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Communiqué de presse de l'Union interparlementaire
Paris, le 6 juin 1996
No 3
UNE CONFERENCE PARLEMENTAIRE MONDIALE RECOMMANDE UNE
COOPERATION PLUS ETROITE ENTRE L'UNESCO ET LES PARLEMENTS
Des parlementaires du monde entier réunis à Paris
se sont engagés aujourd'hui à forger des liens plus
étroits avec l'UNESCO et à lui apporter l'appui
des parlements du monde entier dans la mise en oeuvre de ses politiques
en matière d'éducation, de culture et de communication
dans le souci de contribuer au développement humain.
"Nous nous engageons à promouvoir la coopération
entre nos parlements respectifs et l'UNESCO et, en retour, nous
encourageons l'UNESCO à travailler plus étroitement
avec l'institution parlementaire dans tous les pays", ont
déclaré les 175 parlementaires de 71 pays après
quatre journées de débats à l'UNESCO sur
l'éducation, la culture et la communication à l'aube
du 21ème siècle.
"Après examen détaillé, nous, parlementaires
du monde entier, affirmons notre soutien à la Stratégie
à moyen terme, 1996-2001 de l'UNESCO", peut-on aussi
lire dans le Document final intitulé "La vision parlementaire
pour l'éducation, la culture et la communication à
l'aube du 21ème siècle", où figurent
en outre des suggestions pour la mise en oeuvre de cette vision.
La Conférence, tenue du 3 au 6 juin, était organisée
conjointement par l'Union interparlementaire - l'Organisation
mondiale des parlements - et l'UNESCO.
Les propositions de la Conférence, regroupées dans
la partie du Document final intitulée "Conclusions
et recommandations", mettent l'accent sur "les différents
types d'éducation qui seront nécessaires à
la société de demain : éducation à
la paix, aux droits de l'homme et à la démocratie,
à la tolérance et à la compréhension
mutuelle entre les peuples, éducation pour valoriser le
patrimoine et promouvoir la créativité, encourager
le pluralisme culturel et le dialogue des cultures, éducation
pour maîtriser la révolution de l'information afin
qu'elle contribue à un monde meilleur".
Parmi les suggestions formulées, il est notamment proposé
que les parlements accordent une attention plus soutenue aux politiques
en matière d'éducation, l'un des enjeux majeurs
du siècle prochain, que les droits culturels soient mieux
promus et défendus, notamment par les parlements grâce
aux textes qu'ils adopteront pour en assurer la protection juridique,
et qu'Internet soit considéré comme un outil de
développement.
"Les politiques en matière d'éducation, de
culture et de communication doivent aussi avoir pour objectif
de créer une culture de paix", peut-on lire dans le
Document final qui souligne que cela suppose "un engagement
résolu à oeuvrer à l'édification d'un
monde acceptable par tous". Le Document ajoute que les parlements
devront veiller à l'allocation de "crédits
suffisants" pour la mise en oeuvre de politiques et programmes
nationaux dans ces domaines, et que pour épauler les efforts
des pays en développement, ces derniers "devront aussi
trouver une aide accrue auprès des pays riches et de la
communauté internationale".
Pour le Secrétaire général de l'Union interparlementaire,
Pierre Cornillon, la Conférence a été "fructueuse
et importante" et a montré qu'elle répondait
à une "impérieuse nécessité".
- "Elle a mis en relief l'importance des enjeux et montré
à quel point il importe que les parlementaires examinent
aujourd'hui les futures politiques en matière d'éducation,
de culture et de communication. Elle a aussi fait la démonstration
que ce sont là des thèmes prioritaires qui seront
à n'en pas douter l'un des principaux enjeux du 21ème
siècle".
- "En ce qui concerne la communication, il est clair que
la révolution de l'information est à la fin de ce
siècle ce que la révolution industrielle fut au
siècle précédent" a conclu Pierre Cornillon.
Pour le Directeur général de l'UNESCO, Federico
Mayor, la Conférence constitue un "très beau
cadeau pour l'UNESCO à l'occasion de son 50ème anniversaire".
Il a ajouté que les recommandations de la Conférence
"inspireraient l'UNESCO" dans ses travaux et lui apportaient
un "appui bienvenu sur la manière de donner corps
aux grands principes qui fondent son action". Le travail
de l'UNESCO "ne saurait être accompli sans la coopération
des parlementaires" a conclu M. Mayor.
Principales conclusions de la Conférence :
Education pour le 21ème siècle
- Les buts de l'éducation et les choix éducatifs
doivent faire l'objet "d'un large débat démocratique",
faisant intervenir les parlements, l'opinion et les médias.
- Il importe "de faire converger le monde vers plus de
compréhension mutuelle, plus de sens de la responsabilité,
et plus de solidarité, dans l'acceptation des différences
spirituelles et culturelles", et de permettre "l'accès
de tous à la connaissance".
- "L'éducation doit aussi être un laboratoire,
un espace où s'élaborent les attitudes et les valeurs
nécessaires pour que les objectifs de développement
et de paix puissent être atteints. Y a-t-il meilleur moyen
de modeler toutes les attitudes et tous les types de comportement
qui sont les éléments constitutifs d'une culture
de paix que l'instruction, l'enseignement et l'interaction personnelle
qu'implique l'éducation ?"
