UNION INTERPARLEMENTAIRE PLACE DU PETIT-SACONNEX 1211 GENEVE 19, SUISSE |
DE LA CONFERENCE INTER-PARLEMENTAIRE SUR LE THEME
Organisée par l'Union interparlementaire avec le soutien de la FAO et accueillie par le Parlement italien
Nous sommes convaincus que cet objectif peut être atteint. Pour y parvenir, il faudra plus que jamais un engagement politique fort et une action concertée au plan national et international à laquelle nous, parlementaires, adhérons pleinement. Nous sommes également convaincus que le développement durable de l'agriculture est un objectif important de toute stratégie de développement durable en tant que moyen d'assurer la sécurité alimentaire. Au cours des deux dernières décennies, les disponibilités alimentaires moyennes dans le monde ont considérablement augmenté malgré l'accroissement démographique global. Bien que, selon les estimations, le nombre des personnes sous-alimentées dans le monde en développement soit passé de plus de 900 millions au début des années 70 à un peu plus de 800 millions au début des années 90, ce progrès a été inégalement réparti et a éludé nombre de pays et groupes de population. Selon les dernières estimations de la FAO (L'état de l'alimentation et de l'agriculture, 1998), la situation s'est détériorée depuis et le nombre des personnes sous-alimentées a cru durant la première moitié des années 90, principalement en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. C'est la prise de conscience que, faute de mesures énergiques, ce progrès resterait lent et inégalement réparti qui a suscité les engagements pris au Sommet mondial de l'alimentation. A moins d'une action urgente et vigoureuse, entre un sixième et un tiers de la population de certains pays demeurera sous-alimenté en 2015. Les causes de la sous-alimentation sont multiples mais il est patent que la pauvreté, en particulier la pauvreté rurale, est l'un des principaux facteurs d'insécurité alimentaire. Les carences alimentaires (carences énergétiques), les carences en oligoéléments et les problèmes d'hygiène, en particulier le manque d'eau propre, sont tous des facteurs importants de mauvaise santé. Les femmes et les enfants sont tout particulièrement affectés par la malnutrition. On estime que près de 200 millions d'enfants ont une insuffisance pondérale. Même lorsque les disponibilités alimentaires sont suffisantes, il ne peut y avoir de sécurité alimentaire si l'accès à l'alimentation demeure inéquitable. Nous avons été élus au parlement par les citoyens de nos pays respectifs pour en exprimer la volonté et les aspirations et pour les représenter au niveau national dans la gestion de la chose publique. En leur nom, nous appelons avec force à des mesures d'urgence pour parvenir à la sécurité alimentaire pour les générations présentes et futures. En tant que parlementaires, nous nous engageons à uvrer à la réalisation de l'objectif d'une réduction de moitié du nombre des personnes sous-alimentées à l'horizon 2015 et nous appelons à la définition - dans chaque pays - d'objectifs nationaux de sécurité alimentaire conformes à l'objectif global. Nous nous engageons en outre à faire en sorte que les secteurs essentiels à la sécurité alimentaire, en particulier le secteur agricole, bénéficient d'une plus grande priorité dans l'allocation des fonds publics, y compris en ce qui concerne l'aide publique au développement, et à veiller à ce que ces fonds soient utilisés de la meilleure façon possible. Le rôle de l'agriculture dans l'amélioration de la nutrition consiste avant tout à fournir une alimentation à une population toujours croissante et à donner des emplois et, partant, du pouvoir d'achat à des populations rurales dont les perspectives d'emploi en dehors de l'agriculture sont souvent très limitées. L'agriculture ne peut avoir cette fonction que si les agriculteurs pauvres ont accès aux ressources (terre, eau, technologie, microcrédit) dont ils ont besoin et qui leur permettraient d'exploiter durablement la terre. Parmi les mesures à prendre figurent l'instauration d'un environnement propice consacrant le rôle primordial du développement agricole et rural (suppression des politiques se traduisant par une discrimination contre le secteur agricole et rural), la promotion des investissements publics et privés, la facilitation d'un commerce international juste et équitable, la participation active de la société civile et les mesures encourageant l'action de la communauté internationale. Ces mesures doivent viser à la production d'une alimentation en