâche de former les nouvelles élues.
  • Observatoire des droits de la femme : chaque Etat devrait mettre en place "une instance multidisciplinaire consultative qui pourrait exercer une fonction de contrôle pour s'assurer que les intérêts et besoins des femmes soient pris en compte dans tous les domaines".
  • ONG : il convient d'encourager et de soutenir l'action des organisations non gouvernementales qui jouent un rôle crucial dans l'instauration d'une démocratie paritaire afin qu'elles maintiennent et renforcent leur contrôle sur le processus politique.
  • Action des parlements : ceux-ci devraient créer des commissions spécialement chargées de veiller au respect des engagements pris concernant les droits des femmes et adopter la législation nécessaire à la réalisation de ces droits.
  • Coopération entre l'ONU et l'Union : l'Union interparlementaire devrait renforcer sa coopération avec la Division de la condition de la femme de l'ONU, donnant ainsi une suite concrète à l'accord de coopération conclu en juillet dernier avec l'ONU.
  • Réunions régionales futures : L'élan suscité par la Conférence de New Delhi pourrait être maintenu par la tenue de réunions parlementaires régionales consacrées à des aspects particuliers de la question. L'Union devrait poursuivre, seule ou en coopération avec l'UNESCO, ses recherches sur les moyens de faire participer les femmes à la vie politique et étudier des questions telles que les femmes politiques et les médias.

"En conclusion", a relevé M. Sangma dans sa Déclaration de synthèse, "le déséquilibre entre hommes et femmes en politique est patent...un consensus des hommes et des femmes s'est clairement manifesté ici sur l'urgence de remédier à cette situation et...des solutions concrètes ont été définies.

Il reste maintenant à mobiliser une volonté politique soutenue pour passer du discours à l'action. C'est notre responsabilité commune et, en votre nom à tous, je voudrais affirmer ici notre engagement à assumer pleinement cette responsabilité. Il y va de la démocratie et du développement de nos pays".


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