Une jeune réfugiée kurde, venue de Kobané (Syrie), devant l'abri qui lui sert de maison en Turquie voisine. La violence perpétrée contre les filles en Iraq et en Syrie a mis en évidence les violences faites aux filles en situation de conflit. ©Reuters/Osman Orsal |
Il faut intensifier les actions de protection des filles contre tous les types de violence. C’est ce que déclare l’UIP qui appelle à assurer à ce groupe de population, qui est l’un des plus vulnérables, un avenir exempt de mauvais traitements et riche de possibilités.
A l’occasion du 25 novembre, Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, l’UIP enjoint instamment les parlements et les parlementaires de la planète de légiférer pour mettre fin aux violences faites aux filles.
Les filles sont partout confrontées à la violence. En plus des abus sexuels, physiques ou psychologiques auxquels les femmes sont aussi exposées, les petites filles sont par millions menacées d’être mariées précocement, excisées ou soumises à d’autres pratiques préjudiciables.
Les chiffres de l’ONU concernant l’ampleur du phénomène sont alarmants. Un tiers des filles âgées de 15 à 19 ans ont déjà été victimes de violences infligées par leur mari ou leur partenaire. A l’échelle mondiale, près de 50 % des agressions sexuelles concernent des filles de moins de 15 ans.
Le mariage des enfants reste une pratique répandue. Dans la majeure partie des pays en développement, une fille sur trois est mariée avant l’âge de 18 ans, une sur sept avant l’âge de 15 ans, selon les chiffres du FNUAP.
Même si les organismes de l’ONU signalent une prise de conscience croissante du problème des mutilations sexuelles féminines, 3,3 millions de filles courent encore chaque année le risque d’être excisées.
Cette année, l’enlèvement de plusieurs centaines d’écolières au Nigeria ainsi que le viol, le mariage forcé et l’esclavage sexuel imposés à des filles en Iraq et en Syrie a mis en lumière les violences exercées contre les filles en situation de conflit.
Les conséquences sur la santé des victimes sont dévastatrices. Le taux de mortalité lié à la grossesse est deux fois plus élevé chez les filles mariées à un jeune âge que chez les femmes entre 20 et 30 ans, ce qui nécessite l’inclusion de mesures spéciales dans les politiques de santé maternelle et infantile.
« Même si l’on observe une progression lente mais sensible de la lutte contre la violence faite aux femmes, il y a peu de textes législatifs portant spécifiquement sur la violence faite aux filles. Il faut que le monde se réveille et prenne des mesures rapides et exhaustives pour remédier à cette situation », indique le Président de l’UIP, M. Saber Chowdhury.
Si certains pays comme le Burkina Faso et l’Ethiopie ont des lois sur les mutilations sexuelles féminines, à l’échelle mondiale les lacunes législatives sont trop nombreuses pour garantir une lutte efficace contre les violences faites aux filles.
L’UIP appelle les parlements à abroger les lois qui facilitent ces violences et à prendre des mesures pour que les responsables soient traduits en justice. Sont notamment visées les lois qui permettent à un violeur d’éviter toute sanction s’il épouse sa victime.
L’UIP, qui s’emploie à renforcer l’action parlementaire de lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles, a lancé une action de mobilisation des parlementaires d’Asie pour qu’ils exigent de leur gouvernement la stricte application des lois en vigueur.
Le 25 novembre, l’UIP organise au Siège de l’ONU, en coopération avec ONU Femmes et le World Future Council, une manifestation qui vise à cartographier les lacunes législatives en matière de violence sexiste et à mettre en valeur les politiques qui ont prouvé leur efficacité.
« Les parlements ont la responsabilité et le pouvoir de protéger les filles. Il y a des solutions. On peut par exemple porter l’âge légal du mariage à 18 ans, prolonger la scolarité des filles pour retarder le mariage ou veiller à l’application effective des lois en vigueur. Les parlementaires ont les moyens de changer la vie de centaines de millions de filles, ils doivent s’en servir. » précise M. Chowdhury.