quantité suffisante, tout en préservant la base de ressources et en promouvant le développement de technologies appropriées et la mise en valeur des ressources humaines. Il faut appliquer des politiques visant à éliminer la pauvreté rurale, en privilégiant les groupes vulnérables, et à prévenir les catastrophes et mieux s'y préparer. Toutes ces actions ne peuvent aboutir que si le rôle critique que jouent les femmes se traduit concrètement par leur participation à l'élaboration et l'application des politiques de développement et si la société civile, à tous les niveaux, y est pleinement associée. Les engagements du Sommet mondial de l'alimentation ont été pris par les gouvernements au nom des Etats. Mais ils ne pourront devenir réalité que si parlements et parlementaires sont pleinement associés à leur mise en uvre. De fait, la lutte contre l'insécurité alimentaire requiert une action quotidienne résolue des parlements à qui il appartient de définir le cadre législatif voulu, comme il leur revient d'adopter le budget national allouant des ressources notamment au secteur agricole et aux autres secteurs essentiels à la réalisation de la sécurité alimentaire pour tous, et de veiller à ce que ces ressources soient utilisées de façon rationnelle. Nous nous engageons à travailler dans ce sens et nous énonçons dans les conclusions et recommandations ci-après nos suggestions pour des mesures propres à garantir la mise en uvre des engagements pris par nos Etats respectifs.
CREER UN ENVIRONNEMENT PROPICE 1. Pour que les Etats accordent la priorité souhaitée à la sécurité alimentaire et à l'éradication de la pauvreté, il leur faut un environnement politique, social et économique stable et propice. La démocratie, une participation égale des hommes et des femmes, le respect des droits de l'homme et des libertés, dont le droit au développement, sont indispensables pour assurer à tous une sécurité alimentaire durable. 2. Pour que la sécurité alimentaire soit assurée à l'échelle mondiale, il importe que tous les Etats contribuent à sauvegarder l'environnement de notre planète, qui ne cesse de se dégrader, faute de quoi aucun développement ne sera durable, quel qu'il soit. 3. Tous les pays doivent se doter d'un cadre législatif et réglementaire pour parvenir à la sécurité alimentaire et à la concrétisation du droit à l'alimentation, et s'assigner des objectifs nationaux en matière de sécurité alimentaire qui soient compatibles avec les objectifs universels adoptés par le Sommet mondial de l'alimentation. Pareil cadre permettrait à tous les acteurs de la société civile d'uvrer ensemble dans la transparence afin que l'on puisse évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs visés. Reconnaître le rôle primordial du développement agricole et rural 4. La production locale reste de loin la principale source de croissance du volume global des disponibilités alimentaires. Pour nombre de pays en développement, le développement agricole et rural est essentiel non seulement pour la production alimentaire mais aussi pour assurer des moyens d'existence aux populations rurales et améliorer leurs conditions de vie. Les initiatives visant à accroître la productivité du secteur agricole doivent tenir dûment compte du rôle que jouent les femmes dans la chaîne de production alimentaire. Outre qu'elle assure la production alimentaire, l'agriculture a des fonctions multiples telles que la préservation de l'environnement et le développement des communautés rurales par une utilisation durable des ressources naturelles. 5. Il importe au plus haut point que tous les pays adoptent, en matière d'alimentation, d'agriculture, d'exploitation forestière, de pêche et de développement rural, des politiques durables, participatives et respectueuses de la contribution des femmes. Pareilles politiques doivent viser en particulier à :
Encourager les investissements publics et privés et les investissements associant fonds publics et capitaux privés 6. Pour assurer dans les pays en développement une production alimentaire à la hauteur de la demande effective jusqu'en l'an 2010, il faudrait investir dans la production de base, les équipements postproduction et les services et infrastructures publics d'appui une somme estimée à 166 milliards de dollars E.-U. par an, soit 23 % de plus que l'investissement brut moyen effectué dans le secteur agricole durant la décennie écoulée. 7. Près des trois quarts du total investi seraient des fonds privés engagés par les agriculteurs et les PME rurales, y compris dans la chaîne postproduction. Le quart restant consisterait en des investissements publics complémentaires financés en partie par des sources multilatérales et bilatérales extérieures et visant à assurer la rentabilité des investissements du secteur privé dans l'agriculture. 8. Une répartition et une utilisation optimales des investissements publics et privés sont vivement recommandées si l'on veut développer les ressources humaines, maintenir durablement les systèmes alimentaire, agricole, halieutique et sylvicole, et promouvoir le développement rural. Pareille approche appelle les mesures suivantes :
