| IRAQ 
| CAS N° IQ/59 - MOHAMMED AL-DAINY |  
Résolution adoptée par consensus par le Conseil directeur *à sa 189ème session (Berne, 19 octobre 2011)
 
Le Conseil directeur de l'Union interparlementaire,
se référant au cas de M. Mohammed  Al-Dainy, membre du Conseil des représentants de l’Iraq au moment du dépôt de  la plainte, exposé dans le rapport du Comité des droits de l’homme des  parlementaires (CL/189/11b)‑R.1), et à la résolution qu’il a adoptée à sa 188ème session  (avril 2011), 
 
tenant  compte des informations fournies par des membres de la délégation  iraquienne à la 125ème Assemblée de l’UIP, par un ancien  parlementaire et par la femme de M. Al‑Dainy, lors de l’audition organisée  par le Comité pendant la 125ème Assemblée (octobre 2011),
 
rappelant ce qui suit :
 
considérant que l’audition organisée par le Comité a permis de recueillir les informations  suivantes : suite aux lettres du Secrétaire général de l’UIP, le Président  du Conseil des représentants a créé un comité spécial de cinq parlementaires  pour examiner ce cas; le comité a travaillé pendant un mois, entendu des  témoins et recueilli des informations sur les lieux supposés des crimes; il a  conclu ce qui suit :M. Al-Dainy, membre du Conseil des  représentants de l’Iraq pour la législature 2006‑2010, est connu pour avoir  enquêté sur les conditions de détention en Iraq et l’existence de lieux de  détention secrets; en octobre 2008, il a remis aux organes de l’ONU compétents  pour les droits de l’homme à Genève les informations qu’il avait recueillies;  le 25 février 2009, le parlement a levé l’immunité de M. Al-Dainy,  accusé d’être l’instigateur de l’attentat-suicide commis contre le parlement le  12 avril 2007; M. Al-Dainy a fui à l’étranger, craignant pour sa vie;
dix  membres de sa famille et neuf de ses employés (principalement attachés à sa  sécurité) ont été arrêtés à différentes dates en février 2009; la source a  fourni des informations détaillées quant aux circonstances de leur arrestation,  qui a eu lieu sans mandat, aux mauvais traitements qu’ils ont subis et à la  mise à sac de leur domicile; certains d’entre eux, libérés plus tard en 2009  et 2010, ont révélé (et abondamment prouvé leurs dires) qu’ils avaient été  torturés pour mettre en cause M. Al-Dainy dans les crimes suivants :  a) attentat à la bombe contre le parlement en avril 2007; b) tirs de  mortier contre la zone internationale pendant la visite du Président iranien en 2008  et meurtre d’un des habitants du quartier d’où les tirs sont partis; […]  f) meurtre de 155 personnes du village d’Al‑Tahweela qui ont été  enterrées vivantes; […] i) meurtre du capitaine Ismail Haqi Al-Shamary;
le 24 janvier 2010, M. Al-Dainy a  été condamné à mort par contumace; le verdict tient en un peu plus d’une page  (traduction française), contient deux paragraphes sur l’attentat à la bombe au  parlement, un sur le bombardement de la Zone Verte et six lignes sur le stockage d’armes  et la création d’une organisation terroriste liée au parti Baas, et se fonde  essentiellement sur les témoignages de trois de ses employés attachés à sa  sécurité (Riadh Ibrahim, Alaa Kherallah, Haydar Abdallah) et d’un informateur  secret pour prouver que M. Al-Dainy a commis tous ces crimes; il ne  mentionne aucune des autres accusations,
 
notant que le comité spécial a remis son rapport au Président du parlement, qui doit  maintenant décider des suites à lui donner, mais que le rapport sera remis au  tribunal de première instance qui a connu de l’affaire Al-Dainy; que toutefois  le comité spécial a recommandé de poursuivre l’examen des questions relatives à  la levée de l’immunité parlementaire, au pouvoir de contrôle du parlement et à  l’existence de lieux de détention secrets,l’immunité parlementaire de  M. Al-Dainy a été levée en violation de plusieurs règles, puisque la  décision a été prise sans le quorum nécessaire et était de ce fait illicite;  pour ce qui est de l’accusation de meurtre sur une centaine de villageois d’Al‑Tahweela,  l’enquête sur les lieux a révélé qu’il n’y avait eu aucun crime; s’agissant des  tirs de mortier sur la Zone   Verte pendant la visite du Président iranien à Bagdad,  M. Al-Dainy se trouvait à Amman à cette époque, comme l’attestent les  tampons dans son passeport; quant au meurtre du capitaine Haqi Al-Shamary, le  comité a découvert qu’il était toujours en vie;
pour ce qui est de l’attentat à la  bombe perpétré en avril 2007 au parlement, où étaient présents les  parlementaires entendus par le Comité de l’UIP et où deux d’entre eux ont été  blessés, le comité spécial a conclu que M. Al-Dainy n’était en rien mêlé à  ce crime, qu’il était alors au parlement et avait aidé à conduire les blessés à  l’hôpital; des documents ont été remis au Comité de l’UIP, qui montrent que l’auteur  de l’attentat-suicide est entré au parlement au su du Président du parlement  alors en exercice et du parlementaire Hassan Deccan, et avec l’aide d’un neveu  et agent de sécurité de ce dernier qui, tous, avaient les badges nécessaires  pour entrer dans la Zone   Verte sans être inspectés; ils ont été vus entrant dans le  bureau du Président du parlement, après l’explosion; des mandats d’arrêt ont  été lancés contre eux en 2008 mais n’ont jamais été exécutés; la mère, l’épouse  et la sœur de M. Mohammed Awad, parlementaire tué dans l’explosion, ont  assigné en justice le Président du parlement et son vice-président, mais la  plainte n’a eu aucune suite,
 
