Communiqué de presse SG/SM/8965 |
LE SECRETAIRE GENERAL, S’ADRESSANT AUX PARLEMENTAIRES,
SOULIGNE LE LIEN ENTRE LA PAIX ET LE DEVELOPPEMENTOn trouvera ci-après une déclaration prononcée par le Secrétaire général devant l’Union interparlementaire à New York, le 27 octobre, à l’occasion de la réunion annuelle des parlementaires à l’Organisation des Nations Unies :
C’est avec plaisir que je vous accueille à l’Organisation des Nations Unies.L’ONU n’est pas ni n’a jamais été un gouvernement mondial. On la désigne cependant parfois par l’expression "parlement de l’humanité" car elle a été créée au nom des peuples du monde et pour les servir.
La voix des peuples du monde doit donc être entendue à l’ONU et, en tant qu’élus, les parlementaires sont d’authentiques porteurs du message des peuples.
Je me félicite donc tout particulièrement que l’Assemblée générale ait récemment octroyé le statut d’observateur à l’Union interparlementaire. Le resserrement des liens avec les parlementaires ne peut que rendre l’ONU plus forte.
Nous avons pris d’autres mesures pour renforcer l’Organisation. Il y a quelque temps j’ai chargé un groupe de personnalités d’examiner ce que l’on pourrait faire pour développer les liens entre l’ONU et la société civile – y compris les parlementaires. Ce groupe, dirigé par l’ancien Président du Brésil, Fernando Henrique Cardoso, a déjà recueilli les avis et contributions de l’Union interparlementaire et de nouvelles consultations auront lieu avant que le groupe ne me remette son rapport l’année prochaine.
Je constate avec plaisir que vous avez inscrit à votre ordre du jour deux des questions les plus importantes dont est saisie l’Organisation – les menaces qui pèsent actuellement sur la paix et la sécurité internationales et le financement du développement.
J’aimerais vous parler ce matin de la paix et de la sécurité internationales, mais il me faut d’abord souligner le lien entre la paix et le développement. La situation se résume en peu de mots : un monde dans lequel des milliards de personnes sont accablées par la pauvreté, la faim, la maladie et l’analphabétisme et qui ne progresse pas sur la route du développement est un monde qui ne peut connaître la paix.
Nous avons connu une année difficile qui nous a montré combien était élevées les aspirations des peuples. Ils attendent de l’ONU qu’elle soit une enceinte où sont apportées des solutions collectives aux problèmes communs mais ils se demandent si l’Organisation est à la hauteur de la tâche.
Ceux qui se sentent plus particulièrement menacés par le terrorisme et par les armes de destruction massive et plus encore par la perspective que ces deux agents de mort pourraient s’unir se tournent vers l’ONU et se demandent si l’Organisation est réellement en mesure de les protéger et d’assurer leur sécurité.
Ceux, probablement la majorité, dont la vie et les moyens d’existence sont chaque jour menacés par la maladie et la pauvreté, par la dégradation de l’environnement ou par les conflits civils ou inter-États, se tournent vers l’ONU et se demandent pourquoi l’Organisation ne fait pas davantage pour les protéger et assurer leur sécurité.
Si ces interrogations reviennent si souvent c’est en partie parce que l’Organisation fonctionne selon des structures héritées d’une autre époque.
C’est surtout évident dans le cas du Conseil de sécurité. Si l’on s’accorde largement à reconnaître que le Conseil devrait être élargi, aucun consensus ne s’est dégagé sur la manière de procéder. Or, il faut que nous parvenions à un consensus sur ce point.
Je pense aussi que nous devons trouver un moyen de faire face à des problèmes qui n’avaient pas été prévus en 1945, comme par exemple la possibilité pour le Conseil d’autoriser rapidement des mesures de coercition face à certains types de menace ou encore la nécessité de protéger les civils menacés par un génocide ou par des violations massives des droits de l’homme.
Il conviendrait aussi de se pencher sur les autres organes de l’ONU – le Conseil économique et social et même le Conseil de tutelle.
N’allez pas croire que l’ONU est restée immobile et n’a pas évolué. En fait, le mode de gestion de l’ONU a été profondément réformé ces dernières années, faisant d’elle une organisation plus efficiente et plus efficace. L’ONU intervient en outre plus énergiquement sur des fronts plus nombreux et plus divers.
Mais malgré les efforts de nombreuses personnes, l’esprit du changement n’a pas encore soufflé sur les organes intergouvernementaux de l’Organisation.
Pour imprimer un nouvel élan à ces efforts, j’ai constitué un groupe de haut niveau qui sera chargé d’examiner ces questions et je me propose de faire des recommandations concrètes à l’Assemblée générale l’année prochaine. C’est bien sûr aux États Membres qu’il reviendra de prendre les décisions mais je ferai mon possible pour les aider à faire de l’ONU un instrument plus efficace au service des peuples du monde.
Je compte que vous jouerez aussi un rôle à cet égard.
Pour réussir et faire en sorte que plus de voix puissent se faire entendre à l’ONU et que celle-ci puisse agir plus efficacement, nous avons besoin d’idées. Nous ne devons pas hésiter à proposer, le cas échéant, une réforme radicale mais il faut aussi que les propositions qui seront avancées aient des chances de recueillir un large soutien, y compris auprès des États Membres qui jouent un rôle crucial.
Il est tout aussi important de porter l’effort sur le plan politique car on n’obtiendra pas de résultats sans un engagement véritable des États Membres. Les États devront montrer qu’ils peuvent faire valoir leurs intérêts propres tout en agissant dans l’intérêt général.
Je m’adresse à vous en tant que parlementaires pour vous demander de faire votre possible, collectivement et au niveau individuel, pour encourager les gouvernements à progresser dans ce sens. Je sais que c’est une tâche difficile étant donné tous les problèmes auxquels vous avez déjà affaire localement et au niveau national. Mais nous vivons dans un monde où toute décision politique a une dimension mondiale autant que locale et où toutes nos actions sont tributaires d’événements qui se déroulent au loin et ont des répercussions sur eux. Votre présence ici atteste que vous en êtes bien conscients.
Je suis persuadé que les efforts que vous ferez pour inscrire à l’ordre du jour de votre pays la question a priori bien lointaine de la réforme des institutions internationales contribueront réellement à faire avancer les choses. Il en va de même des travaux que vous menez au sein de l’Union interparlementaire en collaboration avec d’autres parlementaires et en collaboration avec l’ONU.
Je vous remercie du soutien fidèle que vous apportez à l’Organisation et je souhaite que votre réunion débouche sur un résultat fructueux.
* * * *