IPU logoLe Journal de l'Union interparlementaire
MENSUEL PUBLIÉ SUR LE WEB 16 novembre 1999, Numéro 5
  L'événement du mois

Première femme à la présidence du Conseil de l'UIP

I N T E R V I E W
Mme Najma Heptulla
Présidente du Conseil de l'Union interparlementaire
Par Luisa Ballin

Najma Heptulla La Vice-Présidente du Rajya Sabha (Chambre haute) de l'Inde, Mme Najma Heptulla, a été élue à la Présidence du Conseil de l'Union interparlementaire (UIP). C'est la première fois qu'une femme occupe le poste le plus élevé de l'organisation mondiale des parlements. "Ce fait témoigne clairement de la place que les femmes occupent désormais dans la vie parlementaire. Ce faisant, l'Union reconnaît également que la construction d'une société démocratique fondée sur la justice et la liberté pour tous passe nécessairement par l'égalité et le partenariat entre hommes et femmes", a déclaré Mme Heptulla après son élection.

Q : Vous êtes la première femme élue à la présidence du Conseil de l'Union interparlementaire, quelles sont désormais vos grandes priorités?

N.H. : Faire que la démocratie soit consolidée et que les idéaux de l'UIP, tels que les droits de l'homme, le droit international humanitaire, la parité entre hommes et femmes, la répartition équitable des ressources économiques entre les peuples, ainsi que la paix et le développement soient défendus.

Q : Vous avez dit dans le discours prononcé après votre élection que la "démocratie est une maîtresse jalouse". Qu'entendez-vous par là?

N.H. : Dans toute chose, il faut mettre un peu d'humour ! J'établissais simplement un parallèle. La démocratie exige une attention constante, qui tienne compte de l'évolution de la société. Elle doit être encore approfondie et être plus représentative pour être un mode de gouvernement efficace. La démocratie n'est pas qu'un simple mot. Elle n'est jamais parfaite au regard des aspirations et des attentes des peuples. Nous devons toujours remettre sur l'ouvrage et aller de l'avant pour la rendre plus représentative. La démocratie n'est pas statique. C'est une dynamique. Telle l'eau d'une fontaine, elle doit se renouveler sans cesse. Elle doit s'adapter aux besoins des peuples qu'elle représente. Si on ne prend pas soin de la démocratie, elle meurt. Et elle entraîne avec elle la liberté. Nous devons la protéger et cela requiert beaucoup d'efforts.

Q : Quel rôle les parlementaires peuvent-ils jouer dans des situations d'urgence telles que celle du Kosovo, du Timor oriental ou du Pakistan ?

N.H. : Les représentants des gouvernements ont leur responsabilité et leur position sur les différents aspects concernant les événements internationaux, qu'il s'agisse d'événements positifs ou négatifs. Ils doivent prendre leurs propres décisions. Dans les cas de troubles politiques, de terrorisme, de nettoyage ethnique, ou lorsque des gens sont tués, il incombe aux représentants des peuples d'en prendre note et, quelquefois, d'alerter l'opinion publique sur ces faits. Parfois l'opinion est déboussolée et c'est aux parlementaires issus des partis tant minoritaires que majoritaires de se rencontrer et de trouver une solution à ces problèmes. Je pense spécialement à ce qui a eu lieu au cœur de l'Europe, en Bosnie, au Kosovo, mais aussi au Timor oriental ou ailleurs. C'est aux représentants des peuples de faire en sorte que les doléances de ceux qu'ils représentent soient pris en considération.

Q : Première femme à la tête de l'Union interparlementaire, avez-vous l'impression que les gens attendent davantage d'une femme que d'un homme?

N.H. : Je ne vois pas d'inconvénient à ce qu'ils attendent de moi deux fois plus, car ce sera mon devoir que d'essayer de défendre les principes et les idéaux de l'UIP. Dans mon action, je bénéficierai du soutien de tous ceux qui m'ont élue démocratiquement. Je ne vais imposer aucun diktat, mais appeler l'attention des gens sur les positions que prendra l'UIP.

Q : Pensez-vous représenter la situation des femmes dans votre pays, qui d'un côté sont très engagées en politique et de l'autre rencontrent de grandes difficultés?

N.H.: Je vois cela dans tous les pays. Partout dans le monde, que ce soit dans les pays les plus avancés ou dans les moins avancés, les femmes font face à peu près aux mêmes problèmes. Cela a été évoqué lors de la Conférence de Beijing. Elles sont victimes de discrimination. Dans les nouvelles démocraties, le statut de la femme est meilleur, car les femmes ont appris de l'expérience des autres. Si vous prenez le cas des démocraties en Afrique, les femmes ont progressé beaucoup plus et beaucoup plus vite, parce que leurs responsables étaient plus conscients. Dans mon pays, nous avons eu un vrai dirigeant en la personne du Premier Ministre Mme Indira Gandhi. Par son travail, elle a montré sa valeur. Dans mon pays, comme ailleurs, des femmes sont privées de leurs droits et c'est un devoir pour celles qui comme moi sont privilégiées, de servir de modèle et de travailler pour venir en aide à celles qui sont défavorisées. Dans mon pays, une révolution silencieuse a eu lieu au cours de laquelle nous avons donné des responsabilités à un million de femmes, dans les villages, les districts, les collectivités locales, parce que nous pensons que la prise de responsabilité ne doit pas seulement s'exercer au plus haut niveau. Elle doit venir de la base et c'est ce que nous voulons voir. Ce n'est que de cette façon qu'un changement radical aura lieu pour ce qui est du statut des femmes.

