Selon l’Union interparlementaire (UIP), l’augmentation du nombre de femmes Présidentes de parlement en 2015 et certains succès sur le plan régional ne sont que quelques lueurs d’espoir dans une année décevante s’agissant de la participation des femmes au Parlement.
Il ressort du rapport intitulé « Les femmes dans les parlements : regard sur 2015 », publié en vue de la Journée internationale de la femme le 8 mars, que la participation des femmes au Parlement n’a guère progressé dans le monde, puisque le nombre de femmes parlementaires n’a augmenté que d’un demi point de pourcentage en 2015, et ce, pour la deuxième année consécutive. Aujourd’hui, 22,6 pour cent des parlementaires dans le monde sont des femmes.
Même si c’est un record et que ce chiffre s’inscrit dans la tendance générale à la hausse, le taux de progression en 2015 est en recul par rapport à 2013, où la hausse enregistrée était de 1,5 point de pourcentage. Ce dernier résultat avait fait naître l’espoir que, si cette tendance pouvait être maintenue, on pourrait atteindre la parité en l’espace d’une génération.
Au cours des 10 dernières années, le pourcentage de femmes parlementaires dans le monde n’a augmenté que de 6,4 pour cent et les chiffres de 2015 ne laissent pas présager que la tendance changera de sitôt.
A ce propos, le Secrétaire général de l’UIP, M. Martin Chungong, a indiqué : « Le monde a fixé de nouveaux objectifs sur le plan de l’égalité des sexes et de la participation pleine et égale des femmes à tous les niveaux de prise de décision dans les 15 ans qui viennent. Les statistiques de l’UIP sur les femmes dans le parlement montrent toute l’urgence de trouver des solutions novatrices et de faire changer les mentalités si l’on veut pouvoir atteindre les objectifs relatifs à l’émancipation des femmes et à leur participation à la vie politique ».
La faible augmentation du nombre de femmes parlementaires contraste avec l’évolution plus positive du nombre de Présidentes de parlement. En 2015, ce nombre est passé de 43 à 49 (sur 273), soit 17,9 pour cent des Présidents de parlement.
Du fait de cette hausse de 2,1 points de pourcentage par rapport à 2014, le nombre de Présidentes de parlement a atteint un niveau sans précédent. Les parlements de la Namibie et du Népal ont écrit une nouvelle page de leur histoire en élisant pour la première fois une femme à leur tête. Il en va de même dans les Emirats arabes unis, où la première Présidente du Conseil national de la Fédération est aussi la première femme à présider un parlement dans le monde arabe.
Les Présidents de parlement étant parmi les personnalités politiques les plus influentes sur le plan national, les femmes qui occupent un tel poste ne sont donc pas seulement des modèles et des exemples à suivre pour les autres femmes parlementaires, elles jouent un rôle décisif pour ce qui est de changer les mentalités sur ce qui constitue une évolution nécessaire.
Au niveau régional
En 2015, des élections législatives ont eu lieu dans 58 pays : certaines régions ont fait mieux que d’autres et quelques-unes ont réalisé des progrès spectaculaires.
Les Amériques, qui affichent toujours la plus forte moyenne régionale de parlementaires femmes, se sont une fois de plus écartées de la tendance mondiale. Un plus grand nombre de candidatures féminines ou leur placement à un rang plus élevé sur la liste électorale, ainsi que l’instauration de quotas et la mise en œuvre de lois en matière d’égalité des sexes, ont permis d’augmenter la moyenne du continent américain de 0,8 points de pourcentage. Aujourd’hui, les femmes comptent pour 27,2 pour cent des parlementaires de la région.
En Afrique sub-saharienne, où la violence et les conflits ont marqué les élections dans plusieurs pays, le nombre de femmes parlementaires a néanmoins enregistré une hausse de 0,7 point de pourcentage. La moyenne régionale des femmes parlementaires est de 23,2 pour cent, mais l’Éthiopie et la Tanzanie ont affiché la plus forte augmentation, principalement grâce à la mise en place de quotas.
En Europe, les quotas volontaires adoptés par les partis politiques au Royaume-Uni ou la mise en œuvre d’une loi sur l’égalité en Espagne ont permis d’atteindre les objectifs nationaux dans ces deux pays, qui se sont traduits par le nombre le plus élevé jamais atteint de femmes élues au parlement. Dans l’ensemble, la moyenne régionale européenne a augmenté de 0,4 points de pourcentage, pour atteindre un taux de représentation de 25,4 pour cent de femmes au parlement.
Le monde arabe, qui continue à progresser sur le plan de la participation des femmes dans la vie politique, a augmenté sa moyenne régionale de 0,3 point de pourcentage pour atteindre un taux de représentation de 17,5 pour cent. En Egypte, la mise en œuvre d’une nouvelle loi sur le renforcement de la participation des femmes à la vie politique dans le pays, à la rédaction de laquelle l’UIP a contribué par ses conseils, ainsi qu’une loi électorale nationale au Soudan ont permis de réaliser des progrès au niveau régional.
Quant à l’Asie-Pacifique, la situation y est demeurée stable, affichant une progression de seulement 0,1 point de pourcentage du nombre de femmes parlementaires. Au cours des dernières années, c’est la région qui a connu la progression la plus faible.
Les cinq pays en tête du classement, c’est-à-dire où l’augmentation du nombre de femmes parlementaires a été la plus importante, sont le Suriname, l’Egypte, l’Ethiopie, le Myanmar et le Royaume-Uni, qui ont accusé des hausses situées entre 15,7 et 7,4 points de pourcentage.
Andorre, la Croatie et le Burkina Faso ont enregistré les plus forts reculs, le pourcentage de femmes parlementaires ayant accusé une baisse de 14,3, 8,6 et 6,3 points de pourcentage, respectivement. L’absence de quotas était la cause principale de la baisse enregistrée à Andorre. Au niveau mondial, le nombre de parlements ne comptant que des hommes est passé de cinq à sept.
L’avenir
Les résultats des élections parlementaires en 2015 ont montré une nouvelle fois que les quotas et les systèmes de représentation proportionnelle sont plus efficaces pour augmenter le nombre de femmes au parlement. Cependant, le succès dépend toujours de la manière dont ces mesures ou ces systèmes sont mis en œuvre.
Le rapport de l’UIP met également l’accent sur la nécessité de surmonter les obstacles auxquels se heurtent les femmes qui veulent se porter candidates, notamment le manque de fonds pour financer leur campagne. Elle rappelle que les partis politiques ont un rôle essentiel à jouer pour que les choses changent.
« La décision prise par certains partis politiques de présenter plus de candidates ou de les placer dans des positions plus avantageuses montre que le leadership, la volonté et la vision politiques peuvent faire la différence » a ajouté le Secrétaire général. « Cependant, en 2015, ce sont surtout des chefs de gouvernements, notamment au Canada, qui ont ouvert la voie à une participation égale des femmes au niveau ministériel. Les parlements ne doivent pas être à la traîne. »
Pour le texte intégral du rapport, cliquer ici.
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