Faciliter les échanges internationaux 9 Les échanges internationaux sont d'une importance cruciale pour la sécurité alimentaire mondiale. Alors que, selon toute vraisemblance, les importations nettes de produits alimentaires dans les pays en développement vont s'accroître, partiellement sous la forme d'aide alimentaire, l'instabilité et le caractère inéquitable des prix vont demeurer des caractéristiques des marchés mondiaux des produits de base à moyen terme. 10. Aussi importe-t-il au plus haut point que les échanges de produits agricoles soient fondés sur un système commercial mondial équitable, axé sur le marché. Pour cela, il faut satisfaire un double impératif :
11. Il est également indispensable de maintenir des niveaux de qualité et de sécurité alimentaires sur les marchés nationaux et internationaux, conformément aux exigences énoncées dans les Accords du Cycle d'Uruguay sur l'application des mesures sanitaires et phytosanitaires et les obstacles techniques au commerce. Renforcer la société civile dans un cadre de partenariat pour une sécurité alimentaire durable 12. Pour atteindre les objectifs du Sommet mondial de l'alimentation, il faut coordonner les efforts complémentaires des pouvoirs publics et de la société civile. Parmi les nombreuses initiatives de ce type, la campagne Nourriture pour tous représente un moyen particulièrement efficace de mobiliser les parties prenantes à tous les niveaux de la société à l'appui du Plan d'action. 13. La campagne Nourriture pour tous, qui a reçu l'appui de l'Union interparlementaire, vise à inscrire durablement le problème de la sécurité alimentaire au cur du débat politique national. 14. Des efforts concertés et durables sont requis pour :
Encourager la communauté internationale à agir 15 Il est patent que pour nombre de pays en développement, la sécurité alimentaire ne pourra être assurée que si les efforts consentis au plan national bénéficient d'un appui international. Pareil appui peut prendre plusieurs formes : coopération au développement, accès à la technologie et aux ressources génétiques, mise en place et mise en uvre de règles commerciales. 16. Il faut en outre apporter une solution au très lourd fardeau financier qui écrase les populations les plus défavorisées de nombre de pays grâce à des programmes d'allégement et d'annulation de la dette. 17. Le Plan d'action du Sommet a exhorté les Etats à veiller à la mise en uvre et au suivi des engagements pris à l'échelle nationale en coopération avec la communauté internationale. Un mécanisme approprié a été établi pour une évaluation régulière des progrès accomplis, le rôle majeur revenant à cet égard au Comité FAO de la sécurité alimentaire mondiale. Sachant que faire rapport est un moyen et non une fin en soi, les Etats sont appelés à :
18. Le Sommet a en outre appelé la communauté internationale à appuyer les efforts engagés au niveau national. Aussi les Etats doivent-ils :
19. L'agriculture, secteur agricole dominant dans nombre de pays en développement, est une activité intégrée où interviennent nécessairement des ressources naturelles, notamment climatiques et biologiques, diverses technologies associées et des populations dont les décisions et activités sont influencées par leur environnement naturel et économique. Aussi toute mesure visant à favoriser un développement agricole durable doitelle tenir compte de ces facteurs interdépendants que sont les ressources, la technologie et le capital humain. 20. Dans les années à venir, le défi consistera à accroître la production alimentaire en particulier et agricole en général malgré le recul des superficies cultivables et la diminution des ressources en eau d'irrigation disponibles par habitant tout en protégeant l'environnement c'est-à-dire l'équilibre écologique le sol et la qualité de l'eau ainsi que les ressources génétiques. Cette double pression sur l'agriculture continuera d'être ressentie de manière particulièrement aiguë dans les pays en développement. 