  BREVES

Des Parlementaires du Yémen débattent du rapport Législatif-Exécutif

L'UIP, en coopération avec le Parlement du Yémen, a organisé, du 9 au 11 novembre à Sanaa et à l'intention des parlementaires de ce pays, un séminaire sur les rapports entre le Législatif et l'Exécutif. Ce séminaire, financé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), visait à permettre au Parlement du Yémen à contribuer à la transparence et la bonne gouvernance dans ce pays. Trois spécialistes des affaires parlementaires ont animé le débat, à savoir : M. Brahim Rachidi, Vice-Président de la Chambre des Représentants du Parlement du Maroc, M. Raila Odinga, Président du Parti pour le développement national (opposition au Kenya), M. Joseph Maingot, ancien Greffier et Conseiller parlementaire de la Chambre des Communes du Canada, et membre de la Commission de réforme législative du Canada, ainsi qu'un membre du Secrétariat de l'Union, M. Martin Chungong du Programme d'étude et de promotion des institutions représentatives. Voir communiqué de presse No 84 sur le site Web de l'UIP: http://www.ipu.org.

L'UIP et la Conference de Seattle

Lors de sa 102ème Conférence interparlementaire (qui s'est tenue à Berlin du 10 au 16 octobre dernier), l'UIP a examiné la nécessité de réviser l'actuel modèle financier et économique mondial. Les 131 délégations parlementaires présentes à Berlin ont adopté une résolution qui "prie instamment les gouvernements de ne ménager aucun effort pour que les négociations sur la poursuite de la libéralisation du commerce, y compris des échanges agricoles, à la Conférence ministérielle de l'OMC à Seattle, soient ouvertes et donnent des résultats tangibles et réalistes". L'UIP "engage également les gouvernements à promouvoir la transparence et l'ouverture à l'OMC et à faciliter la participation des organes compétents des Nations Unies, de l'Union interparlementaire et des institutions de la société civile reconnues par l'ONU au processus de négociation de l'OMC"

Séminaire d'information pour les secrétaires de Parlements

Les Secrétaires de 14 Parlements nationaux ont pris part au Séminaire d'information sur la structure et la fonctionnement de l'UIP, qui s'est tenu du 8 au 13 novembre au Siège de l'Union à Genève. Ce séminaire annuel a pour but d'aider les participants à mieux connaître les rouages de l'UIP, de sorte qu'ils soient à même d'assister efficacement leur parlement et les parlementaires qui en sont membres, notamment à l'occasion des réunions interparlementaires. Le séminaire, qui s'est tenu cette année en langue anglaise, a vu la participation des Secrétaires des Parlements de l'Afrique du Sud, du Bostwana, du Cambodge, du Cap Vert, de la Chine, du Danemark, de l'Inde, de l'Indonésie, du Kenya, du Mexique, de la Namibie, du Nigeria et de la Zambie.

LE POSTER DE L'UIP

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  Elles et ils ont dit

 

BRIGITTA GADIENT, Parlementaire suisse
"Pour s'acquitter efficacement de leur mission, les parlements et leurs membres doivent être bien informés. Il y a trois ans, l'UIP a entrepris une enquête mondiale sur la sensibilisation et l'action des parlements dans trois domaines: ce qu'ils savent et ce qu'ils font pour garantir le respect des règles du Droit international humanitaire, ce qu'ils font pour assurer l'élimination des mines terrestres et ce qu'ils font pour que le traité instituant le Statut de Rome soit ratifié et que soit mise en place la Cour pénale internationale... Cette enquête a montré à quel point nos assemblées sont peu informées et éclairées sur le DIH. Force est de constater que nombre de parlementaires ne font pas très bien la différence entre droits de l'homme et droit international humanitaire...Cette situation a amené le Comité compétent de l'UIP, qui travaille en étroite coopération avec le CICR, à élaborer un guide pratique à l'usage des parlementaires sur le respect du droit international humanitaire...Ce guide, toutefois, n'est qu'un outil. Pour atteindre son objectif, il doit être assorti d'une volonté politique".

XXVIIème Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge - Genève, 3 novembre 1999

KOFI ANNAN; Secrétaire général de l'ONU
"La relation entre l'Union interparlementaire et l'Assemblée générale des Nations Unies est un moyen idéal de relier les parlements nationaux à l'Organisation des Nations Unies et elle ajoute ainsi une dimension parlementaire aux travaux des Nations Unies. Les parlementaires jouent un rôle éminent en aidant l'ONU à relever les défis du temps. Vous êtes la passerelle institutionnelle entre l'Etat et la société civile. Le lien entre le local et le mondial. Vous êtes parmi les partenaires cruciaux nécessaires pour édifier la paix au sens le plus large du terme".