notant  aussi qu’à l’audition, des informations communiquées antérieurement –  l’annulation par la Cour  de cassation du jugement rendu dans le cas de deux des agents de sécurité de  M. Al-Dainy qui avaient témoigné contre lui – ont été confirmées; que  le jugement de la Cour  de cassation, ainsi que les preuves recueillies par le comité parlementaire  spécial, sont des motifs de révision du procès, laquelle pourrait aboutir à la  réhabilitation de M. Al-Dainy,
 
considérant que, de façon générale, la délégation a évoqué les lieux de détention secrets  qui existent toujours, l’usage de la torture, ainsi que les pressions et  manœuvres d’intimidation exercées sur tous ceux qui critiquent le gouvernement  du Premier ministre, M. Al‑Maliki, même des parlementaires (abus de  l’immunité parlementaire, menaces de poursuites pénales sur la base  d’informations de source anonyme, utilisation des médias pour accuser des  parlementaires); que des pressions sont également exercées sur les magistrats,  pratique facilitée par l’absence de règles et de procédures judiciaires  claires,
 
rappelant que l’Etude conjointe sur les pratiques mondiales concernant le recours à  la détention secrète dans le cadre de la lutte contre le terrorisme  (A/HRC/13/42) du Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des  droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste,  du Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels,  inhumains ou dégradants, du Groupe de travail sur la détention arbitraire et du  Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, présentée au  Conseil des droits de l’homme de l’ONU à sa 13ème session,  comporte un chapitre sur les lieux de détention secrets d’Iraq et mentionne  explicitement les personnes arrêtées en relation avec les accusations portées  contre M. Al-Dainy et maintenues en détention secrète dans une prison de la Zone Verte tenue par la Brigade de Bagdad; que  cette étude décrit les tortures qui leur ont été infligées et indique qu’elles  ont été contraintes de signer des aveux préparés à l’avance et d’y apposer  leurs empreintes digitales,
 
sachant que la Constitution  de l’Iraq de 2005 contient de nombreuses dispositions garantissant les droits  fondamentaux suivants : l’Article 15 garantit le droit à la vie, à la  sécurité et à la liberté; l’Article 17 (par. 2) garantit  l’inviolabilité du domicile et interdit de pénétrer au domicile de quelqu’un,  de le fouiller ou de le mettre en danger, si ce n’est dans le cadre d’une  décision judiciaire et dans le respect de la loi; l’Article 19  (par. 12), quant à lui, interdit toute détention illégale ou mise en  détention dans des lieux non prévus à cet effet,
 
sachant  aussi que l’Iraq est partie au Pacte international relatif aux droits  civils et politiques qu’il a ratifié en 1971; que le Pacte garantit le droit à  la vie et à la sécurité, interdit la torture, l’arrestation et la détention  arbitraires et énonce les garanties d’un procès équitable; notant à ce sujet les préoccupations que le Rapporteur spécial des Nations Unies sur  l’indépendance des juges et des avocats a exprimées à maintes occasions  concernant l’observation de ces droits en Iraq,
 
remercie les membres de la  délégation iraquienne des informations communiquées;
est  extrêmement satisfait de l’initiative prise par le Président du Conseil des  représentants de créer un comité spécial pour examiner le cas de  M. Al-Dainy et félicite ce comité de ses importants travaux;
note que les conclusions du comité  spécial confirment que les accusations portées contre M. Al‑Dainy étaient  mensongères, que des personnes ont été torturées pour qu’elles témoignent  contre lui et que son procès a donc été une parodie de justice;
affirme qu’il est urgent et de  l’intérêt de la justice d’invalider tout le procès de M. Al‑Dainy et de  casser le jugement inique rendu contre lui;
a bon espoir que le Conseil des  représentants mettra tout en œuvre pour faire réhabiliter un ancien collègue  qui a été puni pour avoir, dans l’exercice de son mandat parlementaire, révélé  l’existence de lieux de détention secrets et combattu le recours à la torture;
rappelle que les autorités iraquiennes ont le devoir d’abolir les lieux de détention secrets,  d’enquêter sur les allégations graves de torture et de traduire les coupables  en justice; encourage le Conseil des représentants à se prévaloir  de sa fonction de contrôle pour faire respecter la loi, lutter contre la  torture et abolir le recours aux lieux de détention secrets; offre le concours de l’UIP dans cette entreprise;
prie le Secrétaire  général de communiquer cette résolution aux autorités compétentes,  parlementaires et autres;
prie le Comité de poursuivre l’examen de ce cas et de lui faire  rapport à sa prochaine session qui se tiendra pendant la 126ème  Assemblée de l’UIP (mars-avril 2012).
 
| Note : vous pouvez télécharger une version électronique du texte intégral de la brochure "Résultats de la 125ème Assemblée de l'UIP et réunions connexes" au format PDF (taille du fichier environ 794 Ko).  Cette version nécessite Adobe Acrobat Reader que vous pouvez télécharger gratuitement. |  |  PAGE D'ACCUEIL
  DROITS DE L'HOMME  DOMAINES D'ACTIVITES  STRUCTURE ET DOCUMENTS |