- Les politiques éducatives doivent viser trois objectifs
: "édifier un monde plus solidaire et donner aux individus
un sens plus aigu de leur interdépendance et de leur destinée
commune, contribuer à instaurer ou à redynamiser
la démocratie, et favoriser un développement qui
soit à la fois humain et durable".
- Il faut assurer "une éducation de base de qualité
car elle donne à l'individu son goût initial pour
l'apprentissage et révèle en lui les aptitudes à
l'apprentissage tout au long de la vie".
- "L'éducation pour les femmes et les filles doit
être la priorité des priorités en matière
d'éducation", car la lutte contre l'inégalité
entre les sexes est un "problème central de développement",
en particulier en Afrique subsaharienne.
- Le développement de l'éducation suppose une
"forte augmentation de l'aide internationale" à
l'éducation dans les pays en développement et un
"renforcement des moyens matériels est nécessaire
pour aider l'éducation en Afrique".
- L'éducation doit être absolument prioritaire
dans les budgets nationaux. "C'est un investissement non
seulement dans des pays mais dans celui de l'humanité tout
entière".
Culture et développement au 21ème siècle
- Le concept de développement doit aller au-delà
de la simple production de biens et être élargi à
"l'accès à la connaissance, à la santé
et à un environnement sain, la préservation du patrimoine
culturel, le partage des valeurs collectives, les libertés
démocratiques et bien d'autres choix encore. Nul doute
que les rapports entre culture et développement seront
l'une des questions majeures des prochaines décennies".
- Il serait souhaitable d'adopter une nouvelle "éthique
mondiale" fondée sur les droits de l'homme, la démocratie,
la protection des minorités, le règlement pacifique
des conflits et la négociation de bonne foi, ainsi que
la promotion de l'équité et de la justice.
- "Les droits culturels ont été relativement
négligés", et il faut promouvoir l'harmonie
au sein des sociétés multiculturelles. La Conférence
s'est déclarée "profondément soucieuse"
d'éviter que la diversité culturelle n'alimente
des conflits armés entraînant la perte de vies humaines.
- Il importe pour les parlements de renforcer les mesures législatives
et autres visant à promouvoir et défendre les droits
culturels et de prévoir des mesures "renforçant
la sanction judiciaire des atteintes à ces droits".
Autoroutes et chemins de l'information : potentiel et défis
- Pour pouvoir s'adapter à la nouvelle donne technologique,
"afin d'utiliser au mieux les possibilités qu'elle
offre et d'atténuer le plus possible les dangers qu'elle
porte en germe", les pays doivent adopter une "politique
globale de l'information intégrant les technologies modernes".
La Conférence a appelé les parlements à "participer
pleinement à l'élaboration de telles politiques
et à les inscrire dans un cadre législatif approprié".
- "Il faut veiller à ce que les technologies modernes
de l'information viennent s'ajouter aux méthodes plus traditionnelles"
comme celles qui s'appuient sur les réseaux locaux du savoir
et sur la participation de la société civile; ces
médias traditionnels doivent bénéficier d'une
plus grande attention et de ressources plus importantes, au plan
tant national qu'international.
- Rien ne doit être épargné pour que toutes
les nations, riches ou pauvres, aient accès aux nouvelles
technologies de l'information qui recèlent un "potentiel
considérable" lorsqu'il s'agit de réformer
voire de transformer l'éducation, la science, la culture
et la communication.
- "La Conférence s'est déclarée préoccupée
par le fossé croissant qui sépare les nations riches
des nations pauvres, particulièrement évident dans
le domaine des technologies modernes de l'information". L'Internet,
qui concerne une communauté estimée aujourd'hui
à 60 millions d'utilisateurs et dont la croissance est
exponentielle, devrait être considéré comme
un outil d'utilité publique afin que les coûts de
connexion demeurent les plus faibles possibles. C'est précisément
dans les pays en développement, où bibliothèques,
revues techniques et journaux sont peu nombreux, qu'Internet peut
être le plus utile". La Conférence a recommandé
à ce propos la mise en place dans les meilleurs délais
de liens sur Internet entre les parlements eux-mêmes et
avec l'Union interparlementaire, notamment pour mettre des banques
de données très complètes à disposition
des parlements des pays les plus pauvres.
- "La Conférence est préoccupée par
certains messages violents, haineux ou tout simplement oiseux,
et mettant parfois en cause les valeurs de la famille, que les
médias acheminent vers les foyers de milliards de personnes
sans que celles-ci y aient consenti expressément"
et elle a recommandé aux parlements "de veiller d'urgence
à la mise au point de mesures efficaces pour remédier
à cet état de fait en tenant dûment compte
de l'impérieuse nécessité de préserver
et renforcer la liberté d'expression".
- Le Document final conclut en affirmant que l'action de l'UNESCO
"ne saurait aboutir sans l'appui actif des peuples du monde
entier" et que l'action du Parlement "est indispensable
pour définir le cadre législatif et allouer les
crédits nécessaires à l'éducation,
la science, la culture et la communication au plan national, et
pour orienter et contrôler l'action du Gouvernement dans
ces domaines".
- Pour renforcer leur coopération, l'Union interparlementaire
et l'UNESCO ont décidé de prévoir des activités
qui donneront un prolongement à la Conférence. Les
deux Organisations utilisent désormais l'Internet pour
échanger des informations et relier leurs bases de données.
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