Réunion ONU/UIP à l'Assemblée générale de l'ONU, 25 octobre 1999

GERHARD SCHRÖDER, Chancelier allemand
"Les gouvernements sans participation démocratique sont un modèle sans avenir...Je demande aux parlementaires du monde de faire entendre leur voix lorsque les groupes ethniques sont incités à la haine les uns contre les autres ou lorsque des minorités sont opprimées et persécutées. La réprobation et la résistance s'imposent alors. Je rend hommage à la façon dont l'UIP soutient les parlementaires qui, partout dans le monde, ont été en butte à des persécutions ou ont été emprisonnés à cause de leurs idées politiques".

102ème Conférence interparlementaire, Berlin, 11 octobre 1999

CORNELIO SOMMARUGA, Président du CICR
"La fonction de contrôle exercée par le pouvoir parlementaire sur l'organe exécutif joue un rôle prépondérant. Les parlementaires peuvent et doivent intervenir pour que le droit international soit respecté, et ce aussi bien dans leur pays qu'à l'étranger...Respecter et faire respecter le droit international humanitaire exige une forte mobilisation politique qui doit s'appuyer sur des connaissances autant que sur un certain savoir-faire. Les parlements, outre qu'ils exercent une vigilance sur l'action de l'Exécutif pour réaliser le droit, ont la capacité et l'autorité d'assurer un relais des règles du droit international humanitaire auprès de la population. Ils peuvent aussi veiller à ce que les institutions compétences, l'armée et les forces de sécurité, reçoivent une formation adéquate en droit international humanitaire".

102ème Conférence internationale, Berlin, 11 octobre 1999

MARY ROBINSON, Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme
Les "Parlements et parlementaires ont un rôle clé à jouer dans la défense des droits de l'homme, tant à l'intérieur des frontières nationales qu'au-delà. En effet, c'est au parlement qu'incombe la ratification des traités et conventions sur les droits de l'homme, l'élaboration de lois nationales conformes aux normes internationales des droits de l'homme et l'adoption de politiques, programmes et stratégies inspirées par le souci de protéger les droits de l'homme. Mais les parlementaires peuvent aussi être les porte-parole de ceux qui sont privés de leurs droits de l'homme. Qu'ils posent des questions au parlement ou qu'ils jouent un rôle actif au sein des commissions des affaires étrangères ou des droits de l'homme ou qu'ils préfèrent simplement s'exprimer sur cette question, les parlementaires sont bien placés pour appeler l'attention sur ces questions et nombre d'entre eux l'ont fait avec une efficacité certaine. En tant qu'organisation mondiale des parlements, l'Union interparlementaire est un forum unique en son genre pour le dialogue parlementaire et l'action pour la paix et la coopération entre les peuples, pour la promotion de la démocratie et la défense des droits de l'homme ainsi que la préservation de l'état de droit. Je connais et j'apprécie les positions prises par l'Union interparlementaire sur les droits de l'homme au fil des années".

102ème Conférence interparlementaire, Berlin, 11 octobre 1999

  DERNIERE HEURE

Le Forum de Paris reporté
L'UIP et l'UNESCO ont décidé, en accord avec la Division de la promotion de la femme des Nations Unies, de reporter le Forum "Regards sur la démocratie: l'apport des femmes", qui devait avoir lieu au Siège de l'UNESCO à Paris du 1er au 3 décembre 1999. Par suite d'un ensemble de circonstances indépendantes de la volonté des co-organisateurs et en raison des contraintes qui, en cette fin de millénaire, rendent difficile la représentation au Forum de nombreux gouvernements, parlements et organisations, quel que soit leur vif intérêt pour le sujet, la réunion sera reportée à une nouvelle date qui sera déterminée lors de la 103ème Conférence interparlementaire à Amman du 30 avril au 6 mai 2000. Cette décision a été prise dans le souci d'assurer la participation mondiale et tripartite souhaitée ainsi que le succès politique de la réunion.

L'UIP et ONUSIDA lancent un guide à l'usage des législateurs
Un guide ayant pour but d'aider les parlementaires à mettre les problématiques relatives au virus du SIDA à leur agenda national sera lancé le 24 novembre prochain, conjointement à la Chambre du Parlement de Westminster, à l'Assemblée écossaise d'Edimburg, à l'Assemblée irlandaise de Cardiff, et à l'Assemblée de l'Irlande du Nord à Stormont. Le Directeur Exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA, le Dr Peter Piot, et le Secrétaire général de l'Union interparlementaire, M. Anders B. Johnsson, prendront la parole à cette occasion.
Ce "Guide pratique à l'intention du législateur sur le VIH/SIDA, droits de l'homme", préparé conjointement par le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) et l'Union interparlementaire (UIP) a pour but d'aider les parlements à promouvoir la législation et les réformes politiques et d'informer leurs membres sur le rôle primordial du droit et des droits de l'homme pour répondre à l'épidémie.

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