| AFGHANISTAN 
	| CASE N° AFG/01 - MALALAI JOYA |  
Résolution adoptée à l'unanimité par le Conseil directeur à sa 184ème session (Addis-Abeba, 10 avril 2009)
 
Le Conseil directeur de l'Union interparlementaire,
se référant au cas de Mme Malalai Joya, membre de la Chambre des représentants  d'Afghanistan, exposé dans le rapport du Comité des droits de l'homme  des parlementaires (CL/184/12.b)-R.1), et à la résolution qu'il a adoptée à sa  183ème session (octobre 2008),
 
tenant  compte de la lettre du Président de la Commission des  privilèges et immunités de la   Chambre des représentants datée du 5 février 2009 et des  informations fournies par la délégation afghane entendue par le Comité à la 120ème  Assemblée de l'UIP; tenant aussi compte des informations obtenues lors  de la rencontre entre le Secrétaire général et le Représentant permanent de  l'Afghanistan auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, ainsi que des  informations régulièrement communiquées par les sources,
 
rappelant que le 21 mai 2007, la Chambre  des représentants d'Afghanistan (Wolesi Jirga) a décidé de suspendre jusqu'à  son terme le mandat parlementaire de Mme Joya, qui avait été élue députée de la  province de Farah en septembre 2005 pour une durée de cinq ans pour avoir violé  l'article 70 du Règlement du parlement lors d'un entretien télévisé, où  elle avait tenu des propos méprisants à l'égard des membres du parlement,  apparemment dans  le cadre de sa dénonciation farouche des anciens chefs de guerre,
 
rappelant qu'aux termes de  l'article 70 du Règlement du parlement (Règles de procédure), le Président de la Chambre des représentants  peut prendre les mesures disciplinaires suivantes : conseil,  avertissement, publication du nom du contrevenant  au journal officiel de la Jirga et exclusion du Parlement pour la journée, mais qu'un membre peut être suspendu  pendant plus d'une journée uniquement sur demande du Conseil administratif  approuvée par le Parlement; que cependant, cette procédure n'a pas été suivie  dans le cas de Mme Joya car le Conseil administratif n'a pas été saisi et n'a  publié aucune recommandation,
 
rappelant que lors de la rencontre  organisée à l'occasion de la 119ème Assemblée de l'UIP (octobre  2008), le Vice-Président du Parlement n'a laissé aucun doute quant au fait que  la suspension du mandat de Mme Joya jusqu'à son échéance était illégale,  affirmant qu'elle devait être rétablie dans ses fonctions au plus vite et que  le Parlement n'épargnerait aucun effort pour que cela se produise avant la  clôture de la session parlementaire (début décembre 2008); notant que, lors de sa rencontre avec le Secrétaire général de  l'UIP, le Représentant permanent de l'Afghanistan auprès de l'Office des  Nations Unies à Genève a lui aussi estimé que le Parlement devait rétablir Mme  Joya dans ses droits au plus vite et notant que ce n'est toujours pas le cas, bien que plusieurs parlementaires aient  apparemment soulevé la question au Parlement; considérant  que le Président de la Commission des privilèges  et immunités, dans sa lettre du 5 février 2009, et la délégation afghane à  la 120ème Assemblée de l'UIP ont indiqué que la réintégration  de Mme Joya serait possible si elle présentait des excuses; que, face aux  propos tenus par le Vice-Président, à savoir que la suspension de Mme Joya  était illicite et que des mesures seraient prises pour la rétablir dans ses  droits, la délégation a confirmé ces dires mais a ajouté qu'il avait été  impossible de joindre Mme Joya, étant donné qu'elle était souvent à l'étranger,  et que le Règlement du parlement ne prévoyait aucune procédure pour la  réintégrer,
 
rappelant qu'en  février 2008, après avoir trouvé un avocat qui accepte de la défendre,  Mme Joya a saisi la Cour  suprême au sujet de la suspension de son mandat; que, hormis une demande  adressée au Parlement l'invitant à désigner un représentant dans cette affaire,  la Cour suprême  n'aurait engagé aucune action; notant  à cet égard que, selon les sources,  le procureur désigné par la Cour  pour suivre cette affaire, M. Attaullah Wais, n'a pris aucune mesure pour  accélérer la procédure; notant en outre que, selon les sources, le  Parlement n'a toujours désigné personne pour le représenter et que le  Vice-Président du Parlement et d'autres responsables parlementaires contactés à  plusieurs reprises par l'avocat de Mme Joya, auraient refusé de lui parler; que  selon la délégation afghane à la 120ème Assemblée de l'UIP, Mme Joya  n'a jamais contacté le parlement et son avocat ne l'a fait qu'une seule fois,  mais seulement pour aller chercher des documents,
 
