IPU logoLe Journal de l'Union interparlementaire
MENSUEL PUBLIÉ SUR LE WEB 9 juin 2000, Numéro 10
  L'événement du mois

Les femmes en politique en l'an 2000

I N T E R V I E W
Mme Luisa Fernanda Rudi
Présidente du Congrès des Députés espagnol
Par Luisa Ballin

Luisa Fernanda Rudi L'Union interparlementaire (UIP) et le Département de l'Information de l'ONU ont présenté conjointement une mappemonde sur les femmes en politique, dans les parlements et les gouvernements (voir communiqué de presse No 98). Cette infographie montre que, cinq ans après la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing, la proportion des femmes dans les parlements et les gouvernements n'a que légèrement évolué. L'Espagne est l'un des pays qui ont vu un nombre accru de leurs citoyennes accéder aux plus hautes fonctions de l'Etat, puisque, outre des femmes ministres, il est le seul en Europe à compter deux Présidentes de Chambre.

Q: L'Espagne compte pour la première fois deux femmes à la tête des deux Chambres, exemple unique en Europe. Le considérez-vous une preuve de l'avancée des femmes en politique?

Luisa Fernanda Rudi : Effectivement, le fait que tant la Présidence du Sénat que celle du Congrès soient occupées par des femmes démontre, de façon visible, l'intégration progressive de la femme espagnole dans la vie politique. Depuis le retour à la démocratie en Espagne, une évolution sociale a eu lieu et elle s'est notamment reflétée dans la vie politique. Je crois que nous sommes engagés dans un processus de normalisation et de nivellement avec nos collègues européens. Compte tenu des responsabilités qui m'incombent, je continuerai de favoriser le développement de ce processus. Je suis sûre que telle est également la volonté du gouvernement et des autres forces politiques espagnoles.

Q: Des partis politiques, comme la CDU en Allemagne ou le RPR en France, ont tendance à faire appel à une femme pour les diriger dans des moments difficiles. Comment l'expliquez-vous?

L.F.R. : Je crois qu'il faut l'attribuer, tant dans le cas de la CDU en Allemagne que du RPR en France, à la valeur des candidates choisies. Ce qui s'est produit est la conséquence de l'intégration progressive de la femme dans la vie politique de ces deux pays. Ce qui importe c'est sans aucun doute l'évolution de l'ensemble de la société, puisque c'est à partir de ce constat que des résultats sont enregistrés dans tous les domaines de l'activité professionnelle.

Q: L'Union interparlementaire organise, du 30 août au 1er septembre prochains, la première Conférence de Présidents de parlements du monde, à la veille de l'Assemblée du Millénaire, qui se tiendra au Siège de l'ONU à New York. Dans ce contexte, quel rôle peuvent jouer les Parlements dans les relations internationales?

L.F.R. : Le rôle des Parlements ne peut être autre que celui de relayer les aspirations légitimes des citoyens, reflétées par les urnes. Les relations internationales s'inscrivent dans le contexte d'un monde qui se globalise de plus en plus et il incombe aux gouvernements, mais aussi aux Chambres législatives de satisfaire ces aspirations légitimes. Il ne s'agit pas de se substituer aux gouvernements nationaux, mais de renforcer leur activité diplomatique à travers les liens unissant les représentants démocratiquement élus, ainsi que le dialogue, dans le but d'arriver à mieux cerner les réalités internationales et les problèmes qui nous affectent tous. Dans ce sens, j'a un grand intérêt à continuer de travailler dans ce cadre de la diplomatie parlementaire, parce que je crois que, de cette façon, nous contribuerons à doter les relations internationales d'une plus grande profondeur et nous améliorerons la connaissance mutuelle entre nos pays et entre les sociétés.

  Evénements

Visite du Secrétaire général de l'UIP à la Knesset israélienne et au Conseil législatif palestinien

Le Secrétaire général de l'Union interparlementaire, M. Anders B. Johnsson, s'est rendu en visite officielle au Conseil législatif palestinien, le 7 mai, immédiatement après la 103ème Conférence de l'Union qui s'est tenue du 30 avril au 6 mai à Amman. A Ramallah, le Secrétaire général a été reçu par M. Yasser Arafat, Président de l'Autorité palestinienne, qui l'a remercié pour le travail accompli par l'Union lors de la Conférence d'Amman. M. Johnsson a également rencontré M. Abu Ala, Président du Conseil législatif, et l'a informé du Programme de coopération technique de l'Union et du rôle que peut jouer l'Union dans le renforcement des parlements nationaux.

