La parlementaire suédoise Ulrika Karlsson en conversation avec des enfants syriens réfugiés au camp de Zaatari.©UIP |
Il est urgent de trouver une solution politique négociée à la crise syrienne. Tel est le constat d’une mission dépêchée en Jordanie par l’UIP pour y apprécier l’incidence de l’afflux de réfugiés. La délégation a également estimé que l’action humanitaire destinée à faire face aux répercussions du conflit était non seulement insuffisante, mais en outre qu’elle n’était pas viable.
La délégation qui se compose de parlementaires venus du monde entier et du Secrétaire général de l’UIP, Anders B. Johnsson, a pu voir de ses yeux ce que traversent les Syriens réfugiés en Jordanie et mesurer les répercussions de leur présence. L’objet de cette mission, qui s’achève vendredi 28 juin, est de susciter une action parlementaire face à l’exode des Syriens et à la crise humanitaire qui ne cessent de s’amplifier.
La Jordanie abrite près de 500 000 réfugiés syriens, sur un total de 1,6 million, ce qui signifie que sa population a augmenté de 6 pour cent depuis de début du conflit syrien.
La mission a rencontré des réfugiés Syriens et des responsables des organisations humanitaires au camp de Zaatari. Construit en un an, ce camp accueille actuellement 120 000 personnes, ce qui en fait la cinquième ville de Jordanie. La mission de l’UIP a également eu des entretiens approfondis avec des dirigeants jordaniens, notamment le Premier ministre, Abdullah Ensour, le Ministre de l’Intérieur, Hussein Majali, et les Présidents des deux Chambres du Parlement jordanien.
« Nous sommes épatés par les efforts qui sont déployés pour atténuer les immenses souffrances qui se manifestent ici », a déclaré le parlementaire indonésien et Président du Comité de l’UIP chargé de promouvoir le respect du droit international humanitaire, Andi Anzhar Cakra Wijaya. « La mission a aussi été frappée par la générosité de la Jordanie, malgré les nombreuses difficultés économiques auxquelles elle doit faire face et la forte pression qui pèse sur ses ressources pour répondre aux besoins des Jordaniens eux-mêmes. »
L’eau va bientôt venir à manquer et les services sanitaires, scolaires et autres sont au maximum de leur capacité. Dans le nord de la Jordanie, il faut construire d’urgence des dispensaires, des hôpitaux et des écoles.
« Les besoins des réfugiés et des Jordaniens sont si grands que la situation risque rapidement de ne plus pouvoir être maîtrisée. Le risque d’instabilité est un véritable problème. Le temps presse. La Jordanie et les autres pays accueillant des réfugiés syriens ont besoin que le monde entier se mobilise et s’associe à l’action, et pas uniquement les donateurs traditionnels », a déclaré le Secrétaire général de l’UIP, Anders B. Johnsson.
Dans ses premières conclusions, la mission de l’UIP a souligné le besoin urgent, d’une part, d’injecter les moyens nécessaires pour atténuer les souffrances et, d’autre part, d’envisager de nouvelles façons de pourvoir aux besoins humains et financiers pour remédier à la crise à moyen et à long terme. La mission propose notamment de faire appel à des médecins étrangers pour soigner les réfugiés de façon à alléger la charge qui pèse actuellement sur le système sanitaire jordanien.
Toutefois, la mission de l’UIP demeure inquiète quant à la pérennité de l’action humanitaire nationale et internationale, sachant que le conflit syrien ne semble pas prêt de s’arrêter.
Egalement préoccupée par le fait que les enfants réfugiés étaient déscolarisés, parfois depuis deux ans, la mission a souligné l’importance de leur assurer une éducation complète. Il est en effet essentiel pour que la Syrie puisse un jour vivre dans la paix et la démocratie, que ses enfants connaissent les droits et les devoirs qui découlent de la citoyenneté et aient conscience de la nécessité de traiter les femmes et les hommes sur un pied d’égalité.
La mission présentera des conclusions complètes à tous les parlements dans les jours et les semaines qui viennent et les engagera à faire le nécessaire pour que leurs pays respectifs fournissent une aide concrète.
Certains des parlementaires qui ont pris part à la mission ont également déclaré leur intention de mobiliser des fonds et de susciter une action politique dans leur parlement pour remédier aux souffrances de réfugiés et atténuer la charge que leur présence représente pour les pays qui les accueillent.