21. L'objectif primordial est de réduire l'écart entre rendement potentiel et rendement réel par l'emploi des meilleures technologies disponibles, assorties de services d'appui et de politiques publiques efficaces. Dans la recherche de nouveaux moyens d'accroître la productivité, il importe également que le secteur agricole des pays en développement produise suffisamment de nourriture pour leur population croissante, génère plus de revenus et crée des emplois faisant appel à l'innovation et aux qualifications professionnelles. 22. Pour les pays à faible revenu et à déficit vivrier, il faut impérativement une action concertée qui leur permette de mieux nourrir leurs populations rurales et d'atteindre rapidement des niveaux plus élevés mais économiquement et écologiquement viables de production alimentaire. Ressources 23. La superficie de terres productives par habitant ne cesse de décroître dans nombre de pays en développement, ce qui se traduit par une pression croissante sur les terres à faible rendement et sur la diversité biologique. La chute de productivité des sols, y compris dans les zones dont la production est essentielle à la sécurité alimentaire, s'explique par l'appauvrissement en phyto-aliments. Les régimes fonciers qui font obstacle à l'adoption d'une gestion et d'une préservation rationnelles des sols doivent être changés. L'exploitation des terres fait souvent primer le profit à court terme sur l'avantage à long terme. Il faut donc :
24. Toujours plus nombreux sont les pays et régions que frappe l'épuisement des ressources en eau. Malgré la concurrence de plus en plus acharnée dont font l'objet les ressources en eau aux niveaux sectoriel et individuel, les politiques et plans nationaux et régionaux appropriés tardent à être mis en place. Il existe certes des moyens de gestion de l'eau permettant une exploitation efficace de cette ressource dans l'agriculture mais le cadre social et économique ne s'y prête pas toujours et les populations rurales ne savent pas toujours les mettre en oeuvre. La multiplication des conflits internes et internationaux sur l'eau fait obstacle à l'utilisation rationnelle de cette ressource. Aussi faut-il :
25. S'agissant de la préservation des ressources et de la diversité biologique, l'adoption d'approches intégrées est indispensable à leur pérennité, à leur mise en valeur et à la réduction des risques. Toute sécurité alimentaire durable repose sur la capacité à réduire le plus possible l'érosion génétique et à préserver et exploiter le plus possible la biodiversité agricole en privilégiant les espèces sous-utilisées dotées d'un potentiel agricole. Toute mesure visant à la préservation et à l'exploitation durable des ressources naturelles, à l'agrobiodiversité en particulier, doit viser un partage équitable des bienfaits tirés de ces ressources, dans le respect des droits et des choix des générations futures. Dans cette perspective, il importe :
26. Dans la plupart des pays, en développement ou industrialisés, les modes actuels d'utilisation de l'énergie ne sont pas tenables du point de vue tant de la protection de l'environnement que de la gestion des ressources naturelles. Et dans les zones rurales des pays en développement, les pratiques observées le sont encore moins parce que les ménages utilisent principalement du bois de feu, des déchets agricoles et l'énergie humaine et animale pour faire face à leurs besoins énergétiques, la pénibilité des tâches accentuant encore la pauvreté. Pour contribuer à la fois au développement et à la protection de l'environnement, il faut impérativement :
27. L'essor des échanges internationaux accentue les risques d'introduction et de propagation de parasites exogènes menaçant la production agricole et la flore et la faune locales. Il faut donc prendre des mesures phytosanitaires appropriées pour assurer la protection des végétaux. Pareilles mesures auront pour effet de réduire les obstacles au commerce injustifiés tout en assurant un niveau suffisant de protection des ressources propres à chaque pays. Lors de l'adoption de ces mesures, il faudra veiller à ce que :
Technologie 28. La recherche visant au bien commun, au plan national et international, doit bénéficier d'un soutien international accru. La mise au point de techniques appropriées d'accroissement des rendements pour faire face aux besoins des pays en développement et des agriculteurs pauvres nécessite des investissements, tant publics que privés, dans la recherche. Les techniques en question doivent être respectueuses de l'environnement, permettre l'utilisation durable des ressources naturelles et s'appuyer sur une combinaison de techniques locales et traditionnelles et de biotechnologies nouvelles. Des investissements additionnels sont nécessaires en particulier pour les programmes de recherche liés :