Le 8 mai, le Secrétaire général s'est rendu à Jérusalem où il a été reçu par le Président du Parlement israélien, la Knesset, M. Avraham Burg. Entre autres questions, ils ont discuté de l'importance de la participation de la Knesset à l'action de l'Union et de la résolution adoptée à Amman sur les réfugiés. "L'Union s'efforce de promouvoir le règlement pacifique des conflits, et la participation, d'Israël et de la Palestine à la fois, au dialogue préalable au règlement des conflits au Moyen-Orient est absolument indispensable", a déclaré M. Johnsson. Ce dernier a également visité le Mémorial de l'Holocauste.

La Présidente du Conseil de l'Union interparlementaire, Mme Najma Heptulla, a effectué ce mois-ci une visite à la Knesset et au Conseil législatif palestinien. Un compte-rendu de cette visite sera publié dans la prochaine édition du Journal.

Séminaire de l'UIP à Nairobi

Les parlementaires en appellent à l'ONU et à l'OUA

Les parlementaires africains qui ont participé au séminaire régional sur "Le Parlement et le processus budgétaire, notamment dans la perspective de l'équité entre hommes et femmes", qui a eu lieu du 22 au 24 mai 2000, ont adopté à l'issue des travaux la Déclaration de Nairobi dans laquelle ils ont noté "avec une profonde préoccupation la souffrance et la mort d'êtres innocents qui résultent des guerres et des conflits armés en Afrique et ailleurs dans le monde. Nous sommes conscients de la destruction de nos économies due à ces conflits armés et préoccupés de leur impact négatif marqué sur les groupes de populations les plus vulnérables, les femmes et les enfants en particulier. Nous en appelons donc à l'ONU et à l'OUA, ainsi qu'aux autres organisations régionales pour qu'elles encouragent le dialogue et la négociation entre les parties aux conflits armés en Afrique, dans le but de promouvoir un règlement pacifique". Le séminaire a été organisé par l'Union, en coopération avec le Parlement du Kenya, le PNUD, la CPA et l'UNIFEM.

Budget : Prise en compte des deux sexes

Selon les principes directeurs établis à cette occasion, le budget n'est pas un instrument neutre et le fait de veiller à ce qu'il tienne compte de la nécessité d'assurer l'équité entre les deux sexes est le meilleur moyen de répondre aux aspirations et besoins de la majorité de la population; par ailleurs, une approche sociale dans cette optique doit englober garçons et filles, hommes et femmes.

  Point de mire

  Rafsanjani

Mme Faezeh Hachemi-Rafsanjani, Membre du Parlement Iranien

Mme Faezeh Hachemi-Rafsanjani est l'une des 14 femmes, sur les 270 parlementaires que compte le nouveau parlement iranien. Issue d'une famille de politiciens, cette jeune députée, mère de famille, est également très active dans le domaine des médias.

Q: L'arrivée des femmes en politique influe-t-elle sur la société iranienne?

F.H.R.: Oui, sans aucun doute. Les femmes peuvent jouer un rôle très important et avoir un impact non négligeable sur la société. Bien entendu, cet impact peut revêtir deux aspects : le premier cas de figure est lorsque les femmes sont membres de partis et, à l'instar des hommes, peuvent voter ce qu'elles veulent ou s'opposer à ce qu'elles n'aiment pas. Sur la question plus spécifique de la condition de la femme, elles peuvent jouer un rôle très important en amendant les lois et en proposant une nouvelle législation qui soit de nature à promouvoir les droits des femmes, et en s'assurant que ces droits soient respectés. A cet égard, nous avons enregistré des succès. Depuis la Révolution, par exemple, notre Parlement a adopté 25 amendements en faveur des femmes.

Q: Quels sont les obstacles à la participation des femmes en politique?

F.H.R.: Il n'existe pas d'obstacles au plan légal. Bien entendu, si une femme veut être élue au parlement alors qu'elle n'est ni connue, ni membre d'un parti, il lui est difficile de s'assurer la faveur du public. Mais cela est possible. Je pense que le problème est d'ordre culturel. Nous n'avons peut-être pas confiance nous. Il y a aussi le fait que les gens pensent qu'on ne peuvent pas voter pour une femme. Comme le problème est d'ordre culturel, il faudra du temps pour que ça change, mais nous travaillons dans cette direction.

Q: Les femmes votent-elles pour les femmes?

F.H.R. : Probablement pas toutes, car si tel était le cas, le nombre de femmes en politique serait bien supérieur à ce qu'il est aujourd'hui.

Q: Etes-vous optimiste ou pensez-vous que la tendance soit à la baisse?

F.H.R. : Selon les plus récentes données, le nombre de femmes au Parlement a diminué.