rappelant enfin que Mme Joya reçoit  constamment des menaces de mort et que sa sécurité en Afghanistan est menacée,  de même que celle de nombreux autres parlementaires,
 
sachant que l'Afghanistan est partie au  Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit le  droit à la vie et à la sécurité, ainsi que la liberté d'expression; que  l'Afghanistan est également partie à la Convention internationale sur l'élimination de  toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes qui consacre le droit  des femmes à l'égalité avec les hommes,
 
remercie les autorités parlementaires des  informations fournies; remercie aussi la délégation afghane de sa  coopération;
demeure profondément préoccupé par le fait qu'au bout de  deux ans ou presque, ce qui représente un laps de temps plus long que la  période que Mme Joya a passée au parlement, sa suspension est toujours  d'actualité; réaffirme à ce sujet que la liberté d'expression est un des  piliers fondamentaux de la démocratie, qui doit être interprété le plus  largement possible dans le cas des parlementaires, qui sont les représentants  élus du peuple, attirent l'attention sur les préoccupations de la population et  défendent ses intérêts; ajoute que cette fonction suppose nécessairement  le droit de critiquer avec virulence les prestations du parlement et du  gouvernement, et que le parlement devrait à ce titre y être particulièrement  attaché; réaffirme aussi que la suspension est une mesure disciplinaire  qui est nécessairement limitée dans le temps et qu'une suspension pour toute la  durée du mandat revient à une révocation du mandat parlementaire, totalement  illégale en l'espèce;
est convaincu qu'en manquant à son  obligation de rétablir Mme Joya dans ses fonctions, le Parlement enfreint non  seulement son Règlement intérieur, mais empêche en outre Mme Joya  d'exercer le mandat qu'elle tient du peuple et prive ses électeurs de  représentation au parlement, ce qui ne peut que saper la légitimité du  Parlement en tant qu'organe de représentation des citoyens et nuit donc  considérablement à la démocratie;
déplore que les autorités, malgré  les engagements pris par le Vice-Président, n'aient pris aucune mesure pour  rétablir Mme Malalai Joya dans ses fonctions et qu'elles perpétuent de ce fait  une situation qu'elles ont elles-mêmes, à plusieurs reprises, qualifiée  d'illégale; 
croit comprendre que les autorités  parlementaires n'ont pas été en mesure jusqu'ici d'entrer en contact avec Mme  Joya pour évoquer la question de son retour au parlement; espère sincèrement qu'il sera possible d'engager le plus rapidement possible à cette fin un  dialogue direct, dont la responsabilité incombe aux deux parties; souligne toutefois que le parlement n'est pas tenu d'entendre Mme Joya pour mettre un terme  à sa suspension; appelle donc le parlement à prendre cette mesure dès  que possible pour éviter que le reste de son mandat parlementaire ne soit  réduit à néant;
est  préoccupé de ce que la Cour  suprême n'a pas agi avec la diligence requise suite à la plainte de Mme Joya; est convaincu qu'une plainte portant sur la suspension illégale d'un parlementaire doit être  instruite de manière prioritaire en raison de ses conséquences pour la  démocratie; engage donc la Cour suprême à faire droit à  la plainte de Mme Joya sans plus attendre;
reconnaît que les menaces de mort  visant Mme Joya s'inscrivent dans un contexte de violence et d'insécurité  généralisées en Afghanistan; souligne toutefois que les autorités sont  tenues de s'efforcer résolument d'empêcher l'impunité, car celle-ci ne fait  qu'encourager la criminalité; appelle les autorités à n'épargner aucun  effort pour identifier et traduire en justice les personnes qui profèrent des  menaces de mort contre elle et d'autres parlementaires; souhaiterait recevoir des informations sur toute mesure prise par les autorités  parlementaires pour veiller à ce que les autorités compétentes s'acquittent de  leur mission dans ce domaine;
charge le  Secrétaire général de transmettre cette résolution aux autorités compétentes et  la source;
charge le Comité de poursuivre  l'examen de ce cas et de lui faire rapport à sa prochaine session, qui se  tiendra durant la 121ème Assemblée de l'UIP (octobre 2009).
 
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