29. L'utilisation inconsidérée de divers moyens de protection des cultures, dont certains pesticides traditionnels, a des conséquences inattendues qui menacent la pérennité de la production alimentaire, mettent en péril la santé et dégradent les ressources naturelles. Or, les stratégies écologiques de gestion des cultures et de lutte contre les ravageurs permettent d'éviter la plupart de ces problèmes. Pour accroître la sécurité alimentaire, à court et moyen terme, il faut encourager pareilles stratégies par des mesures réglementaires et des investissements appropriés dans les ressources humaines. A ce propos, il importe tout particulièrement que :
30. Les nouvelles biotechnologies peuvent certes accroître considérablement les rendements mais elles sont porteuses de risques et d'incertitudes. Les incidences potentiellement dangereuses du génie génétique pour la biosécurité et la bioéthique appellent des mesures de réglementation nationales et internationales. De plus, les problèmes que posent certains aspects des droits de propriété intellectuelle touchant au commerce (dits ADPIC) - droits détenus par les inventeurs de ces technologies - suscitent diverses préoccupations. En la matière, il faut privilégier les points suivants :
Ressources humaines 31. Il convient de tirer parti des possibilités nouvelles qu'offrent les moyens modernes d'information dans les domaines comme la cartographie des ressources, la surveillance de l'environnement et l'enseignement et les services de vulgarisation à distance par télécommunications pour les populations rurales, en particulier les pauvres et les populations en situation d'insécurité alimentaire. Les savoirs traditionnels ne doivent pas être délaissés pour autant. 32. L'investissement dans les ressources humaines, en particulier dans l'éducation et plus spécialement pour les femmes et les enfants, peut contribuer à accroître la sécurité et la production alimentaires tout en préservant durablement les ressources naturelles. Il incombe à la puissance publique, où le législateur joue un rôle déterminant, de promouvoir un environnement propice à l'agriculture et à la vie rurale. Dans l'arsenal des mesures à prendre doivent figurer les suivantes :
33. La faim est le symptôme ultime et le plus intolérable de la pauvreté extrême. L'immense majorité de ceux qui sont mal nourris soit ne peuvent pas produire eux-mêmes leur nourriture, soit n'ont pas les moyens d'en acheter suffisamment. 34. Les pauvres le sont parce qu'ils n'ont pas d'actifs - ni terre, ni bétail, ni étang, ni savoirfaire pour ajouter de la valeur au travail et au temps. Aussi cette approche de l'éradication de la pauvreté doit-elle s'appuyer sur la mise en place d'actifs appropriés et de ressources quant à l'information et aux qualifications. 35. Aussi l'éradication de la pauvreté reste-t-elle la pierre angulaire de toutes les politiques visant à assurer durablement la sécurité alimentaire. Pour les hommes comme pour les femmes, cela passe par un emploi rémunérateur et sûr et un accès équitable aux ressources productives comme la terre, l'eau, la technologie et le crédit. Eradication de la pauvreté rurale 36. Dans les pays en développement, la pauvreté est plus répandue dans les populations rurales dépendant directement et indirectement de l'agriculture pour leur subsistance. C'est à la pauvreté rurale extrême que l'on doit la généralisation de la faim et la vulnérabilité aux famines. 37. Il faut impérativement mettre en uvre des politiques qui éliminent pauvreté et inégalité, et améliorer l'accès matériel et économique pour tous à une alimentation suffisante, adaptée du point de vue nutritionnel et sûre, et en favoriser l'utilisation rationnelle. Il faut aussi impérativement faire face aux contraintes que rencontrent les agriculteurs pauvres, dont une bonne partie sont des femmes, qui dépendent de l'agriculture pour leur survie. Pareilles politiques doivent comporter :