Avant les dernières élections, j'étais très optimiste. Mais les résultats m'ont fait un peu changer d'avis. La raison principale est que notre société est devenue très politisée, depuis ces deux ou trois dernières années. C'est notamment le fait de certains réformateurs, qui ne se concentrent que sur des questions d'ordre politique et ne prêtent pas assez attention aux autres aspects du développement. Prenez mon exemple : je suis parlementaire et je m'occupe de questions culturelles. Lorsque je donne un interview et que j'aborde des questions relatives à la femme et des questions politiques, les journaux iraniens, qui appartiennent aux réformateurs, ne mettent en exergue que mes propos politiques, oubliant ce que j'ai dit au sujet des femmes. Ils en font la une de leurs journaux. Je ne pense pas que ce soit très équitable et, à l'avenir, cela risque de poser des problèmes.

  Elles et ils ont dit

M. Guennadi Seleznev, Président de la Douma de la Fédération de Russie

Q: Les femmes apportent-elles un changement en politique?

G.S. : Je pense qu'il n'y a pas encore eu de changement majeur et que la politique reste largement une affaire d'hommes. La seule exception vient des parlements des pays scandinaves qui comptent beaucoup de femmes, dont des présidentes. Mais, en même temps, je suis convaincu qu'il devrait y avoir plus de femmes parlementaires. Que cela nous plaise ou pas, nous sommes de plus en plus sensibles aux problèmes qui se posent à l'échelle mondiale et au niveau de chaque pays. En tant que mère et personne ayant une famille à charge et qui sait calmer un enfant, une femme peut être très efficace pour traiter des questions sociales.

Mme Najama Heptulla Présidente du Conseil de l'UIP
Extrait de son intervention à la Consultation tripartite Union/ONU "La démocratie par le partenariat entre hommes et femmes" New York, 7 juin 2000

Cette consultation marque un tournant. Elle réunit, pour la première fois dans le cadre de l'ONU, les représentants de trois grands acteurs institutionnels dont l'action devient de plus en plus interdépendante : gouvernements, parlements et système des Nations Unies. Le message? L'efficacité du système onusien requiert plus de concertation et d'entente institutionnelles et une coopération accrue entre les organisations internationales concernées, les gouvernements et les parlements. Les parlements doivent être associés plus étroitement à un processus qui ne prendra pas fin avec la cérémonie de clôture de l'Assemblée générale. La session extraordinaire n'est, en effet, qu'une brève halte sur un très long parcours et les procédures de mise en œuvre des conclusions dans nos pays respectifs exigeront pour la plupart l'aval du Parlement, qui est appelé à approuver les programmes et à voter la législation et les crédits budgétaires requis. Les parlements devront aussi continuer à prendre le pouls de la société et à relayer leurs conclusions sur la scène institutionnelle. Il leur incombe de veiller à ce que les espoirs et attentes des populations du monde se traduisent en besoins à satisfaire. Conformément à leur mandat constitutionnel, il leur faudra, par ailleurs, contrôler l'action des gouvernements pour s'assurer que ces derniers honorent leurs engagements internationaux.

Femmes en politique 2000

Voir aussi NEWS FRONT du 9 juin 2000 sur le site http://www.undp.org

Mme Angela King, Sous-Secrétaire générale de l'ONU et Conseillère spéciale sur la question de parité entre hommes et femmes et la promotion de la femme à propos de la mappemonde UIP/ONU

Cette mappemonde est le fruit d'un partenariat institutionnel unique entre l'ONU et l'Union. C'est la première fois qu'une carte donne une vue d'ensemble des femmes dans deux des branches de l'Etat - l'Exécutif et le Législatif. Le Programme d'action de Beijing met l'accent en particulier sur les femmes en politique. La mappemonde expose, sous une forme stylisée et schématique, la condition de la femme en politique dans le monde. Elle ne vise pas à représenter des délimitations ou frontières politiques. La composition des gouvernements est en perpétuelle mutation, tout comme, dans une certaine mesure, celle des parlements.

Mme Christine Kapatala, Présidente de la Commission de la condition de la femme (ONU)

Il existe maintenant un dispositif législatif appréciable. Les parlementaires ont mandat de veiller à ce que les gouvernements agissent en responsables. A cet égard, les femmes parlementaires doivent jouer un rôle plus marqué, ce qui implique qu'il faut s'efforcer de leur offrir des possibilités accrues d'accéder au Parlement et de participer au processus de prise de décision. S'agissant du document en discussion, j'appelle les parlements à y refléter expressément votre intérêt pour la question de la promotion de la femme. Il faudrait en faire un document qui permette non seulement de jeter un regard en arrière sur les cinq années écoulées depuis Beijing mais d'envisager aussi l'action à mener dans les cinq années à venir.

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