Cibler les groupes vulnérables et assurer une nutrition adéquate 38. Il y a dans tous les pays des individus, des familles et des groupes vulnérables et défavorisés qui ne peuvent faire face à leurs besoins. Même lorsque la disponibilité alimentaire globale est suffisante, ces catégories de population n'ont pas, en raison de leur pauvreté, accès à la quantité et à la diversité alimentaires nécessaires à la satisfaction de leurs besoins. 39. D'une façon générale, les femmes et les enfants souffrent davantage de sous-alimentation et de malnutrition. Les mesures d'éradication de la pauvreté et les programmes d'aide alimentaire doivent tenir compte des besoins propres aux femmes et du rôle irremplaçable qu'elles jouent dans la production alimentaire et la famille. Parmi les dispositifs que doivent mettre en uvre les mécanismes de protection sociale et de sécurité alimentaire, on citera les programmes de travaux d'intérêt collectif et d'échange travail contre nourriture pour les chômeurs et les personnes sous-employées dans les régions où sévit l'insécurité alimentaire, les prestations sociales, les magasins à prix réglementés, les programmes d'alimentation en milieu scolaire, les bons d'alimentation, les programmes de collecte et de redistribution de vivres dans les centres sanitaires et sociaux, etc. 40. Très souvent, l'insécurité alimentaire individuelle, en particulier celle des enfants, est causée par le manque d'eau potable et d'hygiène. Aussi même lorsque la ration alimentaire est suffisante, l'absorption de l'alimentation par l'organisme est-elle insuffisante. Un haut degré de priorité doit donc être accordé à l'approvisionnement en eau potable et à l'assainissement. 41. Conscient qu'une information précise est une condition indispensable à l'efficacité des mesures prises pour soulager le sort des personnes souffrant de la faim, le Sommet mondial de l'alimentation a souhaité la mise en place et l'actualisation régulière de systèmes nationaux d'information et de cartographie sur l'insécurité et la vulnérabilité alimentaires. Même si des progrès considérables ont été accomplis sur ce plan, il reste encore beaucoup à faire pour mettre en place pareils systèmes dans les pays où le problème de la faim est le plus critique. 42. Assurer l'accès à l'alimentation des ménages à faibles revenus, en zones rurales comme urbaines, doit être une priorité des autorités qui doivent en outre axer leur action sur :
Prévenir les urgences et y faire face 43. Même lorsque tout va bien, le monde n'est jamais à l'abri d'une crise. Les guerres, les affrontements civils, les catastrophes naturelles, les changements climatiques et la dégradation environnementale touchent des millions de personnes. Les opérations nationales et internationales de secours sont souvent le seul recours des personnes exposées à la famine. 44. La préparation aux situations d'urgence est le principal élément de toute stratégie visant à réduire le plus possible les effets négatifs des crises alimentaires et des famines. Il faut que la communauté internationale dispose de moyens suffisants pour dispenser l'aide alimentaire, lorsqu'elle est nécessaire, et pour faire face aux situations d'urgence. Pour autant, l'aide alimentaire d'urgence ne saurait être considérée comme l'élément de base d'une sécurité alimentaire durable, ni se substituer à une politique alimentaire cohérente. En outre, cette aide doit être soigneusement dispensée afin d'éviter qu'elle n'ait des effets pervers sur la production alimentaire locale. 45. Rien ne doit être épargné pour prévenir les catastrophes naturelles et les désastres d'origine humaine et pour s'y préparer afin de faire face aux besoins alimentaires d'urgence d'une façon qui encourage le redressement, la reconstruction, le développement et la capacité à satisfaire les besoins futurs. Les mesures à prendre sont les suivantes :
46. Etant donné les effets graves, déjà observés
dans plusieurs pays, de la crise financière et économique
actuelle, il est non moins important de veiller à ce que
les programmes visant à assurer la sécurité
alimentaire et à éradiquer la pauvreté soient
maintenus en période d'ajustement socio-économique
difficile. NOUVELLES MESURES DE SUIVI PARLEMENTAIRE 47. Pour assurer la sécurité alimentaire pour tous et l'exercice du droit à l'alimentation, une action parlementaire soutenue est nécessaire au niveau tant national qu'international. La Conférence recommande aux parlements et à leurs membres dans chaque pays de prendre les mesures suivantes :
48. En ce qui concerne l'action au niveau international, la Conférence recommande aux parlements et à leurs membres, par le truchement de leur organisation mondiale - l'Union interparlementaire - de prendre les mesures suivantes :
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